Chronique politique.
dans les journaux et c'eat pourquoi, dana les pro
vinces flamandes, l'immense majorité s'abonne ti
des journaux écrits en français ils ne la compren
dront pas surtout dans le rapport de M. Snellaert,
qui, en revanche, sera peut-être trouvé superbe
l'Académie d'Amsterdam.
Il nous importe ici de faire une profession de foi
catégorique, car nous savons par expérience quel
déchaînement d'injaqres et de calomnies on s'expose,
quand on cherche lutter contre certains courants
d'opinions aveugles, entraînés par des fanatiques ou
des ambitieux vulgaires.
Il y a deux choses dans le mouvement flamand
le mouvement littéraire et le mouvement politique.
Le mouvement littéraire est une des gloires du
pays. Il a produit Conscience, Ledeganck, Van Rys-
\%yck, Vandenkerckhove, Zetlernam, Van Beers et
vingt autres qu'aucun parti n'a dédaignés, qu'aucun
pouvoir n'a méconnus, des poètes, des romanciers,
sans rivaux dans nos lettres françaises. Ce mouve
ment, depuis i83o, n'a cessé de grandir. Est-ce
cause des obstacles qu'il a rencontrés, ou des encou
ragements qui lui sont venus de toutes parts? Il est
une des forces vives du pays. Il brillera dans l'his
toire comme une véritable renaissance, écluse au
souffle généreux et libéral de la révolution de sep
tembre.
Le mouvement politique est tout autre. Il eut
pour précurseur M. Willems, ce Flamand qni
i83o ouvrit les portes de l'Académie que le régime
hollandais lui avait fermées Willems était libéral
il avait, sous l'ancien régime, rompu des lances avec
des membres du clergé. Ce fut sous son inspira
tion, qu'en 1840, environ 100 communes des Flan
dres sollicitèrent de la législature, le droit de traiter
en flamand les affaires locales, l'emploi de leur
idiome dans les tribunaux, et l'institution d'une
section flamande l'Académie de Bruxelles. On a vu
A quel point ces vœux si raisonnables ont été am
plifiés.
C'est qu'après 1840, le mouvement flamand se
fil catholique, il était avant tout de l'opposition
libéral sous M. de Theux, il devait être clérical sous
M. Rogier.
Dans la grande lutte de 1847, les Flamingants
s'enrôlèrent sous le drapeau de la théocratie. Ils
comptaient alors parmi leurs adversaires les plus
énergiques, les journaux libéraux de Gand et d'An
vers. Ils avaient pour oracle M. Delsart, qui fut
depuis rédacteur en chef de l'Emancipation, pour
moniteur le Rotkam (l'Etrille)et constituèrent plus
tard la fameuse société Tatl en Kuntt, organisée uni
quement pour éliminer M. Rogier, qu'on traitait de
framquillon,do la liste des représentants d'Anvers.
On ne nous donnera pas le change sur ces débats.
Nous y avons pris part. La collection du Mettager
de Gand en ferait foi au besoin. De catholique, le
mouvement flamand s'est fait radical. Il a séduit
M. Jottrand, mais son véritable chef est \1. Michiel
Vandervoort, le président du Flaenuch tnidden ko-
tnileil, écrivain des plus distingués.... dans les bu
reaux d'une société d'assurances.
Personne n'a plus fait pour le développement
littéraire de l'esprit flamand, que l'honorable M.
Rogier. Personne ne lui a distribué plus d'encoura
gements et de faveurs. Mais le mouvement politique
accomplir cette résolution sans être charge Spiegel.
Ses élèves l'avaient oublié, et d'ailleurs, s'ils reve
naient lui, aurait-il le courage de recommencer sa
vie laborieuse d'autrefois? Dans l'opulence et l'oisiveté il
ne voyait qu'ennui et .dégoût, et la pauvreté studieuse
lui semblait désormais interdite. Plus d'une fois Spiegel
avait surpris dans les réponses embarrassées de Muller
une partie de son secret. Quand il l'interrogeait sur les
hôtes d'fllldesheim, sur le major Bildmann, sur les de
moiselles de Stolzenfcls, sur les métayers du domaine,
sur la noblesse des environs, sur les fêtes où Edith avait
dû éblouir tous les yeux, il trouvait dans le langage de
son ami quelque chose de contraint qui s'accordait mal
avec une intimité de dix ans. Spiegel connaissait mal le
monde et n'eût pas fait dans un salon une brillante
figure; mais il avait beaucoup réfléchi, et savait inter
préter la parole et le silence aussi finement qu'aurait pu
le faire le diplomate le plus rusé. Dans ce que Muller
disait, dans ce qu'il ne disait pas, il n'eut donc pas de
peine !i deviner la vérité. Muller allait dans quelques
semaines retourner Hildesbeim et reprendre le fardeau
de son opulence, et pourtant, au fond de son cœur,
il regrettait Munich. Pour le décider reprendre son
ancienne vie, sa vie de bonheur et d'étude, que fallait-
il? Lui montrer la gloire, légitime récompense du travail
et du talent. Spiegel n'avait pas deviné avec moins de
pénétration ce qui se passait dans le cœur d'Edith. L'em
barras, les réponses laconiques de la jeune femme, son
empressement détourner la conversation chaque fois
qu'il lui parlait de Frédéric, disaient assez que malgré sa
voulait sa part et il a spéculé pour l'obtenir sur la
faiblesse do M. Dedecker. Il trouva l'occasion magni
fique pour agiter l'opinion. Lorsqu'on i855 l'oc
casion du ?5* anniversaire de notre indépendance,
le ministre ouvrit uu concours de poésie dans lequel
il conviait les deux idiomes célébrer les bienfaits
de la révolution, les Flamands s'abstinrent; bien
mieux, ils prolestèrent contre ce sujet de poëine
qu'ils traitaient de sanglante ironie. Le dossier de
leurs plaintes doit exister au ministère. M. de Gey-
ter, le lauréat flamand de cette époque, doit se rap
peler de quelle aimable façon le traitèrent ses
confrères flamingants. Ce n'était pas un patronage
littéraire que voulaient ceux-ci l'appétit leur vint
en mangeant ils voulaient une restauration poli
tique, une réparation de leurs pertes de i83o; ils
organisèrent un nouveau péiitionnemeut, la Cham
bre reçut encore une fois l'exposé de leurs griefs, et
M. Dedecker, pour en finir, institua cette fameuse
commission dont deux ministres successifs ont re
fusé de publier le rapport, sous la responsabilité du
gouvernement.
Voilà l'histoire impartiale, exacte, authentique,
de ce mouvement, que la passion compromet après
l'avoir défiguré. (La tuile et fin au prochain n°.)
M. le ministre de l'intérieur s'est expliqué la
Chambre d'une manière catégorique sur l'enseigne
ment obligatoire il a déclaré qu'il était partisan
absolu, en principe, de l'enseignement obligatoire,
et qu'il était disposé aller très-loin jusqu'il
l'amende et la prison pour obliger les parents
envoyer leurs enfants l'école. Mais avant d'appli
quer ce principe, M. Rogier est d'avis que l'on doil
construire des écoles en nombre suffisant, cependant
ce n'est pas pour éluder la question que M. le mi
nistre s'exprime ainsi, car M. Rogier a ajouté que le
premier soin du gouvernement sera de faire face
cette insuffisance, et qu'avant peu de jours la Cham
bre serait saisie d'un projet de loi demandant des
crédits extraordinaires pour construction et appro
priation d'écoles.
La majorité ne restera pas en arrière dans cette
chasse l'ignorance et tous les maux qu'elle en
gendre le lièvre ne manquera pas au civet de l'en
seignement obligatoire, et de généreux crédits met
tront le gouvernement même de construire de
nouvelles écoles qui ouvriront bientôt au large leurs
portes eu principe fécondant et régénérateur de
l'enseignement obligatoire.
Un arrêté royal du ao de ce mois porte que la
commission administrative des hospices civils de
Gand n'est pas autorisée accepter la donation de
8,000 fr. faite par le général Capiauraont aux con
ditions stipulées.
On sait que ces 8,000 fr. avaient été souscrits
pour offrir une épée d'honneur au général. L'arrêté
royal porte entr'autres considérants, que la libéra
lité prend son origine dans des f lits dont il n'y a pas
lieu de perpétuer le souvenir.
On lit dans la Preste:
La question de la boucherie vient d'entrer dans
une nouvelle phase. Deux sénateurs, riches pro
pureté, dont il ne doutait pas, elle n'était pas sans in
quiétude sur la nature de son affection pour le jeune
officier. Edith en effet ne songeait qu'en tremblant au
jour où clic le reverrait. Elle aimait son mari et ne
croyait pas aimer Frédéric, et pourtant elle sentait au
fond de son cœur qu'elle ne pourrait le revoir sans
danger. Quoiqu'elle n'eût rien se reprocher, quoiqu'elle
n'eût prononcé aucune parole imprudente, elle ne pen
sait jamais sans rougir la soirée des adieux. Pour
rendre le repos cette âme troublée, il fallait retenir
Franz Munich. Depuis quelques jours, on parlait d'une
symphonie mystérieuse dont l'exécution était prochaine.
Il s'agissait, disait-on, d'un manuscrit de vieux maître
ce manuscrit avait été vendu par ses héritiers, qui sans
doute n'en connaissaient pas la valeur. La nouvelle en
vint jusqu'aux oreilles de Muller; ce fut pour lui un
nouveau remords.
Eh bien dit-il un jour Spiegel, il parait que
nous allons entendre un chef-d'œuvre inconnu. Il s'agit,
dit-on, d'un manuscrit de vieux maître, découvert par
je ne sais quel dénicheur d'antiquailles. Je gagerais qu'on
prépare au public de Munich une éclatante mystification.
Sans doute cette symphonie se composera de lambeaux
pillés effrontément.et cousus ensemble par quelque char
latan. Là-dessus, je n'en sais pas plus que toi, ré
pondit Spiegel. Dans trois jours, nous entendrons le
chef d'œuvie inconnu, et nous saurons quoi nous en
tenir. Eh bien reprit Muller, nous irons l'entendre
ensemble, et nous emmènerons Edith.
(La suite uu prochain h*.)
priélaires, ne voulant point passer sous les fourches
caudines des bouchers d'Orléans, ont fondé dans
celte ville un étal où ils débitent eux-mêmes leur
bétail aux consommateurs. Cet essai leur ayant
réussi, ils ont eu l'idée d'en faire un nouveau
Paris. Sur le boulevard Sébastopol, côté de la bou
langerie centrale, 011 lit Boucherie centrale, Char
cuterie centrale. Ainsi, on est en voie d'installer
deux vastes bazars qui seront approvisionnés direc
tement par les producteurs, et dans lesquels les
viandes de bœuf, de veau, de mouton, de porc, et la
charcuterie toute préparée, seront vendues des
prix moins onéreux que ceux du commerce.
s D'un autre côté nous apprenons que le Comptoir
des Cultivateurs, fondé récemment Paris, vient
d'ouvrir une souscription pour l'établissement d'une
boucherie, où les producteurs pourront directement
faire abattre. Ainsi va se trouver pratiquement
l'essai le problème de la viande bon marché, a
Du 23 Janvier au 26 luclns.
Le roi de Naples est bien réellement mort. Le roi
Ferdinand laisse vide un trône convoité par des
ambitions de toute nature, placé entre les intrigues
muratistes et la révolution; il laisse un héritier
présomptif, le duc de Calabre, qu'il y a trois mois
les journaux de Paris cherchaient faire plisser
pour un idiot. Ce prince était sur le point d'épouser
la sœur de l'impératrice d'Autriche. La mort de
son père ajournera celte union qui n'était pas sans
importance politique.
La France et l'Angleterre sont en froid avec la
monarchie napolitaine. Elles réclament dans les
Deux-Siciles des réformes bien pins urgentes en
core qu'en Lombardie. Que de complications cette
mort va donc apporter la question italienne
Si le mariage du prince de Calabre est ajourné,
celui du prince Napoléon, hier, ne paraissait rien
moins qu'assuré.
Le Timet a fait connaître que le roi Victor-
Emmanuel avait subordonné son consentement
celui de sa fil le et que la princesse Clotilde ne pa
raissait pas du tout disposée sacrifier ses seize
printemps la gloire de l'Italie. Le peuple piémon-
tais considère ce mariage comme un sacrifice, l'a
ristocratie comme une mésalliance. La famille de
Savoie se vante d'être la plus ancienne famille royale
de l'Europe, plus ancienne que les Hapsbourg ou
les Capet. Le prince Napoléon a donc été reçu au
théâtre de Turin, dimanche dernier, avec une ex
trême froideur.
La guerre ne paraît pas beaucoup plus populaire
dans l'esprit de la noblesse sarde. Il suffit pour s'en
convaincre de lire l'adresse du Sénat. Le Roi parle
de gloire, le Sénat lui répond prudence, sagesse et
respect des traités.Le peuple cependant est fa
vorable la guerre, mais il n'a pas plus de sympa
thie pour la France que pour l'Autriche, et le
prince Napoléon qui s'attendait voir une insurrec
tion lombarde éclater son approche, a dû être
singulièrement désappointé de l'indifférence qui l'a
partout accueilli. Le correspondant de Paris ajoute
ces nouvelles empruntées aux journaux de Lon
dres, qu'il a été impossible de négocier un emprunt
sarde sur les places de Londres et de Paris et que M.
de Rothschild a refusé formellement de s'en charger.
Toutefois une dépêche de Turin nous apprend
qu'hier midi le général Niel a fait au roi,Victor-
Emmanuel la demande officielle de la main de la
princesse Clotilde pour le prince Napoléon.
D'un autre côté le Piémont a commandé 80,000
mètres de draps pour son armée aux fabriques
françaises, et le général Niel a visité les forteresses
sardes sur la lrontière autrichienne.
En même temps, les journaux deVienne laissent
entrevoir la probabilité d'un rapprochement entre
l'Autriche et la Russie. Toutes les dispositions sont
prises par le département de la guerre pour mobi
liser au besoin tout le corps d'armée stationné dans
la Gallicie autrichienne; ce serait un indice qu'on
n'aurait rien craindre de la Russie dont les fron
tières polonaises sont contiguës sur une assez longue
étendue celles de la Gallicie.
On remarque aussi la cordiale entente qui règne
entre le prince de Melternich et M. de Balabine, le
nouvel envoyé extraordinaire de Russie i Vienne.
On se montre également satisfait dans le monde
gouvernemental de la tournure que prennent les
négociations relatives au renouvellement du traité
de commerce avec la Russie. Cette dernière puis
sance se montrerait beaucoup plus disposée qu'on
n'aurait osé l'espérer faire des concessions l'in
dustrie et au commerce autrichiens.