27» ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
9 Février 1998
IV* 9,994. Dimanche 4
LE PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIHANCHE.
V,RES ACQD1RIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour I'arrond'administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00 INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0,15
Idem Pour le restant du pays 7-00 Idem Réclames idem0,30
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83. Les lettres et paquets doivent être affranchis.
Ypres, le S février.
Révision de la péréquation cadastrale.
Depuis bien longtemps et bien souvent on a
parlé de la révision de la péréquation cadastrale
tout le monde était d'accord sur ce point qu'à la
suite de cette opération, si elle était bien faite, le
montaot de l'impôt foncier serait réduit dans les
Flandres mais tandis que nos amis politiques, se
confiant en la loyauté de l'administration, espé
raient un résultat conforme l'équité, nos adver
saires, vrais prophètes de malheur, voyaient tout
en noir.
Il y a quinze ans environ, quand M. Vandeo
Peereboom, notre représentant, prenait la
Chambre, dans l'intérêt de ses commettants, l'ini
tiative des réclamations, l'effet d'obtenir la révi
sion du cadastre, quand il prouvait par des chiffres
irrécusables, que les Flandres étaient surtaxées,
les prophètes de malheur se riaient narquoise-
ment de ses efforts et proclamaient bien haut que
jamais les Flandres n'obtiendraient justice.
Plus tard,quand de vives etconstantes instances
eurent amené la législature décréter la révision,
les mêmes prophètes s'écriaient que l'opération
ne serait jamais terminée puisqu'elle était faite
avec partialité, dans l'intérêt des wallons, et qu'eu
tous cas le dégrèvement pour l'arrondissement
d'Ypres serait insignifiant. Les faits ont donné
«n démenti ces prédictions inspirées par un
esprit de malveillance politique la révision est
terminée et la contribution foncière sera basée en
1868 sur les résultats de ce grand travail.
Nous avons sous les yeux un tableau compa
ratif du montant de l'impôt foncier payé en 1867
et payer en 1868, dans les quarante-deux villes
et communes de l'arrondissement d'Ypres,et nous
pouvons constater que le dégrèvement qui
devait être insignifiant, s'élève plus de cent
vingt mille francs (120,000 fr.) en effet, pour
nctrearrondissement, le chtffrede l'impôt foncier,
perçu au profit de l'état, était fixé en 1867
fr. 540,592-86
Il est pour 1868 fr. 420,408-90
Donc une diminution de fr. 120,183-91
Cent vingt mille francs de moins payer par
an, est-ce là un dégrèvement insignifiant?
C'est une réduction en moyenne de fr.' 22.24
par 100 fr. ainsi un contribuable qui a payé en
1867 en impôt foncier t5o fr., n'aora payer en
moyenne que fr. 116-64 en 1868, nous disons en
moyenne, car la réduction est basée sur la valeur
actuelle des biens cette valeur n'a pas été, depuis
quaranteans, modifiée exaclementdaos les mêmes
proportions partout, le dégrèvement proportionnel
ne peut donc être le même dans toutes les com
munes. Toutefois ce dégrèvement proportionnel
variera peu. Nous publierons du reste inextenso le
tableau indiquant par commune le chiffre de
l'impôt exigé par l'État en 1867 et en 1868.
Mais, en attendant, qu'il nous soit permis de
demander aux prophètes de malheur ce qu'ils
pensent aujourd'hui de loutceci?Que c'est justice,
mais encore qui a obtenu qui a rendu justice Un
cabinet libéral. Que diront aussi nos adversaires
politiques, eux qui accusent nos amis au pouvoir
de, gaspiller les trésors de l'État et d'accabler sans
cesse les pauvres contribuables d'impôts nou
veaux? Nous leurs conseillons de se taire daNs le
cas actuel le silence est d'or.
Quant nous, nous pouvons dire une fois de
plus avec vérité aux populationa Accordez votre
confiance au gouvernement libéral, aux représen
tants libéraux, aux fonctionnaires libéraux, aux
administrations libérales. Vos intérêts ne peuvent
être confiés de meilleures mains.
Dans un récent article, nous concluions d'un
ensemble de faits établis: que la lutte du clergé
contre l'enseignement officiel tend de plus en plus
ouvertement se résumer en cette double ma
nœuvre
Refuser le concours du clergé aux écoles laï
ques pour l'enseignement religieux et prendre
texte de cette abstention toute volontaire pour ac
cuser ces écoles d'irréligion.
Qu'en agissant ainsi le clergé ne pouvait avoir
en vue le bien de la religion, puisqu'il vouait, de
son plein gré,l'incrédulité dont il prétend que
les écoles laïques sont infectées, tous les jeunes
gens qui les fréquentent; que le bien-être général
ne peut être davantage son mobile, puisque sa
conduite tend avouer l'animosilé des partis, au
lieu de les apaiser par la conciliation; et qu'en
dernière analyse, il nous semblait donc mettre la
prospérité de ses écoles lui, et sod influence di
recte sur la jeunesse, au-dessus des intérêts reli
gieux, et du bien public.
A ce sujet, le Journal d'Ypres, sans nous suivre
sur ce terrain bien dangereux pour lui, noua lance
de loin les vieilles accusations que nous l'avons si
souvent défié de justifier
Les établissements officiels sont, dit-il, pleins
de périls pour la foi de la jeunesse le rationa-
lisme y est la seule doctrine en honneur. Dès
lors, le prêtre ne peut donner, par sa présence
une enseigne religieuse un enseignement irré-
ligieux. Il doit donc leur refuser l'eau et le
feu, l'air et le soleil. Il faut qu'il les fasse dispa
raître pour laisser le champ libre son enseigne
ment lui.
Vous croyez qu'il justifiera les accusations dont
il accable les écoles laïques? qu'il prouvera no?
tamment que dans ces écoles, l'enseignement
de l'histoire démolit pierre par pierre l'eusei-
gnement religieux que le naturalisme et le ra-
tionalisme y président toutes les leçons.
Point. Il parle en oracle. Ce procédé sommaire
peut suffire ses lecteurs, mais quiconque en ap
pelle, pour s'éclairer, la discussion sérieuse, ne
s'en contentera pas.
Il a donc laissé debout tous les faits par nous
cités, comme aussi nos déductions. Nous n'avons
rien ajouter celles-ci quant ceux-là, nous
en consoliderons le faisceau en y ajoutant un fait
dont l'actualité déjà quelque peu usée, a été ra
jeunie récemment par le débat qu'il a soulevé la
Chambre.
Il s'agit d'Enghieo, et de la façon singulière
dont le cléricalissime Conseil communal de cette
localité, entend la prospérité deq écoles dont il est
le protecteur né et obligé, comme le sont toutes
les autorités quelconques des institutions laissées
leur sauvegarde.
A Enghien donc, l'administration est h ce point
absorbée par l'influence cléricale, que nous y
voyons M. le curé-doyen investi de la présidence
des Hospices civils, et M. l'abbé Tollez de celle du
Bureau de bienfaisance que le Conseil communal
compte dans son sein trois décorés d'ordres du
Pape, etc., etc. Bref, si les séances du Conseil
communal ne se tiennent pas encore la sacristie,
c'est tout comme.
Depuis 1844» i' y a Enghien une école com
munale de garçons dirigée par deux instituteurs
et une de filles, également dirigée dans le principe
par deux institutrices.
Une école de Frères de la Doctrine chrétienne,
et une de Sœurs de la Sainte-Unioo, vinrent s'éta
blir en face des institutions officielles. Celle des
tceura fut adoptée par la commune en i854;
celles des fières ne le fut jamais.
Les sympathies de l'administration enghien-
noise pour les institutions religieuses ne (ardèrent
pas se déclarer, au détriment des écoles commu
nales. Celle des garçons était dirigée en 1860 par
deux instituteurs très-respectables, trop res-
pectables même comme le disait, avec son
humour habituelle, M. le ministre Vanden Peere
boom, la séance du 21 Février 1862; car ils
a auraient figuré beaucoup plus avantageusement
a dans un hô;el d'invalides, qu'à la tête d'une
école communale.
A eux deux, iIs comptaient i63 hivers
Il fallut que le gouvernement mît la plus
grande insistance réclamer la retraite dé ces
deux vénérables pédagogues. Les négociations du
rèrent plus d'on an, et la raison qu'alléguait le
Conseil communal pour justifier sa résistance
était celle-ci que l'école communale n'était plus
nécessaire parce qu'il y avait une école de
Frères, n Quand lea deux vieillards furent
mis la retraite, le Conseil communal, laissant
bravement percer tout ce qu'il avait d'oreilles,
proposa la suppression de l'école, pour le même
motif. Il fallut cinq mois pour le décider nom
mer un nouvel instituteur.
Or, cette école si inutile, eu dire du Conseil,
compte, aujourd'hui qu'elle est sérieusement or
ganisée, 89 élèves, et cela malgré toutes les in
fluences qui la combattent.
Et pendant la longue crise qu'elle eut traverser,
M. le curé-doyen, inspecteur cantonnai ecclésias
tique, ne voulant pas donner une enseigne reli
gieuse une institution qu'il considère sans doute
aussi comme athée (quand on veut tuer une
école, on dit qu'elle est athée) M. le curé-
doyen ne vint la visiter qu'une seule fois, ce fut
pour prendre la liste des enfants pauvres qui la
fréquentaient, afin de les faire retirer dès le len
demain. Il refusait eq outre d'admettre la pre
mière communion les élèves de l'école commu
nale.
Quant l'école de filles, le mauvais vouloir de
l'administration commuoale, cette tutrice infidèle,
n'était pas moins apparent.
Une des deux institutrices, étant venue mou
rir, ne fut point remplacée; l'école en souffrit,
comme de raison. Ou ne laissa la disposition de
celle qui restait qu'un local insalubre et devenu
de moitié trop petit, vu le nombre des élèves, qui
de z3 qu'il était eu 1862, s'était élevé en 1867 a
83, malgré l'hostilité du clergé et de l'autorité
communale.
Enfin, le 25 Août 1867, décéda la dernière des
deux institutrices, et le Conseil communal, sa
chant par expérience que le gouvernement ne se
prêterait pas la supptessiou de l'école au profit