M. Merghelynckqui quelques jours avant sa mort exprimait le regret, après avoir été pendant plus de vingt années membre de la commission des Hospices, de n'avoir pu voir son hôpital achevé. Les propriétés considérables des Hospices qui comptent plus de trente-quatre bâtiments ruraux d'importance diverse, étaient l'objet de son active et incessante surveillance. Beaucoup était faire pour faciliter l'exploitation de certains grands do maines ruraux. Les bâtiments sans être délabrés, étaient mal aménagés pour le service et par cela même ne donnaient pas l'occupeur le moyen d'en tirer le meilleur parti. Par des connaissances spéciales, acquises l'académie des beaux-arts, qu'il a fréquenté comme élève, M. Merghelynck parvint, i force d'études et de persévérance, mettre les vieilles bâtisses en rapport avec les né cessités d'une culture améliorée, et l'oo peut dire avec certitude que tous les bâtiments de ferme resteront dans le meilleur étal l'aide d'un entre tien ordinaire pour un demi siècle au moins. Devons-nous insister sur les services que cet homme si regretté a rendus en aménageant les propriétés boiséessi considérables des Hospices et d'un rapport autrefois minime, mais très-impor tant aujourd'hui? Nul ne se trouvait dans uue position meilleure pour rendre ces services im payables i une administration importante et qui fait l'honneur de notre cité. Nous devons glisser rapidement sur le rôle qu'il a joué l'académie des beaux-arts d'élève, il en est devenu directeur, et pendant longtemps, il fut le secrétaire de la com mission. Affable et bienveillant, connu de tous, il était estimé et aimé même de ceux qu'il devait quelque fois contrarier ou dont il ne pouvait accueillir les sollicitations. Aussi tous les habitants d'Ypres et de ses environs ont tenu cœur de lui rendre les derniers devoirs. Une foule immense remplissait le vaste vaisseau de la collégiale de S1 Martin, et au champ du repos, au milieu d'un auditoire at tendri, trois discours ont été prononcés, le pre mier par M. le baron Du Ruttemembre de l'administration dont le défunt était président, le second par M. le Bourgmestre au nom de la ville d'Ypres, et le dernier, en flamand, par M. Rottier», directeur de l'Orphelinat,au nom des établissements hospitaliers. Nous les reproduisons avec plaisir, par ce qu'ils prouvent l'évidence que les services rendus par l'honorable M. Merghelynck ont été unanimement affirmés et appréciés. Disror» de M. le baron Dn Hutte, membre de l'administration des Hospices. Messieurs, Nous accomplissons aujourd'hui un devoir bien pé nible es aceompagnant jusqu'à cette triste demeure les restes mortels de l'homme de bien dont la mort pré maturée est un deuil public une nouvelle et poignante douleur pour une famille trop souvent éprouvée, et pour ses nombreux amis une perte irréparable peur les institutions charitables de notre ville, auxquelles il a voué jusqu'à la fin de sa trop courte existence, une sollicitude tout-à-fait paternelle, et des soins actifs, que la mort seule a pu interrompre. Permettez-moi cependant, Messieurs, de prolonger un peu ces douloureux iustaDts, et de lui payer, au nom de l'administration des Hospices, on juste tribut de profonde reconnaissance. Arthch Merghelynck vous le savez, Messieurs, appartenait une famille d'hommes d'élite, qui n'ont que l'honneur et la loyauté pour guide, et chez lesquels le dévouement la chose publique est héréditaire son père faisait partie de la même administration où sa mémoire est encore vé nérée et, il y a quelques mois peioe, nous venions déposer ici les restes mortels de son frère bien-aimé, Monsieur Léopold Merghelynck, qui avait, lui aussi, mis toute son activité et les ressources de son intelli gence éclairée au service de l'administration commu nale de cette ville, et de l'Institution royale de Mes sines dont j'ai eu la triste mission d'être l'interprète. Après avoir terminé ses études au collège d'Ypres, Monsieur Arthur Merghelynck, suivant les inspirations d'une famille soucieuse de relever une institution émi nemment utile aux classes laborieuses, n'hésita pas prendre place côté des plus humbles artisans, l'Académie de cette ville il y suivit un cours d'archi tecture, où il acquit les connaissances théoriques qui devaient lui être si utiles pendant la trop courte durée de sa vie administrative. Nommé membre de l'administration des Hospices le ta Mai 1846, il mil ces fonctions toutes les res sources de son intelligente activité et apporta une ap plication consciencieuse l'étude des besoins divers des institutions charitables. D'un caractère droit et loyal la mauvaise foi et le mensonge l'indignaient profondé ment, et il fut toujours attentif ne pas s'y laisser prendre s'en rapportant peu aux rapports des agents subalternes, il voyait les choses par lui-même, et savait rendre justice qui de droit craint des mauvais ou vriers, il était aimé des bons il leur portait un intérêt cordial, s'employant volontiers leur être utile et leur procurer les moyens d'améliorer leur position juste jusqu'à la rigidité, aucune pression étrangère n'eut jamais la moindre influence sur ses décisions, en fait de secours accorder mais il savait au besoin tempérer ses refus par une bienveillante jovialité qui provoquait le sourire sur les lèvres de ceux-là même que son devoir ne lui permettait pas de satisfaire. En effetMessieursce qu'il y a de pénible dans la charge des dispensateurs de secours, c'est d'être trop souvent obligé de répondre par des refus des de mandes qui tendraient nuire leur juste répartition. Aidé d'une mémoire exceptionnelle et d'un remar quable esprit d'observation M. Arthor savait se rendre compte des antécédents et des devoirs de cha cun. Sous une apparente froideur, il cachait un cœur chaud et plein de sollicitude pour les souffrances des malheureux, ce cœur, Messieurs, tous ceux qui ont connu Arthur, ont pu l'apprécier et le personnel de nos établissements mieux que tous les larmes que je vois répandre en sont garants Nommé Président de l'administration, le 20 Janvier 1800, apiès la retraite de l'honorable Monsieur De Sluers, les qualités que je viens d'exposer ne firent que se développer de plus en plus M. Arthur Merghelynck devint en quelque sorte l'âme de l'administration, et acheva d'y consacrer tous ses instants. Célibataire, jeune, et la tête d'une fortune impor tante, on le vit renoncer aux distractions, aux plaisirs, et mener une vie laborieuse cl en quelque sorte austère, entièrement consacrée aux intérêts de l'administration; il se fit de nos établissements charitables une famille, laquelle il voua toute son affection, et dont il s'occupa, on peut le dire, jusqu'au dernier soupir. Eu effet, Messieurs, sa dernière pensée fut pour ceux qui avaient fait l'occupation de sa vie il a voulu que son souvenir restât vivant au milieu d'eux, et qu'une fondation l'hospice du Nazareth rappelai son nom la reconnaissance de l'avenir non content de cela, il a voulu, par le paiement d'une somme impor tante dispenser l'avenir les titulaires les plus indi gents, que l'administration en jugerait dignes, de l'obligation de fournir leur trousseau, ainsi qu'il a été stipulé par les fondateurs, afin d'empêcher cet établis sement, destiné au soulagement de la bourgeoisie, de changer de destination. Déjà presqu'envahi par la mort qu'il vit venir avec la sérénité de l'homme de bien, et la fermeté que donne le témoignage d'une bonne conscience, il a voulu s'occuper des détails des distributions qui doi vent se faire aux établissements et aux malheureux pendant ce triste jour il les a désignés nominative ment, avec recommandation expresse pour les plus pauvres, de sorte, Messieurs, que cet homme chari table, cet administrateur excellent est mort comme il a vécu, tout entier cette famille laquelle il s'était dévoué. Pourquoi faut-il que la mort soit venue nous enlever notre bien-aimé collègue la fleur de l'âge, au milieu de tant de travaux qu'il dirigeait avec uue activité in cessante Pourquoi faut-il qu'un mal incurable ait tari les sources d'une vie qui semblait devoir assurer long temps encore, nous tous, le bénéfice d'une existence utile Plein d'aménité, d'abnégation modeste, et de dé vouement la chose publique, AnTHOR Merghelynck a, par ses qualités solides, acquis en peu d'années la ma turité et les mérites d'une longue existence sa perle laisse parmi nous, Messieurs, un vide que rien ne pourra combler. Comme le travailleur diligent qui ayant terminé sa tâche, mérite de se reposer avant la fin du jour il nous a quitté pour un monde meilleur, où sa droiture, son amour pour la justice et de la vérité, trouveront un inépuisable élément. Recevez ici, bien-aimé collègue et cher Président, au nom de l'administration des Hospices, au nom de vos nombreux amis et de la ville d'Ypres toute entière, les adieux que nous vous adressons devant ce tombeau qui va recevoir votre dépouille mortelle. Votre perte est pour nous tous, un malheur irréparable. Votre souvenir restera vivant dans nos cœurs. Adieu Arthur Adieu Discoen» de M. le Bourgmestre, au nom de la ville. Messieurs, Il y a trois jours ce cri funèbre a retenti dans notre ville Le Président des Hospices est mort Ces mots allant de bouche en bouche, ont fait éclater des regrets universels. Ils ont surtout jeté la désolation dans les nombreux asiles ouverts aux déshérités de ce monde, que Mon sieur Arthur Merghelynck administrait avec la plus touchante sollicitude. Ces témoignages unanimes de regrets, nous dis pensent d'insister sur les mérites de celui qne nous pleurons. Nous nous bornerons dire qu'entré jeune encore dans la commission administrative des Hospices, Mon sieur Merghelynck s'y était fait remarquer de primo abord par son ardent amour du travail et par ses rares aptitudes administratives aussi lorsque la place de Président des Hospices devint vacante, ses collègues le désignèrent-ils, d'un voix unanime, pour succéder l'administrateur actif et dévoué qui, après une carrière militaire des plus brillantes, avait rempli, avec dis tinction, pendant plusieurs années, les fonctions de Président du bureau charitable. Sous la direction intelligente et sage de son nouveau Président, les différentes branches de la vaste admi nistration des Hospices n'ont pas tardé entrer dans une nouvelle ère de progrès et de prospérité. Les re venus des Hospices se sont accrus dans une très-large mesure et ces nouvelles richesses ne sont pas restées stériles entre les mains de l'administrateur éclairé. Elles ont surtout été employées au développement et l'amélioration des différentes institutions charitables appartenant aux Hospices. Partout, dans ces établissements on rencontre des traces du passage de l'honorable Monsieur Merghelynck et partout ces traces témoignent de son zèle ardent et paternel augmenter le bién-êlre des malheureux con fiés ses soins. Nous devons ajouter que tout en améliorant le ré gime intérieur de ces établissements charitables, il songeait également leur embellissement et rendait ainsi le séjour de ces asiles doublement agréable ceux qui, après une vie de labeurs, venaient y terminer paisiblement leur carrière. Ces utiles travaux destinés au soulagement des inva lides du travail profitaient en même temps aux ou vriers valides de tous les métiers. Aussi la triste nouvelle n'a pas seulement jeté le trouble et la déso lation dans les institutions consacrées la jeunesse et la vieillesse indigentes, mais elle a sncore vivement impressionné et elle a profondément affligé tous les travailleurs. C'est que l'honorable Président des Hos pices était essentiellement bon, compatissant, bien veillant et serviable pour tous Jusqu'au tenue de la vie il est resté tel qu'il s'est révélé en entrant la Commission administrative des Hospices L'implacable maladie qui l'entrainait vers la tombe n'a pu abattre ni son courage ni sou énergie m son ardent amour de l'humanité soffrante. Il est resté iné branlable sur la biêcbe et jusqu'à ses derniers instants, il s'est occupé, avec amour, des intérêts qui lui étaient si chers. Enfin, Monsieur Merghelynck est mort comme il a vécu le bienfaiteur des pauvres! Ses œuvres lui survivront et feront bénir sa mé moire par les âges futurs comme elles font l'objet de la reconnaissance de ses contemporains. Maintenant s'il est des consolations offrir sa fa mille éplorée, e'est le deuil public que sa mort a jeté dans la ville d'Ypres toute entière Ce sont ces pleurs qui coulent de tous les yeux C'est le souvenir de ses vertus et des services éminents qu'il a rendus pendant sa trop courte carrière. C'est la reconnaissance pu blique envers le membre d'une famille qui depuis plu sieurs générations a fourni la ville d'Ypres uue longue succession de magistrats et d'administrateurs des plus capables et des plus dévoués. Maintenant il nous reste adresser, au nom de la ville entière, un ultime et suprême adieu l'admini strateur bienfaisant, enlevé la fleur de l'âge, après avoir, pendant plus de vingt ans, consacré tous les trésors d'une âme dévouée, au soulagement de ses semblables. Le souvenir de ses bienfaits restera béni dans le cœur de ses concitoyens et Dieu qui est souveraine ment juste, lui réservera ses meilleures récompenses Adieu Arthur, Adieu Discours de VI. le directeur de l'orphélinat, Kotticrsau noui des établissements hospitaliers. Mijne Heeren, Het zij mij geoorlofd, in name van de gestiebten der Burgerlijke Godshuizen dczer stad eene laatste bulde toe te brengen aan den weledelcn Ileer, Arthur Mer ghelynck, onzen cerbiedwaarden Voorzitter, die door zijnc uitstekende dcugdcn en uitmuntende hoedanig- beden, ons aller achting en geuegenbeid in zoo hoo- gen graad verdiende. Ja, waarde ambtgenooten, onze bcschcrmer, ons aller vader is niet meer hij heeft het tijdelijke met het eeuwige vcrwisscld. Hoewcl wij ons sedert lang aan die droevige lijding verwachttcn, troffen ons eehter die nare, die koude woorden Mijtibccr de Voorzitter is dood

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Le Progrès (1841-1914) | 1868 | | pagina 2