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JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Affaires d'Italie.
1,889. 1»' Année.
Dimanche, 1S Mal 1859.
LE PROGRES
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Ypres, 14 Mat.
Il est rare que M. de Gerlache, soit dans ses
discours, soit dans ses écrits, ne saisisse pas
l'occasion de lancer quelque Irait hostile aux
institutions modernes, quoiqu'il se réclame
comme un des principaux auteurs de noire
Conslilulion.
Dans la séance publique de l'Académie royale
de Belgique, qui a eu lieu le 6 de ce mois, il a
prononcé un discours sur l'art d'écrire l'his
toire, et il n'a pas manqué celte peu louable
habitude. Parlant de la révolution de 17119, il
se plaint qu'elle ait renversé et les vieux trônes,
et les vieilles communes de la vieille société, et
qu'elle ail remplacé les Constitutions historiques
et séculaires par des Constitutions improvisées,
sorties du cerveau des politiques du XVIII'
siècle.
Que M. de Gerlache n'ait pas été sincère dans
celte lutte de cinq ans qu'il soutint contre le
gouvernement hollandais, au nom des principes
sortis du cerveau des politiques du XVIII
siècle, c'est ce que nous ne prétendons pas
qu'il ne sût pas ce qu'il faisait lorsqu'il prenait
une part si active la constitution improvisée
de 1(130, nous nous abstiendrons bien de l'in
sinuer seulement; nous ne croyons pas qu'il
cûtoublié non plus lesconstitutipns historiques
et séculaires de la Belgique; mais comment
s'expliquer ces désaveux d'un passé qui n'est
pas sans gloire? A quoi peuvent tendre ces re
grets de l'œuvre laquelle il a si puissamment
concouru?
Il y avait dans la loi fondamentale des Pays-
Bas des restes de ces Constitutions historiques
et séculaires qu'il regrette aujourd'hui. Et c'est
au nom des principes émis par les politiques du
XVIII' siècle qu'il les combattit pendant cinq
ans. C'était en grande partie contre eux que
réagissait le roi Guillaume; et M. de Gerlache
les emprunte au libéralisme, les inocule au parti
clérical et les rend populaires en les rendant
orthodoxes. Journal de Liège.)
LE ©METTTO.
XI.
(Suite.)
Sur cette réponse pacifique, les carabiniers lâchèrent
la bride leurs chevaux, et vinrent assez près pour juger
de l'apparence des trois personnes qui leur avaient paru
suspectes ils changèrent d'avis en voyant trois hommes
et trois montures, un peintre et deux espèces de domes
tiques ils ne remarquèrent même pas l'habit et la con
tenancc du modèle ils furent presque honteux d'avoir
pris pour un malfaiteur une excellence flanquée de ses
deux valets.
Bonsoir, Excellence, dirent-ils il fait un temps
diabolique, et nous avons le loisir d'être mouillés jusqu'à
Frosinone. Ah! vous allez jusqu'à Frosinone? répliqua
Saint-Non, qui ne levait pas les yeux de dessus son album.
Pas une seule antiquité, mais bon pays de brigands, dit-
on. Il n'y a que de braves gens de ce côté-là, Excel
lence, et nous avons amené Rome ce malin, un sei
gneur français... Qui s'est pris de querelle avec un
habitant de Ferentino et qui l'a blessé Bagatelle
Excellence, affaire d'amour Ce seigneur français est un
peintre comme vous un digne seigneur... C'est mon
ami, c'est Fragonard. Tenez, quoiqu'il vous ait payé sans
doute votre voyage, je veux vous donner une bonne main,
Noua avons, dans le temps, réclamé l'institution
d'une cour d'honneur pour le journalisme. Le be
soin d'une institution de ce genre, se fait de plus en
plus sentir, en présence surtout des procédés litté
raires des chiffonniers de la presse épiscopale. Si le
public d« s'écartait aveccrainte et dégoût des auteurs
de cette prose épileptique, l'autorité aurait pren
dre des mesures hygiéniques, surtout pendant les
canicules.
Exemple; La Patrie s'exprimait hier dans le
style élégant que voici
La majorité de l'émeute tient se montrer de plus
en plus digne de son nom, elle a des procédés la turque,
tout comme ceux qui l'ont fait surgir, c'est-à-dire, les
pillards de 1857, avaient des procédés la bachi bou-
jouck.
M. B. Dumortier a demandé que le règlement fut
observé, qu'un amendement ayant été adopté, il devait
y avoir, aux termes de l'art. 45, deux jours francs entre
le premier et le second vote.
Mais la majorité issue des pavés de mai s'est mise
hurler: non! non! et le règlement, qui doit être la sau
vegarde des minorités, a été de nouveau enfreint.
La majorité ne cesse pas de violer les lois et les rè
glements nous ne cesserons pas, nous, de protester
contre les iniquités dont elle se rend coupable.
Comme c'est littéraire Quel respect pour le gou
vernement, pour le Parlement, pour l'autorité Et
aussi comme c'est digne de cette religion de paix et
d'amour que l'on prétend défendre l'écume la bou
che et la haine au cœur. (Journal de Bruges.)
On écrit de Proven, le io
Hier, vers cinq heures de relevée, le nommé Val-
laeys, Ch., cabaretier Poperioghe, est tombé acci
dentellement de sa voiture; il a été écrasé par les
roues. La mort a été instantanée.
BULLETIN TÉLÉGRAPHIQUE.
Turin, 10 mai.
Bulletin officiel. Hier les autrichiens se sont
retirés par la route de Verceil, de Tronzano où ils
s'étaient portés avec 8,ooo hommes et 26 pièces
d'artillerie.
Ils ont fait une tentative inutile pour reconstruire
de nouveau un pont Gervla, sur le Pô.
pour que vous vous souveniez de lui et de moi... Pierre,
va-t'en porter cette piastre ces messieurs. Merci,
Excellence, grand merci; nous la boirons votre santé et
celle de tous les peintres français. Ne te dérange pas,
morbleu s'écria Saint-Non, qui craignit que son modèle
ne changeât de pose lu ferais tout manquer! Bonsoir,
Excellence, nous allons coucher Palestrina. Dites-
nous seulement, Excellence... si vous n'avez pas entendu
des cris, des plaintes dans la plaine, vers San-Lorenzo,
ajouta le second carabinier. Non, je n'ai rien entendu,
absolument rien, répondit distraitement Saint-Non.
N'avez-vous pas vu un homme qui s'enfuyait? demanda
encore le premier carabinier, par acquit de conscience.
Non, je 11'ai vu personne, répondit Saint-Non qui ne
perdait pas un coup de crayon; personne C'est que
nous avons entendu crier au meurtre, et nous avons
aperçu... Ou plutôt nous avons cru apercevoir, répli
qua l'autre, un homme qui courait nous nous sommes
mis sa poursuite avec précaution àcausedes trous qui se
rencontrent et là dans la campagne entre la ville et
les aqueducs. Et, quels sont ces trous? demanda cu
rieusement l'antiquaire d'anciens colorabaires d'an
ciennes fouilles? Ce sont des éboulemcnts qui sur
viennent dans les Cataeombes surtout après les grandes
pluies. En vérité, il ne serait pas agréable de descendre
cheval dans les Catacombes. Bonsoir, Messieurs, et au
revoir
Plusieurs voitures de blessés autrichiens ont r«-
passé Gravelone, où l'ennemi continue établie
des ouvrages de défense.
Berne, mardi, 10 mai.
On mande de la frontière lombarde que les habi
tants de la Valteline font de grands achats d'armes et
de raunitionset qu'une révolution paraît imminente.
Les autrichiens font de fortes réquisitions.
Le général Cialdini leur a enlevé du bétail et dea
fourrages.
Paris, 10 mai.
S. M. l'empereur et le prince Napoléon sont partis
de Paris ce soir 6 heures. Une foule énorme bor
dait la rue de Rivoli. Les personnes attachées la
Cour et celles de l'intimité de Sa Majesté l'atten
daient la gare de Lyon.
Le plus grand enthousiasme a éclaté sur le passage
de l'empereur.
Calais, 10 mai.
Lord Cowley est attendu aujourd'hui Calais,
retournant Paris.
Vienne, 10 mai.
Le général Willisen est arrivé ici de Berlin, en
mission extraordinaire.
Florence, 10 mai.
Le nouveau ministère est ainsi composé M.
Buonacompagni aux affaires étrangères, et en même
temps président du Conseil; l'intérieur M. le baron
Ricasoli l'instruction publique M. le marquis
Ridolfi; la justice et aux cultes, M. le conseiller
Poggi aux finances M. Buocca; la guerre, M. Ca-
minatti, colonel piémontais.
Paris, 11 mai.
Le JMoniteur français d'aujourd'hui mercredi,
contient le décret qui nomme M. de Persigny am
bassadeur Londres.
Rome, 9 mai.
Si les Autrichiens ne lèvent pas l'état de siège
qu'ils ont établi dans la province d'Ancône, le Pape
protestera solennellement, et il retirera toutes les
autorités pontificales. (Moniteur.)
Turin, 10 mai.
Le Bulletin officiel annonce que les Autrichiens
ont évacué Livorno, Tronzano, Santhia, Cavaglia,
Salozzala et Verceil; ils ont repassé la Sesia en toute
hâte, laissant une partie de leurs réquisitions.
HierStroppiana était une forte colonne autri
chienne avec quatre généraux. Ce matin, l'ennemi
Les carabiniers continuèrent leur routeet par degrés
le bruit des chevaux devint moins distinct, jusqu'à ce
qu'il se perdit tout fait dans le tumulte du vent et de
la pluie. Saint-Non dessinait toujours; Marco, toujours
immobile, guettait l'occasion de disparaître pendant
que le peintre avait les yeux baissés sur son dessin,
Marco s'esquiva sans rien dire, et le son argentin qui ac
compagna la secousse imprimée un sac jeté sur son
épaule, fut le seul indice de son brusque départ.
Eh bien dit Saint-Non surpris de ne plus voir son
modèle devant lui. 11 est parti, le scélérat s'écria
Pierre, un peu soulagé par la retraite de Marco, qu'il
n'avait pas quitté du regard. Parti Et mon dessin
qui n'est pas achevé!... 11 va revenir sans doute pour
gagner sa piastre. Sa piastre! il en avait, des piastres,
dans ce grand sac qu'il a jeté sur son dos en s'enfuyant
Maudit homme s'il m'avait au moins donné le temps
de finir ce dessin Écoutez Il assassine encore
quelque voyageur Il faut rappeler les carabinierset
nous faire escorter jusqu'à Rome! Jusqu'à Tivoli, tu veux
dire? J'ai besoin d'être demain la Villa Adriana, afin de
compléter les dessins du théâtre... samedije serai
Rome pour voir le baptême du juif Saint-Jeau-de-Latran.
Mais qu'allons-nous faire de la mule du P. Alexandre
(La suite au prochain n'.)