JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'AURO.YDISSEMEYT.
W 1,626. 16" Année.
Dimanche, 30 Moyeml)re 1856.
M. De Deoker esjt uo maître bien dur, bien
despotique Qu'on çn juge! Pqrlant du cata
logue des'livres recommandés par le pèreBoooe,
*i i ÉnoilfiîiiiXdi il R.*îOjO 9'iJUfï -'if J - '"i-t/B j 0f IlIfOCi &0 t 1 <JÉU I. I 9«'l t f'ÏC'fi
ABONNEMENTS: Ypncs (franco), par trimestre, a francs liOc. Piioyi.nces, 4 francs. I Le Fhogrés paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Tpiies, 29 Novembre.
La Chambre, daos sa séance du 27£courant,
a clos la discussion du de l'adresse relatif
l'enseignement supérieur, après un débat solen
nel et placé, constamment par la gauche^af' le
terrain des grands principes constitutionnels
C'est en vain que quelques orateurs de la droite
ont cherché amoindrir lés proportions de
celte importante discussion dette bataille par
lementaire, dont l'effet moral restera favorable
aux libéraux, sera, comme l'a dit, du reste, M.
le ministre de l.mlérieijr, une dès plps belles
pages de notre histoire .constitutionnelle. IVous
voudrions que les annales parlementaires qui
contiennent ces débats, puissent être lues par
le pays entier; la Belgique comprendrait dans
quel parti sont les vrais amisde ses institutions,
el les vrais citoyens.
Sûr 108 membres, 102 étaient présents au
moment du volé, 61 ont volé le projet d'adresse,
41 se sont prononcés pour l'amendement de ÎVI
andes choses et empêcher les fu-lball0QÏ' wais nous devons reconnaître, qu'il
de la majorité, m noqsi a rendu un grand service, parce qu il a
nislériel, du reste, est loin d'être élé Jusl^ autant qu'il poqvaUlêtre.
Devaux; dés six na'erobr^s absents,;quatre, MM,.
Delfosse, De Brouckere, Sinave et Lelièvçe,
appartiennent au parti libéral deux, M>L Bel
lafaille et De Mérode-éWesterloa, au parti ca
tholique. L'opposition dispose donc'de 45 voix,
le parti ministériel de 63. Mais si l'on considère
que quatre ministres sont représentants, et cjîie
dans toute assemblée délibérante, il «e trouvé
urie dizaine de vbix ïninist^rielles quant même,
on doit convenir que la majorité est bien faible,
malgré l'appoint que lui ont apporté une bande
de transfuges, déserteurs du drapeau libéral.
Une minorité de 45 voix;, unie et forte, peut
risquer de gra
nestes .projets
Le parti mi
homogène, la discussion l'a prouvé, les atta
ques violentes des journaux épiscopaux ne lais
sent aucun doute cet égârd.
M. le ministre de l'intérieur l'a constaté du
reste lui-même, dans les termes les plus durs
pour ses amis plus ou moins sincères; qu'on
lise le dernier discours de M. De Decker, pres-
qu'exclusivement dirigé contre les mandements
et leurs auteurs, les .journaux catholiques et
leurs patrons, les membres de l'extrême droite
et leurs soutiens au dehors, et l'on devra con
venir que le cabinet ne s'appuie (bas sur la
droite, mais s'impose en raaîtré sa majorité,
qu'il l'attelle au char ministériel et la mène haut
la main, sans pitié ni ménagement aucuns.
Le cabinet est audacieux, car il se sent fort;
il sait que la majorité est son esclave; en effet,
si la droite régimbait, si elle renversait le mi
nistère, M. De Decker et ses amis du centre
droit se sépareraient de la droite, qui cesserait
d'étfe majorité et qui devrait renoncer pour
longtemps l'espoir de gouvferber. La droite
doit donc subir sohsbrt aVée patience. Elle
peut rongér Son frélrt, mais elle doit obéir au
fouei du chef qu'elle sert, mais qu'elle déleste.
Belle et digne position en vérité, pour les grands
hommes d'état catholiques! Belle position sur?-,
tout pour les. çvéques, qui par leurs mande
ments violents ont créé celle situation
il n'a pas hésité dire que les établissements
d'instruction, où ces livres sônt seuls donnés
en lecture, ne peuvent former qu'une généra
tion de crétins!! N'est-ce pas là un terrible
coup porté par un enfant tournis de l'église
aux collèges des. jésuites,éyèques
Répondant M. Malou, M, De Decker s'est
écrié que d'importantes questions le réparent
de la droite, et a fait catégoriquement enténdrey
que le refus fait par lui de destituer d'honora
bles fonctionnaires, est cause de l'irritation de
l'extrême droite et de ceux qui les soutiennent
au dehors. De pareils reproches ne resteront
pas sans vindicte.
Que diront,, qqe, feront les jesuites, les évo
qués, que fera M. lYfalou, MM. De Muelenaere
et De Tlseuxv.si vertement fusligés, mis au ban
de l'opinion.modéréé Se courberont-ils sous le
fouet? L'avdn». notis le dira. En tout cas;
pouf le niofnént. jamais parti fanfaron ne fut
plus humilié ni plus châtié.
Ce qui se passe prouve que le parti libéral a
conservé une grande force. M. De Decker a
terrassé ses plus grands adversaires, d a plus
fait contre eux, pareequ'il est moins suspect,
que l imposante minorité de quarante-cinq voix
ne pourrait faire elle-même. MM. De Deckw et
Vilain XIIÎI sont, comme on l'a dili, plus près
de la gauche qufe'de la droite, qui leur a voué
une haine Uôbcétilréé peut-être pour le mo
ment, mats fjui n'eùresteia pas,moins profondé
et inextinguible.
Nous sommes loin de partager les opinions
de M. le ministre; ses opinions nous les com-
JBMIHiH s-vt;
La droite pour obtenir une majorité de soix
ante une voix; a dû admettre comme sien*,
neuf transfuges du libéralisme; .ce' sont MM.
JacquesJulliotLe Bailli de Tilleghem, Rous-
selleTKindt-De Nacyer, Calmeyn, Crotnbèz
De Br'outcer de Hogendorp et Delehaye.
Ensuite, il y a quatre ministres dont le vote
est forcé. Ce triomphe n'est pas brillant pour
des Don-Quichotte qui prétendent être suivis
et soutenus par la catholique Belgique et se
donnent comme les organes vrais et exclusifs
des pères de famille Belges.
miu I
lu
•■n.
L'enseignement donné par le Clergé
et surtout par les Jésuites.
(suite et fiîj.) -,;r.
Revenons, s'il vous plaît, Em., et souffrez que
je conclue, au premier chef
La Compagnie cle Jésus actuelle est essentiellement
ignorantey et son enseignement est ou absurde, ou
puérilou passé, en un mot, mort.
Peut-être les amis et partisans dé-lies Jésuites
prelidrent-ils barre de ce que je viehs d'établir,
pour en arguer une marche évidetite de progrès
delà part de leur chère compagnie: abiiidbrinant
sagement ses langes enfantins, pour revêtir peu a
peu les insignes de la Virilité et les armes d'une
noble et toujours vertè jeunesse.
Ce serait très-bien, èn effet, et je Py exhortais
depuis longtemps, mais en vain La chrysalide s'est
endbrratie, informe, inërte, presque sans Vie; ihàis
l'insecte brillant et vivacedes beaux jours n'en est
éelosl il 'est trop lent paraître; il ne paraîtra
«rtêttte'plUér R'.Çb M. striRpo* -uo# a m moi joui
Pourquoi I' 1 i4t<:
Parce que d'abord, M., il n'est pas donné aux
corporations, plus qu'aux homrtié», de se sÛfvivrè
elles-mêmeSét i'histbîre nous en rkfivsd impitoya-)
blement des exemples et des espééaricés, par consé
quent, poûr l'amerrir;
Pourquoi encore pourquoi donc?"
Parce que les Jésuites n? conqprpnnent plus
(comme jadis) la science d'aujourd'hui.
Et cependant, c'est aujourd'hui qu'il faut Vivre
Us jip la cqippreriaent plus -q Mais ne sonfAce
pas d'après vos propres aveux, vos propres incul-
fa pal ions [argumenta ad ineidiam des logiciens
antiques), ne sont-ils pas l'élite des séminaires,
des cplféges, des universjl^s, des fij.mjlles, voira
même dp» savants çonverf/k, écrémé?, par leurp
émissaires, ainsi que vous vous exprimiez? et
alors comment se ferait-il qu'ils ne comprissent
pas, du moins aussi bien que leurs contempo-
rains, la science d'aujourd'hui, comme celle de
hier?....» Objection posée, je me le figure, M.,
dans toute «ou accablante force, sans atténuation,
sans préparation cauteleuse, habilement cachée dans
quelque petit terme inaperçu.
Objection foudroyante, ce semble. M. c'est vrai!
Mais, simple objection.! c'est-à-dire difficulté
dj'un spécieux embarras; dérivant.de quelque fausset
inteJJeçtjQn dé termes; de ^quelque principe mal
cpmpris, mal exposé peut-être.., simple objection
bq^BeWOfe<!o g'so p -,0- v»s«-t«Y s ilê ,'iioci
Par la raison péremptoire, profonde et radicale
que voici Dès qu'ùne- société une corporation
existe, elle existé en vertu .d'un esprit qui est ex
clusivement son âme et sa vie.: Cet esprit est le lien
de ses membres, épars sans cela, et plus que divisé»;
puisqu'ils n'ont pu être unis. Cet esprit est le prin
cipe actif des oeuvres dd cette société; il y circule,
s'y.multijllie, s'y augmente, s'y développe, y fleurit,
et... hélas aussi Comme tbot autre; s'évapore et se
meurt. Ou pour» traduire en langage rigoureux et
positif ce langage figuré quoique précis cet
esprit développe les esprits et les cœurs des mem
bres de la société dont rUest le lien, la Vie et l'action;
il les développe dans «on sens, jusque» aux limites
de leurs capacités, et de la sphère d'action que la
providence aura départie chacun d'eux.
Jusquei-là c?est très-bien; il doit, te® éirez-vous,
y avoir progrès ou certainement au moins maintien
de la supériorité acquise déjà?,..
Eh bien! non, M., paréë que l'élément du
temps, le mouvement des siècles, le torrent des
événements, les changements dons l'esprit public;
qnè tods ces ittotèfirs providentiels et insurmonta
bles, si indomptables surtout, impriment aux so
ciétés politiques et'aux grandes familles humaines,
font nécessairement avancer celles-ci dépasser,
déborder et laisser en arrière, ces témoins vieillis
d'une autre époque Absolument comme dans notre
Vie domestique et d'homme, nous abandonnons,
sari» pour delà les briser: nous abandonnons dans
quelque recoin mt-ignoré, m'i-oublië les jouëts de
notre enfance, Tfes cahiers de notre jeunesse de col
lège; lésjuveriiiia de notre nuise poétique, les essdis
de notre Carrière savante ou politique, son cré
puscule.
C'est-à-dire, Em. que ces restes d'anciennes
institutions survivent dans la société générale, mais
seulement d'une vie monumentaleet Yètat de sou
venir,de médailles, de monnaies, peut-être!
Ont-ils pour cela cessé d'être, eux Oh non et
c'est précisément pour cela qu'ils ont depuis long
temps cessé d'être lions rien autre chose, qut4
comme souvenirs historiques.