Chronique politique.
Nouvelles diverses.
Lord Malmesbury a annoncé fa la Chambre dm
lord» que le Congrès »e réunira fa U fin d'avril. Il
faudra d'ici 11 régler dea préliminaire» sur lesquels
les puissances ne sont pas d'accord.
Lord Malmesbury a également déclaré fa la Cham
bre, que dan» l'opinion de l'Angleterre.Us différents
Etals italiens devraient être représentés au Congrès.
Tout l'intérêt de la journée est dans la dépêche
de M. de Cavour.
1 t
On se fut cru, samedi dernier, Liège, en plein
carnaval. Vers midi, une vingtaine de jeunes gens
traversaient les principales rues, revêtus du costume
tiaditionnrl de nos ouvriers houilleurs; rien n'y
manquait, ni blouse, ni le chapeau en cuir de la
profession, ni même la figure, que couvrait une
magnifique couche de poussière de houille. D'où
eortaient ces jeunes gens, qu'à leur tournure et
leurs traits on reconnaissait aisément pour n'être pas
de simples hiercheure C'est ce que tout le monde
•e demandait. Il est même des personnes qui avaient
trouvé ce cortège si étrange, qu'elles s'en allaient
partout racontant que l'empereur Soulouque et sa
auite venaient d'arriver en notre ville. Il ne s'agis
sait cependant do rien moins que de l'ex-empereur
de Haïti et de ses nègres; les jeunes gens, dont le
cortège excitait une si grande curiosité, étaient tout
simplement tous étudiants de l'école des raines de
l'Université, qui rentraient en ville après avoir été
faire une exploration scienlique dans une houillière
d'Ougrée ils revenaient tranquillement chez eux
dans l'étal où ils se trouvaient au sortir de la bure.
S'ils ne veulent pas être confondus arec Soulouque,
ils feront bien l'avenir de se débarbouiller avant de
rentrer en ville. (Meute.)
Xaefragc du Saint-Paul.
Nous avons publié, dans notre dernier numéro,
les premiers renseignements adressés par le capi
taine Pioard, sur le naufrage de son navire le Saint-
Pauldans l'arrhipel des Louisiades, et sur les hor
ribles conséquences de ce désastre maritime.
Le Journal du Jlâore emprunte fa un journal
australien les émouvants détails qu'on va lire, re
cueillis de la bouche du seul Chinois miraculeuse
ment échappé au massacre de ses 3a6 compatriotes,
et racontant les scènes de cannibalisme dont il a été
le témoin
Le Saint-Paul avait touché pendant U nuit, et,
réveillés en sursautnous nous précipitâmes sur le pont
en poussant des grands cris; le capitaine nous rassura
et nous Gl redescendre dans l'entrepont. Dès que le jour
parut, on nous débarqua sur une île, où nous restâmes
deux jours sans une goutte d'eau; quelques-uns d'entre
nous retournèrent alors bord du navire pour en rap
porter de l'eau et quelques provisions.
Le capitaine était parti dans une embarcation avec
une partie de son équipage, et pendant le premier mois
qui suivit son départ, nous ne fumes pas inquiétés par les
indigènes. Malheureusement nous ne devions pas jouir
longtemps de cette sécurité venus en foule du con
tinent, ils finirent par nous attaquer. Quelques-uns d'en
tre nous étaient armés de carabines deux coups; mais,
saisis de frayeur nous les jetâmes au loin. Le seul blanc
resté avec nous après le départ du capitaine Pinard était
un matelot grec qui, armé d'un coutelas, se jeta en
désespéré sur 1rs sauvages, et en tua un grand nombre
avant de se rendre.
Les indigènes victorieux nous enlevèrent alors tous
nos habits et les détruisirent en partie; cependant, ils
amas de maisons bâties en bois, en cailloux et en pouz
zolane, basses, obscures, hideuses, non moins fétides que
les rues où elles surplombent; une longue suite d'échop
pes et de boutiques en plein air, un singulier constraste
de riches marchandises et d'ignobles rogatons; une po
pulation toujours en mouvementpeu de femmes hors
des maisons, beaucoup d'activité, de bruit et de paroles.
Six milles juifs occupaient alors le même espace où dix
mille sont agglomérés maintenant, entre le pont Qnatro-
Cspi, pont Fabricitfs dans l'ancienne Rome, la place de la
Juivrrir, les églises Santa-Maria del Pianlo, Sant'Angeli
in Pesclicria et San liartolomeo in Regola. On dirait que
ces églises, et quelques autres qui existent autour du
Ghetto, ont été mises li comme des barrières opposées
au judaïsme, qui ne se pique pas d'être envahisseur. A
Rome, ainsi qu'ailleurs, le quartier des Juifs est le plus
fangeux, le plus puant, le plus sombre, le plus horrible
des quartiers de la ville. Le P. Alexandre tenait déjà le
marteau de la porte et s'apprêtait frapper, lorsqu'il
s'arrêta pour écouler le bruit d'une vive altercation qui
avait lieu dans l'intérieur de la maison du custode. On
entendait alterner deux voix, l'une rauque et sourde,
foutre aigre et stridente, qui échangeaient de vires re
parties eu lingue étrangère. Scïla écoutait aussi et sai-
conservèrent tous les objets de quelque valeur, tels que
pièces de monnaieanneaux, etc., qu'ils plaçaient dans
une sacoche en Glet que chacun d'eux portait suspendue
son cou. Une montre attira particulièrement leur at
tention, et ils ne faisaient que l'ouvrir et la fermer, pour
apercevoir leur image réfléchie dans le verre.
Pendant la nuit, nous fûmes placés au centre d'une
clairière, où des feux furent allumés de place en place.
Nous étions de la part dos indigènes, l'objet d'une active
surveillance. Le jour suivant, ces canibalcs choisirent
quatre ou cinq Chinois, et, après les avoir tués, ils les
firent rôtir et les mangèrent. Les reliefs de cet horrible
festin allèrent rejoindre nos anneaux dans le GIrt sus
pendus au cou de ces misérables. Voici comment ils s'y
prenaient pour faire leur épouvantable cuisine les vic
times une fois choisies, on les emmenait et on les frappait
sur tout le corps (excepté sur la tête) avec une sorte de
massue, puis on les achevait en leur ouvrant la poitrine.
On coupait alors le corps en petits morceaux; mais les
doigts, les orteils et la cerveillc étaient les morceaux les
plus recherchés. Les os étaient recueillis et brûlés ou
bien jetés au loin.
J'ai vu massacrer ainsi dix de mes amis. Un jour,
quelques Chinois montèrent dans une embarcation ap
partenant au navire, pour aller sur le continent chercher
un peu d'eau douce ils ne sont pas revenus, et il est plus
que probable qu'ils ont été dévorés. Chaque jour, les
sauvages nous apportaient des noix de coco et des racines
pour notre nourriture ils paraissaient être très amis
avec nous. Cet état de choses dura jusqu'à ce que j'aie
pu quitter celte ile maudite. U n'y restait plus en vie,
quand je suis parti, que quatre Chinois et le matelot
grec tous les autres avaient été égorgés.
Le jour où le steamer parut, j'avais encore vu cinq
malheureux mais aussitôt que lcssindigènes aperçurent
des embarcations se diriger vers la côte, ils gagnèrent au
plus vite les montagnes, emmenant avec eux leurs pir-
sonniers. J'étais malade et blessé, et ils ne voulurent
pas m'emporter. Je me cachai parmi les rochers, jusqu'à
l'arrivée des embarcations qui ine recueillirent, seul sur
vivant, sans doute, de mes compagnons!
Ces sauvages, qui étaient très-nombreux, ne parais
sent pas avoir de chefs. Ils vivent de noix de coco, qui se
trouvent en grande abondance dans le pays, et d'une
espèce de racine ressemblant la pomme de terre, qu'ils
mangent rôtie. A l'exception de quelques chiens je n'ai
jamais vu dans ce pays un seul quadrupède, ni un seul
oiseau.
Le narrateur des horribles détails qu'on vient de
lire, ajoute le journal de Sydney, est un tout jeune
homme qui paraît fort intelligent.
Voici une terrible concurrence aux steamers trans
atlantiques on va traverser l'Océan maintenant en
ballon; c'est du moins le projet qu'expose en ces
termes le Time*, de Troy
M. John La Mountain dit ce journal est très-
occupé dan» notre ville faire ses préparatifs pour
la construction du ballon qu'il croit pouvoir être
propre s traverser l'Atlantique durant la prochaine
saison. Depuis quinze jours, une des machines pa
tentées de Dutcher pour 1a fabrication des cordes
est employée aux cordages qui doivent retenir la
nacelle. Ces cordages ont une épaisseur de dix lignes
et un pouce ils sont composés de trente-six fils du
meilleur lin de Hollande choisi avec le plus grand
soin, et peuvent résister un effort constant de trois
cents livres. La soie pour le ballon a été tirée d'une
importation récente faite New-York des Indes
orientales; elle est remarquable par la force et la
fermeté de son tissu, aussi bien que par sa grande
légèreté. Le hallort se. construit Laucasler, sur
les modèles et avec les appareils employés par M.
Wise, le père des aéronautet. Il sera probablement
terminé pour le commencement de mai.
sissait quelques mots hébreux l'aide desquels elle com
prit ce qui se passait.
Voilà encore ce monstre qui maltraite son père
dit—elle avec indignation. C'est impossible reprit le
moine qui ne pouvait se faire illusion sur la violence de
In dispute, et qui répugnait cependait croire aux sévices
d'un mauvais Gis l'égard de son père. Marco se prépare
au baptême...
En se posant lui-même cette puissante raison de
doute, le P. Alexandre heurta bruyamment la porte.
Les chiensauxquels était abandonnée In garde du
Ghetto, se mirent aboyer d'intelligence et formèrent un
concert discordant que les coups de tonnerre faisaient
taire par intervalles. Le marteau de la porte avait, en
résonnant, suspendu la querelle bruyante qui paraissait
engagée chez le portier. Il se Gt un instant de silence, et
une voix sinistre demanda qui heurtait ainsi.
Ouvre au père gardien des capucins de Tivoli dit
le moine avec un ton d'autorité imposant et doux In fois.
Il est huit heures, répondit la voix, et le Ghetto est
fermé jusqu'à demain, suivant les règlements de police.
C'est moi, Marco; moi, le P. Alexandre. Ouvre et dé
pêche, car j'ai affaire là dedans.
(La suite au prochain t»*.)
Le premier voyage d'esiai aura lieu de Chicago,
vers la tin du mois de mai; M. La Mountain a l'inten
tion de traverser l'un des lacs, et de faire au moins
cent railles au-dessus du continent. Quoi que l'on
puisse penser de la praticabilité de son projet, on
doit reconnaître qu'il le poursuit avec un profond
sérieux, trouvant qu'il en croit l'accomplissement
possible, M. La Mountain est préparé risquer tout
au monde dan» l'aventure, sans espoir possible de
faire ancune autre chose avant d'avoir réussi. Au
dix-neuvième siècle, on ne doit rire d'aucun projet,
quelque absurde qu'il puisse paraître. Par consé
quent, il na nous reste plus qu'à attendre. Si M. La
Mountain parvient traverser l'Atlantique avec une
nacelle aérienne, son nom sera naturellement trans
mis la postérité, avec ceux des hommes les plus
fameux.
Les journaux anglais contiennent de temps en temps
dans leurs faits divers l'annonce d'une femme mise en
vente par son mari. Je n'ose approfondir si beaucoup de
Belges seraient capables d'en venir une pareille extré
mité, dans le cas où la loi autoriserait chez nous de pa
reilles transactions; mais je suis porté croire que la
galanterie naturelle, laquelle les Belges de toutes les
conditions sont enclins, les empêcherait, pour la plupart,
de se livrer ce traGc honteux.
Cela dépend-il d'une insociabilité native, de la rudesse
de leurs mœurs ou des instincts commerciaux aux'quels
ils sont livrés dès l'enfance? Il n'en est pas moins vrai
que les Anglais sont, de tous les peuples de l'Europe, les
moins heureux en ménage.
Un membre du parlement a eu la curiosité de relever,
il y a quelque temps, l'état des ménages de Londres et du
comté de Millesex, et il est arrivé au résultat au moins
curieux qu'offre le tableau suivant
Femmes qui ont quitté leurs maris pour
suivre leurs amants1,362
Maris qui se sont sauvés pour éviter leurs
femmes2,371
Couples séparés volontairement 4,120
Couples vivant en guerre sous le même toit. 191,023
Couples se baissant cordialement, mais mas
quant, en public une haine féroce
sous les apparences d'une feinte politesse 162,320
Couples vivant dans une indifférence visible. 510,132
Couples réputés heureux dans le monde, mais
qui ne conviennent pas intérieurement de
leur bonheur1,102
Couples heureux par comparaison avec d'au
tres beaucoup plus malheureux. 135
Couples véritablement heureux7
Total. 872,572
Horrible Itlenrtre.
Un des crimes les plus atroces que relatent les
annales de l'Angleterre a été commis entre les deux
villages de Sibsey et Stickney, dans le voisinage de
Boston et a mis en émoi toute cette contrée.
William Stevenson, un métayer, homme de
soixante-quatre ans, résidait fa Sibsey, avec son fils.
Ce vieillard «voit quitté sa demeure mercredi der
nier, dans la matinée, vers huit heures, et s'était
rendu au marché de Boston, porteur de 3 4 livres
sterling» (yS ioo fr.) Il retournait Sibsey le soir
même lorsqu'il fut appelé dans un cabaret qui sa
trouve le long de la route, par le nommé Richardson.
Stevenson était en train de se faire servir de l'aie,
quand arrivèrent en même temps Edward Sand,
William Pickelt et Henry Carcy qui de leur côté sa
mirent fa boire.
Une discussion survint, Sand menaça le vieux
métayer de le souffleter mais il paraît que l'anima
tion réussit ensuite se calmer, car Stevenson paya
plusieurs tournées de bière. A dix heures et demie,
Pickett et Carcy quittèrent la cabaret et ils furent
suivis bienjôt après, par le fermier que Sand ac
compagna une courte distance.
Que se passa-t-il en chemin entre ces quatre
hommes? nul ne sait. Le lendemain matin le ca
davre de Stevenson fut trouvé dans un fossé près de
sa maison, la tête était horriblement mutilée. A la
requête de Stevenson, fils, la police se mil aussitôt
en quête. Après un examen sérieux des faits ra
contés par le maître du cabaret et de la roule qu'a
vait suivie la victime, on sut que le vieux métayer
était retourné immédiatement vers sa demeure sui
vant le chemin fa droite. Les pas d'autres personnes
étaient visibles sur la gauche jusqu'à un point où il
était visible qu'elles avaient traversé pour venir du
côté où marchait Stevenson. Celui-ci a été suivi
pendant quelque temps, puis la terre présento l'ap
parence du théâtre d'une lutte la suite de laquelle
la victime a été traînée travers la voie publique
puis jetée dans le fossé où on l'a retrouvé. U paraît
que Stevenson, dans cette position désespérée, se
serait énergiquement défendu; les talus étaient en-