2
•HpPPSP"**
Lisez doue l'archevêque Sannazar, de parla vir-
ginis, si vous le pouvez toutefois, et ieuilletez le
catnoens, cette figure si graude et si mélancolique
de la renaissance, nous montrant cet Hercule se dé
battant dans les langes ignobles de ce classicisme
jésuitique! Et que l'on ne ine dise pas avec les révé
rends, qu'ils ne suivaient que l'esprit du siècle, en
ce faisant, et son goût Car d'abord, mes révérends
Escobar, d'où vient donc que cette politique si jus
tifiante selon vous, vous ne la suivez plus ni peu ni
point, aujourd'hui? Aujourd'hui que vous frondez
eu tout et partout, cet esprit et ce goût du siècle?
Aujourd'hui que faibles et renaissauts (selon vous),
il vous faudrait tout autrement de souplesse vous,
et de Jaisser-passer nous, pour votre rétablisse
ment tandis qu'alors vous étiez tellement apôtres
et maîtres, que vous gardiez jusqu'à nous le premier
de ces beaux noms en Portugal, votre réel berceau,
et le second partout! Aujourd'hui, qu'il ne s'agit,
vous en croire, que de philosophisme; alors il
s'agissait d'ordures mythologiques et d'obscénités
d'un long dévergondage, la manière de Pétrone,
d'Ovide, d'Horace, si étrangement expurgée et aussi
latinieée la modernepar votre brave père Jou-
vency et C"; même j'ajouterai: aujourd'hui que,
eauf votre reepectce n'est pas précisément du phi
losophisme, mais un peu de philosophie; c'est-à-
dire du bon sens pensé et pratiqué, que la jeune
génération attend de vous....
Voyons l'autre partie, savoir la philosophie.
Sous ce nom, la Compagnie accepta, il y a quel
que trois cent vingt ans, ce que les écoles d'alors
entendaient par ce mot si versicolore.
Que V. E. se donne la peine de parcourir dans
l'Institut des Pères, les longues colonnes de ques
tions (ratio studiorem) qu'il faut enseigner, et celles
que l'on doit passer sous silence et elle verra une
perspective passable, en effet, du gothicisme le plus
renforcé, et de l'inintelligible le plus parfait, parte
rei, comme ces braves savants s'expriment encore
au Collège romain et autres lieux...
N'est-ce pas là que j'ai entendu un jeune Jésuite
français argumenter fièrement de l'axiome
Propter quod unumquodque taie et illud magie:
et nous, latinistes, de nous regarder; les Italiens
mêmes jetaient au professeur président, leur non
capieco
Car, redisons-le, M., si V. E. veut bien me le
permettre, le jésuitisme n'eût jamais de philoso
phie, ni nulle part ailleurs.
Or, sa vieille philosophie embrassée par Suarez et
conservée en dépôt, taut soit peu entamé jusqu'à
leur serre-file Slorcheuau, se composait
D'ut\e logique se bornant aux lois empyriques
du syllogisme; avec quelques aberrations sur la dé
finition, les genres et la méthode;
D'un e métaphysique la division, comme on voit,
n'est pas très-régulière car alors logique et morale
tombent dans la grossière physique: d'après leur
loi
Membra dividentia eint inler se opposita.
Mais enfin donc, d'une métaphysique, consistant
en
i* Ontologiethéorie des êtres où l'on vous ap
prend d'abord que tout ce qui n'est pas esprit, est
matièreet tout ce qui n'est pas matière, est esprit
mais où l'on 11e vous dit jamais, ni nulle part, ce
que l'un ou l'autre de ces êtres est
Vient cependant un fameux Jésuite, de nos jours
presque, ou du moins renouvelé du bon temps de
la société, lequel père Para du Pbanjas, excessive
ment prôné avant le R. P. Dmowski, a trouvé lui,
que, ce qui n'est pas esprit et cependant n'est pas
non plus matière, tout bien considéré, est l'âme des
hetes. Soit dit, M., avec tout le sérieux dû votre
éminente position dans l'église, et plus érainente
encore dans les merveilles du talent ce qui donc dit
avec tout le sérieux de la vérité, et sans la plus
petite application sou inventeur, ni aux prôneurs
de celui-ci, est cependant rigoureusement exact et
malheureusement trop réel
Après ces lumineux fondements, venaient leurs
conséquences, dont je n'ai, il est vrai, et ma
grande honte, je dois le confesser, dont, dit-je, je
n'ai pu même soupçonner la liaison;
Comme par exemple: des êtresdes causes; de
l'ordre et de la perfection; du fini et de l'infini; du
nécessaire et du contingent.
Et voilà ce que c'est que leur ontologie.
a* Lapsycologie... vieilles bribes de la physiologie
du 14* siècle: demandez plutôt M. Ubagbs,
l'Université de L*uvain;
i* La morale et la théodicée; ne parlant guère,
l'une que du duelet l'autre de la révélation mais
n'attaquant ces deux questions, si j'ose le dire,
qu'avec des chiquenaudes
4* La physique: passons.
Puis venaient les mathématiques hélas!... (i)
Chez les Jésuites d'aujourd'hui, pendant dix ans
et plus je n'entendis nommer seulement leurs
Clavius (a), Guldin, Caste!, Tacquet, mais seule
ment toujours leur bon et rabâcheur P. Kircher,
l'auteur si plaisant du Prodomus Copticus et de la
Sina illustrât» que l'on appellerait mieux sa Sina
(Chine) imhrouyliata. Après avoir lu six sept de
ses in-folio, je me range sans balancer de l'avis du
critique allemand, disant de ce volumineux profes
seur de physique amusante
Der so vieldachte teissen, und, leider! so
wenig icuste
Mais quel sujet de s'en étonner, E. P., si le
Jésuite dans ses livres, si son fondateur dans son
institut, ne veulent de la science, que comme un
prétexte, ppur appâter les jeunes gens avides de
savoir, de places, et de célérité: pour so les attirer
ainsi, pour les gagner h Dieu... et ensuite quelque
peu soi, l'ordre
Quel sujet de s'en émerveiller, de cette nullité
puérile et absurde de leur philosophie; quand on
saura que d'après les termes formels de son institut^
la philosophie ne doit être étudiée et traitée par le
Jésuiteque comme une simple introduction la
théologie (3)!
Eh! comment une chose prétexte, serait-elle,
pourrait-elle jamais être traitée sérieusement, con
sciencieusement? Comment ne pas apercevoir
cet immense égoïsme de l'ordre, faisant moyen de
tout, pour soi, soi seul Comme si l'éducation de la
jeunesse, tant vantée chez eux, n'était absolument
et en tout, qu'une pipée en grand, uniquement en
vue de recruter le jésuitisme?'N'est-ce pas le
principe secret et le'mot qui explique ces missions
équivoques de tel P. M...k ou M...s auprès des uni
versités et séminaires; pour les écrémer, comme
dit le peuple; pour en espionner, noter, côter,
classer les capacités naissantes; puis les circonvenir
par les congrégations, où on les fera s'enrôler, partie
de gré, partie lorcede petites tracasseries; fatigués,
par des harcèlements de dévotes, de parentes affi
liées; par des dégoûts, des passe-droits, ou par .des
mises en avant, flatteuses pour leur vanité, il est
vrai mais utiles l'ordre En voulez-vous un
exemple entre mille, demandez au F. D...m aujour
d'hui et au théâtre de la distribution des prix, de
leur collège Saint-Michel eu i84(.
Et voilà comme l'on fait de la science et de l'édu
cation chez les Jésuites
Cependantj'entends d'ici V. E. qui m'ar-
(ête, dans sa haute et clairvoyante impartialité; les
reproches, me dira-l-elle, que vous adressez aux
études jésuitiques et leur philosophie en parti
culier, toutes les institutions catholiques les méri
teront, et bien d'autres aussi donc en les admet
tant, comme réels et mérités, ils ne frappent pas
plus les RR. PP. que telle université, tel pensionnat,
que vous ne blâmez pas, et hors lesquels il n'y
aurait plus d'éducation chrëlieune pour notre jeu
nesse
C'est mon Era., c'est tellement ma pensée, que
j'en fais précisément un grief des plus cruels aux
jésuites, qui, se dounant modestement pour les pé
dagogues et les éducateurs par excellence, ne savent,
dans ce qu'il y a de plus important pour former
l'homme,que se traîner k la remorque d'institutions
usées et sans valeur; dans une ornière fangeuse et
sans issue. Quoi, mes pères! c'est en embrassant
le pire et le plus vain, le plus puéril de tous les en
seignements, que vous entendez réformer l'univers?
Oh!....
Mais cotte objection me ramène précisément
mon sujet énoncé plus haut. t- Nous venons de voir
quel était l'enseignement chez eux, et quelle était la
science de l'ancienne compagnie. Or
Les humanités pour la partie linguistique (et la
seule réelle dans leur enseignement) disciplinées
(1) M. Malou avance dans un de ses mandements
que les mathématiques dessèchent le cœur!
(2) Le Jésuite Clavius, en parlant de l'invention de
récriture, constate que les 25 lettres de l'alphabet doivent
être tournées de 52635735495099000 manières diffé
rentes, pour rendre les inflexions diverses de tous les
mots de la langue française.
(3) Le professeur de théologie dogmatique pour les
Jésuites, au Gesù Rome); un des pères Jésuites vrais
venant de la petite Russie, que vous savez, allait plus
loin plnlosophia debet, disait-il, dans le mauvais latin
de leurs écoles, debet donc, esse serra théulogiœ. Voilà
qui est mieux l'esrfaee de la théologie. MM. Mrchelet et
Quinct ne vous plaignez plus!
avec une admirable patience et unedidaclique heu
reuse, par cet excellent mais peu docte P. Emmanuel
Alvarez; les humanités atteignaient leur but: en
cinq ans,on savait le latin et le grec, dans les collè
ges de la compagnie; aujourd'hui en dix ans, oq ne
sait ni l'un ni l'autre, m'écrivait une des plus bril
lantes notabilités de l'ordre (i): ajoutant, il faut
croire que c'est mieux comme cela
Et de fait, on n'y sait ni l'un ni l'autre, même les
professeurs; le dernier manifeste de nus bollandistes,
ne nous donne-t-il pas des phrases inintelligibles
pour un Romain antique.
Mais pourquoi
Parceque nos Jésuites n'ont plus, et ne veulent plut
avoir leur antique science.
En effet, le laborieux et si complet Alvarez, est
mis la réforme pour le paccanariste Lhomond
cette piètre, mauvaise, balbutiante grammaire du
que retranché et des gallicismes pour cette ombre
de prosodie de Chevalier Le travailleur Gretser
fut mis de côté pour Gail; l'ingénieux et si clair
Giraudeau, pour M. Burnouf et quant l'hébreu,
pour le vieux et faible (en cela) Bellarmin, ou le
rabbinisme moderne, et le lhalmudique, variable,
absurde, hérétique massoréthisme. Même chose en
théologie leur Suarez, Petau, Antoine, remplacés
un instant par le désordre porté au sublime Sarda-
gna s# voient éliminés par des étrangers l'ordre
M. Libermann et S. Liguori; en attendant pendant
quarante ansun Jésuite, le P. Perroue, dont nous
reparlerons.
Il vous souviendra peut-être, M., avec votre si
prodigieuse mémoire, de la conversation que j'eus
l'honneur d'avoir avec V. E. Bologne, sur ce point
en particulier alors que professeur si éminemment
européen et asiatique, de ces langties saintement sa
vantes, vous accueilliez avec cette bonté profonde,
alhmosplière habituelle de la supériorité modeste
qui seule s'ignore, mes observations et mes vues sur
ces idiomes trop abandonnés et trop idolâtrés la
fois.
Mais puisque j'ai touché ce point, si nul dans la
science jésuitique la linguistique; permettez-moi,
je vous en prie, de vous citer ici cette règle du pro
fesseur de langue hébraïque dans l'institut des Jé
suites
L'on n'étudiera l'hébreu qu'à cette fin, de défendre
la vulgate latine.
Ainsi la seule langue savante dont s'occupe l'In
stitut de Saint-Ignace n'y figure encore une fois que
comme prétexte! cet n'est pas une langue, c'est un
seul point de controverse théologico-grammatîcale,
quoi se borne l'étude de la langue la plus admi
rable de littérature que conserve le monde
Encore une fois, est-ce ainsi que l'on saura, que
l'on cultivera l'hébreu Sera-t-il «otier, vrai, savant
ce travail ou borné, tronqué, vétilleur et ergotier
Car enfin, certes la vulgate est la plus fidèlexles ver
sions de la bible, le Concile de Trente l'a dit, et de
vait avoir infailliblement raison.
Mais la meilleure ne suppose point la plus par
faite; et de fait, le Concile la supposait si peu telle,
qu'il chargea et fonda une congrégation exprès, pour
la correction de cette même vulgate; telles ensei
gnes que le cardinal Bellarmin, Jésuite, qui eo fut
nommé tout d'abord, n'obtint pas les honneurs de
la canonisation, cause d'un mensonge fait propos
d'une faute échappée la dite congrégation des car
dinaux et théologiens et par lui mise sur le compte
des imprimeurs. Tout ceci ne ressemhle-t-il pas
dès lors de {'apologie quand même? Cela n'est-il
pas précisément la contre-épreuve de leur mode
d'écrire l'histoire, les journaux Ils sont parfaits
nos amis, tant qu'ils continueront de mériter ce titre
de nous, tant qu'ils ne doivent pas se mettre en peine
de le perdre O style des gazettes de sacristie, stylo
adulateur et tartuffe!
(La suite et fin au prochain n"
Detix jeunes gens qui, l'année passée, étaient
encore élèves au Collège communal de notre
ville, viennent d'être admis l'administration
dés chemins de fer postes et télégraphes de
l'État, après avoir subi de brillants examens.
On nous assure que plus de 150 candidalsélaient
inscrits et que les 30 premiers seulement, au
nombre desquels se trouvent nos jeunes com
patriotes, ont pu être placés.
M. Paul Duhameeuw est attaché la direc-
(i) En 1824; la province de Franceétant organiste
depuis dix ans, renfermait 424 Jésuites environ, pour
leurs Six maisons.