L'Exposition d'agriculture qui se tient en ce mo
ment en notre ville, a dépassé l'attente de tout le
monde, et doit satisfaire les plus difficiles. Flie offre
en tous genres des produits nombreux et variés, et
l'art avec lequel beaucoup sont exposés, dénote chez
leurs exposants un goût déjà habitué ces exhibi
tions publiques. Un certain apprêt ne nuit point,
même en agriculture, et les objets ainsi apprêtés,
s'ils ne gagnent point en qualité, prennent du moins
une apparence qui ne leur est jamais désavanta
geuse. En beaucoup de choses nous sommes pris par
les yeux, et les yeux aiment qu'on les flstte. Quand
on dit que la vérité toute nue est seule aimable, ou a
trop dit, ai l'on a entendu qu'elle dût réjeter tout
soin et tout apprêt. En toutes choses l'art a sa place
qu'il lui faut garder, et ai on le bannissait d'une
exposition publique, le public na pourrait soutenir
une longue et fatigante marche travers des produits
en désordre, hérissés, échevelés, heurtés et confon
dus de toutes les manières dans le chaos de la vérité
toute nue.
Ceux qui ont déjà la pratique des expositions,
savent tous les secrets et tous les profits d'un étalage
bien entendu, et certains le prouvent abondam
ment. Il n'est pas défendu de faire ressortir tous les
avantages d'un produit et de lui faire donner tout ce
qu'il peut, au besoin même une médaille d'or ou
d'argent. Ce dernier fruit est un de ceux que por
tent les expositions. C'est un des plus visibles, et
peut-être le seul aux yeux de quelques-uns qui ne
voient point l'encouragement qu'elles donnent, l'é
mulation qu'elles inspirent aux agriculteurs et la
vulgarisation des connaissances agricoles, des pro
duits nouvellement importés, des expériences faites
et des résultats obtenus.
La science agricole a longtemps été dans notre
pays une science de traditiou étroite, d'où la routine
bannissait comme mauvaises et dangereuses toutes les
importations et toutes les inventions sanctionnées
par la science et l'expérience étrangère. On faisait
comme ses pères, et l'on était fermement attaché
leur vieille sagesse que l'on croyait complète. Ainsi
font encore, dans leurs pays, les descendants d'A
braham qui n'ont rien changé la science des pa
triarches, qui cultivent comme eux, récoltent de
même, mais qui n'ont plu» pour maîtres des hom
mes qui les laissent vivre en paix et heureux
l'ombre de leurs figuiers. Tout a changé autour
d'eux, et, surtout loin d'eux, le progrès entraine
toutes choses, et les laisse de côté dans leur immo
bilité diluvienne, regardant constamment en ar
rière et pétrifiés dans leur regard qui dure travers
les siècles. Comme la femme de Loth ils se trouvent
condamnés l'immobilité des statues. C'est le sort
de tous ceux qui regardent opiniâtrement derrière
eux et qui ne regardent qu'an point. En agriculture
comme en toutes les sciences d'observation il faut
tenir compte de ce qui a été fait, voir ce qui se fait,
et rechercher ce qui doit se faire.
I) n'appartient pas tous de faire avancer la
science,de l'enrichir d'inventions et d'améliorations
nouvelles, il faut pour cela se trouver dans des con
ditions particulières d'exploitation, de fortune que
tous les agriculteurs ne possèdent pas mais tous
peuvent s'enquérir de la science actuelle, et les
expositions sont essentiellement propres en inspi
rer le goût et le satisfaire. C'est une des principa-
gles d'or et d'argent grosse tête, de colliers, de bagues
et de joyaux en pierres précieuses.
Elle s'approcha de Marco, qui s'était arrêté stupéfait
en la reconnaissant peine sous ces lugubres vêtements.
Tiens! lui dit-elle avec mépris, en jetant le sac
d'argent et les bijoux aux pieds de Marco voici la dé
pouille des gens que tu as volés voici la besace du bon
padre Alexandre que tu as tué Je n'épouserai jamais le
meurtrier de mon confesseur
En disant ces paroles haute voix elle lui tourna le
dos et rentra dans la foule.
Marco restait foudroyé; il n'avait plus la force de faire
un pas, et il se serait livré lui-méineen ce moment ses
juges et aux bourreaux. Deux fois il ouvrit la bouche
pour appeler Nisida et deux fois sa langue ne put arti
culer aucun son.
Cependant on s'agitait, on discutait autour de lui
chaque instant, le nombre de ses partisans diminuait; les
plus ardents s'étaient tout fait refroidis.
Personne n'avait osé ramasser le sac et les joyaux gi
sant sur le pavé devant lui le nom du padre Alexandre
était dans toutes les bouches mais on n'aurait peut-être
point inquiété la retraite de Marco si Fragonard ne lui
eût barré le passage.
Tu es un voleur, sinon un assassin, lui dit le peintre
avec fermeté; je t'arrête donc comme auteur ou complice
de la oiort du P. Alexandre.
(la suite au prochain n
les raisons qui fait applaudir aux expositions les
hommes qui s'intéressent l'agriculture, et qui ont
soutenu dans leur travail ceux qui se sont dévoués,
dans notre ville, l'organisation de notre exposition.
On ne saurait croire toutes les difficultés d'une pre
mière exposition et tout ce qu'il a fallu de courage
pour surmonter certaines défiancesqui se produisent
toujours chez ceux qui craignent tout et prévoient
trop, la vue de toute entreprise nouvelle, et
l'idée de laquelle leur esprit routinier ne sait point
se faire. Aujourd'hui que l'œuvre est faite, que tout
a été mené bien, grâco au zèle éclairé de M. le
Sous-Préfet président du comité d'organisation
vaillamment secondé par l'activité prodigieuse et
qui ne se dément jamais de M. Deberdt, secrétaire,
et le concours dévoué des membres de la commission
d'organisation, ils doivent s'être aperçus que tout
réussit dont on veut fermement la réussite, et que
véritablement vouloir c'est pouvoir. L'activité du
comité organisateur mérite toutes sortes d'éloges, et
le zèle qu'il a montré trouve sa récompense dans la
manière dont les exposants ont répondu son appel.
Cependant il faut le dire ici, les cultvateurs de notre
arroodissement n'ont pas suffisamment exposé. Us
ont gardé chez eux beaucoup de produits qui au
raient été exhibés avec avantage. C'est trop de mo
destie de leur part si c'est la modestie qui les
a retenus chez eux. Ils s'en seront, nous le croyons,
aperçus, et aux expositions futures sachant mieux
ce qu'ils peuvent ils montreront plus d'entrain et
de résolution affronter la publicité et les décisions
du jury. Ils auront entendu l'étonneraent des nom
breux visiteurs dont la foule dimanche dernierse
faisait l'organe. Chacun espérait trouver au milieu
de ces nombreux produits exposés les produits des
personne* de connaissance, et beaucoup se désolaient
de ne les y point trouver.
Mais parcourons les différentes salles de l'Expo
sition en jetant un coup-d'œ 1 rapidesur les produits
exposés. Les détails sout impossibles et la brièveté
est nécessaire. Il serait du reste imprudent de devan
cer les décisions du jury qu'il faut savoir attendre.
Entrons dans la salle N° i, on trouve les blés, en
gerbes élégantes et coquettes, aux beaux épis, fauves
et légèrement courbés, de longueur et de grosseur
variables, plus ou moins serrés. Les blés étrangers
abondent, et parmi eux ou remarque surtout le blé
dit Prince Albert. Il est d'une belle venue et de
royale apparence. Les gerbes qui se trouvent côté
du Prince Albert semblent avoir envie de lui rendre
des hommages. C'est M. Porquet, de Bourbourg, qui
en est l'heureux exposant. Il en a obtenu un rende
ment qui nous paraît extraordinaire et qui monte s
60 hectolitres par hectare. M. Porquet a du reste
beaucoup exposé et de très-belles choses. Outre
différentes variétés de blés, on retrouve de lui, dans
la même salle, des lins très-remarquables. M. Hen-
non, de Loon, figure côté de M. Porquet avec le
blé souris, qui peut rendre jusqu'à 60 hectolitres
par hectare. La collection très-variée de M. Braque-
val, d'Hem, mérite aussi d'être signalée et M.
Loridan, de Merville, donne de nombreux échantil
lons des blés divers récoltés dans sa ferme qoi méri
te tous égards d'être classée parmi les fermes
modèles. On remarque encore les produits exposés
par M. Yillette. Nous oublions certainement beau
coup de noms, il n'en peut être autrement.
Après les blés viennent les lins les uns non teil-
lés, les autres ayant subi l'opération du teillage.
Parmi ces derniers figurent les lins de MM. Scrive,
de Lille, qui ont rendu un grand service l'industrie
linière, en important les premiers en France, en
jfi5o, un système de teillage mécanique. Grâce
leur obligeance ce système commence se répandre
parmi les industriels qui en ont pu reconnaître les
avantagea incontestables, sur les procédés employés
jusqu'alors. Il ne faut pas oublier les lins de M. Six,
de Wazemmes, et nous avons déjà signalé ceux
de M. Porquet.
Au fond de la salle se trouvent des légumes de
toutes sortes et dont quelques-uns sont vraiment
remarquables. Les ménagères y admirent des oi
gnons magnifiques et si leur qualité répond leur
grosseur elles les proclament les rois des oignons.
Nous laissons là les potirons et les concombres de
toutes espèces. Signalons les pommes de terre et
leurs nombreuses variétés.
Au milieu se trouve l'exposition des fruits. La
collection de poires de M. Théry, de Steenwerck,
nous a semblé la plus complète. Après elle viennent
les fruits appartenant M. de Lagrange; et il fautsi-
gnaler les collections de M. Cleenewerck, d'Haze-
brouck, et de M. Herry, do Bailleul.
Depuis le commencement de ce siècle, une
école historique nouvelle s'est attachée déga
ger le passé des erreurs, des calomnies même,
dont l'esprit de parti et In passion l'avaient en
touré. A dater du moyen âge jusqu'au réveil de
l'esprit humain au xvt° siècle, les événements
n'étaient racontés que par les moines les récits
portaient le cachet des idées de cette époque,
idées dont les mursd'un cloître et d'un château
féodal formaient tout l'horizon. Il a fallu de
patientes et laborieuses investigations pour res
tituer l'histoire sa vérité. Heureusement, nous
vivons dans d'autres temps; l'impunité ne sau
rait plus être acquise la falsification des faits
la publicité est suspendue sur l'imposture,
comme un inévitable châtiment. Si l'opinion
publique peut encore être trompée, elle ne peut
plus l'être longtemps.
Les moines d'autrefois, excusables par les
préjugés, vivant d'ailleurs au milieu d'une at
mosphère de barbarie], ont des continuateurs
dans les organes de la presse théocratique de
tous les pays. La calomnie historique est orga
nisée aujourd'hui sur une vaste échelle mais la
postérité n'aura pas beaucoup de peine démê
ler le vrai du faux, faire justice du système
de diffamation qui s'attaque tous les hommes
et toutes les choses de la liberté et de la civili
sation. Les contemporains eux-mêmes disposent
de tous les éléments nécessaires pour juger les
événements. Lorsque l'Univers affirmait, l'an
dernier, que les prêtres et les religieuses étaient
insultés dans les rues de Bruxelles, il pouvait
espérer que celte calomnie produirait un effet
passager sur les esprits; il ne pouvait espérer
que cet effet fût durable. Lorsque l'Univers, et,
sa suite, les feuilles cléricales belges, annon
çaient l'an dernier que les israélites de Foschany,
dans les principautés danubiennes, avaient as
sassiné un enfant chrétien et fait subir son
cadavre des mutilations rappelant la passion du
Christ, un démenti éclatant ne tarda pas con
fondre les imposteurs. Lorsque VUnion de Paris,
VUnivers et nos feuilles cléricales imputent
aux hommes du mouvement national dans les
Bomagnes les crimes les plus atrocess'élève
l'instant l'énergique protestation de la vérité,
qui domine et détruit le dénigrement.
{Echo du parlement.)
Il paraît qu'avant la rentrée des tribunaux un
grand nombre de nominations dans l'ordre ju
diciaire doivent encore avoir lieu, M. Tesch,
pendant son ministère, aura été appelé pour
voir un nombre extraordinaire de places vacan
tes, nombre qui n'a été dépassé que par M.
Raikern en 1832, lors de l'organisation définitive
des tribunaux.
On lit dans le Courrier de la Girondede
Bordeaux, en date du 13 septembre
s S. M. le roi des Belges est arrivé aujourd'hui
trois heures du soir, par un train spécial du chemin
de fer du Midi. S. M. a été reçue la gare Saint-Jean
par le consul de Belgique, par M. le commissaire
central et par les principaux employés de l'admi
nistration.
Quelques minutes après son arrivée, le roi s'est
rendu l'Hôtel de France en| calèche découverte et
sans escorteen suivant le cours Saint-Jean la rue
Payronnet et les quais.
Nous avions annoncé que Léopold l' se rendrait
la représentation du Grand-Théâtre. Sa Majesté
s'y est rendue, en effet, et même elle est arrivée
avant le commencement du spectacle. Le roi s'est
placé dans la loge de M. le préfet, avec M. le préfet,
M°" de Mentque et deux personnes de la suite de Sa
Majesté.
La représentation se composait d'une opérette
les Déeetpéré»et d'un balletle Corsaire. Au lever
du rideau et après le premier acte du Corsaire, l'or
chestre, dirigé par M. Cuvreau a joué la Braban
çonne, dont la bonne exécution a été chaque fois
applaudie. Touché des témoignages de respect et de
«ympathie que lui donnait l'assistance, le Roi a salué
plusieurs reprises.
Sa Majesté est restée presque jusqu'à la fin du
spectacle. Une foule énorme l'attendait sa sortie
du théâtre et lui a fait un accueil digne du prince