JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
HT01,625. 16e Année.
Jeudi, 27 novembre 1856,
Vires acquirit euûdo.
mm
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal dpit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpkfj, 26 Novembre.
Vue erreur volontaire rectifiée
officiellement.
On se rappelle que dans son dernier mande
ment, le chef de notre diocèse disait que troi*
établissements d'instruction étaient soustraits
volontairement l'influence bienfaisante de
l'enseignement religieux et qu'il ajoutait il est
espérer que les magistrats (communaux, sans
doqte) qui n'ont pa» renoncé au nom et la
qualité dé chrétiens, finiront paf faire cesser
cet état de choses.
On se souvient que le Propagateurd'Ypres,
allant plus loin, accusait nou-seulement nos
magistrats d'abstention coupable* mais encore
de mauvaise foi, etc.
Les trois établissements désignés étaient ceux
de Bruges, Ypres et Furnes.
A Fumes, la Convention d'Anvers a été refu
sée par la commune.
On sait ce qui s'est passé Ypres l'évêque a
refusé la Convention, et a refusé plus que la
Convention, les documents publiés ont permis
l'opinion publique de se fixer sur celte ques
tion.
A Bruges, c'est bien autre chose en séance
du 20 Novembre, M. le ministre,de l'intérieur,
la demande de M. Devaux, a donné des ren
seignements sur l'application de la Convention
d'Anvers. M. De Decker n'ayant pas ménager
l'évêque de Bruges, dont le journal la Patrie
ne le ménage guères, a donné des explications
qui démentent formellement le prétendu refus
des magistrats de Bruges.
Invité par le gouvernement, a dit M. le
ministre, accorder aux établissements de
son diocèse le concours du clergé, Mgr. de
Bruges a répondu, en termes généraux, qu'il
ne pourrait répondre affirmativement celte
demande, qu'après s'être assuré par des né-
gociations officieuses avec les administrations
communales et lesbureaux administratifs, que
ce concours serait durable et efficace; que
dans trots localités, la question se complique-
rait de l'existence d'un établissement libre.
Le gouvernement pouvait considérer
cette position prise par le chef diocésain
comme n'étant pas une réponse formelle; il
n'a pas donné suite l'invitation première et
les choses en sont restées là. h
M. le ministre a dit encore l'administration
communale de Bruges est restée et a dû res-
1er complètement étrangère ces ouvertures
pour ses deux établissements il est donc
exact de dire que jusqu'à présent cette admi-
nislration n'a eu, en aucune façon, se pro-
noncer sur l'admission ou la son-admission
du concours du clergé.
Après cette déclaration si clkire, n'est-il pas
évident que l'on ne peut justement insinuer,
que l'administration de Bruges s'est volontaire
ment soustraite au concours du clergé, celle
administration n'a jamais été saisie de l'affaire
n'est-il pas exact de dire au contraire qu'elle
n'a pu se prononcer, pareeque, dans l'opinion
du prélat Matou Bruges comme Ypres, la
question se compliquait de l'existence d'un éta
blissement privé épiscopal?
Les explicalious si naïvement concluantes
données ensuite par MM. De Hàerne et Dumor-
tier, ont catégoriquement confirmé ce fait.
A Bruges, l'administration n'a pu négocier,
Ypres, on a offert la Convention d'Anvers, puis
on a négocié; mais on n'a pu tomber d'accord
et cependant ces deux administrations sont ac
cusées d'avoir refusé le concours du clergé.
Cela est-il vrai? Cela est-il juste?
Nous n'insistons pas pour le moment sur
cçlte incompréhensible objection de l'évêque,
que la question se complique de l'existence
d'un établissement épiscopal. Nous demande
rons seulement.isi des enfants catholiques doi
vent être privés de l'instruction religieuse v
parcequ'il existe un établissement rival dont la
prospérité pourrait être amoindrie par celle du
collège concurrent? Nous engageons au sur
plus, nos lecteurs, lire attentivement, dans les
Annales parlementaires, les discussions qui ont
eu lieu la Chambre le ovembre dr, ils
pourront juger en connaissance de cause.
Nous avons signalé souvent nos lecteurs,
l'attitude ullramonlaine et anli-constilution-
nelle prise par la pressé catholique des Flandres;
plus d'une fois, nous avons fait ressortir tout
ce que la polémique de ces feuilles avait de
grossier dans la forme et le style f on nous trai
tait de rêveurs, on plaisantait notre purisme.
Un fait extrêmement significatif vient de se
produire la Chambre et de confirmer nos
appréciations. M. De Decker, enfant soumis de
l'églisedans la séance du 22 Novembre, a
éprouvé le besoin de protester du haut de la
tribune, contre une partie de la presse catholi
que qui a pris une position tous égards re
grettable, conire ces tendances exclusives et
intolérantes.,.. Je viens proteste?, s'est écrié le
ministre catholique, contre ces tendances, au
nom de l'intérêt même de la cause catholique si
gravement compromise par ces exagérations.
Je proteste contre ces tendancesparce que pour
moi, il est évident quelles conduisent un
abîme, où ira s'engloutir, avec la religion cou-
promise, NOTRE NATIONALITÉ elle-même.
Avons-nous jamais dit autre chose et cepen
dant quand nous exprimions ces pensées, on
nous traitait de libératbes, de francs-maçons,
d'athées, etc. Voilà donc M. De Decker, si or
thodoxe pourtant, frappé d'anathème comme
nous, moins que l'église n'ait deux'pojds et
deux mesures.
Mais que diront de cette énergique protesta
tion et la Patrie de Bruges et le Bien public
de Gand, que M. le ministre avait en vue?
Que dira le Propagateurleur sosie?
Que diront surtout MM. Malou et Delebecque,
si rudement fustigé», par une main catholique,
sur le dos de deux feuilles qu'ils se gardent bien
de désavouer?
Que diront encore les membres du clergé
inférieur qui, oubliant les devoirs de leur mis
sion de paix, vont colporter au foyer domesti
que et développent daos les chaires dites de
véritéles mensonges et les ordures qu'ils ra
massent dans la Patrie et le Bien public1
Nous ne sommes pas chargés de répondre
ces questions mais nous constatons que ces
feuilles, si estimées par le clergé, sont tombées
bien bas dans l'opinion même des êatholiques
honn'êtes.
L'enseignement donné par le Clergé
et surtout par les Jlésnites.
Dans un synode présidé par M. l'évêque de
Liège, le 6 Mai d', S. G. rappelle avec complaisance
combien les écoles du clergé l'emportent sur les
autres par leur supériorité dans l'enseignement des
lettres et des sciences; et le R. P. Roone, la perle des
Jésuites du pays, qui, par son zèle évangélique, a
contribué, peut-être regret, doter notre vifle
d'Ypres d'une délicieuse bibliothèque, n'est pas en
arrière avec M. de Liège, lorsque, dan» ses con
férences sur le mariage, il porte aux nues l'ensei
gnement donné par les RR. PP. de son ordre
l'instruction, dit-il, reçue dans les collèges des
Jésuites, est excellente.
En réponse ces louanges, il ne sera pas sans
intérêt, par le temps qui court, de mettte sous les
yeux du lecteur intelligent, un extrait d'une lettre
adressée, dans le temps, M. le cardinal Mezzo-
fanti, préfet de la Propagande, etc., par un homme
savant et très-compétent en cette matière.
Après un assez long préambule qu'il est inutile
de transcrire, l'auteur s'exprime ainsi
Je pose en principe que la Compagnie de Jésus
actuelle, est essentiellement' ignorante et son ensei
gnement en conséquence ou absurde ou puéril;
pasté, en un mot, et mort.
J'appuie celte énormité sur les trois points de
faits incontestés, je pense, que voici
Les Jésuites n'ont plus et-ne veulent plus auotr
leur antique science. Premier chef.
Les Jésuites ne comprennent plus, absolument plus
la science d'aujourd'hui.
Les Jésuites la condamnent, par ignorance, par
paresse, par égarement; ils la repoussent, comme
imaginaire, dangereuse, impie ils ne la remplacent,
ni quant la religion, ni quant aux mœurs, ni
quant la politique. Reste le masque pour cacher
l'intrigue, et puis c'est tout.
Les Jésuites d'aujourd'hui ne veulent plus de leur
antique science, et pour examiner d'abord ce point
fondamental, voyons quelle était l'ancienne com
pagnie de Jésus?
Le latin et le grec, sous le nom générique d'hu
manités: traduction barbare d'humaniores litterœ,
ou instruction sociale qui forme l'homme l'être
davantage.
La philosophie, uniquement (dit leur institut),
pour servir de base et d'introduction la théologie.'...
Or, les humanités renfermaient les deux langues
réputées seulement classiques, leur poésie et leur
ithétorique. Les Jésuites, en effet, n'ayant jamais
poussé l'esprit philosophique, bien moins encore
l'esprit philologique (philologie c'est lettre close
pour les Pères passés et présents), jusques ît com
prendre que la poésie et éloquence sont de tous les
pay», de tous les temps; et ne reçoivent que de
très-légères modifications de la langue propre de tel
peuple, dont il sera question d'élever les gamins.
Et ces langues étaient enseignées, non pas par
elles-mêmes (les Jésuites n'ont pas non plus compris
cela), mais par le français, Paris; par l'espagnol,
Madrid; par l'allemand, Munich ou Prague; par
le flamand, Bruxelles; par l'anglais, Bruges,
Douai, ou rue des Poules, Paris.
Aussi faisait-on chez les Révérends, force vers
latins et grecs.
Aussi faisait-on en latin cicéronien, force descrip
tions de choses, de mœurs, de dogmes, croyances,
civilisations, que ce brave et désolé Cicéron eut
aussi peu compris que «on moderne latin