Nouvelles diverses.
Le clergé ne doit pas perdre de vue non
plus que toujours les gouvernements cléri
caux ont mal fini. La compression a pour
conséquence nécessaire l'expansion, c'est-à-
dire en matière politique la révolution alors
la réaction populaire est violente, irréfléchie,
terrible l'ancien régime et la résistance du
clergé 89 a fait éclater 93 avec tout son hor
rible et sanguinaire cortège. L'Italie, comme
la France la fin du dernier siècle, a nationa
lisé les propriétés du clergé et hier encore le
premier acte de la révolution espagnole fut
de chasser des religieuxen gardant leurs
biens.
C'est de pareilles conséquences que mène
la domination politique du clergé au grand
détriment de la religion et de ses ministres.
De pareils faits se produisent-ils dans les
pays où le clergé, se renfermant dans l'exé
cution de ses devoirs religieux, ne s'occupe
pas des affaires de l'État, comme aux Étals-
Unis; se produisent-ils même chez les nations
où, comme en Belgique, la séparation des
pouvoirs est un dogme constitutionnel que
malheureusement on oublie trop souvent
Evidemment non.
En Belgique, le clergé trouve, dans une
prescriptiou constitutionnelle, l'assurance que
les moyens de vivre honorablement ne lui
feront jamais défaut il est libre, indépendant;
il correspond sans contrôle avec Rome. Sa
hiérarchie est réglée par lui-mêmesans
I intervention de l'autorité civile; il est maître
absolu dans le domaine religieux pas de
réglementations il peut se réunir, quand
il lui plait les ordres religieux se multiplient
et prospèrent; l'étal, les provinces et les com
munes n'interviennent que pour supporter et
payer les frais du culte, enfin la religion se
trouve dans une situation excellente, le car-
dinal-archevcque en 1856 et des prélats étran
gers au Congrès de Maliues l'ont constaté avec
bonheur
k
Entre ces deux régimes le clergé peut-il
hésiter Et pourtant le régime actuel est le
résultat de l'application des principes de
1789, de la séparation des pouvoirs, de l'in
dépendance des ministres des cultes, de la
liberté d'association et même de la liberté
de la presse qui donne aux membres du
clergé, comme tous les citoyens, une arme
puissante pour défendre leurs droits.
Nous le demandons donc nos adversaires,
pourquoi au lieu de fixer sans cesse leurs
regards sur le passé, ne se reconcilieot-ils
pas avec les grands principes de la civilisation
moderne, principes dont l'application assure
son toit une nouvelle poignée de paille il y avait
déjà longtemps qu'il n'en serait plus rien resté, sans
la complaisance de quelques rares amis (j'étais de
ceux-là), qui, tout en passant, rajustaient une demi-
bolte de paille dans la toiture et rebouchaient, avec
un peu de torchis, les derniers trous de la muraille.
En même temps, ils donnaient quelques consola
tions la mère Jeanne La récolte est abondante
cette année, disait celui-ci. La moisson s'est faite vile,
il y aura beaucoup de glanes pour l'hiver prochain.
Un autre indiquait certaines parties de la forêt où le
bois mort était dru par terre, et où l'on pouvait faci
lement ramasser un fagot. Tous l'envi lui répé
taient Nicole reviendra bientôt, ayez bonne espé
rance, la Bergère.
Malgré tout cela, la pauvre femme était bien triste
le travail lui devint impossible c'était la dernière
misère. Un dimanche matin, je la vis assise la porte
de I église elle tendait la main. Pauvre mère Jeanne
Mais tout coup, le lendemain même de ce jour-là,
une lettre est arrivée M. le curé. Qu'est-ce qu'il y
avait dans cette lettre je ne saurais vous le dire, mes
cofants, mais M. lecurés'achemina immédiatement vers
la Hutte au Diable. Je le suivis de loin, mais j'arrivai
trop tard pour rien entendre cette fois. Tout cc que
d'aussi bons résultats pour la religion et pour
ses ministres.
S'il en était ainsi, le calme et la paix renaî
traient dans notre patrie et le rêve de l'abbé
de S' Pierre serait au moins pour notre heu
reuse Belgique une heureuse et bienfaisante
vérité.
Un arrêté royal du a4 Octobre autorise l'ex
propriation dea terrains nécessaires la construc
tion de la section de la chaussée de Mesaioes
Warnétou, comprise entre l'aggloméré de Mcs-
ainet et le ruisseau la Douve.
Théâtre «l'Yprès.
Mercredi dr, la population de notre ville était
cooviée assister une représentation qui devait
avoir lieu aor noire théâtre. Nous étions tous dana
l'attente de savoir si l'annonce faite par le direc
teur répondrait avec la mérite de ses artistes. Noua
y sommes allés ainsi que beaucoup d'amateurs du
beau et du bon. Nous avons jugé, et voici notre
appréciation
Le* Inutile*comédie en quatre actea de M.
Cadol, est une vraie comédie écrite avec sentiment
et rendant, d'une façon supérieure, l'époque de
notre siècle, Un marquis ruiné qui épouse une
femme riche malgré les sacrifies qu'elle voudrait
a'imposer pour paraître pauvre. Mais le cœur
parle et le marquis l'épouse.
Parlons dea artistes.
M. Malet a été charmant, digne et entraînant
dans le marquis; il nous rendu avec verve et
jeunesse tout ce qu'un artiste de grande ville peut
faire ressentir au public.
M. PhiIbée, (Henry), jeune homme usé par la
fatigue et les nuits passées en orgies,était très-bien
dans aon rôle.
N'oublions pas M. Du puis Lucas, (Jardin), ainsi
que M"* Bléville, charmante de naturel et M"*
Rivière, une ingénuité qui peut arriver si elle veut
travailler. Donnez-vous au travail, Mademoiselle,
et plus tard vous comprendrez que le conseil que
je vous donne aujourd'hui était digne d'êtreécouté.
Je vous ai gardé pour la fin la meilleure part.
Que ceux qui n'étaient pas présenta la repré
sentation du Moulin joliopéra comique, se ré-
pentent jamais pièce ne lut mieox interprêtée sur
notre scène. M. Malcaze, notre charmant direc
teur, en homme intelligeot nous fait connaître
que ses promesses ne août pas mensongères.
M"* Armand de Bongard est au-dessus de tout
ce que nous pouvions espérer: jolie femme, jolie
voix et talent émérite quel timide étudiant I
quel joli dragon avec quelle finisse elle remplit
ses travertissemenls. Elle était secondée par son
directeur (M. Malcaze), qui noua a prouvé qu'il
avait aussi cœur de remplir son mandat. Comé
dien de talent, voix superbe, musicien, M. Malcaze
noua a fait bien plaisir.
M. Tricot, jeunecomiquedanslerôle de Nivelle,
a été très-amusant et chante juste, M"* Rivière
je pus vuir, c'est que la mère Jeanne semblait rayon
nante de joie, c'est qu'elle riait et pleurait en même
temps, c'est qu'elle était déjà rajeunie de dix bonnes
années, au moins...
Quelques jours plus tard, la masure était recrépie
tout blanc, et la mére Jeanne avait une robe de laine
toute neuve. Elle ne reparut plus en mendiante la
porte de l'église, et on ne la rencontra plus ployant
sous le fagot ou glanant sous la chauméc son cellier
comme sa huche fut toujours bien garni. Au lien de
servir les autres, elle eut une petite jeunesse pour
servante. D'autres lettres arrivèrent-à M. le curé
peu près régulièrement. 11 allait bien vite trouver la
mère Jeanne, il lui donnait lecture de ce' qu'il avait
déjà lu lui-même, et ces "jours-là, pour la pauvre
vieille femme, étaient des jours de grande liesse. Qu'y
avait-il donc dans ces lettres J'aurais donné bien
des choses pour le savoir. J'avais cherché bien sou
vent entendre, mais il n'y avait plus de trous dans
le mur.
Tout ce que ja parvin» remarquer, c'est qu'à cha
cune de ses visites. M. le curé donnait de l'argent la
mère Jeanne. Cet argent arrivait doue avec la lettre
plus de doute, la lettre et l'argent, tout cela venait
bien de Nicole.
(Pâquerette), bien aoutenu la pièce; en aomine,
UN SUCCÈS.
Rappelés la fin de la comédie et de l'opéra, les
artistes de M. Malcaze ont vu que le publie n'était
pas indifférent et qu'il aimait le bon.
Nous aérions heureux de voir continuer les
représentation* par la troupe française. Espérons
que l'administration communale approuvera notre 1
assentiment et récompensera les efforts que veut
faire le directeur pour nous plaire.
VILLE D'YPREfS. conseil communal.
Séance publique, Lundi, a Novembre 1868,
neuf heure* et demie du matin.
SIRDRE DU JOUR:
Délibérer sur le projet de budget communal pour
1809.
Dernières nouvelles.
Aucun changement défavorable ne s'est mani
festé dans l'état du Prince depuis hier.
D' Wimmer.
Dr Henriette.
Château de Laeken, le 3o Octobre.
Événements d'Espagne.
Madrid, 27 Octobre.
La reconnaissance par la Belgique est attendue
sous peu.
Le conseil des ministres discute la question
électorale.
La tranquillité règne partout,
Madrid, 28 Octobre.
Le conseil des ministres a approuvé le rapport
de M. Figuerola sur la situation financière et sur
les moyens de faire face aux besoins du trésor.
Il est question d'un emprunt de 600 millions
de francs, dont la souscription serait ouverte en
Espagne et l'étranger.
Madrid, 28 Octobre.
Le ministre vient d'adresser une circulaire aux
gouverneurs des colonies dans laquelle il dit que
le gouvernement étudie une loi électorale appro
priée aux paya d'outre-mer. II ajoute que le
gouvernement aurait cru excéder ses pouvoirs
en résolvant lui-même la question de l'esclavage.
Les Cortèa résoudront ce problème avec le
concours des députés d'outre-mer.
Le représentant diplomatique de la Belgique
Madrid a un singulier destin il a été spectateur
officiel de l'écroulement de cinq trônes brisés par
cinq révolutions.
Eu i83o, il était accrédité près la cour dea
Tuileries, lorsqueCharlesX dut s'exiler. En 1848.
il occupait le même poste lorsque Louia-Philippe
futobligé de suivre l'exemple de aon prédécesseur.
En 1861, il était ambassadeur Naples lorsque
François II quitta son royaume. Il était Athènes
Mais Nicole devenait donc riche avec son violon I
Ça n'était guère probable moins, cependant, de
supposer, ainsi que les autres, que le diable était pour
quelque chose dans tout cc mystère-là
De nouvelles années se passèrent ainsi. Le petit
violoneux, qui maintenant devait être un grand jcutio
homme, ne reparaissait toujours pas. La mère Jeanne
continuait paraitre de plus en plus aisée, tel point
qu'on s'habituait tout doueement la considérer
comme une rentière.
Avec l'âge nonobstant, elle redevenait triste, et
bien souvent, assise au soleil sur le seuil de sa cabane,
elle disait si haut que j'ai pu l'entendre
Il m'avait dit qu'il reviendrait il m'avait dit
qu'un soir, sous ma fenêtre, j'entendrais un violon
jouer la ronde favorite du bonhomme Espoir, et que,
je pourrais ouvrir alors, car ce serait mon fils qui
tiendrait l'archet. Il m'avait dit cela, et cependant il
ne revient pas... Il ne reviendra peut-être jamais
Et de grasses larmes, ces mots, roulaient sur les
joues amaigries de la mère Jeanne.
Pauvre bonne vieille ce n'était pas de l'argent
qu'il lui fallait pour être heureuse c'était son Gis
(La suite au prochain C». Deslïs.