9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. i' 1,931. 19* Année. Jeudi, 3 Novembre 1859. Vires acquirit eundo. LE HUCHES ^PRES (^ra®co)) Par trimestre, S francs 50 c. Provinces,4 francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypues, 2 Novembre. L'éducation religieuse est le grand dada qu'enfourche le journalisme religieux, quand il plaide en faveur des établissements d'instruc tion du clergé. Comme celui-ci prétend au mono pole de l'éducation religieuse, on conçoit qu'on la présente comme la perfection même, pareeque c'est un moyen de peupler les institutions clé ricales. Mais quand nous avons prétendu que l'instruction cléricale et non religieuse (nous faisons une distinction entre ces deux mots), affaiblit l'esprit de famillenous avons cité, d'après la Gazette de Monsun extrait d'un livre pieux et qui certes ne poussait pas au dévelop pement de l'esprit de famille. Il eut été plus rationnelau lieu de répondre par une décla mation ampoulée, de tâcher d'expliquer com ment on présente comme une vertu ce qui n'est qu'une monstruosité, car on ne peut nier que ce livre pieux ne doive émousser l'affection des enfants pour leurs proches. Un jeune médecin établi Courtrai, mais originaire d'une commune rurale de l'arrondis sement d'YpresM. le docteur Dambre, vient de publier un ouvrage qui lui vaut l'estime du monde savant. Son Traité de Médecine légale dont un premier volume a paru, a fait apprécier les connaissances de M. le docteur Dambre et a constaté chez lui ud véritable talent d'écrivain. Ce n'estpasseulementen Belgique qu'on enajugé ainsi, mais aussi l'étranger, car M. le docteur Dambre est membre correspondant de plusieurs sociétés médicales et scientifiques, et en dernier lieu l'Académie de médecine de Berlin a rendu justice son mérite, par l'envoi du diplôme de membre de cette société savante. On nous demande l'insertion de la lettre qui suit elle fait un tableau fidèle de ce qui se passe dans les cantons ruraux et ce titre elle mérite d'être lue. LS ©irHETTO. (Suite.) XXXVIII. C'est vous vous que je retrouve ici dit enfin Ro bert après un moment de silence. N'ai-je pas rêvé? mon- signore Badolfo Le grand-inquisiteur, que Robert interpelle, ne ré pond pas. Ses dents se choquent, sa langue reste collée son palais il frissonne, il suffoque, il voudrait se ca- eher, il voudrait fuir, et il n'a pas la force de se mouvoir il se voit la merci de son plus cruel ennemi. Puis, quand il sent encore le contact de cette main qui lui sem ble tour 4 tour froide et brûlante, tout son corps est saisi d'une douloureuse horripilation. Répondez-moi, si vous êtes vivant reprend sour dement Robert répondez, je vous l'ordonne répondez, je vous en supplie Que voulez-vous? répond Badol fo, qui obéit au commandement plutôt qu'à la prière. C'est vous qu'il faut demander plutôt si vous êtes mort ou vivant Mort, je vous promets des messes et des obits dans toutes les églises de Rome vivant, oh pardonnez- moi, ne me tuez pas, ne me laissez pas mourir dans cet horrible lieu, ramenez-moi la lumière!Et Seïla! qu'avez-vous fait de Seïla dit amèrement Robert. Vous l'avez fait condamner, et vous la saviez innocente Pardonnez, pardonnez-moi murmura le chef de la con grégation du Saint-Office. Je suis un abominable pé- Monsieur le rédacteur du Progrès, Il vous serait impossible de vous imaginer la con duite tyran nique de la plupart des membres du clergé la campagne. Vous autres, habitants des villes, qui marchez en immense majorité sous le drapeau du progrès, vous ne pouvez vous faire une idée des vexatious sans nombre, que les apôtres de l'intolé rance font subir ceux qui ont l'audace de mécon naître leur autorité souveraine. Chez vous, la lu mière s'est faite, et ce n'est pas la lumière de la ci vilisation, ils n'oseraient, mais l'ombre du fanatisme et de l'ignorance, que'ces prêtres com mettent leurs incroyables excès. Je pourrais vous citer un curé qui persécute en chaire une honorable famille, avac la ténacité la plus cruelle, depuis au moins dix ans. Et celui-là(le farceur se représente dans chacun de ses prônes comme un prêtre-martyr Une jeune dame m'a raconté que son vénérable pasteur, dans une croisade qu'il entreprit en chaire, contre son mari, ne laissait échapper aucune occa sion, quand elle y assistait, de dépeindre ce mari comme un homme immoral, dont elle devait soup çonner la conduite et la fidélité. Et notez que ce ministre de Dieu parlait de morale et que je respecte trop et vos lecteurs et la morale publique, pour laver un simple coin du voile qui couvre la vie pri vée de ce charitable eccléaiastique. Le prêche de tel autre amène d'étrangea coïnci dences; au sermon qui jette la boue sur une mère de famille honorable, la face du public, en plein soleil, succède le placard infâme, qui s'affiche nui tamment la porte de la maison maudite, l'écrit clandestin, qu'une main éhontée parsème dans les rues. Je pourrais voua en citer un autre qui, pour dea raisons mesquines, traîna une de ses ouailles devant la barre des tribunaux. N'ayant pas réussi au gré de sas désirs, il employa toutes les forces que la religion met entre ses mains, (et Dieu sait si elle en donne au village pour persécuter son ennemi. Un jour, c'était celui de la kermesse du cabaret, ai-je dit que la victime était un cabaretier?... le curé avait tonné contre le baes et défense expreste avait été faite d'aller se rafraîchir chez lui. peine le temps où les villageois vont prendre un verre de bière était-il arrivé, que ce bon père se cheur Elle est condamnée mais vous pouvez la faire absoudre, et vous le ferez, oui, vous le ferez, sur votre vie Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour réparer le mal, pour l'expier, dussé-je finir mes jours dans un cloître. 11 ne s'agit pas de cloître il s'agit de sauver Seïla et son père il faut suspendre, il faut casser le ju gement. Eh bien oui, je consens tout, je promets tout mais sortons de ce tombeau, sauvons-nous, sauvez- moi d'abord Sortir d'ici n'en savez-vous pas les moyens ne connaissez-vous pas la route comment êtes-vous venu dans les Catacombes? J'y suis descendu par ordre du saint Père pour l'élévation d'un corps saint... Mais est-il vrai que vous soyez Hubert Robert Ne m'avez-vous pas reconnu Je suis celui que vous avez fait enlever près de la Trinté-du-Mont, celui que vous avez tenu toute une nuit prisonnier au palais du Saint- Office, celui que vous osiez faire fouetter par vos valets, celui qui a promis de vous châtier en représailles me reconnaissez-vous maintenant? et Seïla, où est-elle? qu'en avez-vous fait Grâce pitié disait Badolfo s'agitant aux pieds de Robert ma vie est dans voi mains, soyez indulgent, soyez généreux Généreux, indul gent L'avez-vous été pour Seïla? dois-je vous rappeler vos projets infâmes, vos tentatives insolentes et hardies? J'ai mérité la mort, j'ai mérité la damnation, mais j'espère, malgré mon crime, que Dieu me fera miséricor de, et vous aussi. Je ne veux pas me venger, je n'ai que faire de votre sang ce qui m'importe, c'est le salut, promenait en long en large devant l'estaminet eu question, annotant ceux qui ae permettaient d'en freindre ses ordres. Cet exercice dura trois heures; je vous laisse penser ai la recette fut abondante Et, lecteur, ne voua récriez pas,le prêtre devait tenir sa paroleen pleine chaire, menace formelle avait été faite de ruiner ce mécréant. Je pourrais vous citer bien d'autres faits de ce genre, mais je crois que ces exemples suffisent pour vouadonner un aperçu de la manière d'agir du clergé la campagne. J'ajouterai qu'il se fait tellement re douter, que la plupart des campagnards n'agissent plua que par crainte. Le curé défend de danser; on ne dansera pas. Est-ce par esprit de religion non c'est par peur d'être persécuté. Est-ce concevable, Monsieur le rédacteur? pour rait-on croire, si oti n'en avait la preuve sous les yeux, de pareils abus? Et quand nous trouvons ces exemples eu plein xtx° siècle, devons-nous nous étonner dea sanglantes persécutions, qui ont voué la domination ecclésiastique l'exécration des peuples civilisés? Espérons que le progrès, qui marche rapidement la campagne, uni la liberté de la presse, parvien dront bientôt dompter ces déplorables excès; et qu'alors noua trouverons dans les ministres de la religion, non des persécuteurs et des tyrans, mais des représentants de la paix et de la cnariie AgréezMonsieur le rédacteur, l'assurance de ma considération distinguée. VILLE D'fPRES. Conseil communal. Séance publique fixée au Samedi, 5 Novembre i85g, quatre heures de relevée. ordre du jour Communication de pièces. 2° Compte 1858 et budget de l'exercice 1860 des Hospices. 3° Proposition de candidat pour le renouvellement du Bureau administratif du Collège communal et de l'École moyenne. 4* Délibérer sur la demande adresser l'autorité provinciale pour pouvoir louer de gré gré, et long terme, la propriété communale du moulin «au dit Tea Brielcn. 5* Statuer sur une demande de construction avec vue et issue sur le terrain cédé la ville par le gouver nement pour construction d'un abattoir. c'est la délivrance de Seïla Songeons d'abord notre délivrance, songeons ne pas périr de faim et d'effrei dans ces lugubres lieux... Il y a bien des heures que j'y suis errant et perdu, bien des heures que je n'ai pris au cune nourriture Vous avez faim Ah la faim est un horrible supplice Voilà longtemps, dites-vous, que vous êtes égaré? Pourquoi? Comment étes-vous dans ces Catacombes J'y suis descendu pour chercher les preuves de l'innocence de Mondaio et de sa fille, je les ai trouvées. Quelles preuves? Je ne vous comprends pas. Il me semble en effet que ce juif a été condamné trop légèrement; mais il avouait presque... La torture n'est-ce pas? 11 a avoué, l'infortuné, qu'il avait assassiné le P. Alexandre, dans sa maison, nuit du Jeudi Saint, et qu'il avait fait disparaître le cadavre en le brûlant Et Seïla, l'avez-vous aussi appliquée la question Hâtons-nous plutôt de nous mettre en marche. Ecoutez on appelle... Non mais on est sans doute ma recher che... Cette preuve éclatante de l'innocence de vos victimes, la voici! le cadavre du P. Alexandre... Un cadavre! dit Badolfo avec un mouvement de terreur et de dégoût leP. Alexandre dans les Catacombes Oui le P. Alexandre assassiné dans la campagne de Rome par Marco, le portier du Ghetto, et jeté par une ouverture des Catacombes Dépêchons-nous donc de rentrer Rome stuver un innocent, pour arrêter l'exécution L'exécution Quoi déjà s'écria Robert, retrouvant toute sou énergie malgré sou extrême faiblesse l'exécu-

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Le Progrès (1841-1914) | 1859 | | pagina 1