JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 1,919. 19e Année.
Dimanche, 28 AohI 1959.
LE NIICIES,
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Tphes, 97 koût.
Les patriotes romains tiennent de plus en
plus prouver qu'ils veulent une société telle
qu'elle agisse et se meuve dans un sens dia
métralement en opposition avec l'esprit .du siècle
et le degré de civilisation qu'il a atteint.
Aucune société convenablement organisée
n'a jamais pu favoriser la mendicité, et les bons
esprits ont toujours considéré cette plaie sociale
comme l'origine d'une profonde démoralisation
de la population, chez laquelle la mendicité
était en vogue.
Les pays essentiellement catholiques ont long
temps souffert de cette maladie sociale. Mais
enfin des gouvernements plus éclairés ont es
sayé de la guérir et ils ont atteint partiellement
leur but.
11 semble que ce succès a donné de la mau
vaise humeur aux patriotes romains qui prô
nent essentiellement la mendicitéet pour
témoigner l'horreur qu'a ressentie le gouverne
ment paternel de l'église de voir contrarier la
mendicité, dans les contrées jouissant de lois
libérales, la Sacrée-Congrégatiou des rites vient
de sanctifier ce vice honteux daus la personne
de Saint Labre, un gueux de la plus sublime
espèce, ce qu'il paraît. On dirait vraiment
que la cour de Rome et les doctrines ullramon-
taiues veulent défier la société moderne, qui
trouvera bien les moyens de leur enlever le
pouvoir de nuire, sous prétexte de religion.
VILLE D'ÏPRES. Conseil commdnai..
Séance publiquefixée d'urgenceau Samedi
27 Août i85g.
ORDRE DU JOUR
Adopter l'alignement pour la construction de
l'Abattoir.
Les journaux cléricaux croient que la liberté
de la presse n'a pas de limites, qu'elle permet
le mensonge, autorise la calomnie qu'il suffît
de tenir une plume pour pouvoir accuser ses
ennemis politiques de toutes les horreurs ima-
Lf£ QHfTTQ.
XXII.
(Suite.)
Cet ordre inexorable reçut sur l'heure un commen
cement d'exécution.
Robert, malgré sa résistance forcée et ses cris déses
pérés, fut dépouillé, en un instant, dé sa veste et de sa
chemise; on lui attacha les mains en croix sur la poitrine;
on lui lia les jambes, et on l'étendit au milieu d'une
grande table, où deux fortes cordes l'assujettirent, de
manière qu'il ne pouvait faire un mouvement.
Il ossaya encore d'échapper au traitement barbare
qu'on lui préparait, et il fit mille efforts pour présenter
son visage indigné ses bourreaux qui s'armaient, au
tour de lui, de fouets lanières de cuir, et qui se dispo
saient frapper.
Frères, dit le chef du Saint-Office, ce déplorable
pécheur s'est souillé par un commerce criminel avec une
juive, ce qui équivaut un inceste exécrable. Disons
cent pater et cent ave pour sa conversion pendant que
vous frapperez l'un après l'autre et que je compterai les
coups, en l'honneur dos cent douleurs de notre divin
Rédempteur au jardin des Olives.
Las cris de Robert redoublaient et remplissaient non-
seulement la salle où la fustigation devait avoir lieu,,
ginables; et quand entre celte liberté et leur
plume de guerre, ils rencontrent certains articles
du code pénal, quand la justice impartiale les
condamne, ob! alors, ils s'en prennent aux
institutions libérales, il les maudissent et appel
lent sur elles la ruine et la destruction. C'est ce
qu'explique le Journal de Liège dans les lignes
suivantes
Nous avons publié hier le verdict de !a Cour
d'assisesde Namur, qui condamne k six mois de pri
son, i5o fr. d'amende et 1,000 fr. de dommages et
intérêts les frères Thiry, comme coupables de calom
nies envers M. Wala, ancien représentant.
Ces dignes agens électoraux du parti clérical,
dans un placard imprimé par l'éditeur de l'Ami de
l'Ordre, de Namur, et affiché la veille des élections k
Dinant, avaient tout simplement accusé l'honorable
M. Wala d'avoir été condamné pour coups portés k
son père.
C'est la calomnie portée son plus liant degré.
11 faut être animé d'an esprit satanique pour oser
recourir h de pareils moyens électoraux.
Dernièrement le Courrier, journal de Louvain, a
aussi été condamné, dans la personne de son éditeur
pour outrages l'autorité, et il est encore poursuivi
pour diffamation envers le bout jmestre de celle vil
le.
Ces délits sont, aux yeux du Bien public, des
peccadiles: reprocher la police de tolérer le marau
dage dans les campagnes, et de tracasser les campa
gnards dans la ville, la belle affaire, dit-il on ne
pourra donc plus récriminer contre l'inertie ou la
partialité de la police. Que restera-t-il de la liberté
de la presse, s'il n'est pas permis de reprocher k
une administration publique de faire voter ses four
nisseurs selon ses intérêts et de les changer s'ils
votent autrement
L'organe de l'évêché de Gand est tellement in
digné de voir poursuivre les calomniateurs, de les
voir condamnés par les tribunaux, qu'il se prend
d'une haine qui ne so contient pas contre nos institu
tions constitutionnelles.
Voici le terrible anathème qu'il leur lance.
«Les libertés constitutionnelles ne sont pour les
catholiques que la plus amère des mystifications, ou
mieux encore que le plus insidieux des guet-apens.»
Et plus loin Les institutions libérales, com-
mais encore tout le vaste palais du Saint-Office.
Les pénitents levaient déjà leurs disciplines, lorsque la
porte s'ouvrit avec fracas.
C'était Fragonard.
Ses cris avaient, depuis quelques secondes, répondu
aux cris de.Robert, mais ils n'étaient point parvenus
jusqu'à ce dernier, qui reconnut la voix de son ami,
lorsque Fragonard apostropha avec un accent terrible
les exécuteurs et surtout leur chef, que son apparition
imprévue avait interdits. Puis il se bâta, en versant des
larmes de pitié et de colère, d'enlever les cordes qui
garottaient Robert.
Badolfo eut ainsi le temps de se consulter et de pren
dre un parti, pendant que Fragonard dénouait avec ses
ongles et avec ses dents les liens du patient, qui put enfin
se tourner vers son libérateur et le remercier avec effu
sion d'un secours presque miraculeux.
Leur émotion était si grande, qu'ils se regardaient en
pleurant et qu'ils ne s'adressaient que des paroles con
fuses et entrecoupées. Ils ne songeaient plus au danger
qui les entourait encore, car le grand inquisiteur avait
ordonné ses acolytes de s'emparer aussi du nouveau-
venu et de le conduire en chartre privée.
C'est toi! toujours toi! quand on a besoin de toi,
disait tendrement Robert, qui n'avait pas repris ses for
ces équisées dans la lutte et surtout par la joie de revoir
son ami. On t'a donc remis le papier sur lequel je t'ai
me on les appelle, nous convient i un jeu semé de
pièges ce n'est qu'une hypocrisie, ce n'est qu'un
indigne traquenard.
s Enfin arrivé au dernier paroxisme, il s'écrie
Ils ont l'effronterie de nous reprocher de n'aimer
point les institutions libérales. C'estî comme s'ils
nous disaient que nous n'aimons point les institutions
hypocrites, menteuses, les jeux de dupe et les par
ties double fond. Nous le croyons bien.
Toute cette fureur, cependant, ne provient que
d'un seul grief: le Courrier a été condamné une pre
mière fois il court risque de l'être une seconde et
une troisième. On ne peut pas calomnier et diffamer
en liberté les libéraux poussent la tyrannie au
point de se défendre quand on les attaque, et de dé
férer aux tribunaux les vertueux cléricaux qui font
afficher des plaeards où l'on accuse un candidat ho
norable d'avoir frappé son père.
Nous ne savons ce qu'il faut plus admirer ou l'in
génuité de cette feuille, ou sa grande colère.
Elle appartient, la vérité, k cette école où l'on
professe la maxime que la fin justifie les moyens.
Mais elle devrait savoir que le Code pénal est fait
pour tout le monde, et que le jury et la magistra
ture sont institués pour protéger, contre les diffa
mations, les administrations publiques comme les
citoyens.
C'est sans doute une chose importante que d'é
liminer un candidat et de faire élire des repre'sen-
tans selon les vœux des évêques, mais l'honneur des
citoyens a besoin de protection, et si grand que soit
le désir de triompher dans les élections, il est inter
dit de recourir aux armes déloyales et k lacalomnie.
Le Bien public prétend que nos institutions
sont semées de pièges et de traquenards, parce que
ses amis oat rendre compte devant les tribunaux
des avanies qu'ils débitent k la veille des élections. Il
se trompe sur la Dature des entraves qu'elles sèment
sous les pas des journalistes et des agens électoraux.
Ces pièges, ces traquenards sont des lois protec
trices, faites dans l'intérêt des institutions elles-mê
mes. Elles n'entravent pas, elles répriment. Le parti
clérical a voulu éliminer tout prix M. Wala, il a
usé et abusé delà liberté de combattre. Il l'a fait
échouer; son succès a été complet la condamna
tion des frères Thiry n'est qu'un faible châtiment
des excès qui ont été commis.
Le Courrier de Louvain, a usé des mêmes pro
écrit quelques mots?... La jolie fille du quartier de la
Minerva, tu sais, dit Fragonard avec sa pétulance ordi
naire, Nisida vient de me donner ce chiffon de papier je
l'ai questionnée et j'ai su qu'on le lui avait jeté dans la
chapelle de l'hôpital des Hérétiques-Convertis, Ob! il
n'en a pas fallu davantage pour que je devinasse le reste;
je suis accouru, j'ai quasi forcé la porte... Mordieu
s'écria-t-il en se sentant appréhendé au corps par quatre
pénitents, tandis que les quatre autres ressaisissaient
Robert moitié délié. Fragonard, as-tu des armes
demanda Robert en se débattant sur la table avec tant
d'impétuosité qu'il acheva de se débarrasser de ses liens.
Non mais ces livres! dit-il en montrant les volumes
de la bibliothèque, et en commançant les jeter la
tête de ses adversaires.
Ce plan de défense lui réussit assez bien il profita de
ce que les pénitents encapuchonnés n avaient pas le libre
usage de leurs veux pour leur échapper, et pour se re
tirer comme dans un fort a 1 angle de la salle ou il se fit
un rempart de chaises et de bancs.
Robert était parvenu le rejoindre, et ils soutinrent
ensemble un siège en règle contre leurs agressseurs,
qu'ils lapidaient avec des in-folios armés de clous et de
fermoirs.
Badolfo que les projectiles avaient seul épargné
secouait sa sonnette pour appeler du renfort. Les volumes
tombaient autour de lui sans l'atteindro et ainsi qu'un