27e ANNÉE*
0 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
Il RITE VIAGÈRE
Sf' ^811-. Jeudi 4
9 Avril 1S6S
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DHKANCHE.
Chronique politique.
Ville de Poperinglie.
LE PBOG&ÈS
TIRES ACfCIRlT ECtTOO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond* administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
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Le ministère anglais a subi an échec dans la
Chambre des communes. Ou sait que lord Stanley,
dans une précédente séance, avait demandé que
les déclarations proposées par -M. Gladstone fus
sent renvoyées l'examen du futur parlement.
M. Disraeli toutefois n'a pas renouvelé «elle dé
ni an de la séance d'avant-hier. Il a proposé seu
lement la Chambredes'ajourner après la séance,
ajoutant que, s» M. Gladstone obtenait la majo
rité, il demanderait que les propositions de l'ho
norable membre fussent disculées le 27 Avril.
C'était aller au-devant du vœu de la majorité. En
effet, aprè^ une discussion qui s'est prolongée jus
qu'à 4 heures du matin, la Chambre a rejeté
l'amendement de lord Stanley par33o voix contra
270. La proclamation de ce résultat a été accueillie
par des manifestations d'enthousiasme. Puis la
Chambre a adopté par 33o voix contre 272 une
proposition de M.Gladstoue de se former en co
mité, et elle s'est ajournée au 24 Avril.
A Berlin, M. de Bismark a eu aussi son déboire.
Dans la discussion de la proposition de M. Lasker
portant que les membres du Reichstag et les
Chambres allemandes ne sont responsables de
leurs discours parlementaires que devant l'assem
blée' dont ils font partie, M. de Bismark a déclaré
-qu'il s'efforcerait de satisfaire M. Lasker dans le
ressort du territoire prussien, mais qu'il ne croyait
pas qu'il fallût étendre l'application de cette pro
position tout le territoire de la confédération du
Nord, parce que les gouvernements fédéraux
pourraient la considérer comme une contrainte. Il
a ajouté que, d'ailleurs, la compétence du Reich-
stag, dans cette question, était douteuse. Malgré
-ces déclarations la proposition de M. Lasker a été
adoptée par 119 voix contre 63. Le parlement
•s'est ensuite ajourné jusqu'au 16 Avril.
tpres, le 8 Avril.
Samedi dernier, 4 Avril courant, un auditoire,
plus nombreux que decou tu me, se pressait dans les
salons de la Société de la Concorde, attiré non-seu
lement par l'excelîentemusiquedu lo^régjment di
rigée par son habilechef,M.Wa! bain,dont la modes-
s>ar E.-M. as LYDEN.
Dans le département de la Seine-Inférieure, entre
Fécamp, l'ouest Saint-Valery, au nord Ourville,
au midi, et Ermenonville, l'est, sur la Durdan ou
Durdent, se trouve une petite ville proprette, fraîche,
coquette, de 2,200 habitants, sans grands souvenirs
historiques, sans monuments, mais d'un charmant as
pect.
C'est Cany, pittoresqnement bâtie au fond d'une val
lée verdoyante, huit kilomètres de la mer.
Sur les bords de la rivière qui arrose et fertilise la
vallée, s'élèvent, abrités par de grands arbres, de
nombreux moulins, des fabriques d'builc de colza, des
filatures de coton, des tisseries de toiles sacs, qui
donnent au pays une animation pleine de gaité et la
population laborieuse le bien-étre.
Or, vers l'an 1817, une de ces usines, parmi les
moins importantes, était la propriété d'un honnête
lie égatele talent, mais encore par i'iutéressanlesec-
liou des Chœurs des caporaux et soldats dont la
direction est également confiée M. Walhain. Ces
chœurs ont marché avec un ensemble et une pré
cision remarquables et ont valu S cette jeune pha
lange de chanteurs de vifs applaudissements.
L'auditoire fut enlevé surtout par la vigueur avec
laquelle nos caporaux et soldats oui chanté Le*
Trompette* immortelle* qui ont fait vibrer tous les
cœurs patriotiques. Ce beau et légitime succès est
dû leur digne chef, M. Walhaiu qui, par sa pa
tience, son travail, son zèle et son dévouement,
parvient cet heureux résultat qui lui fait hon
neur. Samedi prochain un nouvel attrait sera en
core ajouté au programme de la dernière soirée
musicale. On entendra la section des Chœurs des
sous-officiers et nous osons leur prédire un succès
équivalent celui obtenu par les caporaux et sol
dats.
Notice snr le fameux procès soutenu par
Hl. Van Renynghe, bourgmestre-repré
sentant contre les boulangers de Popc-
rlngbe.
M. le bouryme*tre duquel émanait tordre de*
poursuites.-a été débouté elle* boulanger* acquitté*.
Le règlement de la ville de Poperinghe »ur la
boulangerie date du 29 Décembre 1R19. L'art r*
porte qu'à partir du 1'Janvier 1820, il ne pourra
plu* être confectionné pour la vente que du pain de
froment blanc, tant que tout aucun prétexte il
pui**e en être d'intermédiaire ou d'inférieur.
L'art. 2, ordonne que le* pains teronl fait* de
quatre prix différent* et invariable*, et il fixe ces
prix. Enfin l'art. 3 dit que le poidsera réglé
d'après les mercurialedes grain» vendu* au mar
ché de Poperinghe et qu'il doit être publié chaque
Samedi matin par le* soins de la régence. Telles
sont les principales dispositions du règlement.
Il est évident que l'art. 1 porte une atteinte for
melle la liberté de l'industrie de la boulangerie,
en faisant défense de confectionner tout autre pain
que de froment blanc.
Il est clair aussi qu'en ne déterminant pas les
espèces de pains auxquelles s'applique l'art. 1, le
Normand, ayant nom Jean-Pierre Ilaultot, homme
simple, fort estimé dans le pays, cause de sa loyauté,
de sa confiance en la bonne foi d'autrui et de sa dou
ceur envers les ouvriers.
Fils d'un contre-maître d'une grande fabrique de
Rouen, qui lui avait laissé quelques économies, Pierre
Hauttot n'avait reçu d'autre instruction que celle que
donne l'école; mais c'était un rude travailleur, un
garçon économe grâce sa bonne conduite, un petit
héritage aidant, il avait pu s'établir et prospérer, par
faitement secondé par sa femme, une ménagère modèle.
La famille Hauttot avait été nombreuse mais au
temps où commence notre histoire, elle ne se composait
que de trois personnes. Le chef, mademoiselle Hono
rine, sa filletfâgéc de vingt ans, et sa petite fille,
Léonie Hauttot, restée orpheline sept ans.
En moins de six années, il avait alors dépassé la
cinquantaine, M. Hauttot avait perdu, les uns après les
autres, coup sur coup, sa mère,sa femme, son fils aîné,
sa bru et un second fils, âgé de doute ans.
Cette suite de malheurs irréparables avait singuliè
rement affecté le moral du petit filatcur. L'énergie,
l'activité, dont il avait toujours fait preuve s'étaient
règlement embraase toutes les qualités, moins
de ne prétendre, qu'il n'est pas permis aux habi
tants de Poperiughe de consommer du pain qui ne
soit fabriqué avec de la farine brute.
La fixation de prix invariables a pour but de
permettre au consommateur de connaître le prix
au-deasus duquel il est défendu de vendre. Mais le
poids variant d'après les fluctuations des mercu
riales, il ne suffit pas de connaître le prix pour
s'assurer de la fidélité du débit. Afin de pouvoir
mieux faire le contrôle, M. le hourgmeatre (pro
bablement aidé par ses échevins) modifie le règle
ment en substituant des prix invariables, des
poids invariables et en modifiant hebdomadaire
ment les prix d'après les mercuriales. Mais cette
modification du règlement émanait d'un pouvoir
incompétent. Il n'appartenait ni M. le bourg
mestre, qui veut toujours être maître absolu et
qui tient peu compte des règlements faits par son
conseil, quand ceux-ci ne lui plaisent pas, ut
même MM. les échevins de réformer les règle
ments faits par le conseil communal sans l'inter
vention de cette assemblée.
Donc les bulletins publiés par la régence, quoi
que suivis en pratique, n'avaient pour les boulan
gers qu'une valeur conventionnelle, en réfutant de
s'y conformerles boulangers ue pouvaient pas sa
mettre en état de contravention. Mais là n'exis
tait pas le mal. Le légitime mécontentement qui a
surgi parmi les boulangers de Poperinghe et qui a
manqué d'amener noe grève et de jeter ainsi la
population dans un cruel embarras, doit sa nais
sance et son développement l'arbitraire qui a
présidé jusqu'ici la fixation des prix. Si l'intéiêt
des consommateurs exige la taxe de cette denrée
alimentaire, ce qui est très-contestable, on ne peut
pas sans injustice sacrifier l'intérêt du boulanger.
Dans la fixation des prix, il y a certaines règles
suivre et c'est précisément pour détruire les abus
qui s'étaient glissés dans cette branche importante
de l'administration, que l'arrêté royal dn 25 Jan
vier 1826 est venu régler celte matière.
Cet arrêté, afin de procurer d'un côté au con
sommateur une nourriture saine et bonne des
prix équitables, et d'autre part au boulanger un
bénéfice honnête et suffisant dans l'exercice de sou
presque éteintes d'enjoué, d'ouvert, d'affable, il était
devenu sombre, taciturne, morose. Sa petite fille, la
jeune Léonie, possédait seule le privilège, par ses ca
resses naïves et son gentil babil, d'amener sur ses
lèvres un sourire et dans ses yenx un rayon de vie,
ce dont se montrait jalouse la belle Honorine tante de
l'enfant.
Toutefois, une double pensée, celle d'établir sa fille
et d'élever l'orpheline, avait heureusement arrêté dans
son développement le découragement profond qui
s'était emparé de lui.
-- Ma tâche n'est pas remplie, se dit-il un jour, en
regardant Honorine toute songeuse, et Léonie qui
grondait sa poupée il faut ma fille un époux, et ee
chérubin UDe tendresse qui remplace celle de son pere
et celle de sa mère, tout la fois. Son rêve était de
marier sa fille quelque brave contre-maître qu'il as
socierait sa fabrication, et qui prendrait la suite de
ses affaires sa mort ou quand l'âge de la retraite au
rait sonné.
Et il s'arma dé couragé pour lutter contre son sort.
Mais marier mademoiselle Honorine Hauttot n'était
pas positivement chose facile. D'abord, la dot que pou-