Chronique politique.
Vendredi «oir, M. Vandelannoile .receveur
de l'octroi, a failli être victime d'une tentative
d'assassinat avec guet-à-pens, commise par un
des anciens employés de l'octroi, le sieur Claeys,
destitué la suite de malversations constatées.
Dans la rue de l'Étoile et en retournant chez
lui, vers dix heures et demie du soir, M. Van
delannoile a été assailli par un individu et blessé
la téte d'un coup de hachette. Une lutte a eu
lieu et a duré au moins dix minutes. la fin,
il a pu se débarrasser de son agresseur, en con
servant l'arme par laquelle il avait été blessé.
Heureusement la blessure n'est pas dangereuse.
Quant l'agresseur, son cadavre a été dé
couvert Lundi matin, dans le bassin nommé
l'Abreuvoir, au Zaelhof.
ASSOCIATION AGRICOLE
DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES.
Ypres, le 11 Avril 1859.
Messieurs,
iVous avons l'honneur de vous convoquer rassemblée
générale qui aura lieu fHôtel-de-ville Ypres, le
■Mercredi, 90 de ce mole, dix heures précises du
malm.
En même temps nous vous informons que le concours
pour te bétail plein a lieu ce jour là 11 heures du matin.
Agrée:Messieurs, l'assurance de notre considération
distinguée.
LE PRÉSIDENT,
Hcvbi CARTON.
ORDRE DU JOUR:
1* Réception de douze nouveaux membres.
2* Examen de la question S'il convient Rappli
quer aux ouvriers agricoles les mesures légales qui as
treignent les ouvriers de fabriques se munir de livrets.
3* Examen d'une proposition tendant demander
au gouvernement que la baisse des eaux de la Lys ait
lieu cette année de manière pouvoir commencer le
rouissage des lins de 1859 le plus tôt possible.
4* Rapport sur l'utilité du hache-paille et du con-
easseur.
5* Essais de divers instruments aratoires, tels que
tarrares, barattes, concasscurs, batteuses.
Le soussigné a l'honneur de remercier les ama
teurs du théâtre d'Ypres pour l'accueil bienveillant
qu'ils ont bien voulu lui faire et saisit cette occasion
pour leur témoigner toute sa gratitude.
A la veilla de quitter cette ville, il prie les per
sonne* qui croiraient avoir des prétentions sa
charge, vouloir au plus tôt se présenter chea lui,
il la Lune, Graud'Place, en cette ville.
FOUGEROUX,
directeur du theatre d'ypres.
Tout le monde sait que le parti clérical est le
parti vertueux par excellence. S'il bataille dans
les journaux, s'il intrigue dans les élections, s'il
emploie tous les moyens pour conquérir le pou
voir, ce n'est pas dans un but d'ambition tem
porelle. S'il assiège le chevet des mourants de
ses insidieuses captalions, ce n'est pas en vue
d'ériger de bons couvents remplis de moines
bien dolés et bien nourris. Oh non, tout cela,
c'est pour le salut des âmes, pour le bien de la
religion, ad majorem Deigloriam. Enfin les
disait la jeune Romaine dont l'effroi n'était pas apaisé
il me regardait avec des yeux pleins de courroux et de
malice! Il montrait en riant ses longues dents jaunes,
comme pour me dévorer! Allons, n'y songe plus, dit
Marco affectant une gaieté qu'il n'avait pas c'est un
mauvais rêve les morts n'ont pas encore appris ressus
citer... Tiens, vois ces belles pièces d'or qui te sont des
tinées. Alian 1 ahan! ahan faisait Capricola qui ne
distinguait plus les objets qui travers un voile sanglant
je meurs! aban je vais mourir, si l'on ne vient i moi
alian!... Mon fils Marco, pitié! Entends-tu? reprit
avec terreur Nisida, qui avait écouté ces plaintes méiées
i des gémissements inarticulés c'est le vieux qui revient
et qui demande des prières C'est lui qui nous annonce
sa damnation Contes et fadaises reprit Marco, en
cherchant couvrir par ses éclats de rire le râle et la
voix de Capricola. Je te promets des dentelles puisque lu
les aimes; tu auras aussi des bijoux, bagues, colliers,
pendants d'oreilles... Pendants d'oreilles! colliers!
bagues répétait Nisida, qui n'osait tourner la vue du
côté du lit où s'agitait le vieillard... C'est Dieu qui me
châtie, parce que j'ai profané la semaine sainte en met
tant le pied dans la maison d'un juif! Marco ahan
aban fil encore l'agonisaut qui s'effarait aux approches
de I* mort; je to pardonnerai! je changerai ma malé
diction ro bénédiction!... Ahan aban alun!... Viens,
cléricaux sont des anges, des modèles de sa
gesse. Eux seuls peuvent conjurer le péril dont
notre pauvre société est menacée; avec eux et
par eux I âge d'or renaîtra sur la terre, témoins
I Espagne et l'Italie. Quant aux libéraux, on
sait que ce n'est qu'une bande d'assassins, de
forçats, de fripons sans foi ni loi. la probité
leur est inconnue, la vertu leur fait horreur.
Et si parfois le cléricalisme a paru accepter ces
infamies libérales qu'on appelle droit d'associa
tion, liberté de la presse, libre exercice des
cultes, ce ne sont là que des concessions pro
visoires, arrachées par le malheur des temps,
et sur lesquelles on s'empressera de revenir dès
que la grâce aura louché le cœur des peuples,
dès que le bras séculier sera redevenu le docile
instrument de la très-sainte inquisition prônée
par Univers et ses adeptes de Belgique.
Ou aura beau le nier, là est tout le fond de
la politique cléricale. De quelque déguisement
qu'elle cherche s'entourer, toujours et partout
on la verra marcher l'assaut du pouvoir tem
porel au nom de toutes les vertus dont elle ré
clame le monopole, au nom de la société qu'elle
seule prétend pouvoir arrêter sur le penchant
de sa ruine.
Or, ce doit être une fort curieuse étude que
de chercher comment l'exemple répond au pré
cepte. Sans le moindre doute, chez ces cléri
caux, si religieux, si purs, nous devons trouver
toutes les perfections réunies, tous les vices
absents. Chez des gens qui se posent en uniques
défenseurs de la propriété, la convoitise du bien
d'autrui par exemple doit être une chose in
connue. Pour ces pieux soutiens de la morale
et de la famille, le libertinage et les vices hon
teux seront évidemment des mythes, des crimes
fabuleux. L'injure, l'outrage, comment les at
tendre de ces disciples du Dieu de miséricorde
et d'amour? Et la calomnie, l'infâme calomnie,
qui divise les frères et les amis, qui empoisonne
de son venin les existences les plus respectées
et les plus pures, croira-t-on qu'on puisse la
rencontrer dans un parti dont la principale
tribune s'appelle Chaire de Vérité?
Cette élude, on l'a faite cent fois, mais elle
est toujours refaire. Chaque jour y apporte
de nouveaux éléments. Ouvrez un journal, sui
vez les audiences des tribunaux, et vous verrez
quelle profonde hypocrisie se cache sous ce
dehors de vertu, sous ces grands mots de reli
gion, de morale, d'ordre social ébranlé, dont
les cléricaux se servent pour combattre leurs
adversaires politiques.
Loin de nous la pensée de vouloir rendre
l'opinion catholique tout entière responsable
de tous les méfaits commis par tels ou tels de
ses adeptes. Mais au moins ce qu'on nous ac
cordera, c'est que ce parti est fort mal venu
crier sur les toits sa pureté, sa vertu, sa blan
cheur immaculée; accuser ses adversaires de
tous les vices, de toutes les turpitudes. Moins
d'arrogance siérait un parti que la justice
frappe si souvent de toute la sévérité de ses ar-
viens moi je te pardonne! C'est moi de te mau
dire h mon tour s'écria Marco, d'une voix caverneuse.
Laisse-moi en paix, vieux, et dépéehe-toi de mourir.
Capricola ne parlait plus, mais il râlnit toujours. Nisida
osa enfin porter les yeux derrière elle, et les réferma
aussitôt en poussant un cri d'horreur, lorsqu'elle aper
çut couché en travers le vieillard que ses mouvements
avaient mis tout fait nu il avait la tète pendante, la
face violette contractée par des efforts convulsifs et les
yeux hagards remplis de sang. Elle s'élança hors de la
chamhreavant que Marco put prévoir et prévenir son
dessein; et, courant la porte du Ghetto, où la clé se
trouvait encore dans la serrure, elle disparut. Son amant
ne la suivit pas d'assez près pour espérer de la rejoindre.
II l'appela, l'appela encore la grande voix de l'orage,
qui n'avait pas diminué, répondit seule sa voix sup
pliante et désolée. Tout coup il se fit un tumulte inusité
dans le Ghetto une maison s'ouvrit peu de distance;
des cris en sortirent, cris de menaces et cris d'effroi,
parmi lesquels dominait une voix ferme et solennelle;
puis, la chute d'un corps dans la rue fut, après un instant
de silenee, le signal de furieux aboiements, de la part des
chiens qui accoururent de toutes parts la curée qu'on
leur offrait. De nouveaux cris plaintifs annoncèrent que
ees animaux s'attaquaient un être humain.
{La suite au prochain n*.)
rêls. Et lorsqu'on a des prétentions l'infaillibi
lité, l'inviolabilité, la perfection, on devrait
bien faire en sorte que les actes ne vinssent pas
chaque jour donner de si cruels démentis aux
paroles. Journal de Bruges.)
iij si on «irr»
Le Seigneur dit Le cri de Sodorae et de Go-
morrhe s'augmente de plus en plus, et leur péché
est monté jusqu'à son comble. Je descendrai donc
et je verrai si leurs œuvres répondent ce cri
venu jusqu'à moi, pour savoir si cela est ainsi ou
si cela n'est pas. (GENÈSE XVIII, 2o.) Ainsi s'est
dit aussi dame Justice. Et le cri était aussi venu
jusqu'à elle, et elle est descendue, videbo utrum ela-
tnorem qui venit ad m», opere compteverunt, et elle
a vu... Qu'a-t-elle vu? qu'a-t-elle appris? Des
crimes, et des crimes, et encore des crimes, que la
plume se refuse décrire. Et elle a livré au geôlier
et le père François, et deux autres trappistes de
Forges, et M. de W... d'Anvers et un frère de Jem-
mapes. Est-ce tout Non. Nous vivons en un temps
où dame Justice a l'oreille ouverte, et où elle ne
feint pas d'ignorer ce qu'elle a appris. Et qu'a-l-ell#
appris? L'Écho des Flandres noua le rapporte en
ces termes
Les frères de la miséricorde, dont le supérieur
général réside Matines, sont chargés depuis plu
sieurs années du service des hôpitaux dans les pri
sons du pays. C'était au frère Raphaël qu'était confié
•n qualité de supérieur, la direction de l'infirmerie
de la maison de détention d'Alost.
Au mois de mai i858, un gardien surprit le frère
Raphaël en flagrant délit d'un attentat aux mœurs
sur dea enfants lea détails sont tels que les suppo
sitions les plus excessives ne peuvent faire tort au
prévenu. Le fait fut dénoncé, mais resta saris
poursuites. Seulement sur l'ordre de son su
périeur ecclésiastique le frère Raphaël quitta Alost
et fut placé l'hôpital de la maison de force de
Gand.
Frère Raphaël a été arrêté Gand jeudi soir en
vertu d'un mandat décerné par M. le juge d'instruc
tion de Terraonde. Journal de Gand.)
Nous lisons dan» le Journal de Charleroi, d'hier
M. Tillier, procureur du roi, et M. Gravez, juge
d'instruction, sont partis hier matin pour l'abbaye
de Forges. lia ont emmené avec eux le père Fran
çois qui était accompagné de deux gendarmes dé
guisés. D'après les bruits qui circulent, cette affaire
déjà ai grave, prendrait des proportions plus larges
encore. Hier soir, on donnait pour certain en ville
qu'un dea deux frères prévenus avait fait des aveux
complets.
Do ÎO Avril an 13 inelna.
Il n'est pas plus question aujourd'hui du Congrès
que s'il n'avait jamais été' proposé. L'Indépendance
affirme que la dépêche contenant l'ordre du jour est
officiolle, et que M. de Cavour l'a envoyée direc
tement au gouvernement français.
Les journaux de Paris la publient sous toute ré
serve,en faisant remarquer qu'elle a passé par Turin.
A moins qu'elle ne fût tout-à-fait fausse, il n'y
avait pas lieu pour cela de se rassurer beaucoup, et
le ton de l'ordre du jour impérial n'est pas plus vio
lent que celui des journaux de Vienne. Il ne s'est
jamais échangé autant d'injures entre le Piémont et
l'Autriche que depuis qu'il a été question d'un Con
grès. Depuis le voyage de M. Cavour Paris, les
espérances pacifiques sont allées chaque jeur en di
minuant, mesure que les armements augmentaient.
Nous nous en rapportons volontiers l'opinion
des personnes impartiales qui, revenant des pays
étrangersrendent compte de leurs impressions
d'une façon désintéressée et sa*is aucun parti pris.
D'après tous les voyageurs qui reviennent de France,
ce pays ressemble en ce moment un* vaste caserne
et les habitants n'ont pas besoin de lire les journaux
pour savoir quoi s'en tenir sur le véritable état des
choses.
Il en est de même en Autriche et en Allemagne.
Déjà l'année dernière un artiste belge qui avait fait
un séjour de plusieurs mois dans certaines provinces
autrichiennes, revenait épouvanté de ce qu'il avait
vu en fait de préparatifs militaires. Il est positif que
de très-longue main les puissances européennes se
sont mises en garde contre une explosion.
Il parait également certain qu'à Paris depuis un
certain temps l'esprit public a subi d'assez notables
modifications. L'incertitude de la situation créée par
les incidents de ces trois mois, fait paraître la guerre