nouvelles diverses. M. le ministre des fioances a déposé un projet de loi autorisant le gouvernement disposer des terrains militaires de Charleroi et démolir, s'il y a lieu, les fortifications de cette place. Un crédit de 5 00,000 fr. est demandé 4 cet effet. Il se passe 4 Anvers des choses de la plus haute bizarrerie. Aux termes de l'article 69 de la loi communale, tout habitant peut prendre communication, sans déplacementdes délibérations du Conseil com munal, 4 moins que le Conseil ait décidé que cette délibération restera secrète pendant an temps déterminé. Cette décision n'ayant pas été prise quant 4 une délibération du aS Avril dernier, relative la statue de Léopold lr, un journaliste de la localité, M. Harry Pelers, s'est présenté an secrétariat de la ville pour recevoir communication de ladite déli bération. Le secrétaire communal ayant déclaré qu'il de vait en référer au collège, M. Peters s'est fait accompagner par un huissier qui a sommé en due forme la ville d'Anvers, parlant au secrétaire communal, en l'absence du bourgmestre, de com muniquer sur le champ son requérant la déli bération du Conseil. Le secrétaire ayant persisté 4 dire qu'il en réfé rerait au collège, l'huissier instrumentant a acté cette réponse sans aucune reconnaissance préjudi ciable, et la prenant pour un refus de satisfaire 4 la sommation, il a protesté tant contre ladite ville d'Aovers que contre le bourgmestre personnelle ment, de Soo fr. de dommages-intérêts, sans pré judice 4 tous autres dommages 4 souffrir. Et pour que la ville d'Anvers n'en ignore, l'huissier lui a laissé a en la personne et parlant comme dessus, le double de son exploit. Dont acte 4 Anvers, date que dessus. Coût deux francs 5o centimes l'exploit seul. L'Opinion, en rendant compte de cet exploit, annonce que M. Peters a déféré la violation de la loi commise par l'administration communale, la Députation permanente, et qu'il a la ferme in tention de pousser celte affaire jusqu'4 ses der nières limites. Ce brave roi Théodorosque ses excentricités avaient rendu presque ridicule, est devenu le lion du jour, grâce 4 sa mort béroïqne. Sur le point d'être pris par les Anglais, après une résistance désespérée, il s'est fait sauter la cervelle d'un coup de pistolet. Dans quelques jours le négus d'Abyssinie sera ou blié, et pourtant peu s'en est fallu qu'il n'ait été un de ces conquérants qui laissent leur trace dans l'histoire. Parti de rien il s'était élevé au trône par son seul mérite. Comme Romulus, il avait commencé par être chef de brigands. Pendant que sa mère vendait pour vivre une espèce d'herbe purgative nommée Kousso, lui courait sus aux uns et aux autres et réalisait d'assez beaux bé- Honorine se laissait aller 4 ses penchants frivoles, 4 son caractère égoïste sans la plus petite réserve, ce dont elle se trouvait bien quant aux intérêts de son père, elle s'en rapportait 4 son mari, sans s'en in quiéter. Honorine, 4 vrai dire, n'avait pas conscience de ses mauvais procédés, et c'était le plus naïvement du monde, et presque en bonne foi, qu'elle répondait aux personnes qui lui demandaient des nouvelles de M. Ilauttot Ce cher père se porte 4 merveille il vit heureux et tranquille la campagne, autant par goût que pour cause de santé. La vie agitée que nous lui faisions me ner 4 Paris ne lui convenait pas Lconie écrivait deux fois par mois 4 son grand*père, mais celui-ci avait bien compris le sentiment de jalousie qui séparait la tante de la nièce, et il se serait bien gardé de se plaindre, de peur de voir Léonie prendre ses intérêts, ce qui aurait infailliblement augmenté l'antipathie d'Honorine, de telle sorte que la jeune fille croyait le vieillard satisfait. Cependant l'hiver touchait 4 sa fin et personne n'avait rendu visite au pauvre exilé. M. et M*1 d'Olle- bcc trouvaient toujours mille bonnes raisons pour ne pas faire le voyage, et le printemps arriva. Comment s'y prit-on pour laisser écouler les beaux mois sans apporter au vicillurd une caresse cela néficcs. De chef de brigands on devient très-vite chef de partisans, c'est obligé. Fra-Diavolo, s'il eut vécu de notre époque, se fut mis au service de François II. Or, quand on est 4 la tête d'un parti, rien n'empêche de se proclamer roi. C'est ce que fit notre héros, ennuyé de détrousser les passants et de s'appeler Kassa. Le voilà donc Négus d'Abyssinie, sous le nom de Théodoros. Son premier soin est de se fabriquer une généalogie. Le d'Hozier de l'endroit se met 4 l'ouvrage et prouve clair comme le jour que son gracieux maître est issu des amours de Salomon et de la reine de Saba. Il renoue la ehaine interrompue, explique les vicissi tudes de la fortune, et pour ce beau fait est nommé premier chambellan. Certains officiers de l'armée qui se rappellent s'être purgés autrefois avec le Kousso de la mère Kassa, prennent la chose en riant et font des gorges chaudes sur les prétentions généalogiques de leur souverain. Ce dernier les invite 4 dîner et pour tout potage leur fait manger de la bouillie de Kousso. Les malheureux se tordent dans d'atroces coliques, pendant que des soldats les entourent, le sabre nu, et que le Négus rit silencieusement dans sa barbe. L'orgueil de Théodoros ne connaît plus de bornes. Il rêve d'asservir la vieille Europe et écrit 4 l'Empe reur de Russie pour lui proposer de se partager le monde. Comme il est fervent chrétien il projette de prendre Jérusalem pour capitale. Mais son coeur s'éveille il a entendu parler de la reine Victoria, on lui a dit qu'elle était très-belle, qu'elle avait beaucoup d'enfants et qu'elle faisait des livres. Cela l'enflamme et il la demande en mariage. Refus humiliant. Il se met alors dans une violente colère, jure qu'il ira cher cher la reine yictoria jusque dans Londres, et en atten dant il jette en prison le consul anglais, M. Cameron, le condamnant au Kousso perpétuité. Pour amortir les feux de la concupiscence, il emploie tous les moyens connus. Il gravit en courant de hautes collines, pied, suivi de sa garde essoufflée. Rien n'y fait l'image de la reine Victoria l'obsède. Il veut alors épouser une jeune fille de sa cour, belle comme un soleil. Mais celle-ci, nouvelle duchesse de Gcrol- stein, aime un robuste grenadier qu'elle a entrevu un jour la parade. Elle refuse le Négus. Celui-ci, irrité, lui fait couper le nez et les oreilles. Le beau grenadier et l'armée tout entière font entendre un cri d'indigna tion. Théodoros prend un pistolet, casse la tête au grenadier, puis se croisant les bras sur la poitrine, il traite ses soldats de crétins et de lâches, les défiant d'oser l'attaquer Éblouie de tant d'audace, l'armée se met genonx et lui demande sa bénédiction. Mais la nouvelle du désastre de M. Caméron arrive 4 Londres. Jalouse de venger cette insulte, curieuse de plus de connaître son farouche adorateur, la reine Vic toria envoie une armée en Abyssinie, avec sir Charles Napier en tête. Il a ordre de prendre le Négus vivant et de le photographier. Les Anglais débarqués, en gens pratiques, commen cent par s'emparer de quelques ports utiles pour leur commerce, puis s'avancent 4 marches forcées vers serait fort difficile 4 expliquer, mais tant fut-il que de prétextes en motifs spécieux, tantôt cause de son déménagement, tantôt cause de sa santé, une autre fois 4 cause de l'état de souffrance de son mari, plus tard en raison des nombreuses occupations de celui-ci, Honorine trouva moyen de s'abstenir, et, quand vint la saison pluvieuse, elle annonça que, devenue en ceinte, il lui était de par la faculté interdit de voyager, mais qu'au moment de sa délivrance on le ferait venir. Tu seras bien mai, lui disait Honorine en termi nant, attendu que je n'ai pu trouver un appartement où tu puisses avoir ta chambre, et nous serons obligés de te faire un lit dans la salle 4 manger, mais une hui taine est bientôt passée, et le plaisir que nous aurons 4 te voir, compensera largement le dérangement que cela nous occasionnera. Ainsi il n'y avait plus 4 y revenir. L'arrêt était pro noncé M. Ilauttot devait rester définitivement séparé de ses enfants, et sa vieillesse devait s'écouler dans l'isolement et dans la gêne dans l'isolement, car, re devenu plus sombre que jamais, il ne voyait personne dans la gêne, car monsieur son gendre était loin de lui servir régulièrement sa pension. En dix-neuf mois on ne lui avait envoyé que onze cents francs. Ce n'était pas positivement par mauvais vouloir que M. d'Ollchec manquait ses engagements mais il lui arrivait parfois, au milieu de ses spéculations hasar» Magdala, forteresse située au cœur de l'Abyssinie, sur un plateau entouré de marécages, et où le Négus s'est enfermé avec ses fidèles. Son but est de laisser les fièvres décimer ses ennemis, puis de faire une sortie vigoureuse. Hélas il a compté sans la ténacité des An glais. On leur ordonnerait de prendre la lune, ils se mettraient en route et arriveraient 4 leur but. Eu dépit des marais, en dépit des fièvres, ils atteignirent Magdala et organisèrent le siège. Ce voyant, Théodoros se tire un coup de pistolet, afin de ne pas tomber vivant entre les mains des ennemis. Sans doute il avait de grands défauts, il était gro tesque, vaniteux, cruel, mais ce n'en était pas moins un homme de premier ordre. D'une vive intelligence, courageux 4 l'excès, il était coupable d'entreprendre de grandes choses et de les mener 4 bonne fin. S'il eût vécu, il eut peut-éire régénéré une partie de l'Afrique. L'Abyssinie, qu'il avait tirée de l'obscurité, re tombe avec lui dans la nuit. Parmi les unions consacrées hier matin l'hô tel-de-ville d'Anvers se trouvait un fiancé dont la jalousie n'était pas, paraît-il, le moindre de ses défauta. Mariage et noce eurent lieu néanmoins et tout alla bien jusqu'après le repas qui avait eu lien dans un établissement près de la station de lierchetn, renommé pour ce genre de fêtes. Pour activer la digestion, sans doute, quelques invités s'étaient répandus daos l'avenue longeant le che min de fer, et témoins, voire même la fiancée, se livraient 4 de joyeux ébats. Honni soit qui mal y pente. Nous ne voyons pas qu'il y avait là de quoi s'offenser. Il n'en est pas moins vrai que lorsqu'on se réunit pour le départ, le fiancé trop jaloux s'était éclipsé. On ne savait ce qu'il était devenu, lorsque hier matin une lettre arrivée aux parents leur apprit que le nouveau marié avait pris la statioB de Berchem un coupon pour Bruxelles et avait signé, 4 l'heure qu'il était, un engagement pour l'armée papale. On écrit de Bruxelles: Hier, un chien 4 poils roux, qui offrait tous les symptômes de la ragea parcouru le boulevard depuis la porte Louise jus qu'à la porte de Hal, pendant le Loogcharops, an grand effroi des promeneurs. L'agent de police Mertens, aidé du fontainier de la 4'division, l'a tué d'un coup de sabre. Le cadavre du chien ayant été transporté 4 l'école vétérinaire, l'autopsie a été faite et a constaté qu'il était atteint de la maladie 4 un degré assez avancé. M°" V. D. M., rue du Congrès, Anvers, est accouchée Samedi soir de quatre filles jumelles. Ces enfants sont venus au monde en moins d'une demi heure, vivaient hier midi, et, ainsi que la mère, se portaient merveille. A la suitedu movement fénianisle, l'effectif de la police anglaise est devenu beaucoup plus considé- deuses, de n'avoir pas chez lui assez d'argent pour ac quitter ses dettes, sans préjudice pour sa maison puis, l'échéance passée, il négligeait de payer l'arriéré, trouvait une excuse 4 ses propres yeux dans les besoins restreints de son beau-père. Il faut si peu pour vivre 4 Cany, se disait-il et cette réflexion, véritable capitulation de conscience, le mettait en repos. La perspective d'être de nouveau grand'père adou cirait pour quelque temps l'amertume du chagrin de M. Hauttot, mais bientôt il retomba dans ses humeurs noires, et ses voisins en prirent une sérieuse inquié tude. Son acquéreur surtout s'étonnait de l'espèce de misère dans laquelle vivait le vieillard, et n'osant pas le questionner directement, il s'en ouvrit 4 maître Prudent, le notaire fécampois qui avait rédigé l'acte de vente et le contrat d'Honorine. L'officier ministériel avait fait de vains efforts pour empêcher M. Hauttot d'accomplir l'imprudent sacrifice dont il avait aujourd'hui 4 souffrir. C'est que le loyal notaire savait que, la plupart du temps, ees actes de générosité sont fort mal reaonnus par ceux qui en pro fitent. Maître Prudent avait d'autant plus insisté dans celte circonstance qu'il connaissait toute la vie honnete et laborieuse de son vieux elienl, et qu'il professait pour lui la plus grande vénération. (La suite au prochain n"). E.-M. de Lyden.

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Le Progrès (1841-1914) | 1868 | | pagina 2