27e AN&ÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
UN DEJEUNER DE GRANDS HOMES
I
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE,
Chronique politique.
Ira crise ministérielle.
IV 1,918. Dimanche
19 Janvier 1869
LE PROGRES
TIRES ACQBIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond1 administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rqe au Beurre, 83.
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Les lettreset paquets doivent être affranchis.
Le Corps-Législatif de France a adopté hier par
199 voix contre 60 le projet da loi sur la réorga
nisation militaire. C'est la plus forte minorité qui
se soit encore produite au sein de cette assemblée,
contre une proposition du gouvernement.
Aucune manifestation d'enthousiasme n'a suivi
la proclamation du vote; la majorité elle-même
sentait qu'elle sacrifiait sa popularité et ses inté
rêts personnels aux nécessités politiques du mo
ment el son désir de ne pas séparer sa cause de
celle du gouvernement.
Plusieurs journaox publient aujourd'hui une
consultation rédigée par dix-neuf avocats du btr-
reau de Paris, propos des poursuites dirjgées
contre onze journaux de cette ville, pour infrac
tion l'ait. 42 de la Constitution et au séuatus-
consulledu Février 1861 relatifs aux comptes-
rendus des séances du Corps-Législatif.
La séance d'avant-hier dans la Chambre des dé
putés italiens, a commencé par être une séance
d'affaires; mais elle n'a pas tardé se transformer
eu séance politique, quand M. Rattazzi est veou
déclarer, au sujet des documents récemment pu
bliés, qu'ils n'étaient pas complets, que quelques-
uns portaient une date erronée et que d'autres
n'étaient pas exacts. Il s'est plaint aussi que le
ministère de la marine n'eut publié qu'un seul
document et^ que le ministre n'en eut publié
aucun.
Il a présenté enfin plusieurs télégrammes dont
il a demandé l'impression ainsi que celles des télé
grammes qui seront encore recueillis par le mi
nistère.
Le général Menabrea a répondu qu'il avait dé
posé loyalement et impartialement tous les docu
ments qui étaient sa disposition, dans l'unique
but d'apporter une lumière complète sur les der
niers événements.M. Menabrea a adhéré d'ailleurs
la publication des documents présentés par
JM. Rattazzi, et déclare qu'il recherchera dans le
même but les autres documents qui pourraient se
trouver au ministère.
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR TORPIN DE SANSAT.
III. (Suite.)
Chapelle, brave homme au fond, malgré et peut-
être cause dé sa proche parenté avec Grégoire, pensa
que, pour se justifier, il devait raconter l'histoire de sa
querelle avec Boileau.
Il commença.
Il y a huit jours, la pluie tombait terrents
on eût dit que le ciel, dans son courroux, voulait faire
expier aux hommes, par un déluge nouveau, tous les
péchés que le vin leur avait fait commettre. Je passais
côté de la Sainte-Chapelle. Tout coup, j'aperçois
un quidam, trempé comme une éponge, crotté comme
un barbet, et cherchant partout un abri contre le per
fide élément. Je m'avance, afin de venir en Aide au
pauvre diable... Je reconnais Boileau. Heureusement
pour lui, un cabaretier de ma connaissance se trouvait
adossé aux arcades du Palais. Bon gré mal gré, bravant
la tempête céleste et les irélicenccs de Boileau, je le
fais entrer chez mon ami le cabaretier et je demande
Après quelques mots de M. Mari qui a soutenu
que les documents produits n'avaient été ni altéréa
ni l'objet d'un choix et quelques explications
données par le président, la Chambre a «rdonné
l'impression des documents présentés par M. Rat
tazzi.
Il paraît d'après les lettres de Rome que le parti
de l'action s'agite plus que jamais. On fabrique
Naplesdes chemises rouges quj portent une croix
et un V (vendetta). D'autre part on fait circuler
Naples des médailles l'effigie de Frsuçois II et
sur l'autre face confédérations italiara.
Y près, le 18 Janvier.
A la première séance de la Chambre, après
la rentrée des vacancesdes explications ont
été fournies par M. le ministre des finances,
devenu chef de cabinet, sur la crise ministé
rielle. Nous regrettons que le format de notre
journal ne nous permette pas de reproduire
les déclarations faites par M. Frère, d'après les
Annales parlementaires. Nous tâcherons d'en
donner une analyse succincte.
Des divergences de vues s'étant manifestées
dans le conseil, les ministres ont remis succes
sivement leurs démissions au Roi. L'hono
rable M. Rogier a été appelé par S. M. qui a
voulu le charger de reconstituer le cabinet, il
a décliné cette mission. Alors Sa Majesté a of
fert M, Frère les pouvoirs nécessaires ppur
former une nouvelle administration il a cru
que son devoir était d'accepter ce mandat.
L'obstacle politique qui s'opposait l'en
tente'de tous les membres du cabinet, était la
question des écoles d'adultes. Elles furent sou
mise;; au régime de la loi du 23 Septembre
1842, sur l'enseignement primaire et l'exten
sion donnée celle loi souleva bientôt de
vives critiques. Suivant les traditions de son
département, l'honorable ministre de l'inté-
une bouteille. Boileau ne voulut pas boire, d'abord il
entama un sermon sur la tempérance son exorde fut
magnifique une seconde bouteille accueillit l'entrée
en matière. Bref, de fil en aiguille, ou plutôt de bou
teille en bouteille, notre poète satirique devint de plus
en plus intolérant pour les ivrognes, et lorsque l'élo
quent orateur, arrivé l'apogée de ses malédictions, se
leva pour lancer son dernier anathème... il retomb.a
anéaûli sous la table Boileau s'était noyé dans le vin.
Tous les regards interrogèrent le rusé satirique.
Il a raison, le cuistre! répondit ce dernier;
mais il m'avait juré que son vin était baptisé...
Parbleu rien ne ressemble plus un chrétien
qu'un hérétique s'écria Molière.
Laforest pensa qu'il était temps de préparer la table
et se retira.
En ce moment, le distrait fabuliste, dont les tou
chantes et naïves leçons de moralité se transmettront
d'âge en âge la postérité, le bonhomme La Fontaine
parut.
Sans voir aucun de ceux qui le précédaient dans la
salle, il alla s'asseoir près de la table qui supportait
le violon de Lulli et, la tête appuyée daus ses mains,
il resta pensif.
On se groupa autour de lui.
rieur avait en effet déclaré cette loi applicable
aux écoles d'adultes. Dans le mois de No
vembre 1866, il avait réclamé pour ces écoles
le eoncours du clergé. Mais M. le Cardinal et
MM. les Evêques ont attaché ce concours des
conditions inadmissibles ou n'ont pas répon
du. SeulM. l'Evêque de Tournai avait pro
mis son concours sans restriction ni réserve.
Une nouvelle lettre a été écrite M. le Car
dinal pour repousser les restrictions mises au
concours ecclésiastique, mais elle est restée
"Sans réponse. Cependant les droits que cette
loi de 1842 confère au chef du culte, ont pour
corollaires des devoirs qui s'étendent toutes
les institutions indistinctement et le ministre
de l'intérieur les a rappelés M. le Cardinal.
En présence du refus de concours du clergé,
on a demandé une modification au règlement
organique du lr Septembre, M. le ministre
de l'intérieur qui n'a pas cru pouvoir y con
sentir. L'honotable M. Rogier dont on invo
quait quelques précédents, ne crut pas devoir
se séparer du ministre de l'intérieur.
Obligé de trouver des successeurs ses col
lègues, on proposa M. le ministre des tra
vaux publics le portefeuille des affaires
étrangères, M. Eudore Pirmez, celui de l'in
térieur, et M. Jamar, celui des travaux pu
blics. Ils acceptèrent, ainsi que le général
Renard il remplace M. le baron Goetbals
qui avait donné sa démission de ministre de
la guerre, parce qu'il ne pouvait admettre les
modifications introduites par la section cen
trale au projet de réorganisation de l'armée.
Toutes les autres questions n'ont eu qu'une
influence minime sur la crise ministérielle et
il résulte de cet exposé qu'ayant été amenée
par une question spéciale, les ministres nou
veaux continueront suivre comme les an
ciens, la même ligne politique.
Boileau, toujours railleur, euvoya son épigramme
Mignard trouva que La Fontaine avait souvent tort
de négliger la réalité pour une fable
Chapelle pensa tout haut que quelques bouteilles
de vieux vin, absorbées chaque jour, donneraient plus
de verve au Bonhomme.
Tout eoup La Fontaine se leva, et sans paraître
étonné de se trouver en pareille compagnie
Bonjour, mes amis, dit-il, j'ai trouvé mes deux
derniers vers.
Enfin c'est bien heureux s'écria-t-on de toutes
parts.
Oui, j'ai fait une fable, dédiée Molière, et je
tenais essentiellement ce qu'elle fût terminée ce
matin même. Ecoutez-la donc.
Le Bonhomme récita la fable de Socratc faisant
bâtir, et qui finit par ces deux vers
Rien n'est plus commun qoe le mot,
Rien n'est si rare que la chose.
Molière lui serra la main avec enthousiasme Boi
leau garda le silence la fable fut trouvée presque
semblable la réalité, et Chapelle convint que l'eau
est parfois susceptible d'inspirer de bonnes choses.
(La suite au prochain Tirana de Sansay.