Chronique politique. car nous ne sachions pas que S* Pierre eut autre chose que sa barque et ses filets. Le bureau des contributions est transféré Cimetière S* Jacques, n* 12. Chemina de fer de la f iandre occidentale. RECETTES DU MOIS D'AOUT. 1859. 1858. 1857. Voyigtart 75,686 3® 78,451 47 72 273 43 B«g«ge<3,089 20 2,762 15 3,881 62 Narchiudisrs, eto 37,126 29 85,771 61 31,423 90 Total du moit d'Août. 115,901 79 116,985 23 106,578 95 Recette» du 1' Janvier au SI Août. 730,874 84 690,366 84 671,449 39 Dn 11 Septembre an 14 luclna. L'événement du jour c'est l'article du Moniteur univertel, ou plutôt le manifeste de l'empereur Na poléon III sur l'Italie. Il est important de connaître qoelleest, pour le moment, la politique de Louis- Napoléon l'égard de la Péninsule, ne fût-ce que pour savoir quoi nous en tenir sur ce qu'il compte ne pas faire. Cette politique impériale a subi, depuis le t* janvier, plus de métamorphoses que n'en a chanté Ovide. Nous sommes bien loin aujourd'hui du fa meux programme de cette expédition qui devait rendre l'Italie indépendante et libre depuis les Alpes jusqu'à l'Adriatique; et le roi Victor-Em manuel doit comprendre enfin pourquoi il n'a pas été admis la mystérieuse entrevue, où s'est élabo rée cette ceuvrede mystification impériale qu'on ap pelle la paix de Villafianca. Son magnanime allié débute en le traitant d'intriguantet en lui repro chant de» se préoccuper plus de petits succès par tiels que de l'avenir de la patrie commune. Quant l'Italie, l'Empereur déclara qu'elle man que la fois de bon sens «t de patriotisme, et il la menace de lui retirer son alliance et de l'exposer seu le toutes les rancunes de l'Autriche si elle ne s'em presse de dissoudre ses assemblées constituantes et d« rappeler dans leurs duchés les priuces dépossé dés. a Le seul moyen,» dit le Moniteur, d'obtenir des conditions meilleures, serait la guerre mais que l'Italie ne s'y trompe pas, il n'y a qu'une seule puis sance en Europe qui fasse la guerre pour une idée c'est la France, et la France a accompli sa lâche. Nous savions bien qu'en entreprenant la campa gne d'Italie, Napoléon III avait ton idée, et que cette idée n'a pas été absolument réalisée dans les décisions prises Florence. Napoléon III avait déclaré qu'il ne voulait ni accroissement de territoire pour lui, ni souveraineté pour les siens. Les Toscans n'ont pas compris qu'il fallait faire h ce sauveur si désintéres sé une douce violence et abuser du religieux respect qu'il professe i l'égard du suffrage universel, pour lui faire accepter un trône pour certain prince de sa famille qui accomplirait bien mieux Florence qu'à Pari» les désirs de la politique impériale. Les avertissements ne leur avaient pas manqué pourtant. Quand la première députalion italienne a été reçue Paris l'Empareura eu bien soin de lui dire qu'il respecterait et ferait respecter toujours les décisions du suffrage universel. L'Empereur alors songeait son idée, cette idée pour laquelle il avait fait la guerre. Les Italiens ne l'ont paa compri se est-il étonnant qu'on leur reproche de manquer de bon sens et de patriotisme, et de défigurer les choses les plus simples» en se laissant égarer pil leur passion et par les intrigues du roi Victor- Emmanuel L'article du Moniteur sur l'Italie, comme nous le disions, est surtout intéressant en ce qu'il permet de deviner quelle n'est pas la pensée politique actuelle de l'Empereur. Le Moniteur, en effet, a ce privilège qu'il représente presque toujours les faits en sens inverse. C'est une sorte de thermomètre négatif des dispositions du gouvernement français. Il est évi dent que Napoléon lit ne peut se figurer qu'il a le pouvoir de disposer de la souveraineté des duchés italiens, ces territoires n'ayant pas fait partie de la guerre. Il ne pouvait donc pas faire du retour des princes dépossédés une condition du traité de paix. H avait promis d'employer tous ses efforts pour amener ce résultat, et l'article du Moniteur n'est sansdoute qu'une dernière tentative. Cet article a été écrit par l'Empereur lui-même, S'-Sauveur, l'insu du ministre de l'intérieur et du comte Wa- lewski. Dès le début des affaires d'Italie, les feuilles an glaises ont prédit avec plus ou moins de persistance, le résultat du développement de l'idée impériale. Hier encore le Morning - Pott faisait allusion l'opi nion généralement répandue que a d'abord dans les négociations diplomatiques; plus tard pendant ta victorieuse campagne, et, enfin, dans le* missions spéciales qu'il a envoyées dans l'Italie centrale, l'Empereur a eu constamment en vue le projet de créer un royaume italien séparé pour son cousin le prince Napoléon-Jérôme. Nous n'avons pas rappeler l'opinion des feuilles autrichiennes; on pourrait les soupçonner de partia lité. Mais en Angleterre et ailleurs, on ne s'est pas fait illusion un instant. Le Nord qui, on le sait, commet parfois d'instruc tives indiscrétions, développe aujourd'hui même cette idée et la défend. La France dit un de ses correspondants, s'est conduite envers l'Italied'une manière si chevaleresque, qu'on ne doit pas redouter pour les décisions des États du centre de la Pénin sule le mécontentement de l'Empereur. Il est vrai, et tout naturel que la France serait flattée d'une reconnaissance directe et pratique des immenses services qu'elle a rendus l'Italie. Plus la France et son Empereur ont été désintéressés, plus l'une et l'autre seraient sensibles 5 toute preuve permanente de sympathie et de reconnaissance. Mais, je le répète on ne doit pas s'arrêter 5 ces considérations pour ainsi dire personnelles.» Est-ce assez clair C'était donc l* le but de la guerre, Vidée de la Fran ce, de sacrifier cent cinquante mille hommes et deux milliards pour asseoir sur un trône le héros des tranchées de Séhastopol, le commandaut de l'armée des tourietee d'Italie Les journaux français n'approuvent pat sans ré serve le langage du Moniteur. Il est vraidit le Siècle, que la France est la seule nation qui com batte puur une idée, mais elle ne devrait pas l'abon- donrier avant de l'avoir réalisée. Le Journal de* XXVI. La grande porte du baptistère roule sus ses gondset le peuple qui stationne depuis le matin autour de Saint- Jean-de-Latran pousse une immense acclamation l'as pect du juif converti qu'on voit sortir de l'église environné de saintes femmes en prières, portant des cordiaux pour lui donner des forces dans son pèlerinage. Nisida l'ac compagne d'un air triomphant qui semble dire C'est moi, moi seule qui ai fait ce chrétien Tout coup l'abbé de Saint-Non écarte la foule qui se presse et se heurte en tous sens pour voir le nouveau baptisé et pour toucher ses vêtements sanctifiés. Avant-hier soir, dit-il d'un ton ferme Marco qu'il arrête au passage et qu'il scrute du regard avant-hier aoir, vous avez vu le padre Alexandre? Marco ne répond pas et baisse les yeux Nisida tres saille et attend; la foule s'agite et s'iodigne. Nous étions dans la campagne de Rome, sous* la voûte d'un aqueduc, continue Saint-Non, épiant les émo tions du juif sur son visage. Vous m'avez déclaré que vous veniez de la part du padre Alexandre, et cette nuit même le padre Alexandre a été assassiné. Ce n'est pas moi f.... reprit sourdement Marco, qui juge aux mur mures des assistants que l'opinion générale lui est favo rable. Ce n'est pas vous? réplique Ssint-Non ouvrant son album et montrant le portrait sur lequel Nisida jette un regard effaré. C'est toi, Marco dit-elle avec dé fiance et colère; toi, la nuit dans la campagne de Rome Tu avais vu le padre Alexandre? Je ne m'en souviens pas, grommela-t-ii entre ses dents, en essayant de pour suivre sa route. El ces cris plaintifs que j'ai entendus ajouta Saint-Non, n'étaient pas ceux du padre Alexandre? Laissez-le, cessez de l'injurier répétait-on autour d'eux c'est un saint converti Vous vous trompez, ce n'est pas lui!... Vous le prenez pour un autre Vous devriez plutôt vous mettre genoux et remercier Dieu de cette grande conversion!.... Allez, vous êtes un Français on le voit bien votre impiété!... Retirez-vous ou sinon Vous ne croyez donc pas en Dieu, monsieur le Français? Et cette blessure, insista courageusement Saint-Non en lui saisissant le bras n'est-ce pas votre vic time qui vous a mordu malheureux en essayant de se défendre pendant que vous la frappiez Et ce sac de cuir rempli d'argent qui sonnait sur votre épaule, n'est-ce pas celui dans lequel le padre Alexandre avait ramassé une quête pour son couvent? Jésus-Maria ayez pitié de nous s'écria Nisida en s'éloignant avec horreur. C'est l'assassin du padre Alexandre Elle disparut, avec des cris et des gestes de désespoir. Marco tourna la téte pour la voir encore, pour la rappeler peut-être et ses yeux se mouillèrent de larmes. Les spectateurs de cette scène ne l'avaient pas com prise, et ce qu'ils avaient ouï des accusations de l'abbé de Saint-Non leur paraissait de ridicules et méprisables calomnies. Le calme du juif acheva de les convaincre de Débat*, ne dissimule pas que la déclaration du journal officiel détruit des illusions excusables dans le temps où nous aomuies et après les événe ments qui s'étaient accomplis dans la Péninsule; qu'elle pose la question sans donner clairement le moyen pratique de la résoudre qu'elle laisse enfin entrevoir un avenir plein de difficultés pour l'Italie et peut-être pour l'Europe. Le Time* se prononce dans le même sens que le Siècle. La France a fait, en effet, la guerre pour une idée, dit-il; mais lorsque le Moniteur nous dit qu'elle a accompli sa lâche, nous devons hésiter croire qu'elle a sacrifié tant de millions d'argent et versé tant de noble sang pour obtenir la triste satis faction de gagner quelques stériles victoires ou la courte existence d'un traité caduc et impotent. Le Morning-Pott conclut du langage du Moniteur que la réunion d'un congrès est inévitable. Il ne peut pas convenir l'Angleterre, dit l'organe de lord Palmerstori, que des questions aussi graves soient réglées sans que sa voix soit entendue et il ex prime l'espoir que l'examen du traité de paix italien sera prochainement retiré aux plénipotentiaires de Zurich pour être déféré aux grandes puissances. Tandis que Napoléon 111 déclare dans le Moniteur qu'il abandonne les Toscans eux- mêmes, le télé graphe de Turin nous apprend qu'une députalion toscane, chargée d'une mission auprès de l'empereur Napoléon, va partir pour Paris. Cette députalion sera composée du marquis de Lajalico, du chevalier Peruzzi et du professeur Matteucci. Les Assemblées de Bologne et de Parme on| dé libéré hier sur les adresses qu'elles doivent envoyer l'empereur des Français. L'adresse des Romagues a pour but de recommander les populations des Marches et de l'Ombrie la sollicitude de l'Em pereur. Le gouvernement modenais tient ne pas laisser le moindre soupçon peser ni sur son honorabilité, ni sur l'authenticité des lettres du duc François V qui ont été publiées par ses soins. Anx doutes émis sur celte authenticité, il vient de répondre par une déclaration émanée de trois fonctionnaires de l'an cien régime. Tous les trois reconnaissent que ces lettres sont bien de l'écriture originale du duc. On a reçu de Calcutta le 8 aoûtla première dé pêche transmite par le télégraphe de la mer Rouge. Des fonctionnaires civils ont remis au gouverne ment colonial une protestation contre une immi nente réduction de leurs traitements. Le commandant en chef de l'armée a publié un ordre du jour dans lequel il invite les troupes euro péennes a se tenir sur leurs gardes. Les rebelles sont rénnis au nombre d'environ 8,ooo dans les monta gnes du Nepaul. Les escadres alliées ont été renvoyées aux embou chures du Peiho. Elles ont attaqué, le juin, par terre et par mer, les forts de Takou. Ces deux entre prises ont échoué. Les Anglais ont eu 464 morts et blessés, dont 22 officiers. Plusieurs canonnières sont tombées au pouvoir des Chinois. Les escadres ont rebroussé chemin. L'envoyé américain a pu obtenir de se rendre Pékin parce qu'il n'avait point pria part l'attaque des forts. Il faut renoncer l'espoir de l'exécution du traité de paix de Tien-Tsing une nouvelle guerre est im minente. son innocence, et ils s'élevèrent alors avec un zèle fana tique contre le scandale causé par un Français. Celte disposition des esprits ne fit que se propager dans les masses, et peu s'en fallut que Saint-Non ne courût le danger d'être poursuivi coups de pierres. Ce fut Marco qui le sauva en se hâtant de s'éloigner de lui sous pré texte de continuer le pèlerinage qu'un grand nombre de fidèles accompagnèrent, récitant des prières et chantant des cantiques. Le coriége du juif baptisé, grossi de toutes parts, dé bouchait sur la place de Sainlc-Marie-Majcure, où Marco allait faire la première station de son pèlerinage. L'amant de Nisida n'était préoccupé que de sa dispa rition de la maîtresse et il maudissait tout bas la con trainte qu'il subissait en accomplissant cet éternel pèleri nage. Ses pieds nus étaient déjà en sang, et il ne s'en apercevait pas plus que des soins attentifs de certaines femmes pieuses qui se baissaient chaque pas pour ré pandre du vin et do l'huile sur ses écorchurcs. S'il avait cru pouvoir s'ouvrir un passage dans la foule, il se serait précipité en courant pour rejoindre Nisida, qu'il espérait encore voir revenir, et qu'il cherchait toujours autour de lui avec des regards sombres et inquiets. Il ne pouvait oublier l'adieu fatal que Nisida lui avait laissé, et il l'en tendait retentir ses oreilles chaque fois qu'il se repro chait de n'avoir pas retenu dans ses bras sa bien-ajmée. {La suite au prochain n*.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1859 | | pagina 2