6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
LE BOULET DU TONNERRE
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
W 3,194. Dimanche,
28" ANNÉE.
flâ Novembre flifiA
LE P&OGBËS
VIRES ACQCIRIT EUNDO.
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ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrond' administratif el judiciaire d'Ypres. fr. 6-00 - INSERTIONS: Annonces: la ligne ordinairefr. 0,15
Idem Pour le restant du pays7-00 Idem Réclames idem. 0,30
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Le Moniteur français publie un décret postal
qui modifie des taxes percevoir en France et en
Algérie sur les lettres ordinaires les échantillons
de marchandises et les imprimés de toute nature
qui seront transportés par les bâtiments vapeur
français ou anglais naviguant entre les ports de
France et les ports du Chili, de la Bolivie et de la
république de l'Equateur.
Un journal annonce que le prince de Prusse a
été invité au château de Compiègne et qu'il a
accepté.
Décidément les femmes ne seront pas admises
3 voter aux prochaines élections anglaises. Le lord
chef de justice, président de la cour des causes
civiles, (court of common pleas,)a rendu un juge
ment portant que les femmes n'ont pas le droit
de voter.
Les poursuites dirigéesen France contre la sous
cription Baudin l'ont été, dit-on, par ordre du
ministre de la justice, et celui-ci n'aurait agi que
sur une impulsion venue de plus haut.encore. Que
ce soit l'Empereur, du reste, ou le ministre qui eu
ait pris l'initiative, ce qui est certain c'est que le
gouvernement n'a pas sujet de s'applaudir, jus
qu'à présent, des effets de sa résolution.
La souscription, qui pendant les premiers jours
allait de la façon la plus calme, et laquelle beau
coup de personnes, politiquement fort en vue,
hésitaient s'associer, par esprit de modération
ou pour d'autres motifs, est devenue l'affaire de
tout le monde. C'est qui aujourd'hui y partici
pera. Les dons affluent, et avec eux les noms émi-
uents et populaires de tous les partis.
La Presse de Vienne donne une nouvelle qui
mérite confirmation Elle assure que des négo
ciations diplomatiques seraient entamées, en vue
d'une modification éventuelle des articles 22, 23
et 27 du traité de Paris, excluant toute ingérance
d'une puissance quelconque dans les affaires rou
maines ces stipulations rendant illusoires la suze
raineté de la Porte sur les principautés.
Le fi(s ainé du vice-roi d'Egypte s'instale Paris
pour y passer deux ou trois ans. On a loué pour
lui, rue de Lascazes, au prix de 40,000 fr. par an,
un hôtel que le précédent locataire ne payait que
24,000 francs. Le frère cadet du prince va passer
aussi 2 3 ans en Angleterre.
Ypbes, le 14 Novembre.
La Chambre des représentants a validé,
dans sa séance de Mercredi, les pouvoirs de
MM. Alp. Vanden Peereboom et Beke, et elle
a ajourné jusqu'à Mardi de statuer sur l'élec
tion de M. Van Merris, parce que le rapport
confié M. Van Wambeke n'était pas prêt.
Il n'y a rien là qui doive étonner. La com
mission composée par le sort, un peu aidé par
les cléricaux qui siégeaient au bureau provi
soire, comprend quatre membres de la droite
et trois membres de la gauche seulement.
Cette commission qui désire sans doute trou
ver quelques prétextes annulation, les re
cherche avec un soin infini, mais elle a grande
peine, paraît-il, les découvrir, et c'est pour
cela sans doute que M. Van Wambeke, fort
expert en la matière, n'a pas fait son rapport,
ce qui a forcé d'ajourner la discussion
Mardi. Ce fait ne préjuge pas du reste la
décision de la Chambre, qui, d'après nous,
ne saurait être douteuse; il s'est produit
d'ailleurs dans maintes autres circonstances,
car il est arrivé plus d'une fois que la véri
fication de certains pouvoirs contestés a été
ajournée pendant dix jours et plus.
Nous lisons dans une correspondance de
Y Impartial de Brugesl'appréciation sui-
ÉPISODE MARITIME
PAR G. I>E LA LANDELLE.
I. (Suite.)
Il salua militairement et voulut s'esquiver. L'officier
l'en empêcha. Après avoir présenté ses civilités aux
dames Hureaux
Vous devriez être la tète de votre corvce dit-il
sévèrement. A votre retour bord, vous vous rendrez
aux arrêts la fosse-aux-lions, et vous serez indéfini
ment consigné en rade
Mais, mon père, murmura Colin.
Dites capitaine, monsieur.
Mais, capitaine je ne suis pas en retard, j'ai
ordre de...
Je connais les ordres que vous avez reçus Si
lence un mot de plus ou je rédige un rapport contre
vous Partez
Ah monsieur s'écriaient la fois M"' Hureaux
et sa fille, pardonnez-lui, c'est notre faute, nous l'avous
retenu...
Il n'aurait pas dû venir
Colin avait disparu, le lieutenant de vaisseau entra
dans le salon.
Que font ses gens de corvée pendant qu'il est
absent Ils sont attablés dans quelque cabaret. Je veux
que mes fils apprennent être de bons et loyaux ser
viteurs
Vous êtes toujours trop sévère.
Jamais assez Si je faiblis, moi, leur père, qui
donc les empêchera de devenir, comme tant d'autres,
de détestables marins Nos revers, madame, tiennent
la négligence, la désobéissance, l'indiscipline et
la faiblesse des chefs, ce laisser-aller déplorable
qu'on appelle bonté... Qui aime bien châtie bien Je
donne l'exemple, moi?... Et certes, je n'aurais pas
l'honneur d'être en votre présence, si je n'en avais
reçu l'autorisation de l'amiral préfet maritime, qui a
fait appeler un officier l'ordre, et dont la correspon
dance n'est pas encore prête.
Vous aurez beau dire, monsieur le capitaine, dit
M™6 Bureaux avec vivacité, vous exagérez fort inuti
lement un bon principe. Vos fils sont d'excellents
sujets qui n'ont pas besoin d'être menés comme des
nègres. Oh j'ai reçu les confidences de votre pauvre
femme, moi, et j'ai mon franc-parler ici, au moins...
Vous êtes chez vous, madame, dit le lieutenant
de vaisseau en s'iuclinant.
Votre amour-propre d'officier vous fait étouffer
le sentiment paternel. Tenez, l'année dernière, Brest,
il n'y eut qu'un cri d'indignation contre vos façons de
Brutus J'en ai vu pleurer chaudes larmes votre
vanle, que nous recommandons l'altenlion
de nos lecteurs. Partout eo eftet l'ignoble
pamphlet de YEspiègle n'a rencontré que
dégoût et mépris, et ce qui d'après nous
mérite d'être signalé, c'est que ce faclum
contient absolument les mêmes détails de
chiffres que les articles qui ont paru le même
jour et la même heure daus Y Opinion. Il
est constant pour nous que tous ces articles
ont une même origine et l'on peut dire que
les deux pamphlets font la paire
Je connais trop l'esprit d'équité qui anime Vlm-
partial de Bruges pour douter qu'il ouvre ses co-
lonneaà une protestation qui résume les seoliments
de tout ce que l'opinion libérale compte d'hono
rable dans notre arrondissement. Oui, tous ici nous
sommes profondément indignés des dégoûtantes
attaques qui sont dirigées contre M. le repré
sentant Van Merris. Aucun homme intelligent De
méconnaît l'origine et la tendance de cea indignes
diatribes.
îi-suj d'une famille catholique, élevé chez les
jésuites, marié la fille d'un grand propriétaire
catholique, M. Van Merris était l'espoir des cléri
caux de la province qui avaient escompté les pro
fits que leur vaudraient et sa grande fortune et
son incontestable influence. Aussi comme il fut
choyé par le clergé et ses partisans Les sommités
ecclésiastiques en faisaient le plus grand cas Mon
cher ami Van Merris, mon honorable ami Van
Merris disaient et répétaient tout bout de
champ, les révérends personnages. Mais quand ils
s'apeiçurent que M. Van Merris avait des convic
tions libérales, ce fut une autre chansoD. On com
mença dès lors calomnier bassement celui qui
l'on avait fait fête. Il voulut dès cet instant se sou
mettre au jugement de l'opinion publique au sein
même de sa ville natale.
Elle envoya le libéral siéger au conseil provin
cial. Quatre ans plus tard, aux élections provin
ciales de Mai 18(38, il fut honoré d'un secoud
femme, qui me disait 11 me tuera mes enfants
Mm° Hureaux faisait allusiou l'un des traits les plus
caractéristiques du capitaine Conseil. Sans qu'il y eût
urgence, par un de ces temps affreux qui, d'ordinaire,
font interdire toute communication entre les navires et
la terre, il n'avait pas hésité expédier une embar
cation l'extrémité de la' radecela par l'étrange
motif que a l'aspirant de corvée était son propre fils.
J'eus tort, ce jour-là, madame, j'ea conviens dit
avec tristesse le rigide officier. Grâce Dieu, il n'y
eut pas de malheur j'en fus quitte pour une répri
mande de mon commandant, réprimande bien inutile
A peine mon fils était-il parti, que je sentis la gravité
de mon imprudence, et me cachai dans ma chambre,
car j'avais peur Mais aujourd'hui, j'ai raison, mille
fois raison I Si l'amiral Allemand apprenait que Colin
s'est permis d'abandonner sa corvée, il serait capable
de briser sa carrière. Et que deviendrait ce garçon-là
si on le renvoyait du service il aurait perdu soo ave
nir, il retomberait la charge de sa mère.
Je n'ignore pas, dit M"" Bureaux, que votre
amiral passe pour impitoyable.
J'ai été moi-même, reprit le lieutenant de vais
seau,.élevé une rude école par mon père. Je ne m'en
plains pas. Et par la suite, mes fils s'applaudirent de
ma fermeté qui fait d'aux de braves marins et des geus
d'honneur.