6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
M* g,S&Q. Dimanche,
28a année.
93 Août IMS.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Un peu de tout.
LES HOMMES ET LES LIVRES.
LE PROGRES
-
VIRES ACQDIRIT ECNDO.
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Les lettres et paquets doivent être affranchis.
S. A. R. le Prince Royal LÉopoin-Ferdi-
nand-Elie-Victor-Alberl-Marie Duc de Bra-
bant, Comte de Hainaut. est né Laeken le
lâJaioM59. I
Dernières nouvelles.
La journée d'hier et la nuit ont été bonne».
Aucun chaogeoieot notable ne s'est produit.
D' WrçnMER.
Dr Henriette.
Palais de Laeken, le 20 Août. [Moniteur.)
Nous apprenons que (a commission direc
trice de l'exposition d'oeuvres d'artistes Yprois,
organisée par le Cercle artistique et littéraire^
a fait quelques acquisitions nouvelles et
qu'une des charmantes statues en bronze de
notre excellent compatriote M. Fiers, a été
acquise par M. leohevalier Gustave De Sluers.
L'empressement du public prendre des
billets de Ta tombola et les acquisitions faites
par quelques particuliers, témoignent de la
sypapalhie de nos populations pour les beaux-
arts et pour nos artiste».
Le catalogue de l'exposition se compose de
62 numéros, 15 œuvres de statuaire, 12 des
sins ou lithographies et 35 tableaux. De ces
35 tableaux 11 seulement devront être remis
aux artistes exposants les 24 autres avaient
été achetés avant, ou l'ont été pendant l'ex
position. Si 11 tableaux n'ont pas été acquis,
c'est parce que quelques uns n'ont pas été
offerts en vente par leurs auteurs d'autres
fort beaux du reste, étaient côtés des prix
peu au niveau des bourses particulières
d'autres enfin sont l'œuvre de jeunes artistes
qui donnent de grandes espérances, espé
rances dont les amateurs attendent la réalisa
tion presque certaine pour choisir et acheter.
D'exposition sera clôturée Dimanche soir
23 Août.
Les t»avaux de restauration de la lourde l'église
SlPier»e avancent rapidement et te drapeau na
tional flotte sur son sommet, en attendant que la
croix vienne le remplacer. Cette flèche élevée
a'apperçoil de loin et forme, divers eadroits de
nos charmantes promenades, un point de vue
des plus pittoresques.
On nous assure que les travaux sont exécutés
avec soin et dans les meilleures conditions; archi-.
tecle et entreneurs affirment même que s'il s'en
mêle, comme il semble l'avoir fait jadis, d'après
la tradition, le diable aura fort faire pour ren
verser la tour nouvelle. Du reste, au XIX' siècle,
le démon est en géoéral assez bon diable car
il paraît s'être un peu civilisé depuis 1789; quel
ques malins ajouteot que le diable ne voudra san9
doute pas faire niche au conseil de fabrique da
l'église S1 Pierre qui, étant des libérâlrea sont,,
d'après le dire de certains rétrogrades, un peu de
ses cousins au 136" degré et qui font en tous ess
partie d'une coterie diabolique.
ypkes, le 2S Août.
A la suite du voyage, de 8. M. Yprea, une
anxiété bien légitime e»t venue se joindre,
dans notre contrée aux sentiments de bon
heur que cette visite avait fait naître. On
n'avait en effet pas tardé apprendre que le
Roi avait, diverses reprises, recommandé,
S. A. R. Mgr le Comte de Hainaut aux prières*
de M. le doyen et du clergé.
Depuis lors, les bulletins publiés par le
moniteur et les informations qui arrivent de
divers côtésn'ont fait qu'accroître cette
anxiété, et cela se conçoit facilement. Dans
un pays où la dynastie régnante est populaire,
comme elle l'est en Belgique, les inquiétudes,
de la Famille Royale sout partagées par la
nation entière.
Mais ces tristes sentiments de condoléance
viennent aujourd'hui se joindre d'autres pré
occupations, le Roi n'a qu'un fils et S. A. R.,
le comte de Flandre n'a pas d'enfants en-*
coreEspérons que Dieu qui protège la
Belgique veillera sur les jours si précieux
de l'héritier présomptif de la couronne et
qu'il épargnera la Famille Royale une perle
immense et la grande famille nationale un
immense malheur.
Les chefs des diverses diocèses ont ordonné
leur clergé des prières pour le prompt réta
blissement de la santé de S. A. R. le Duc de
Brabaol, Comte de Hainaut.
A TRAVERS
Il est des livres mâles et femelles, maître Tbimotée
Trini, l'an passé, dans le Petit Journal, vous l'a
prouvé ce qu'il ne vous a pas dit, c'est que la mora
lité, la poésie, la valeur quelconque d'un livre se trouve
moins en lui-même que dans celui qui le lit. Lamar
tine, j'entends le chantre des premières méditations,
Lamartine, par exemple, entre les mains d'un ingé
nieur des ponts et chaussées ne sera plus le Lamartine
rêvé, absorbé par le cœur d'une jeune fille de seize
ans. Entre ces deux manières de voir, de penser, de
sentir, quels abîmes
Je vais plus loin je prétends que le poison moral,
la perversion intellectuelle placé, plus ou moins dans
un ouvrage, est plus dans le cœur et l'esprit de celui
qui le lit que dans l'ouvrage lui-même.
Quelle œuvre fut jamais plus morale qu'Eugénie
Grandet, de Balzac Quoi de plus férocement vrai que
l'avarice de Grandet père, quoi de plus touchant, de
plusdévoué, de plus angélique que mesdames Grandet!!
et pourtant sera-ce vraiment le premier livre dont une
mère prudente devra autoriser la lecture sa fille
Aussi m'est-il advis que dans une éducation bien faite,
avant tout l'on devrait, par des lectures graduées,
exercer l'esprit et le cœur de celui qu'on peut former
pouvoir, un moment donné, tout (ire impunément.
Et ce que je dis là d'est point une chimère, seulement
je m'adresse des âmes viriles et intelligentes, des
âmes libres qui, librement, se sout fait une conscience
et une. vojonté capables de les éclairer et de les conduire
dans les voies du vrai, du beau et du bien, quelque
part qu'il puisse se rencontrer, dans le monde de la
conscience comme dans celui des lettres et des arts.
Mais le plaisir de causer m'entraîne au-delà de mon
sujet, que je ne devais pas commencer si dogmatique
ment, me sachant plus capable de recevoir des leçons
que d'en donner, de suivre que d'imposer des conseils.
Or donc, sans plus de préambule, je revenais de
Vichy, et avec cettehorrcur de l'oisiveté qui me carac
térise, j'avais bourré mon sac de voyage
t° Des Légendes du vieux Paris, par M. de Ponthicu.
2° De la Tribune des Journalistes, par M. Philibert
Audebrand.
3° D'un certain nombre des brochures de deux alié-
nistes très-appréciés, M. Girard deCailleux, inspecteur
général des aliénés de la Seine et de M. Berthier, mé
decin-chef Bicêtre.
Ce n'est pas tout mon excellent camarade de.
classe et ami, M. Charles de Kirwan, m'avait dît en
partant: Tiens, voilà les premières feuilles sorties
des presses de maître Rothschild et je lus non sans
quelque effroi les titres suivants
les conifères
indigènes et exotiques,
traité pratique
des
arbres verts ou résineux
l'usage des propriétaires, agents forestiers, régis
seurs, horticulteurs, etc., etc., etc.
Ouf m'écriei-je. Et dans les sept heures de
temps qui me séparent de Lyon, comment diable m'y
prendrai-je, sans que la tête me parte, pour passer des
rues légendaires de Paris dans la tribune des journa
listes de celle-ci dans les maisons de fous, cl, quit
tant ce milieu vertigineux, aurai-je encore vraiment la
force de m'occuper des conifères
Un problème posé, dit-on, est un problème moitié
résolu et ne trouvez-vous pas d'ailleurs que l'esprit se
lasse se traîner toujours sur le même sujet Ne trou-
vearvous pas qu'il existe des livres susceptibles d être
dévistrés sans être lus complètement, parce qu'ils sont
écrits sous la dictée de cerveaux bien faits ou par des
cœurs généreux qu'on gagne jeter sur eux comme
suf une statue harmonieuse de forme, un premier coup
d'œil d'ensemble, sauf analyser chaque partie qui
composait la statue ou l'ouvrage.
Mais procédons par ordre quoique, je n'en aie
guère mis lire les œuvres de ces chers confrères.
Et commençons par les Légendes du vieux Paris de
M. Amédée de Ponthieu.
Dans aucun ouvrage, comme dans celui-ci, je n'ai
retrouvé un sentiment plus profond des convenances
et des proportions que tout auteur sachant son métier
doit donner chaque partie qui compose son ouvrage.
Ici, l'anecdote ne heurte nullement les apprécia
tions historiques ou les légendes qu'elle peut rencon
trer bien loin de là, elle les relève, et leur donne un
sel de plus, sans troubler l'harmonie de l'ensemble et
des détails.
Et si, et là, j'ai rencontré quelques expressions
ur peu trop ambitieuses, elles m'ont paru tenir plus
au genre traité qu'à l'écriyain lui-même je ne crois
pas, en effet, qu'il soit bien aisé d'être sou exemple,
abondant sans prolixité, aussi érudit sans pédantisme,
et imaginalif avec moins d'emphase.
L'ouvrage se laisse donc lire avec suite et intérêt
tout en instruisant. M. de Ponthicu a> su (mérite assez
rare pour qu'on le note en passant), M. de Ponthicu a
sq, au milieu d'un siècle passablement matérialiste et
sceptique, se pénétrer de la foi naïve des légendes de
nos pères, il les a rendues toujours avec bonheur, sans
qu'elles se trouvent le moins du monde déplacées au
milieu d'autre» réflexions ou d'autres récits, qui pour
raient sembler étrangers s'ils étaient moins bien soli
dement soudés,.
Aussi les Légendes du vieux Paris paraissent-elles
avoir été écrites non-aewlemeiH pour les honnêtes gens
de tous les âges cl de tous les sexes, mais, mieux eu-