JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
l.w>». - I» Année. Jeudi, M Juillet 1850.
Vires acquint eunio.
Rouissage du liu dans la lys.
LE FRICHES.
)Q«'
ABONNEMENTS Ymbs (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces,4 francs, I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpmes, 27 Juillet.
Nous avons publié, dans notre dernier n",
le discours que notre représentant, M. Alp.
Vandenpeereboom, a prononcé la Chambre
sur les élections d'Ypres. Nos lecteurs ont pu
voir avec quel juste mépris noire député a
traité les mauvais journaux cléricaux, auxquels,
malgré les provocations les plus directes, il
avait dédaigné de répondre par la voie de la
presse.
Traînés ainsi la barre de la Chambre, flétris
publiquement, flagellés jusqu'au sang au sein
même du parlement, nos petits abbés rédac
teurs des mauvaises feuilles hurlent de rage et
de honte.
Semblables ces méchants gamins, qui,
après avoir reçu pour leurs méfaits, une cor
rection publique et vigoureuse, vocifèrent, en
fuyant au plus vite, conlre leur correcteur et
lui lancent parfois, de très-loin, une pierre qui
vient rouler impuissante ses pieds; sembla
bles, disons-nous, ces méchants petits gamins,
les petits abbés rédacteurs de la Patrie, du
Propagateur et de la Gazette van Yperentout
meurtris encore de la correction qu'ils viennent
de subir, ne trouvent pas dans leur diction
naire si riche en injures, des grossièretés assez
méchantes pour insulter, anonymement bien
entendu, leur vigoureux correcteur, puis ils lui
lancent des menaces vaines, ridicules et sans
portée.
Un article de la Patrie de Bruges, journal
de Monseigneur, est ce point de vue le su
blime du genre; dans sa rage, le rédacteur de
ce morceau choisi de littérature ecclésiastique,
s'attaque non-seulement M. Vrimienpeere-
boom, mais encore deux industriels parfaitement
honorables de notre ville. Quel style! quelle
onction sacerdotale! quelle douceur évangé-
lique quelle charité chrétienne! Nous enga
geons nos lecteurs lire la prose de la Patrie
et nous espérons que le Propagateur voudra
bien reproduire ce chef-d'œuvre de littérature.
Chacun pourra se dire la correction doit avoir
été bien rude et bien vivement sentie, pour que
la rage de celui qui l'a subie soit si violeute.
Nous verrions reproduire cet écrit avec un
véritable plaisir pareils pamphlets font plus de
bien notre cause que les raisonnements les
plus sérieux. Les cléricaux, par leurs excentri
cités, rendent les plus grands services au libé
ralisme. Les évê<]iies de Bruges et de Gand ont
renversé le ministère catholique de M. De
Decker, Monseigneur Malou a empêché l'adop
tion de In loi des couvents, et par sa conduite
dans l'affaire de l'athénée et de la société Yver
en Broederminil a assuré la réélection des dé
putés libéraux de Bruges. Peut-on exiger plu»
d'un évêque
Espérons que l'article de la Patrie ne sera
pas inutile au progrès de notre parti en tous
cas, nous recommandons cette fleur littéraire
Messieurs les professeurs des collèges épisco-
paux écrit dans une sacristie, peut-être a. a.
d. g., et l'usage de la jeunesse cléricale, ce
chef-d'œuvre ne peut que former l'esprit et le
cour des jeunes lévites destinés être un jour
les ministres charitables d'un Dieu de paix, de
boulé et d'amour.
Le Moniteur d'hier contient un arrêté royal
qui intéresse un haut degré l'industrie ta plus
importante de notre arrondissement ce docu
ment consacre une mesure qui, sans faire tort
au rouissage, sera sans doute une satisfaction
pour nos voisins de l'autre Flandre; constatons
d'ailleurs que celle mesure est toute momen
tanée et que le gouvernement, en vue de con
cilier deux intérêts qui sont eu jeu, se propose
de détourner les eaux de la hys en amont de la
ville de Gand et de les diriger vers la mer par
le canal de Schipdonck Heyst.
LËOPÛLD, Roi des Belges,
A tous présents et venir, Salut.
Vu les réclamations adressées su gouvernement
dans te but de provoquer des mesures destinées
remédier i l'état d'insalubrité des eaux de la Lys;
Vu tes procès-verbaux des délibérations de la
commission d'enquête instituée par Notre arrêté du
6 août 1857, pour examiner, au point de vue indus
triel, agricole et hygiénique, tes questions que ces
réclamations soulèvent, ainsi que pour éclairer te
gouvernement sur les véritables causes de la corrup
tion des eaux de la Lys et sur les moyens de porter
remède aux inconvénients qui en résultent pour
l'industrie et la salubrité publique;
Villes rapports relatifs aux analyses chimiques
auxquelles ont été soumises tes eaux recueillies dans
la Lys en différents endroits et i différentes époques;
Considérant que si ces documents laissent du
doute sur les véritables causes de l'altération des
eaux de ta Lys, altération attribuée par les uns aux
effets du rouissage du liu et par les autres au mélange
des eaux corrompues versées dans la Lys par la
Deule il n'en est pas de même du fait de cette alté
ration dont ils attestent la gravité, eu signalant l'ur
gente nécessité de diminuer les inconvénients qui en
résultent
Considérant que le seul moyen d'atteindre ce but,
de manière concilier les inléiêts de l'industrie li-
nièce avec ceux des réclamants consiste ti détourner
les eaux de la Lys en amont de la ville de Gand, en
les dirigeant vers la mer, par le canal de Schipdonck
Heyst
Considérant qu'en attendant la mise en pratique
de ce moyen radical, il importe de soumettre mo
mentanément certaines restrictions l'exercice de
l'industrie du rouissage
Vu l'arièté du ig ventôse »n VI sur la police des
rivières et canaux navigables et (loi tables et celui du
ta novembre i84q relatifs il la police des établisse
ments dangereux, insalubres et incommodes,
Sur le rapport de Nos Ministres de l'intérieur
et des travaux publics
Nous avons ariêlé et ariêtons
Art. 1*'. Le rouissage du lin dans la Lys est
interdit i partir du 10 octobre jusqu'au 3i décembre
18 5g.
Art. 1. Nos Ministres de l'intérieur et des travaux
publics sont chargés de l'exécution du présent arrêté.
Le Conseil provincial de la Flandre occiden
tale a été saisi celle année-ci de la question si
ardue et si intéressante de la circulation de la
monnaie d'or française dans notre pays. Nous
croyons être agréable nos lecteurs en donnant
ci-deisoui le discours qui a été prononcé
cette occasion par M. Pierre Bekeéchevin do
la ville d'Ypres et président de la Chambre do
commerce des arrondissements d'Ypres et de
Dixmude.
Messieurs
Je rends hommage au discours prononcé par mon
honorable collègue et ami M. Buyso Van Ysselslein.
Après ce discours si substantiel, si pratique et si con
cluant, je pourrais m'abstenir de prendre la parole.
Je désire toutefois y ajouter quelques considérations
pour étayer la thèse qu'il a si bien soutenue, et je vous
prieen conséquence, de vouloir m'accorder votre bien
veillante attention.
Inutile donc de vous dire, Messieurs, que je viens
m'adjoindra au vesu émis par plusieurs de mes honorables
collègues et appuicr les conclusions du rapport présenté
au nom de voire troisième commission.
La question de la monnaie d'or française mérite la
sérieuse atteation du gouvernement et il serait désirer
qu'une mesure prompte et efficace fût prise pour obvier
aux inconvénients qui résultent de l'état actuel des cho
ses. Comme vous le savez, Messieurs, l'or belge a été
démonétisé et depuis longtemps on ne frappe plus de la
monnaie d'argent dans le pays.
Une grande exportation de cette dernière monnaie a
eu lieu et le peu d'argent qui circule encore en Belgique
provient de la France.
La quantité en est trop minime pour sslisfairs aux
besoins des transactions.
Mais si la monnaie d'argent française devient rare, il
n'en est pas do même de la monnaie d'or de la même pro
venance.
Ce signe représentatif de la valeur est très-abondant et
s'introduit dans le pays par fortes quantités.
Celte abondance d'abord ensuite la mesure prise pat
la Banque nationale qui a fixé la valeur de la pièce d'or
de 20 francs 19 fr., infligent ainsi au commerce une
perle de 2 p. entravant de cette manière les opé
rations commerciales qu'elle a la mission de faciliter.
Enfin, la spéculation qui s'est mise de la partie, ont amené
la dépréciation de la monnaie qui nous occupe. Cctto
dépréciation est telle maintenant que l'or français est
répudié, ou bien il faut que le détenteur se résigne k
subir une perte de I 2 pour cent. Cette perte se
répèle tous les jours et chaque transaction.
Mais li ne s'arrête pas encore le mal. Comme l'or
français est pour ainsi dire ta seule monnaie dont nous
pouvons disposer, et qoe tous n'ont pas en chaque lieu
et toute heure la faculté de l'échanger contre une autre
valeur ayant cours, il arrive que bien souvent des trans
actions deviennent impossibles.
Il importe donc, Messieurs, do porter au plutôt un
remède cet état de choses qui jette la perturbation
dans les relations commerciales.
Noire province ainsi que toutes celles qui sont limi
trophes de la France, sont surtout intéressées dans la
question; ce sont ellrs qui sont le plus immédiatement
en contact avec ec pays; leurs transactions sont irès-
notnhrcuses et très-frequentes avec la France, et toutes
se soldent en monnaie d'or.
Après avoir signalé le mal je n'ai certes pas la pré
tention d'indiquer le remède qu'il importe d'y apporter.
Je laisse ce soin, Messieurs, au gouvernement qui a
déjà longuement examiné la question et qui, j'espère,
écoutera enfin nos vœux et nos espérances.
Je crois toutefois, Messieurs, devoir vous enlrclenirdo
quelques mesures qui ont été signalées comme efficaces.
Mais avant d'entreprendre celte tache, qu il me soit
permis île constater d'abord quelle est la véritable situa-
lion dans laquelle se trouve le système monétaire on
Belgique.
En 1849, par suite des mesures prises en t848, il
circulait en Belgique quatre sortes de monnaies d'or,
savoir
L'or français,
Le souverain anglais,
L'or belge,
Les pièces de 10 fl. des Pays-Bas.
Le 28 Septembre 1849 parut l'arrêté de démonéti
sation du souverain.