27* ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
OH DÉJEUNER DE GRANDS HOMMES
9,998. Dimanche.
2 Fevier f SCS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIUANCHE.
Chronique politique.
Ypkes, le lr février.
Mbssieurs,
LE PR06BËS
%i. §i"'oV ii A. -
VIRES ACQCIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond1 administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
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Les lettres et paquets doivent être affranchis.
La discussion de la loi sur la presse a commencé
hier au corps législatif.
S'il faut en croire le Mémorial diplomatiquele
cabinet de S' Pétersbourg aurait fait parvenir aux
gouvernements étrangers des déclarations d'un
caractère essentiellement pacifique. Loin défavo
riser dans la presse et dans l'opinion publique des
excitations de nature compromettre le maintien
de la paix, le gouvernement russe serait disposée
faire tout son possible pour calmer le mouvement
actuel et il espérerait être en mesure de calmer
l'agitation panslaviste et d'empêcher ainsi que
l'amélioration du sort des chrétiens d'Orient, qui
reste le buteonstaut desa politique, puisse donner
lieu des complications qu'il 9'eiïorccra loyale
ment de prévenir.
Nous souhaitons que les renseignements reçus
par le Mémorial diplomatique se trouvent bientôt
confirmés par les faits et notamment par une atti
tude moins hostile envers la France et l'Autriche
de la presse russe. En attendant, le Journal de S
Pétersbourg, dans son numéro d'hier, blâme vive
ment la reproduction par les journaux officieux
autrichiens d'articles hostiles la Russie, et dé
clare absolument mensongère l'assertion que la
Russie veuille autre chose que le maintien de la
paix. La Russie, dit-il, a agi avec sincérité et
désintéressement quand elle a appelé l'attention
des puissances sur l'état anormal de l'Orient. Elle
ne redoute point le développement des idées libé
rales en Autriche; elle ne veut nullement porter
atteinte la liberté et l'unité de ce pay9. L'unité
de l'Autriche est un fait accompli. Sous le rapport
de la liberté, la Russie est un état nouveau et n'a
pas la prétention d'être proposé comme un mo
dèle aux autres pays.
Une dépèche de Florence annonce que, selon
toutes les probabilités, Ce mariage du prince Hum-
bert avec la princesse Marguerite, sa cousine, aura
lieu eu avV'il prochain.
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR TURPIN DE SANSAY.
(Suite et fin).
V.
Deux figures se dessinèrent au fond, indécises de
se montrer, la vue de tant de monde.
C'étaient celles d'Antoine et de Madclon.
Sur un signe de Laforest, ils s'avancèrent avec ti
midité leurs yeux exprimaient l'étonnément.
Que désires-tu, mon enfant demanda Molière
Madelon.
Pardon, mon parrain, répondit-elle, mais je
venais vous chercher pour signer au contrat... qui se
dresse ee soir.
Et nous avons amené les villageois de la noce,
qui veulent vous remercier de l'intérêt que vous
prenez Madelon... fit Antoine lançant son pied en
arriéré, et tournant son chapeau entre ses doigts.
Molière alla au-devant des villageois ils entrèrent
le père Malhurin, la tête, présenta le contrat
Molière.
Il y manque quelque chose, dit ce dernier en
l'examinant.
Quoi donc demand èrent Mathurin et Madclon,
tremblants tous deux.
Un de nos concitoyens, M. Charles Roussel,
ouvrier marbrier, Paris, nous communique le
résultat de son appréciation, en ce qui concerne
la partie de l'exposition universelle relative sou
état, en nous priant d'insérer sou travail dans
notre journal.
Nous accédoos d'autant plus volontiers au désir
de M. Roussel, qu'il est généralement apprécié
comme uo ouvrier intelligent et, partant, très-
apte porter un jugement vrai sur ane matière
qui a fait chez lui l'objet d'une étude longue et
sérieuse, et que son rapport a surtout pour but
de combattre le mauvais goût qui, sous l'empire
de caprices inintelligents, de la routioe ou de la
spéculation, préside souvent la confection d'ob
jets qui ont une connexité intime avec l'art archi
tectural, des règles duquel on ne devrait jamais,
selon lui, s'écarter. Eu un mot, M. Roussel traite
le sujet qu'il aborde plutôt eu artiste qu'en ar
tisan.
A Messieurs le Président et les membres de la
Société des Beaux-arts de la ville d'Ypres.
Rapport sur la marbrerie.
La branche d'industrie que je représente ici comme
travailleur, et dont j'ai vous entretenir, est arrivée en
France et en Belgique un résultat tel que toute con
currence avec ces deux pays est impossible les grands
progrès qu'elle y a réalisés, l'importance qu'elle a su
conquérir, et l'élégance du goût qui la distinguent, la
mettent au premier rang de l'industrie européenne.
J'ai cru devoir la fois m'occuper dé ce qu'elle pré
sente d'intéressant, et rechercher les causes qui pour
raient arrêter ses succès. En conséquence, ayant as
sumé la mission de vous donner uu Compte-rendu èn
dehors de toute influence, j'ai l'honneur de vous en
voyer le présent rapport résultant des appréciations
que j'ai puisées l'Exposition universelle.
Il L
Molière, allant son bureauprit une bourse
brodée d'or dans laquelle il mit cent louis, cl pour
étiquette sur un earré de papier, ces mots A leur
filleule Madelon, le Tartufe, le Misanthrope et l'Avare.
Antoine et Madelon se contenaient peine, la joie
les étouffait.
Et les convives dormaient toujours.
Laforest, sur un nouveau signe de son maître pria
les villageois de se retirer un instant dans le jardin et
de ne rentrer que lorsqu'on les appellerait.
Ils sortirent, elle les suivit.
Molière passa alors sous le nez de chaque convive
un flacon de set d'alcali, et s'asscyani près de la
fenêtre, il se dissimula derrière un rideau et attendit.
Le premier qui leva la tête fut Mignard et comme
l'alcali l'avait presque dégrisé, la mémoire lui revint
il feignit aussitôt de dormir, pour n'élre pas obligé,
le premier, de rappler aux autres la promesse fatale.
Chacun leur tour, Boileau, La Fontaine, Cha
pelle, firent le même mouvement, et chacun leur
tour aussi éprouvèrent le même sentiment que Mignard.
Enfin, trompés l'un et l'autre par le sommeil simulé
de leurs voisins, tous levèrent la tête en même temps.
Molière, dans son coin, se mordait les lèvres jus
qu'au sang, pour ne pas éclater de rire.
Pendant quelques minutes, personne n'osa proférer
un seul mot.
je crois devoir vous donner d'abord un historique
sur notre corporation, et comparer le présent au passé,
afin de pouvoir juger des progrès accomplis, et d'indi
quer les améliorations possibles.
C'est au retour de la première croisadesous
Louis IX, qu'Êtieune Boileau prévôt de Paris, recon
stitua l'industrie de la marbrerie, on plutôt, transforma
en règlement de métier les usages et les coutumes qui
jusqu'alors avaient servi de loi dans ces temps reculés
le travail était peu considéré, tout reposait sur l'ini
tiative individuelle, circonstance qui empêchait la pro
fession de prendre son essor, aussi, jusqu'à François Ij
ne paraît-il pas que notre industrie ait fait de grands
progrès.
De François Ir Louis XIII la décoration et l'ameu
blement prirent une grande extension on fabriqua
beaucoup de grandes cheminées en marbre blanc;
rouge royal, S1 Rémy et Su Aune, d'un bon goût, et
qui sont encore aujourd'hui des modèles. Toutefois cei
produits étaient massifs, la construction en laissait
désirer, et l'intérieur était brut. C'est sous Louis XIII
que l'on a commencé scier les blocs de marbre eu
tranches, dans le but d'abréger le travail.
Sous Louis XIV la marbrerie fit de tels progrès, que
l'on conservé le nom de style Louis XIV, au style de
cette époque. A partir de ce temps, le progrès se sou
tint sans interruption.
Sous Louis XV l'art accusa une nouvelle forme le
convexe, les galbes et les contours gracieux donnant
plus d'élégance et de légèreté aux cheminées, les appli
cations de bronzes légers leur donnent un nouvel éclat.
L'époque de Louis XVI se distingue par un perfec
tionnement de compositions inconnu jusqu'alors les
cheminées pilastres appliqués sur un pan coupé, les
moulures mélangées de cuivre ciselé, et une profusion
d'ornements que l'on empruntait au célèbre Ruisner,
qui fit époque pour les meubles, rendirent la construc
tion plus légère et mieux faite.
La révofution et les guerres qui la suivirent amenè
rent une décadence complète dans notre industrie.
Ce fui Chapelle qui commença le feu en demandant
si le temps était beau.
Lulli reprit vivement qu'un tour de promenade
égayerait la société.
Chacun enfin cherchait détourner l'horrible
pensée, et eût voulu être fort loin d'Auteuil.
Où dirigeoDS-nous nos pas demanda La Fon
taine.
Cette question, dans la situation présente, était une
imprudence personne n'y répôndit.
Mais une voix qui sembla sépulcrale s'éleva tout
coup et vint glacer les cœurs.
Au point d'Auteuil dit la voix.
Et Molière, se dressant devant eux, apparut leurs
cerveaux brouillés par les fumées du vin, comme
l'ange de la mort annonçant la fin du monde.
N, i, ni, c'est fini... murmura Chapelle, mais si
bas que personne ne l'entendit.
Un indiscret, regardant sous la table, eût trouvé
que les jambes flageolaient horriblement. Êlait-cc d'i
vresse ou de peur?...
Eh bien, reculez-vous donc maintenant? s écria
Molière. Tout le village est assemblé sur la place pu
blique pour vous faire un cortège digne de votre
immortalité future.
Brrrou fi.t l'assemblée frissonnant d épou
vante.