9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Vires acquirit eundo. ENQUÊTE sur les élections «1e liOuvain. S v. S VII. iV 1,049. 10' Année. Dimanche, 11 Décembre 1850. LE PNCRES 1 uTifl ABONNEMENTS Yntes (franco), par trimestre, 5 francs'Î50c. Provinces, A francs. I Le Pnocnès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligne 1 5 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. Ou ne reçoit que les lettres affranchies. Ypiies, 10 Décembre. L'enquête sur lea élections de Louvain aura cet immense avantage de démontrer la néces sité d'introduire le vote par ordre alphabétique En effet, il serait de la plus haute importance de rendre riutimidation,plus difficile et de sous traire l'électeur la pression qu'on pourrait exercer sur lui. Nous savons qu'on pourrait alléguer que ce moyen ne serait peut-être pas sans inconvénient, mais il aura au moins l'énor me avantage de laisser l'électeur la liberté de voler suivant ses sympathies, et du moment que la liberté du vote sera bien affermie, nous n'avons aucune crainte sur l'avenir de nos insti tutions et des doctrines libérales. En effet parlout où les électeurs peuvent faire usage de leur libre arbitre le résultat des élections est presque sans exception libéral, tandis que les choix sont réactionnaires dans les localités où des influences de tout genre pèsent effrontément sur la liberté du vote. Dimanche, Il Décembre, midi, aura lieu l'Hôtel-de—ville la remise solennelle des distinc tions obtenues au concours général des établis sements d'instruction moyenne par les élèves de l'École moyenne cl du Collège communal d'Ypres. VILLE D'YPRES. Conseil cohhcnal. Séance publique du Samedi, 3 Décembre i85g. La séance est ouverte par la lecture du procès-verbal de la réunion du 19 Novembre 1859, sous la présidence de M. Alphonse Van- den Peereboom, bourgmestre, et en présence de MM. Beke et Bourgois, échevins, Théodore Vanden Bogaerde, Charles Vande Brouke, Le- graverand Edouard CardinaelAuguste De Ghelcke, Ernest Merghelynck, Pierre-Léopold Boèdl, Charles Becuwe, Auguste Maieur, Char les Lannoy et Louis Van Alleynnes, conseillers. Une liste de souscription pour la médaille de l'inauguration de la colonne du Congrès est mise sous les yeux des membres du Conseil. Il est donné lecture d'une correspondance entre M. le Ministre de l'intérieur et le conseil de fabrique de l'église S4 Martin, concernant une aliénation de tableaux représentant des sujets non religieux. Il est question de les céder la ville pour les placer au Musée, en compensation des subsides que le Conseil volerait pour la res tauration l'intérieur de ce beau monument religieux. Il est décidé que la remise des distinctions obtenues par les élèves du Collège communal et de l'École moyenne de l'état au concours géné ral, est fixée au Dimanche, 11 Décembre, midi. Sur un rapport du Collège, le Conseil arrête qu'un cinquième instituteur seraattaché I École communale gratuite. On fera choix, s'il est pos sible, d'un sujet sortant de l'école oormale de Lierre. Incidemment, leConseil s'occupe de l'instruc tion des filles, et avant d'examiner la question plus fond, il charge la deuxième commission de s'enquérir, si les fondations créées d«ns le but de donner l'instruction gratuite aux filles pauvres remplissent les conditions qui leur ont été imposées. Sur le rapport de la première commission le Conseil approuve la comptabilité de l'adminis tration des Hospices civils et cette occasion revient sur la nécessité d'agrandir et de modi fier l'appropriation des bâtiments de l'Hôpital civil. H serait important qu'on mit la main l'œuvre aussi vite que faire se peut, car l'utilité que peut rendre cette institution charitable est incomplète, par suite de l'insuffisance des lo caux. L'assemblée décide ensuite que le Collège pourra aliéner l'ancien lit de l'Yperlée au prix de l'estimation, qui est de 450 francs. Celle résolution e«t prise par dix voix contre quatre Le dernier objet l'ordre du jour est la pro position du Collège de ne pas offrir en location publique la pêche des étangs de Dickebusch et de Zillebeke La grande sécheresse des deux dernières années a réduit l'étang de Zillebeke l'état de marais et les deux tiers des poissons de celui de Dickebusch ont péri par suite .de leliage trop peu élevé des eaux. La proposition de louer main ferme aux anciens fermiers partir de 1860, est approuvée, sous condition qu'ils procéderont au repeuplement des deux étangs. La séance est levée. Nous apprenons avec une bien vive satis faction que notre digne Bourgmestre, ancien capitaine commandant du corps des Sapeurs- Pompiers de celte ville, vient d'être nommé major honoraire du dit corps. Cette marque flatteuse de distinction honore celui qui l'a méritée ainsi que les chefs et le corps tout entier de nos braves et dévoués Sapeurs- Pompiers. RAPPORT DE M. L. DEFRÉ, An nom de la commission d'enquête. (Suite.) Mais lé secret du vote! Comment sait-on que l'élec teur campagnard a déposé le bulletin qu'il a reçu du curé? Comment on lé sait Par lui-même. Le bourg mestre Michicls déclare, devant M. le juge d'instruction Casier, le 25 novembre: «Tous les électeurs de Kecr- bergen, avec qui j'ai parlé d'électionse considéraient comme engagés cause de la pièce de cinq francs qu'ils avaient reçue du vicaire. Bacs raconte l'avocat Pecmans que les électeurs de Cappelle se croyaient également engagés. Il est bien difficile, disaient-ils, de ne pas voter pour celui qui vous donne de l'argent. (28* déposition.) Il est vrai que le propos est nié par Baes, mais il est confirmé par le doc teur Guibert. (t 10* déposition.) Le sacristain Cuelemans de Keerbergen, dépose qu'un électeur qui avait reçu cinq francs et un billet, lui avait dit qu'il se croyait en cons cience obligé de venir déposer le bulletin. Et c'est là le sentiment qui dominait chez tous ceux qui ont reçu de l'argent. Ils croyaient manquer l'honneur en ne votant pas pour la liste du curé. La supposition, toute gratuite du reste, que le campagnard salarié n'a pas voté pour celui qui le payait est détruite par le résultat même de l'élection si ceux qui avaient reçu cinq francs avaient voté pour la liste libérale, le résultat eût été autre. Mais le pasteur qui a remis un bulletin, ne quitte plut ion troupeau, il voyage avec lui, et, arrivé au bureau, il compte ses brebis et les passe en revue. Comment donc ce pauvre campagnard pourrait-il voter pour une autre liste Séduit, enrôlé, il est tenu par la crainte que le curé lui inspire, par l'argent qu'il a reçu et par la surveil lance qui l'environne. VI. Et maintenant discutera-t-on sérieusement cette théorie que donner cinq ou dix francs, ou donner dincr, c'est tout un? Mais ne résultc-l-il pas de l'enquête que celui qui reçoit cinq francs se croit engagé? C'est un salaire, c'est une prime qu'il reçoit. 11 reçoit cinq francs, et il donne son vote. Il n'irait pus voter, mais il va voter parce qu'il a reçu cinq ou dix francs. C'est un contrat sans nom (do ut des), mais un contrat qui avilit celui qui reçoit et celui qui donne. On achète un vote comme on achète un meuble. On achète une chose qui n'est pas dans le com merce. On achèie la conscience politique du citoyen. La commission n'entend pas justifier le dîner électoral mais elle fait remarquer la distance qu'il y a entre don ner dix francs avant le vote et donner un dîner après le vote. Le dîner après l'élection ne détermine pas le vole qui a eu lieu. L'électeur a voté, et on peut, sans porter atteinte son indépendance, l'inviter dîner chez soi, pour célébrer le triomphe ou se consoler de la défaite. On peut d'avance, lorsqu'on n'a pas un salon assez spacieux, faire préparer dans un hôtel un dincr pour ses amis politiques, étrangers la ville où ils votent. Il n'y a rien là qui puisse blesser la délicatesse. C'est un acte de bien veillance tandis que donner un électeur dix francs pour qu'il aille déposer un bulletin dans l'urne, c'est faire d'un citoyen libre un serviteur gages. C'est honte! transformer le devoir politique en un service Je laquais. De rares électeurs libéraux ont offert ou donné d'au tres électeurs de l'argent ou remis des coupons de chemin de fer pour se rendre Louvain nous ne louons point ces faits, nous les blâmons aussi, quoiqu'ils aient été provoqués par les distributions considérables du parti conservateur, et que ce soient là des faits isolés qui n'éta blissent d'aucune façon ce plan de campagne si ingéni eusement combiné chez le parti opposé, pour obtenir par l'argent un résultat qui, sans lui, n'aurait pas été obtenu. 11 résulte, au contraire, de l'cnquétc que les associations libérales de Diest, de Tirlemont et de Lou vain, dont les comptes de dépenses électorales ont été produits avec une entière franchise, n'ont payé que des frais de voilure et de publication. Aucune distribution d'argent n'a été faite pour faire triompher la liste libéra le. Tous les hommes qui, dans le camp libéral, cher chaient éclairer l'électeur, tous avaient ces mots la bouche Battu une fois, battu cent fois mais pas d'ar gent, pas de corruption. S VIII. L'argent donné aux électeurs catholiques, sous pré texte de frais de voyage, constituait en réalité, un achat de vote parce que l'argent qui leur a été remis n'était pas en rapport avec la distance que chacun d'eux avait parcourir. Ainsi, des électeurs dcHaecbl ont reçu les uns cinq francs, les autresdix francs, pour venir voter Lou vain chacun cependant avait la même route faire. Les jurés et les témoins reçoivent pour frais de voyage une taxe uniforme, proportionnée la distance qu'ils ont parcourir, llaeclit est relié Louvain par un chemin de i fer il faut dix minutes pour y arriver l'électeur, muni de ces deux pièces de cinq francs, n avait payer, pour aller et venir, qu'une somme de 35 centimes. Dix francs ne constituent donc pas une indemnité pour frais de voyage mais bien un lucre. (V. déposition A01 106 et l'instruction faite Matines.) Les électeurs de Tildonck, qui ne peuvent pas venir en chemin de fer, ne reçoivent que cinq francs. Tildonck est un village moins considé rable. Montaigu est quatre lieues de Louvain, mais comme on y vit plus simplement qu'à Haecht, l'électeur s'y contente de deux francs, outre le transport gratuit. A Diest, on offre llensen dix francs sans dîner, et Serré trois francs avec dîner, s'ils veulent aller voter pour les catholiques. Sont-ce là des frais de voyage

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Le Progrès (1841-1914) | 1859 | | pagina 1