28* ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
I¥- 8,§5S. - Jeudi
lO Septembre 196 S
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DUBANCBE.
Chronique politique.
LE CHATEAU »U TÉNARE.
LE PROGRES
TIRES ACQtJIftlT EDNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'nrroml1 administratif el judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
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Le Constitutionnel, par la plume de son rédac
teur en chef, M. Baudrillard, soutient cette thèse
qu'il faut que le gouvernement inaugure une poli
tique véritablement libérale en matière d'élection.
Nous extrayons de cet article, que nous croyons
appelé uo grand retentissement, le passage sui
vant qui le résume assez bien
Le gouvernement ne doit pas imposer de
candidats aux populations les candidatures doi
vent être spontanées. Le gouvernement n'est pas
tenu d'atoir des candidats toujours et partout, et
on peut appeler, comme un signe du progrès dea
mœurs publiques, le moment où son intervention
ira en se restreignant d'une manière de plus en
plus sensible. Sincérité, loyauté, liberté dans les
élections, voilà notre devise.
Si le gouvernement l'adopte, un grand pas
serait fait vers un régime vraiment libéral. Il est
regretter seulement que le Constitutionnel ne
parle pas du droit qu'a l'administration de modi
fier sa guise les circonscriptions électorales. Cette
question valait la petne d'être examinée.
La Libertédana un article intitulé le droit des
minorités, après avoir constaté que la tendance ac
tuelle de l'opinion est vers la réforme du suffrage
universel, recommandait comme seule solution
possible du problème de la représentation des mi-
noriiés, l'unité de collège, mais le Siècle remarque
avec raison qu'en supposant que ce moyen soit
praticable, il supprimerait totalement la province
au profit de Paris.
Ce serait, ajoute-t-il, un pas de plus vers
une centralisation outrance, un mal pour la
liberté.
M. E. de la Bredolière reconnait au syslème du
double scrutio, proposé par Mad. Marie Chum
dans la brochure qu'elle vient de publier fLe droit
des minorités, leur avènement politique), ce bon
rèté qu'il développerait forcément l'initiative po
litique dans les départements, tout en assurant
m.
Pierre se relira vers dix heures dans sa chambre,
et chercha, tout en achevant son cigare, ia cause pro
bable delà tristesse de Geneviève.
Serait-elle réellement malheureuse? se demanda-t-
il. Malheureuse d'être orpheline comme moi il y a
déjà bien longtemps que cette douleur doit être émous-
sée d'avoir perdu son enfant il ne chercha pas
plus loin dans la solitude où elle était plongée, la
pauvre mère n'avait pu trouver ces consolations, ou
pour mieux dire, ces engourdissements qui stupéfient
la'douleur et la rendent supportable.
Mertens, avec sa face rubiconde et ses appétits ro
bustes, n'avait-il pas aussi froissé souvent cette âme
blessée? Non, se dit Pierre, le visage de Mertens
respire la franchise et la bonté il aime Geneviève, et
te n'est pas là un mauvais ménage. Aimons-les comme
mon père les aimait: je n'ai pas le droit d'avoir une
préférence. Et il s'endormit un peu alourdi par les
Vapeurs du faro que son hôte lui avait versé pleines
ehoppes.
Le lendemain malin, en se mettant la fenêtre, il
pensa qu'il avait plu pendant la nuit car les allées
aux électeurs la plus grande somme de liberté
posai ble.
Un changement dans la composition du minis
tère italien démenti il y a peu de jours par une
feuille officieuse de Floi encs, est aujourd'hui un
fait accompli. D'après I*Opinions, M. Cadorna,
ministre de l'iutérieur, a donné sa démission pour
raisons de santé. Son successeur n'est pas encore
désigné l'intérinm du départnneul de l'intérieur
est confié M. Cauielli, ministre des travaux pu
blics.
1 pires, le 9 Septembre.
Le résultat de la récolte en Amérique ex
erce une iuHuence lies-grande sur le prix
dea denrées alimentaires en Europe. Nous
croyons donc que nos lecteurs ue liront pas
sans intérêt, les renseignements qui suivent:
Il résulte du rapport récemment publié par le
département agricole des Êtalg-Uni» sur le» appa
rences de la recolle de cette année qu'au-delà de
trois millions d'acres de terre en plus que précé
demment ool été semés de mais, et aut grain se
préseule admirablement bien, il est vrai que
l'année dernière le maïs n'a pas été abondant, ce
qui fut une des principales causes du haut prix du
froment, et qu'il ne resieia que peu de blé de la
récolte de l'an dernier. Mais cette lacune sera plus
que comblée par le produit des trois millions d'a
cres supplémentaires, et en définitive, le pays au
ra un excédent extraordinairement grand de maïs.
Quant au froment, le rapport constate que dans
les Etats qui fournissent la grande masse de cette
céréale, le temps a été extraordinairement propice
la croissance et la maturation, et qoè», dana
l'eosemhle, ta récolta de froment aussi sera très-
abondante. la même chose pouvant se dire du sei
gle, de l'avuine et de l'orge. Les pommes de terre,
moins promettantes dans l'une cooltéer paraissent
d'autant mieux prospérer dans lejj? autre car le
rapport constate que dans tous les Étala excepté
le Khodè-lslanii, il a été planié cette année plus de
étaient ruisselantes, et le feuillage chargé d'eau miroi
tait au soleil. Pierre acheva sa toilette et descendit
saluer ses amis. Après le déjeuner Charles Mertens
passa dans sa salle d'armes et en revint avec deux
fusils de chasse.
u Parbleu dit-il en faisant sonner la :rossc sur le
parquet, vous allez venir tirer avec moi quelques ca
nards sauvages dans le marais.
Pierre pâlit, recula d'un pas, et d'un (este, un peu
brusque repoussa l'arme sans y toucher.
u Oh ils ne sont pas chargés, fit Mertens en
riant...
Merci, mon ami, je ne chasse jamais, dit Pierre.
Ah bah et pourquoi
N'insistez pas, dit simplement le jtune homme.
Oh pardon pardon mon cher eifant, reprit
vivement Mertens.je suis un maladrot (l'avoir ou
blié... et il déposa aussitôt les fusils centre la mu
raille.
Il était en ce moment plus pâle que le ils de Joseph
Wouters.
La journée se passa comme celle de la 'eille mêmes
repas homériques, même tristesse chez Geneviève,
même brouillard g)aej»l au coucher du sptel
Le troisième jour, Mertens partit de gvnd malin
pour Anvers, où l'appelait une affaire coiileiticuse.
pommes de terre, et que le lubercole, d'uo ren
dement si extraordinairement faible l'an dernier
donne cette fois les plut balles espérance».
Des prodoit» de la terre fournissant la grande
masse des subsistances, les Etats Unis auront donc
celle anoée une grande surabondance, bien au-
delà de ce que consomme le pays lui-même. Vers
où déboucher cet excédant et quelle influence
exercera-t-il sur les prix Le Finaotial Chro-
nicale de New-York répond cette question com
me suit Les nouvelles arrivant de tontes les
parties des États-Unis el d'Europe donnent la cer
titude que ia moisson de céréaies, cette année, se
ra d'une abondance rare il y aora donc profusion
de céréales el de vivres de tout genre. Cela étant
comment s'établiront les prix de nos grandes den
rées, quand la lécolte sera rentrée et mise au
marché Si comme c'est probable noua auroas
outre tout ce qu'il faut notre propre cooaom-
mation un excédant d'eau moins y5 million* de
boisseaux de froment et i5o million* de boisseaux
de maï, il faudra nécessairement que ces quantité*
cherchent un marché l'étranger. On oe saurait
les retenir ici. Il les faut exporter, et ainsi elfe* ne
pourront pas rapporter plus que le prix de Li ver-
pool moins les frais de transport et c'est sur ce
prix que devra se régler la valeur de la récolte
entière. Sice qui semble désormais certain tes
approvisionnements l'étranger devaient être
grand*de manière que sur les-marché» d'Europe
le froment des États-Unis aura affronter une
fptte concurrence avec le froment d'Egypte, de
Pologne et d'autres pays froment, seront certair
neraent obligés de vendre des prix beaucoup
plus bas que depuis nombre d'années, et surtout
que l'année dernière.
(Gazelle de Cologne, du 3o août 1868.)
Nous avons déjà parlé d'une question qui
préoccupe, depuis quelques temps, le monde
financier 11 s'agit de la centralisation des
chemins de fer belges sous une même direc-
Souvenez-vous, mon cher ami, dit-ii en venant
prendre congé de Pierre, que vous êtes complètement
libre de vos actions ici... liberté, lihertas... pasdecéré-
monics foutez, lisrz, dessinez eu dormez si bon vous
semble, sans vous occupée autrement de ma femme,
qui d'ailleurs passe une bonne partie de ta journéo
travailler dans son observatoireje serai de retour
vers deux heures..»., au revoir. Je vous proposerais
bienide m'accompagner, mais les consultations judici
aires ne sont guère amusantes.
Demeuré seul, Pierre Wouters prit un livre dans la
bibliothèque de sou hôte, el s'enfonça sous une allée
ombreuse du jardinA certains- endroits il re
marquai des Arbres qui, manquant complètement d'air
et de lumière, avaient, dans un avide besoin d'exis
tence, poussé nn gigantesque bourgeon qni, perçant la
masse de verdure, recevait en pleine touffe les rayons
do soleil.
Après avoir lu quelques pages, Pierre ferma le livre,
el revint lentement sur ses pas.
Madame Mertens doit me considérer comme un
grossier personnage, se dit-il en lui-mêmeAu
diable ma sotte timidité mon père n'eût certainement
pas. agi ainsi envers la femme de son hôte.
S engageant alors dans l'escalier de la tour, il frappa
légèrement la porte de la chambre observatoire.