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Ha 1,9104 19* Année.
Dimanche, 21 Août 1959.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
Vires acquuit eundo.
LE PRIMÉS
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Tprf.s, 20 Août.
La discussion sur le grand projet de loi des
travaux publics a commencé Mardi dernier.
Nous allons rapidement passer en revue les
incideots de ce grand débat. Après le vote
d'un crédit au ministère des finances pour faire
face au dégât occasionné par l'écroulement
d'une aile de l'entrepôt d'Anvers, l'ordre du
jour appelait l'examen de l'article premier du
projet de loiconcernant les travaux des nou
velles fortifications d'Anvers.
MM. Goblet et Guillery ont fait une propo
sition d'ajournement, l'un sous prétexte que
les députés de Louvain ne pouvaient siéger,
l'élection de ce collège étant soumise une en
quête le second, sous prétexte que le projet
n'était pas mûrement étudié. C'était puéril;
aussi la Chambre a fait justice sommaire de
semblables propositions, en les rejetant par
assis et levé.
M. le ministre de la guerre, le général Chazal
a fait, par un discours étendu et daus lequel
la convenance des termes était la hauteur de
l'habileté du fond, un exposé net et précis de
la question. Nous devons féliciter M. le ministre
de la guerre: jusqu'ici personne n'avait mieux
démontré l'extrême nécessité d'avoir un pivot
stratégique dans l'intérêt de la défense de notre
neutralité. Il a clairement fait comprendre
qu'on n'avait pas le choix de le placer ailleurs
qu'à Anvers, et par des faits qui sont du do
maine de l'histoire, il a irréfutablement établi
que nul autre emplacement n'est aussi favo
rable qu'Anvers. Enfin M. le général Chazal a
eu les honneurs de deux séances de la Chambre
et, on peut ne pas partager ses opinions, mais
on doit convenir qu'il les a développées avec
succès et en homme du métier. M. Goblet a
essayé de combattre les arguments du ministre
de la guerre, mais il a trop présumé de ses
moyens. Du reste, les allégations de M. Goblet
ne supportent pas l'examen. Il blâme la grande
dépense qu'exigent les fortifications d'Anvers
et il croit que Bruxelles serait un boulevard
plus convenable, sans tenir compte, que la dé
pense pour l'enceindre serait triple et que celte
position serait moins forte.
M. Guillery, lui aussi, a combattu le projet
sous prétexte que la question n'est pas mûre. Il
a indiqué un autre point stratégique qui, selon
lui, est meilleur et c'est la place de Namur. Il
y a tout lieu de croire que M. Guillery n'a mis
celle sornette en avant, que pour masquer son
opposition tout établissement d'un refuge
pour l'armée, en cas d'envahissement du pays.
On croyait la discussion épuisée, quand Jeudi
la droite a donné en partie et les débats ont pris
une autre tournure. Jusqu'ici on avait discuté
la question pour la question, mais d'autres ar
guments ont été employés dans cette dernière
séance et, nous devons le dire, la honte de
ceux qui ont eu l'ignominie de les invoquer. Les
adversaires du projet des fortifications d'Anvers
sont de deux espèces, les endormeurs et les pa
triotes romains qui voudraient voir retomber la
Belgique sous le joug du despotisme et qui, par
conséquent, ne veulent pas que le pays puisse
*e défendre dans de bonnes conditions.
Les premiers chantent les douceurs de la
paix, comme si ceux qui veulent des fortifica
tions d'Anvers se posaient en matamores et se
préparaient comme Malbrouk aller en guerre.
Ils parlent avec onction des traités et de la neu
tralité garantie et, se posant en prophètes, ils
nous prédisent une paix et une tranquillité
perpétuelles. Les adversaires de ce genre sont
des niais ou des fourbes et un parlement sérieux
ne devrait pas compter de semblables farceurs
parmi ses membres. Malheureusement ce sont
les députés des bourgs-pourris et eux seuls
peuvent jouer ce rôle sans danger pour leur
réélection, car c'est le clergé qui les fait élire
par ses mannequins d'électeurs.
Un autre genre d'adversaires a poussé plus
loin l'hostilité contre le projet et a mêlé l'étran
ger nos débats, qui certes ne sont une me
nace pour aucune puissance. Il semble
entendre les dires de ces députés, que l'habitant
qui ferme sa porte la nuit, injurie son voisin,
pareeque celui-cidoit croire qu'on lesuppose ca
pable de voler. Mais eu tout temps une nation,
quoique neutre, a été maîtresse de prendre les
meilleures mesures propres se défendre contre
toute attaque venant de l'étranger, et si celui-ci
n'a pas de mauvaises intentions, pourquoi s'en
ioquièterait-il
En 1852, le parti clérical mendia, dans la
presse semi-officielle de France, quelques arti
cles qui attaquèrent le ministère libéral de
cette époque, et on donna ces diatribes une
portée officielle qui leur fut déniée par le Mo
niteur universel. Il paraît que le cléricalisme a
eu recours aux mêmes manœuvres. Les articles
du Constitutionnel et de la Patrie étaient desti
nés inquiéter ici les esprits. Celle tactique s'est
clairement fait jour la Chambre, où plusieurs
députés, tout en enveloppant leurs insinuations
de nuages, ont soutenu la thèse des Gracier de
Cassagaac et autres écrivains faméliques, ainsi
que les a qualifiés M. Rodenbach. Nous espé
rons bien que cette conduite sera sévèrement
appréciée par le pays, sinon, nous devons abdi
quer comme nation et implorer la merci du
premier envahisseur venu.
On n'a déjà en plusieurs occasions, attaché
que trop d'importance l'opinion de l'étranger
sur une question exclusivement intérieureet
il serait souhaiter, dans l'intérêt de notre na
tionalité, qu'une autre tournure fut donnée
aux débats, moins qu'on ne juge convenable
de les clore, ce qui empêcherait le parti clérical
de compromettre, pour autant qu'il est en son
pouvoir, la sécurité du pays.
Nous le répétons encore, la question d'Anvers
est une mesure qui ne peut plus être ajournée
et qui doit être acceptée par la majorité libérale
de la Chambre. Si la droite veut voler contre,
elle en a la faculté, mais elle brise avec tous ses
antécédents. On parle de l'impopularité du pro
jet, mais il n'est tel qu'aux yeux de ceux qui ne
veulent surexciter les appétits matériels. Il faut
que le Pouvoir soit plus prévoyant et perspicace,
afin de sauvegarder avec le plus de sûrêté pos
sible, l'intérêt suprême d'une nation, son au
tonomie. Un peuple qui ne sait pas, pour la
conservation de son individualitéfaire les sa
crifices nécessaires quelque lourdes qu'ils
puissent être, est destiné être tôt ou tard
l'appoint des combinaisons politiques d'autres
nations plus intelligentes et moins enfoncées daus
la matière.
La Chambre des représentants vient de reje
ter une proposition faite par MM. Ansiau,
Goblet et Guillery, d'ajourner la discussion des
fortifications d'Anvers au mois de Novembre
prochain, par 58 voix contre 43. Nous ne
pouvons nous expliquer le rôle que jouent
dans celte question les deux jeunes députés de
Bruxelles et celui de Soignies. C'était le rejet
déguisé, un rejet sans franchise et sans dignité.
Nous regrettons de devoir signaler au nombre
de ceux qui ont voté l'ajournement, les députés
libéraux dont les noms suivent
Ansiau, Crombez, Goblet, Grosfils, Guillery,
Laubry, Savart et Vandenpeereboom Ernest.
Inutile de dire que les patriotes romains, y
compris M. Van Renynghe, le député de Pope-
ringhe, ont voté en masse pour l'ajournement.
M. Jules Lameere, ancien élève du Collège
communal et étudiant l'Uni versité de Bruxelles,
vient de finir ses études en droit. Il a passé son
dernier examen, il y a quelques jours, devant le
jury de Liège-Bruxelles.
Nous apprenons qu'avant le départ de notre
garnison pour le camp, le corps d'officiers de la
Garde civique a offert M. le lieutenant Mar
quet, un magnifique sabre portant celte inscrip
tion les officiers de la Garde civique d Ypres
M. le lieutenant Marquetdu 11e régiment de
ligne.
Cette distinction flatteuse obtenue par M.
Marquet est un hommage de gratitude et de
sympathie pour les services que cet officier dis
tingué a bien voulu rendre notre milice ci
toyenne, en donnant, avec le tact le plus parfait,
l'instruction théorique et pratique aux officiers
et sous-officiers de la Garde civique de notre
ville.
Le défaut d'espace nous a fait omettre dans
notre dernier n°, un compte-rendu du bal qui
a eu lieu Dimanche, au jardin de la Société de la
Concorde, et du beau feu d'artifice qui a été
tiré pendant la fête. Une belle et chaude soirée
d'été a rendu ce bal aussi animé, que celui du
Mardi précédent avait été en désarroi par l'inclé
mence du temps.
Nous avons dit qu'un beau feu d'artifice avait
embelli la fête et nous devons des félicitations
M. Alphonse Verschaeve qui nous a procuré
celte surprise, sur la parfaite réussite de toutes
les pièces et il y en avait d'assez compliquées.
La vivacité des feux colorés et leurs belles
nuances méritaient d'être remarquées et prou
vent que M. Verschaeve connaît fond les ma
nipulations si délicates de l'artificier.
Nous apprenons que M. Félix Geurlsélève
de l'Université de Bruxelles et ancien élève du
Collège communal, vient de passer son examen
de docteur en médecine, avec succès.