28* ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
Chronique politique.
1W* 2^56. niitimiclie
A3 Septembre IS6S.
LE PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DEMANCHE.
VIRES ACQOIRIT ÉCNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour i'arrond' administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire
Idem Réclames idem.
Les lettres e'paquets doivent être affranchis.
fr. 0,15
0,30
Le Moniteur français aononce dans son hul-
letin que le gouvernement d'Haïti a donné pleine
satisfaction aux réclamations du consul de France,
au sujet des mesures arbitraires dont certains na
tionaux ont été menacés sous prétexte de service
militaire.
Une dépêche de Londresannonce que le rapport
de la commission juridiquechargée d'examiner les
questions d'extradition, vient d'être publié. Ce
rapport propose plusieurs améliorations dans le
système suivi actuellement tout en maintenant
l'immunité acquise aux criminels politiques sauf
le cas d'assassinat.
Des dépêches annoncent l'arrivée de Jtfferson
Davis en Angleterre. On a arrêté Londres un in
dividu du nom de Byroe soupçonné de fénia-
nisme. Des armeset des munitions ont été trouvées
sur lui. La cour de police de Manchester, daus son
audience d'hier, a rendu son jugement dans l'af-
faire des féuians arrêtés.
L'émotion qu'ont causé la Bourse de Parts des
rumeurs alarmistes auxquelles nous avons fait al
lusion ne parait pas être entièrement calmée.
La baisse n'a point fait de progrès, mais il D'y a pas
eu non plus de reprise.
La Reçue militaire de Berlin, publication heb
domadaire du ministère de la guerre, publie sur
les modifications opérées pendant les dernières
années dans l'armée française, un article qui sera
fort remarqué et qui se termine par cette con
clusion On n'a pas besoin de considérer ces ar
mements comme des préparatifs pour une guerre
offensive prochaine. L'armée française était en
1866 au-dessous de la force normale de paix, en
partieà cause des frais de l'expédition du Mexique.
La puissance et l'organiaation militaire de la Prusse
avaient été estimées au-dessous de leur valeur. Si
la France voulait qne l'ancien rapport des forces
fût conservé, il fallait bien qu'après l'agrandisse
ment de la Prusse elle changeât son organisation
et amélioiât son armement pour maintenir l'équi-
LE CHATEAU IHJ TÉNAKE.
IV
(Suite et fin.)
Ce même soir, quand le brouillard envahit le sa
lon... Pierre et Geneviève échangèrent un regard tris
te et doux.
Pour la première fois de sa vie, la jeune femme sen
tait qu'un coeur ami partageait sa peine.
Huit jours se passèrent au milieu des distractions
sinon des plaisirs que Merlens s'efforça de prodiguer
son jeune ami une transformation soudaine s'était
opérée dans le caractère de Pierre Wouters...
Il chantait et riait comme un écolier en vacances
et, le verre en main le cigare aux lèvres tenait tête
Charles Mcrtens, le plus solide compagnon de table
de la province.
Éloin ne comprenais absolument rien ce change
ment, dont il se réjouissait toutefois au fond du cœur.
Quant Mertens, il ne pouvait plus se passer de son
jeune ami, et c'est peine s'il consentait lui laisser
chaque jour une heure de liberté et de solitude pour
faire son courrier. Geneviève, occupée dans la matinée
des soins du ménage et de l'administration de la
libre que ce qu'elle coDsidérait comme s supéri
orité.
Ypbes, le 12 Septenbre.
S'il est uo parti politique, dam lequel
devrait exister l'uuité la plus parfailede prin
cipes et de vuesce parti est sans «ontredit
celui qui s'intitule le parti catholique son
programme est basé sur les principe! d'auto
rité les plus accentués quand Rome a parlé,
il ne reste qu'à s'incliuer.
Iln eu est cependant pas ainsi dans le camp
des catholiquespolitiques au msius. Ainsi,
tandisqu'unefraction très-honorable duclergé
et des hommes politiques qu'il guide, sou
tiennent, avec l'ancien archevêque de Ma
tines, que malgré le syllabus, on peut être en
Belgique dévoué la Constitution belge et la
défendre, bien qu'elle consacre dans son texte
les principes les plus purs de 89, d'autres or
ganes du parti clérical, et parmi eu-
public de Cand, soutiennent une thèse toute
contraire. Doctrine du progrès, disait der-
nièrement ce journal, de la civilisation mo-
derne, des principes de 89, tout cela tombe
sous la même condamnation et appartient
la politique anti-chrétienne. Nous admi-
rons avec quelle rage de fort honnêtes gens
a s'obstinent s'y raccrocher, comme si c était
une branche de salut. L'expérience devrait
leur avoir appris que la maxime l\ors de
l'église, poiot de salut, s'applique aux oa-
lions comme aux particuliers, la vie pu-
blique, comme la vie privée.
C'est raide mais c'est clair et net aussi bien
des libéraux, mais qui tiennent leurs prin
cipes religieux, se demandent-ils parfois, s'il
faut croire l'enseignement conciliant de
l'ancien archevêque de Malines ou si, ajoutant
foi aux maximes du Bienpublicil faut, avec
maison, avait mis gracieusement son observatoire la
disposition de Pierre c'était là, que loin du bruit et
des importuns, il était censé faire sa correspondance.
Au bout d'un mois de séjour au cbâteau de Mertens,
Pierre Wouters fit ses préparatifs de départ.
Pas de compliments, me disiez-vous, mon cher
monsieur Mertens, le jour où je vous serrai la main
pour la première fois... fit-il en venant prendre congé
de ses amis. Voyons, parlez-moi bien franchement,
suis-je devenu un bon compagnon votre école
Vous êtes, s'écria Mertens, le plus charmant gar
çon que je connaisse.
De sorte, reprit Pierre, que vous ne voudriez pas
me causer un grand chagrin.
J'en serais au désespoir.
Eh bien, dit Pierrene me refusez pas ce que je
vais vous demander.
Geneviève lui jeta un regard suppliant.
u De quoi s'agit-il fit Mertens un peu intrigué,
Il s'agit de venir avec madame Mertens passer un
mois ma campagne de Vilvorde. Il s'agit de tuer mon
gibier, de boire mon vin, et de me donner vos excel
lents avis pour quelques affaires de succession et des
comptes liquider.
Je vous remercie, monsieur Wouters, dit Geneviè-
les docteurs romains qui inspirent ce journal,
condamoer comme appartenant la poli
tique aoti-chrétieDDe la doctrioe de la
civilisation, des principes de 89 et de la Con
stitution Belge. Nous n'avons nulle prétentiou
de discuter celte question, nous avouons notre
incompétence eo pareille matière, qui est du
domaine de la théologie mais d'après nous
cependant, le Bien public mérité moins de
créance que l'archevêque de Malines, et les
libéraux catholiques comme les catholiques
libéraux peuvent, en toute sécurité de con
science, continuer pratiquer, respecter et
défendre et la Constitution Belge et les prin
cipes de la civilisation moderne qu elle
proclame et impose.
Le Concile tranchera sans doute celte ques
tion mais en attendant quelques jeunes
prêtres, dans nos campagnes Surtout, sem
blent partager l'opinion du Bien pubhc et
meaie i cr troio Pierre l H ermite du
passé, ils prêchent contre les libéraux la
guerrenous allions dire sainte.... si la
guerre qu'ils prêchent n'était une guerre fra
tricide. D'après ces jeunes apôtres qui ont
plus de zèle que de tact et de sens commun,
tous les libéraux, même ceux qui pratiquent
avec conviction sont mis au ban de l'église
pour eux point de salut. Les vrais catholiques
doivent fuir ces mécréants, ou s'ils les ap
prochent, il est de leur devoir de leur courir
sus, de les combattre partout et toujours, de
les tourmenter par tous les moyens et de leur
rendre la vie dure et pénible. Ce système
pratiqué dans plusieurs de nos villages qu»
nous ne nommons pas, parce que uous ne
voulons pas provoquer des discussions person
nelles, y produit les conséquences les plus
regrettables là où régnait l'union sévit la
discorde les familles sont divisées, des frères
ve, avec un embarras mal dissimulé, mais, je vous l'ai
déjà ditje sors fort peu de chez moiet ne connais
plus le moud* que j'ai cessé de voir depuis trois ans.
La paysanne châtelaine de Leeuw-Saint-Picrrc ne serait
qu'un embarras pour vous. Charles ira seul.
Non pas, dit vivement Mertens, tu m'accompagne
ras, car je suis certain d'avance que ce petit voyage te
fera du bien. Quand voulez-vous nous recevoir mon
cher Pierre
Le-plus tôt qn'il vous sera possible de venir.
Eh bien, dans huit jours.
Dans huit jours, dit Pierre, en leur serrant la
main. La femme doit obéissance au marimadame
vous viendrez Vilvorde,. n'est-ce pas
J'irai, dit Geneviève.
La maison de campagne de Pierre Wouters formait
un contraste frappant avec celle de Charles Mertens.
Située sur un coteau elle semblait planer sur tout
le pays il fallait aller chercher l'eau deux kilomè
tres.
Au lieu de saules, d'aunes et de peupliers, de vigou
reux châtaigniers, des chênes et des sapins. Au bout du
potager, sous un soleil magnifique ondoyaient des épis
mûrs. Partout la sécheresse, partout la lumière.
Pierre avait réservé l'étage supérieur de la mai-