27e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
W> 9,993. - Jeudi
G Février 1168
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
Les miracles de Noël
Rapport sur la marbrerie9 par M.
Charles Roussel (suite.)
LE PROGfttS
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Les lettres et paquets doivent être affranchis.
On lit dans la France: Hier, après le discours
•de M. Jules Favre et de M. Granier de Cassagnac,
l'émotion la plus vive s'est produite dans les cou
loirs de la chambre. D'après les bruits qiie nous
avons recueilli, cette motion était motivée par
cette supposition que le discours de M. Granier de
Gassagnac, paraissant être l'expression des senti-
inents d'une graade partie de la majorité, pouvait
entraîner le Gouveruemeut retirer la loi sur la
presse.
Les chambres italiennes ont été informées hier
par une communication officielle du gouverne
ment du mariage du prince Humbert avec la
princesse Maiguerite, fille du feu duc de Gènes.
L'Italie annonce que le général Dumont est at
tendu pour lundi Civita-Vecchia, et qu'aussitôt
-après son arrivée, l'une des deux brigades qui
-occuperait encore les États romains, se mettra en
mouvement pour retourner en France. La Corret-
jtotidance italienne assure même que deux Légales
sont également attendues Civiu-Vecchia pour
embarquer celte brigade.
La Nouvelle Gazette de St-Péler»bourg, s'il faut
eo croire une dépêche de cette ville, anuonce que
tous les bâtiments de guerre propres au service,
seront équipés pour une expédition l'Étranger.
On dit que le grand duc Constantin partira avec
toute l'escadre pour les côtes grecques afin de
rendre visite sa fille. C'est là une visite qui ne
manquera pas d'ouvrir le champ aux hypothèses,
quoiqu'à vrai dir e il ne puisse guère s'agir proba
blement que d'une démonstration pacifique, d'un
déploiement ad ottationem et jiornpatnpour
donner réfléchir la Porte.
On apprend de Washington que la Chambre
des représentants des Etats-Uois vient de voter
une loi qui déclare que les Etats naguères rebelles
ne peuvent encore préteudre un gouveruemeut
régulier et normal.
La Chambre prussienne a discuté le projet de
loi sur l'indemnité due aux princes dépossédés.
conte inédit
Par Eugène lllorct.
Allons, Catherine, active-moi ce feu-là, qu'avant
une heure on entende ici l'oie qui chante la broche,
les boudins qui rissolent dans la poêle, la galette qui
cuise dans le four et les marrons qui pétillent dans la
cendre. Voilà la nuit de Noël qui va commencer et
les convives ne manqueront pas.
Le docteur Wilfricld qui venait d'entrer, referma
vivemeut la porte, secoua son manteau plein de neige,
jeta son chapeau sur un escabeau de bois et s'appro-
chant de la haute cheminée, présenta ses mains toutes
rougies par le froid, la flamme déjà ardente du
foyer.
Quelle soircc, fit-il, il vente, il neige, horrible
temps.
Nos enfants n'en seront pas moins heureux, ré
pondit Catherine.
Pardiu, je l'espère bien. Il faut qu'il en soit
ainsi, Catherine, sans cela, vois-tu, la vie ne serait pas
possible. Puis l'enfance d'y regarde pas de si près.
Ypben, le 5 Février.
section française.
La maison Parfoury el Lemaire a fait, depuis quel
ques années, de grands progrès. M. Alex. Parfoury, qui
s'occupe spécialement de la direction, a droit une
bonne part d'éloges. L'Exposition de la maison Par
foury est admirable.
La cheminée Louis XIII en marbre rouge antique est
remarquable sous le rapport du style et du travail. La
sculpture en est d'une perfection hors ligne. La cheminée
Louis XIV en blanc statuaire, semble un peu lourde
comme ensemble, mais elle est d'une exécution qui ne
laisse rien désirer. La cheminée néo-grecque, en noir
fin de Belgique, est un chef-d'œuvre de marbrerie.
Elle est récompensée par la médaille d'or.
La maison Loichemolle a présenté l'Exposition une
cheminée Louis XIII, en marbre vert campan, d'un
aspect merveilleux, parfaitement appareillée, et d'un
travail de marbre très-soigné, mais qui laisse désirer
comme ligne d'architecture.
Elle a refusé la médaille de bronze, comme récom
pense.
Maison Guault La cheminée Louis XIII qu'elle a
exposée est d'une coupe très-difficile la grande va
riété de marbres qu'elle présente nuit beaucoup au sé
rieux qu'elle devrait avoir. Il est regretter que le
fronton soit lourd. La marbrerie en est parfaitement
traitée.
Cette maison a aussi deux cheminées Louis XVI d'un
très-bon goût, l'une en griotte, et l'autre en vert ma
rin, surmontée d'ornements en cuivre.
Elle est récompensée par une médaille de bronze.
Maison J. Louvet La cheminée Louis XV en griotte,
garnie d'ornements en cuivre qu'elle a exposée
prouve qu'elle a fait de notables progrès il y a une
élégance de dessin et un soin de travail qui lui assu
rent beaucoup de succès.
Une simple médaille de bronze en est la récom
pense.
La maison Duchesne et Cu, qui a eu plus d'impor-
C'est égal, vous en invitez trop, M. Willrield,
tout l'heure on ne va pas pouvoir s'entendre ici.
Laisse donc, laisse donc, plus on est d'enfants...
Oui, oui, vous êtes toujours comme ça, vous.
Et la vieille Catherine, tout en grommelant, une ha
bitude qu'elle avait contractée depuis l'année 1817, il
y avait quarante-cinq ans, prépara la grande table de
la nuit de Noël.
Quant au docteur Wielfricld, il monta sa chambre
faire un bout de toilette et quand il redescendit quel
ques minutes après, il était beau comme un astre.
Mazette s'écria Catherine votre beau gilet
fleurs et votre cravate ponceau.
Que veux-tu, Catherine, c'est ce soir une bien
grande fête et c'est bien le moins.
Votre tnrquoise et votre grosse chaîne d'or.
11 ne faut pas inspirer la misère.
Oh vous ne l'inspirez guère, la misère, et dans
le pays on vous croit bien plus riche que vous l'êtes.
Eh bien tant mieux, cela fait qu'on me demande
davantage.
La vieille Catherine leva les bras au ciel et le doc
teur eut un bon et franc rire qui réveilla tous les échos
de la grande salle.
tance autrefois, a exposé deux cheminées d'un style fin
Louis XIV, dont l'une est en marbre saurancolin,
et l'autrebrèche violet. Cette dernière est décorée
d'ornements en cuivre. Elles sont d'un bon goût
comme articles de vente, mais elles manquent d'élé
gance, comme style le fini, malgré la difficulté qu'of
frent la coupe ces sortes de marbres, ne laisse rien
désirer.
La maison Bex a exposé une cheminée en pierre de
tonnerre, genre renaissance, avec cadre pour glace, ri
chement décoré, et d'un admirable fini; il est re
gretter qu'elle manque d'ensemble, la simplicité ne se
marie pas avec le cadre.
Médaille de bronze.
Maison Landau et C", Sablé (Sarlhe), son exposi
tion renferme des produits de bonne vente et très-
soignés, par rapport au prix. La cheminée Louis III,
en marbre saurancolin de l'ouestest d'une simplicité
et d'un bon goût qui ne laissent rien désirer.
Récompense médaille de bronze.
La maison Galmieret fils, Marseille, est très-im
portante pour le commerce des inarbres. Elle a exposé
deux cheminées en marbre statuaire, dont l'une d'un
style Louis XIV, qui n'est qu'une bonne cheminée de
commerce, et l'autre, d'un genre Louis XVI, qui est
d'un bon ensemble cependant la sculpture manque de
style et de fini.
Maison R.-J. Colin, Éplnal. Exploitation de mar
bres et de granits. Elle a exposé les échantillons de ses
carrières, et une cheminée genre Pompadour en granit,
que l'on admire comme difficulté de matière. Ceci dé
note un grand progrès fait dans la taille de minéraux
aussi durs.
La maison Dervillct et Cu, marchands de marbres, a
exposé sept colonnes de différentes sortes de marbres,
qui prêtent beaucoup la décoration elles sont de six
sept mètres de hauteur, et d'une exécution admi
rable, grâce au tour.
La maison Baud, Penel el C'% Lyon, a une réputa
tion établie, cl cependant l'autel qu'ellè a exposé n'a
rien de distingué, il est d'un gothique du treizième
siècle, et d'une exécution très-ordinaire.
C'est que ce n'était pas un méchant homme que ce
docteur Willrield. Médecin de père en fils dans la con
trée, il exerçait depuis plus de trente ans dans le pays
et s'était fait la providence de ceux qui souffraient.
Soulager et consoler ses semblables était un don qu'il
tenait de son père qui en avait hérité du sien. Les
Wielfrield, depuis un siècle, avaient une réputation de
vertu et de bonté. C'étaient des gens simples, vivant
de peu et consacrant leur revenu pour de plus pauvres
qu'eux. Les Wielfrield sont rares par le temps qui
court, c'est peut-être aussi pourquoi ils n'eti étaient
que plus appréciés.
Il y avait un Wielfricld au collège de Metz, qui était
appelé un jour succéder au Wielfricld du jour. Celui-
là même que nous voyons si guilleret l'occasion des
fêtes de Noël, fêtes qu'il se disposait si bien consa
crer dans sa maison.
Mais peine ctait-il descendu qu'il fut rejoint par
nne belle jeune fille blonde comme les blés et souriante
comme un dimanche, qui vint lui toute joyeuse et
tendit ses lèvres son front blanc et clair.
C'était la fille du docteur, une Wilfrield par le sang
et par le cœur, l'orgueil et la joie de l'honnête homme.
11 était veuf, le docteur. Uuc maladie longue et dou-