6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
POURQUOI RTAIMEZ-VOUS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
8,831. - Jeudi,
28e ANNÉE*
18 Juin «Ml
LE PROGRES
VIRES ACQ01R1T EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour Pnrrond'administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire
Idem Réclames idem.
Les lettres et paquets doivent être affranchis.
fr. 0,t5
0,30
La prince Napoléon est parti de Vienne pour
Prague, après avoir reçu la visite d'adieu de l'em
pereur et celle de M. de Beust.
On continue démolir les forts avancés de la
place deLaudau,que les traités de i8i5 ont obli
gés la France de céder la Bavière. Les partisans
que la Prusse a en Bavière ne voient pas plus d'un
bon œil, assure-t-on,ces démoli lions et ils affectent
de répéter que le cabinet de Munich aurait, en
cette circonstance, cédé la pression de la France.
Les dernières nouvelles de Belgrade, annoncent
que l'enquête judiciaire relative l'assassinat du
prince Michel, se poursuit activement. C'est au
jourd'hui qu'a lieu la cérémonie des funérailles.
La Skonptchina est convoquée dans un délai de
vingt jours, Topcidéré, près la Belgrade.
On parle de l'intention qu'aurait le gouverne
ment français de provoquer une conférence des
puissances garantes dans la question orientale,
pour assurer le maintien de la tranquillité en Ser
bie et pour empêcher une compétition regrettable
des influences autrichienne et russe qui se trou
vent en contact direct dans ce pays. Nous ne sa
vons jusqu'à quel point ce bruit est foudé, mais il
n'a rien en soi d'invraisemblable.
Noam apprenons que le Roi feraau
mois d'Août prochain, la ville d'Ypres,
la visite de Joyeuse entrée qne 8. M. a dû
ajourner par suite de tristes circon
stances. Si nous sommes bien informés,
c'est le 3 du mois d'Août (le Lundi de notre
l'été communale) qne le Roi visitera notre
ville. La grâclense détermination de S. AI.
prouve qne la préciensp santé de S. A. R.
le Comte de Rainant et Dnc de Brabant est
complètement rétablie et pour ce motif
eucore, la nouvelle delà résolution du Roi
causera une joie bien vive et bien légitime
an* populations de notre YYcstRandre.
I. (Suite.)
Il était dix heures du matin et l'ouvrière commen
çait les préparatifs de sa toilette, lorsque le père Jéré—
mie entra dans sa mansarde, une lettre la main.
Amélie prit la lettre qui était affranchie et qui por
tait le timbre de Nantes.
Ilutn Iiuin fit le portier en désignant d'un œil
malin la fraîche robe de j.iconas étalée sur le lit, il pa
raît que nous voulons sortir de cage aujourd'hui, ma
charmante prisonnière
Où est le mal demanda sèchement la jeune fille.
Il n'y a pas de mal, au contraire, reprit l'hoinmc
du cordon le mal, c'est que les commis en nouveautés
sont de rusés compères,
Je me moque pas mal des commis en nouveautés.
Pas si haut, pas si haut, donc M. Agénor pour
rait vous entendre.
Que m'importe 7
Suffit, suffit bon entendeur, salut.
L'ouvrière, ces mots, avait rembruni son joli vi
sage. C'était la dixième fois pour le moins que le por-
1 r faisait devant elle allusion i) sa liaison avec Agénor.
Ypres, le 17 Juin.
La polémique cléricale, la veille de l'élec-
lioo du 9 Juin, a été moins violente qu'à l'or
dinaire, on a élé plus sobre de personnalités
contre MM. Yanden Peereboom et Beke. Le
Journal d'Ypres aurait-il compris que la
violence de langage et les injustes attaques
sont des armes dangereuses^ pour ceux qui
les manient Mais
Chassez le naturel il revient au galop.
Aussi notre confrère et voisin, l'élection
terminée, reprend-il ses mauvaises habitudes,
et dans sa chronique locale du 13 Juin, il fait,
sur un vieux thème, les variations les plus
bouffonnes.
On comprendra facilement que nous ne
suivrons pas le Journal dYpres sur ce terrain,
il nous serait bien facile pourtant de rire
quelque pet» notre ttmr; certain vicaire qui
semble avoir plus de vocation pour être baes
que pour exercer un ministère de paix
certain haut personnage (baut de stature)
qui souffle les lampions qu'une main bienveil
lante avait allumés et mille autres farceurs
nous fournissent une matière abondante
plaisanterie. Nous laissons volontiers au Jour-*
nal d Ypres, moniteur spirituel de l'épis-
copat, le monopole des injures et des plaisan
teries si bien méditées et élaborées dans les
sacristies, b ailleurs le bon Alphonse, Pépin
le Bref, Maurice de Saxe, le grand, etc.,
etc., n'ont pas besoin d'être défendus et ils
sont les premiers rire de bon cœur des joy-
euselés assez équivoques du reste que le dépit
dicte aux cléricaux.
Rira bien qui rira le dernier.
Que vous ai-je donc fait, père Jérémic, dit-elle,
pour me taquiner de la sorte vous devenez vraiment
d'une méchanceté insupportable.
Faites excuse, mademoiselle, fit l'homme du cor
don, mes paroles étaient pour la bonne cause, enais du
moment qu'elles vous causent de la peine, suffit. Puis
il ajouta en se retirant, en manière de monologue
Quel malheur une jeunesse si sage, si labori
euse, si rangée Et dire que ce grand vaurien d'Agénor
se vante dans tout le quartier de l'avoir pour maîtresse
Fiez-vous donc aux apparences!
Amélie cependant se disposait rompre le cachet de
la lettre qu'elle venait de recevoir, lorsque le portier,
qui avait descendu quelques marches, revint sur ses
pas.
J'avais oublié le plus important, fit-il il y a en
bas, dans ma loge, un monsieur qui vous demande.
Ah
Que dois-je lui dire
Dame! ça dépend. Quel genre de monsieur est-ce?
Pcuh une sorte de paysan ça a de la barbe,
de grands cheveux, une culotte grise, une veste de
drap bleu et un chapeau de feutre du temps de Mathu-
sftlem.
Un paysan Il ne vous a pas dit son nom
Le caleçon rouge d'un matador semble
avoir fort scandalisé la jolie servante de M. le
vicaire qui s'est empressé sans doute de
faire rapport du fait son principal. Le
rouge pourtant ne devrait pas tant offusquer
les cléricaux dernièrement encore l'évêqae
de Liège faisait coalition amicale avec les
rouges et s'avançait vers l'urne électorale avec
un rouge, la main dans la mainAprès
tout la colère des cléricaux, la vue d'un
caleçon rouge, ne nous étonne pas trop
les dindons ont toujours cette couleur en
horreur.
Le Journal d Ypres ne pouvant nier le
triomphe de M. Van Merris, essaie de prouver
qu'il a élé obtenu par des manœuvres dé
loyales il prend même partie trois hono
rables membres du Conseil communal qui, en
leur qualité de scrutateurs du premier bureau,
ont sainement appliqué la loi du 19 Mai 1867
et notamment le lr de l'art. 6 et le 2 de
l'art. 7.
Voici ces deux paragraphes
Art. 6. Les candidats ne pourront être désignes que
par leur nom de famille, prénoms et profession. Les
qualifications de sénateur, représentant ou conseiller
sortant pourroal suivre ou remplacer l'indication de la
profession
Art. 7. Sont nuls
2° Les bulletins portant d'awtrss désignations que
celles qui sont autorisées par l'article précédent,
moins qu'elles ne soient indispensables peur distinguer
les candidats de personnes qui auraient les mêmes
noms, prénoms et profession.
Le Journal d Y près prétend que le mot
de profession doit s'appliquer aux personnes
revêtues d'une fonction publique un
bourgmestre par exemple, et que par consé
quent les billets qui portaient: Charles Van
Renyoglie bourgmestre, ou Pierre Beke,
Si fait, mais je l'ai oublié.
-—Voyons, cherchez dans votre mémoire, père
Jéréinie.
C'est inutile, ma chère locataire, ma mémoire
ressemble aux fillettes c'est un nid où l'oiseau ne
revient pas une fois qu'il s'est envolé.
Eh bien faites le monter, père Jérémie, s'écria
In piqueuse de bottines afin de couper court aux ré
flexions saugrenues du portier.
Un paysan qui peut-il être murmura-t-elle
machinalement, en déchirant l'enveloppe de la lettre
qu'elle avait reçue.
La lettre portait le cachet de Nantes.
11.
Le paysan "dont le père Jérémic venait de faire un
portrait si peu flatteur entra en ce moment dans la
mansarde.
Bonjour, cousine, cria-l-il du plus loin qu'il
aperçut Amélie puis, avec uii bon rire franc cl so
nore, il courut elle, la prit dans ses bras comme un
père qui revoit une fille longtemps absente, et appliqua
sur les joues pourprées de l'ouvrière deux vigoureux
baisérs.
C'est toi, Pierre, mon bon Pierre dit Amélie,
qui riait et pleurait la fois.