JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1,001. 10' Année.
Jeudi, 01 Juillet l»H.
Vires acquirit eundo.
L'enquête sur les élections de Louvain est
volée aussi bien par le Sénat que par la Cham
bre i'exirème dépit de l'opinion cléricale.
Elle était nécessaire, car si les faits signalés sont
exacts, la corruption a été pratiquée sans ver
gogne. L'électeur clérical était coté et acheté
beaux deniers comptants. Il ne s'agissait là au
cunement de moyens de transport, ni d'un dîner
plus ou moins frugalc'était une pièce de mon
naie qu'on recevait en échange du bulletin de
vote.
MM. les membres de l'opinion cléricale la
Chambre ne semblent nullement réprouver ce
système par trop ignoble. Quelques-uns même,
parmi lesquels MM. De Theux et Dechamps,
n'ont risn trouvé de repréhensible cette façon
d'agir. M. H. De Brouckere, en quelques pa
roles, a fait justice du panégyrique de ces
défenseurs de la morale et de la religion. L'en
quête était indispensable, car il est temps de
couper court l'achat public* des votes. On
pourrait être étonné que ce soit le parti des hon
nêtes gens qui ait eu recours de semblables
moyens et encore dans la citadelle par excel
lence du catholicisme-politique en Belgique. Si
l'on ne savait que la fin justifie les moyens dans
certaine école, de pareilles manigances seraient
jugées impossibles; dans tous les cas, l'enquête
jettera du jour sur les mystérieuses turpitudes
qui ont donné pendant longtemps une prépon
dérance factice au parti clérical. Si on avait eu
recours ce moyen d'investigation plus sou
vent, le savoir-faire et les effrontées tentatives
de corruption ne seraient plus aussi fréquentes.
Depuis longtemps l'opinion cléricale qui se dit
seule morale et honnête, verrait cette allégation
superbe contredit par des faits authenliquement
établis.
On se rappelle que les journaux du parti-
prêtre prétendirent, après les élections de Juin
dr, que M. le sénateur Mazeman et M. le repré
sentant De Florisone marcheraient sous le dra
peau du cléricalisme.
Leur illusion élait grande alors, leur désap
pointement doit être cruel aujourd'hui
Dans la question de l'enquête sur les élections
de Louvain, M. le baron Mazeman, au Sénat,
et M. De Florisone, la Chambre, ont volé avec
nos amis politiques.
Celle question, qu'on ne le perde pas de vue,
avait été transformée en question de parti par
les cléricaux, qui avaient rappelés tous leurs
hommes Bruxelles.
Nous ne pouvons que féliciter nos nouveaux
élus sur le voie qu'ils viennent d'émettre, nous
n'avons pas un instant douté d'eux, mais nous
sommes heureux qu'une occasion se soit promp-
tement présentée pour permettre nos hono
rables sénateur el représentant de donner, par
leur vole, un démenti aux appréciations calom
nieuses des feuilles cléricales.
Quelques libéraux de notre ville avaient émis
l'opinion que M." Van Renynghe qui, pour la
seconde fois, doit son mandat aux libéraux,
comprendrait enfin qu'il y va de sa dignité de
secouer le joug qu'il subit. M. Van Renynghe
en volant contre l'enquête, a prouvé qu'il reste
inféodé au parti qui craint les lumières et qui
tout en proclamant qu'il désire voir clair, refuse
d'adopter les mesures propres l'éclairer.
Notre députalion homogène, sauf M. Van
Renynghe pourra rendre de grands services
l'arrondissement et parfaitement se passer du
concours du député-bourgmestre de Pope-
ringhe.
Demain Jeuditrois heures de relevée, le
Conseil provincial reprendra ses séances pour
terminer les affaires qui sont encore soumises
son examen. L'ajournement a eu lieu, afin de
pouvoir, pendant celte session, faire des présen
tations dans l'ordre judiciaire, si une vacature
a lieu, par suite de la nomination d'un président
au tribunal de Bruges.
Nous croyons que la session sera close Samedi
prochain.
M. Edmond De Gottal a soutenu le 9 Juillet
dernier, une dissertation inaugurale devant la
faculté de droit de l Universilé de Gand, pour
obtenir le diplôme spécial en droit moderne.
Le sujet de celte dissertation est le partage
du passif de la communauté, et il a été bril
lamment traité par ce jeune el déjà savant ju
risconsulte.
M. Émile Vandermeersch aneien élève du
Collège communal de celle ville, vient de subir,
avec succès, devant le jury combiné de Gand-
Bruxelles, son examen de candidat en sciences.
Demain Jeudi aura lieu le Te Deum, pour
célébrer le vingt-huitième anniversaire de l'inau
guration du Roi.
La presse épiscopale revient avec beaucoup
d'âprelé.sur la discussion de la Chambre et du
Sénat qui a eu pour résultat le vote d'une en
quête au sujet des élections de Louvain; elle
reproduit et délaie les arguments des divers
orateurs de la droite, et conclut que la majorité
libérale a pris une décision arbitraire une dé
cision de parti contre laquelle tous les précé
dents des Assemblées législatives protestent
énergiquement. N'en déplaise nos adversaires,
nous croyons pouvoir démontrer que la majo
rité libérale vient de suivre fidèlement la ligne
de conduite tracée, eu matière de vérification
de pouvoirs, par deux des hommes les plus
orthodoxes de la droite. M. Dechamps a parlé
longuement de la France et de l'Angleterre;
qu'il nous soit permis de parler un peu de la
Belgique.
M. Dechamps a invoqué dans la séance du 17,
la gravité de notre situation. Nous pensons
qu'en 1848 la situation élait au moins aussi
grave qu'elle l'est actuellement. Or, que se
passail-i! celte époque?
La Chambre avait se prononcer sur l'élec
tion de l'arrondissement de Marche. M. Jacques,
candidat libéral en ce temps-là, l'avait emporté
sur M. Louis Orban candidat clérical. Ce fut
dans la séance du 28 juin 1848 que la vérifica
tion des pouvoirs eut lieu. Voici le langage
qu'un orateur fit entendre
Je demanderai la Chambre qu'elle veuille bien
ordonner une information principalement et au
moins sur ce* deux points i* s'il y a un certain
nombre d'individus portés indûment sur la liste des
électeurs et contre l'inscription desquels on ne s'est
pas pourvu a* s'il est vrai qu'un grand nombre de
bulletins contenaient des qualifications tel les qu'elle*
emportaient la désignation de ceux qui le» avaient
déposés.
Mais le premier fait seul devrait suffire pour que
la Chambre ordonnât un plus ample informé.
Il y a plua il est dans l'intérêt du représentant
élu que cette vérification se fasse: il ne peut siéger
dans celle chambre sous le poids d'un pareil grief.
S'il résultait de l'information qu'un certain nombre
d'électeurs étaient inscrits tort sur les listes et que
des pourvois eussent dû être dirigés contre leur
inscription, je dis que, de ce chef seul, l'élection
devrait être annulée.
L'orateur dont nous venons de citer les paroles,
était M. de Theux. S'agissait-il alors de faits
graves de corruption électorale? Nullement, il
s'agissait d'un fait auquel il n'était permis d'at
tacher aucun caractère sérieux, eu égard au
principe de la permanence des listes électorales.
M de Theux u'en réclamait pas moins une en
quête parlementaire l'annulation de l'élection
de Marche. 11 s'inquiétait fort peu de la question
de savoir si l'arrondissement de Marche serait
privé de sa représentation dans l'intervalle né
cessaire l'enquête. Un autre orateur était bien
plus explicite encore. Il répondait onze ans
d'avance aux discours que viennent de pro
noncer M. de Theux M. Dechamps et M. B.
Dumortier.
Le Times publie une dépêche de Vienne
annonçant que les représentants de l'Autriche,
de la France et de la Sardaigne se réuniront
bientôt Zurich, pour conclure définitivement
le traité de paix.
Il n'y aura pas de Congrès dit le Timesles
deux empereurs ayant décidé d'arranger toutes
les difficultés sans rintervenlion des puissances
neutres.
Le vote émis au Sénat par M. le baron Ma
zeman, et la Chambre par M. de Florisone, dans
la question de l'enquête sur les élections de
Louvain, classe ces deux honorables membres, il
prouve que ce n'est pas tort que nous avons
considéré leur élection comme un triomphe
pour le libéralisme. [Journal de Bruges.)
Chronique politique.
LE PIOCHES
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces,4francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne io centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qufconcerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Yprem, 20 Juillet.
Du 17 Juillet au SA Inclus.
Quel que soit le dégré de vérité des rumeurs, il est
certain qu'il serait difficile de trouver quelque part
un écho même affaibli de Is joie qui salua la paix il
y a huit joursParis les journaux sont muels. La
Gazelle de France seule ose balbutier quelques
mots el c'est pour exprimer un regret
Les résultats de la paix de Villafranca dit-elle,
sont facilement appréciables 1 Italie, constituée
fédéralement comptera un prince autrichien de
plus et l'influence directe de la France de inoins.
Nous avons été un des plus constants défenseurs du
principe de la fédération mais, nous n'hésitons pas
le dire, pour la France et pour l'avenir de l'Italie,
nous aurions cent fois préféré qu'on laissât la Vé-
nétie simple province autrichienne, plutôt quo de