6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
i' 8,839. Jeudi,
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DEHANCHE.
Chronique politique.
LE BUREAU DE POSTE
K
28» ANNÉE.
f Juillet 1869.
IE PROGRES
TIRES ACQDIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond'administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 85.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire
Idem Réclames idem.
Les lettres et paquets doivent être affranchis.
fr.
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0,30
Le Moniteur fronçait continne garder le plus
absolu silence sur l'Espagne. Le télégraphe parle,
il est vrai, mais il ne nous apprend pas grand'
chose. Il nous dit t° que la Gazette officielle de
Madrid publiait hier plusieurs décrets concernant
les changements de commandements militaires
dan9 les provinces, déjà annoncées par les jour
naux 3° que les généraux arrêtés sont arrivés
leur destination l'exception de ceux qui doivent
être embarqués pour les Canaries. Quant au duc
de Montpensier il a dû partir seulement aujour
d'hui. On reste la tranquillité n'a été troublée nulle
part ni Madrid ni dans les provinces.
C'est M. Delmas qui a été nommé rapporteur
au corps-législatif de la commission relative
l'emprunt destiné améliorer le cours du Danube,
et garanti solidairement par les cinq grandes puis
sances de l'Europe.
On assure que M. Pinard, ministre de l'inté
rieur, se rendra Plombières pour y rester auprès
de l'empereur, aussitôt que les projets de loi le re
levant de son administration, serout votés par le
corps législatif.
D'après un autre bruit, l'empereur prolongerait
son séjour Fontainebleau au-delà du terme qu'on
avait précédemment fixé, afin de suivre de plus
près les travaux du corps-législatif.
On mande de Berne, que le conseil national, a
adopté sans discussion, après la lecture d'un rap
port présenté par M. Beruold et Pictet, le projet
du conseil fédéral introduisant te système des
poids et mesures métriques, comme système légal
parallèlement avec le système institué par la loi
de 1861.
Nous avons enfin, une dépêche de Madrid, mais
elle ne nous apprend pas grand'chose. Elle nous
dit que les ministres se rendront aujourd'hui la
Granja pour tenir conseil sous la présidence de la
reine, et que les généraux Serrano (duc délia
Torre), Dulce et Serrano-Bedoya soot arrivés
Cadix où ils seront embarqués aujourd'hui pour
les Canaries.
DE SAINT-SYLVAIN.
En même temps, elle se hâta d'entrer dans son bu
reau pour recevoir les dépêches, tandis que son mari,
de retourdel'étude, s'empressait d'aller ouvrir la porte.
M. Martizzi recula de quelques pas l'homme qui lui
présentait le sac qui contenait les lettres, non-seule
ment n'était pas le courrier ordinaire, mais ne parais
sait même pas appartenir au service de la poste.
C'est moi qu'il faut remettre ce sac, dit Mm°
Martizzi l'étranger.
Et elle prit par le guichet un grand sac de toile grise,
ficelé et cacheté par en haut. Elle allait en passer un
autre semblable qui était tout préparé l'homme qui
déjà tendait la maiu mais elle ne put s'empêcher de
faire cette observation
Vous remplacez François est-ce que vous êtes
un des courriers,du pays? Je ne vous connais point.
Non, madame, aussi je ne prendrai pas les nou
velles dépêches, François viendra les chercher avant
la fin de la soirée. Ce retard ne peut nuire au service
puisqu'il ne doit les apporter que demain matin Li-
sicux, où elles serout distribuées. Moi, je vais con-
i
Les journaux de Lisbonne, ajoute la dépêche,
disent que le gouvernement portugais renforce
les garnisons des villes frontières. Cette mesure
aurait-elle été provoquée par ce qui ae passe en
Espagne
La Gazette de Madriddu 8, ne parle pas des
arrestations qui ont eu lieu, comme on sait, le 7
6 heures du matin.
La Epoca noua apprend qu'on a an été S'-Sé-
bastien, le lieutenant général Rafael-Echaguea et
Zamora, le maréchal de camp Çabollero de
Rodas.
ïpbes, le 15 Juillet.
Nos cléricaux cherchent faire croire que
nos populations flamandes soot peu patriotes,
qu'elles éprouvent peu de sympathie pour
nôtre jeune et bien-aimé Roi parce que le
libéralisme mesquiu, étroit, haineux et har
gneuxhabitue les populations ne plus
voir dans le Roi que l'instrument d'un parti.
Nous pourrions faire ressortir l'inconslitu-
tionnalité de cette assertion, mais nos adver
saires ne dous comprendraient pas forts sur
le syllabus, en théorie du moins, ils font fi de
notre pacte fondamental basé sur les hor
ribles priucipes de 1789. Nous noua borne
rons donc dire que nos cléricaux prennent
leurs désirs pour des réalités et que nous
protestons, comme notre population protes
tera le 3 Août, contre ces calomnieuses et
antipatrioliques insinuations.
Une chose constater, c'est que dans plu
sieurs quartiers l'opposition a cherché en
traver les souscriptions pour l'ornementation
des rues; oui, nous avons honte de le dire,
quelques personnes qui ont leur poche toute
grande ouverte pour le deoier de S1 Pierre et
pour les petits Chiaois n'ont pas seulement
refusé de souscrire pour faire un sympa
thique accueil notre Souverain mais elles
duire son cheval et sa voiture l'auberge. C'est
quelques pas d'ici, en tournant gauche au bout de
la rue, n'est-ce pas, madame
Et l'étranger recula vers la porte prêt disparaître.
Une nouvelle observation de M"" Martizzi l'arrêta.
Est-ce que François était malade, qu'il n'a pu
venir tout de suite lui-même dit-elle.
Non, madame, il était parrain ce soir La céré
monie du baptême l'a retardé. Il m'a prié de venir
sa place il doit me rejoindre avec une voiture dans
laquelle vont le conduire les parents de l'entant.
Mais, monsieur, si vous n'appartenez pas au ser
vice de la poste, c'est une grave infraction aux règle
ments que François a commise en vous confiant les
dépêches, et je serai obligée d'en rendre compte dans
mon procès-verbal.
François avait espéré en votre indulgence, ma
dame, dit l'étranger d'un ton demi suppliant.
Impossible s'écria M™* Martizzi dont la voix
tremblait de l'effort qu'elle faisait sur elle-ipême en
répondant avec celte rigueur impossible luette indul
gence serait une connivence.
Comme vous voudrez l'entendre. Mais, semblant
prendre tout coup son parti, l'étranger s'adressa
M. Martizzi
ont empêché leurs fournisseurs de coopérer
la souscription heureusement le patriotisme
de nos populations est tel que tous les jours
les personnes qui s'étaient abstenues d'abord
par contrainte, s'adressent d'elles-mêmes aux
membres de différentes commissions pour
pouvoir coopérer cette manifestation patrio
tique.
Du reste, le montant des souscriptions
recueillies suffira partout malgré celte oppo
sition anti-dynastique, pour donner nos
rues une décoration des plus convenables et
dussent les opposants en sécher de dépit
l'aspect de notre ville sera, le 3 Août pro
chain, des plus brillants. Qui vivra terra.
1*.
Ah si au lieu de la joyeuse entrée d'un
Roi constitutionnelil s'agissait de la récep
tion de quelque ambitieux prélat, le langage
de la presse cléricale serait tout autre. Dans
leur romanomanie (si ou nous permet le néo
logisme) nos patriotes romains ouvriraient
largement leurs coffres-forts et ne se gêne
raient pas pour pressurer la petite bourgeoisie,
malgré la crise alimentaire, industrielle et
financière. Mais nos adversaires sont-ils
Belges et constitutionnels? Il est au moins
permis d'en douter.
Ce qui tourmente le rédacteur du Journal
d'Ypresc'est que le Roi ne passe pas la nuit
Ypres.... Il leur fallait un bal sans doute
pour y étaler leurs grâces choréographiques
et lorsqu'il y a des fêtes dansantes en notre
ville, ils affectent de ne pas y prendre part,
et de toutes les chaires on lance des ana-
thèmes contre le sexe aimable et gracieux,
qui, d'après un sermon ridiculement célèbre,
y étale ses beenenvleesch en vellen. Or, si
(a danse constitue un péché, disparaît-il par
Puis-je vous dire quelque mots en particulier,
monsieur?
Pendant cette espèce d'interrogatoire, le prétendu
courrier avait trahi par l'aisance de ses manières, le
son de sa voix et le jeu de sa physionomie uue autre
origine que celle de simple paysan.
M, Martizzi accepta la proposition d'an entreli.cn
secret. Il passa dans la cuisine avec l'étranger. Un
petit garçon du voisinage qui jouait dans la rue, (ut
chargé par M™" Martizzi de veiller sur le cheval. La
conférence ne dqra guère qu'un quart d'heure, après
quoi M. Martizzi alla lui-même conduire l'auberge la
voiture et le cheval du courrier.
Lorsqu'il fut de retour, M. Martizzi lit asseoir son
hôte, qui était resté debout, comme tout prêt au
départ il s'assit lui-même, et les deux hommes échan
gèrent, de longs intervalles, quelques paroles insi
gnifiantes. On resta plus d'une heure dans cette attente
silencieuse. Pendant ce temps, Mm* Martizzi, qui avait
achevé le travail du bureau, était revenue dans la
cuisine. Pour la première fois, sa curiosité semblait
vivement excitée, et, sans chercher la dissimuler,
elle restait les yeux attachés sur l'étranger.
Celui-ci s'était débarrassé du manteau en caoutchouc
capuchon dont il était enveloppé en arrivant. Une
r
I