27» ANNÉE. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT, U ROSIÈRE DE LA RUE SAINT-DENIS. !V 8,SOI. Jeudi, Mars 1161 PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Chronique politique. LE P&OGRfiS VIRES ACQCIRIT ECNDO. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond'administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00 Idem Pour le restant du pays 7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinairefr. 0,1S Idem Réclames idem. 0,30 Les lettres et paquets doivent être affranchis. Le Moniteur français publie le décret portant pro clamation de la convention postule conclue le 22 Janvier 1868 entre la France et les Pays-Bas. L'examen des budgets pour 1869 est très-avancé au Conseil d'État. On considère comme certain que le projet de loi de finances comprenant l'ensemble du budget sera présenté au Corps législatif dans le courant de la semaine prochaine. Le projet de loi sur l'emprunt sera, dit-on, présenté en même temps, et le gouvernement demandera qu'il soit mis immédiatement «n délibération, sans attendre la discussion générale du budget. ■On assure que le projet de remboursement des obli gations mexicaines a été officiellement remis au Conseil ri'Êt9t et qu'il est l'étude. On croit qu'une enquête ■sera ouverte par le Conseil d'Étal auprès des personnes intéressées. Le prince Napoléon n'était pas encore parti hier pour Berlin. Mais on persiste dire que, chargé ou non •d'une mission politique, il se rendra certainement dans -cette ville. La clôture des Chambres prussiennes a eu lieu avant- Ihicr, comme on l'avait annoncé, et le télégraphe a transmis dans la soirée le texte du discours prononcé ,par le roi dans celte circonstance. Le Moniteur fran çais, en fait ressortir dans son bulletin le caractère pacifique et conciliant et appelle notamment l'atten tion sur ce dernier paragraphe: Dans ses relations •étrangères, mort gouvernement s'est constamment ap pliqué a user de son influence dans l'intérêt du main tien et de la consolidation de la paix européenne, et ■ses efforts, je puis le proclamer avec satisfaction, grâce l'esprit bienveillant et amical dans lequel ils ont été accueillis parles gouvernements étrangers, renferment 9a garantie du succès. Je puis donc exprimer la con viction que la confiance première si générale et bien fondée dans le développement des biens intellectuels et PAR FRANCIS TESSON. II Il existait en 1845, au coin de la rue du Ponceau et -de la rue Saint-Denis, une mansarde, et dans cette -mansarde une jeune fille... ou plutôt un oiseau ayant pris forme humaine. Dn malin au soir elle jetait aux quatre vents du ciel l'écho joyeux de sa gaieté. Elle avait dix-sept ans elle s'appelait Fortunée. Il y a des noms qui sont une ironie et qui mentent -cruellement a leursignificalion. Fortunée était peine âgée d'un an lorsque mourut -son père et, comme la tombe appelle la tombe, la ■mère au bout de quelques mois s'en fût sous la terre rejoindre son mari. Il ne restait pour famille l'orpheline qu'une pauvre vieille tante, infirme, qui pareille une lampe ■sans huile, s'éteignit un matin, laissant l'enfant l'abandon. Quelques -voisines, l'âme bonne, s'inquiétèrent de son sort. Grâce leurs soins, elle vécut et grandit. Le vent d'orage qui brise les vieux chênes, courbe ■sans l'endommager le roseau fragile. Des malheurs qui avaient assiégé son berceau, For tunée ne se souvenait plus... ou, si parfois l'image de srs parents morts se représentait sa pensée, celte matériels et du bouheur de la nation, produira les fruits désirés. La commission du Corps-Législatif chargée de com pléter cette loi a terminé son travail. Ses propositions ne sont rien moins que libérales. Elles ne dégrèvent les journaux politiques que d'un centime pour l'impôt du timbre et maintiennent, avec l'emprisonnement, de très-fortes pénalités pécuniaires. Reste savoir main tenant ce que le gouvernement décidera, tant sur lus questions réservées par le Corps-Législatif que sur celles dont il a été saisi par les propositions des jour naux réunis pour la défense de leurs intérêts. Le roi Louis I' de Bavière est mort Nice, hier matin, après une longue et pénible agonie, entouré de ses deux fils, les princes Luitpold et Adalbert de Ba vière. Monté sur le trône la mort de son père, le roi Max'milien Ir, en Octobre 1825, l'âge de 59 ans, le roi Lours abdiqua en 1848, en faveur de son fils aîné, le prince Maximilien. Il avait épousé, en 1810, la prin cesse Thérèse, fille du duq <lc Saxe-Altcobourg- Le défunt fut un protecteur éclairé et généreux des arts la ville de Munich lui doit sa prospérité et les splcn- dides monuments et collections d'art qui lui ont valu le nom d'Athènes allemande, Ïpkkn, le 4 Mars. La 'Députaiion de la Flandre occidentale vient d'obtenir deux nouveaux chevrons de la Cour vie cassation Ils illustreront l'étal de service des instruments de la mitre et de la crosse. Le monument d'ineptie édifié par cinq des fortes têtes iuvesties par la majorité cléri cale du Conseil provincial, de juger des ques tions électorales, a été anéanti par la Cour de cassation, sur le réquisitoire de M. le procu reur-général. La loi ne leur donne désormais plus le droit de décider au gré du caprice de leur maître image se montrait entourée d'une auréole, comme celles que portent au front les figures de la Bible, cl n'altérait-cn rien la sérénité de l'enfant. Il est un âge pour la joie comme pour In douleur. Ceux qui l'ont connue alors sont d'accord sur ce point qu'elle était joyeuse autant qu'on peut l'être, lorsqu'on a dix-sept ans, qu'on possède une jolie figure -et dix doigts infatigables au bout des bras. Son métier, car il lui fallait un métier pour ne pas mourir de faim dans cette immense ruche parisienne où elle se trouvait isolée, son métier était plein de charme-et de poésie. L'œuvre que faisaient éclore ses doigts était une œuvre joyeuse et qui avsit l'heureux privilège de ré jouir la fois le cœur et les yeux. Fortunée fabriquait des fleurs. Assise tout le jour, et parfois bien avant dans la nuit, devant sa petite table de bois de peuplier, elle façonnait ces mignonnes roses pompons qui rivalisent d'éclat et de fraîcheur avec les filles du rosier que le soleil de Juin-rougit dans nos par terres. Plus d'une grande dame, plus d'une marquise payait prix d'or le droit de mêler ses cheveux les fleurs charmantes créées par Fortunée. Et pourtant la pauvre ouvrière, malgré son assi duité, ne retirait qu'un bien malgré salaire de ses heures si laborieusement employées. Avant dépasser de ses mains sur la lêle de la grande et seigneur. A l'avenir, la règle de conduite lui est tracée e.l moins de s'insurger contre Ja loi, le Syllabui épiscopal restera sans écho. Une autre décision de la Cour de cassation vient d'orner d'uo bonnet d'âne les six pro duits de l'épiscopat inspirant la majorité du Conseil. Une nouvelle attribution a été con férée aux députations permanentes et le pré cieux collège qui fait le charme de la Flandre occidentale s'est hâté d'en abuser. Avant la loi de 1865, en matière de con tributions directes, le gouverneur, en cer taines questions, décidait sans recours. Nos lumières provinciales ont voulu faire du zèle et prétendent qu'elles ont le droit de ne pas tenir compte de l'expertise contradictoire et d'aggraver les impôts payer par le contri buable. Du reste, ce système n'est pas singu lier; il dérive directement de la façon de régir les Etats-Romains si florissants et qui consiste réduire les populations la besace. C'est un moyen très-gentil d'empêcher que les richesses ne tombent en des méchantes mains et engraissent la vigne ecclésiastique dont on a fait la vigne du Seigneur. De tous côtés, on signale une recrudescence d'ingérence du clergé catholique dans «les questions qui ne sont aucunement du do maine ni religieux, ni spirituel. Nous ne croyons plus devoir rappeler les paroles de l'évangile Mon roynume n'est pas de ce monde on nous traiterait de niais et non sans motif, car, nous laïques, nous n'avons pas eu l'énergie, ni la persévérance nécessaires, pour parquer dans d'étroites limites, l'action des milices romaines qui ont joué de tout temps dame, les roses pompons avaient subir plus d'une destinée. Fortunée travaillait façon pour une maîtresse fleu riste qui fournissait elle-mê.ne une modiste célèbre. Entre le consommateur et le créateur se plaçaient ces deux intermédiaires qui se partageaient le plus clair du bénéfice. Ainsi vont les choses d'ici bas. Quoiqu'il en soit, Fortunée modeste en ses désirs, bornée en son ambition, sans regrets pour le passé, sans soucis de l'avenir, n'en faisait pas moins retentir sa mansarde de ses rires et de ses chansons. L'habitude de fabriquer des fleurs avec de l'étoffe et du papier peint n'avait point éteint en elle le goût das fleurs naturelles. Au contraire. Elle possédait un jardin... dont elle était fière. A Paris où le terrain coûte huit cents francs le mètre carré, les .pauvres amoureux de la nature sont indus trieux et savent se construire peu de frais une nature factice. Donc Fortunée s'était fait un jardin... sa porte... ou, pour mieux parler, sa fenêtre, au septième étage. Un jardin suspendu Absolument -comme celte fameuse Sémiraniis, reine de Babylone dont nous a tant rebattu les oreilles le bon pédagogue qui fut confié le soiu de notre édu cation.

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Le Progrès (1841-1914) | 1868 | | pagina 1