6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
LE BOULET DU TOWEMHE
28' année.
paraissant le jeudi et le dimanche.
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Chronique politique,
S,89Jt. - Jeudi
94 Décembre 1868.
LE PROGRES
I
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Le Constitutionnel revient aujourd'hui sur la
retraite de M. Pinard et lui consacre un entrefilet
dont noua croyons devoir reproduire tout ou
moins le début
La retraite de M. Pinard, dit M. Robert Mit—
«heli, est diversement interprêtée par les diffé
rents organes de l'opiaion publique.
Les uns y voient une satisfaction donnée aux
idées libérales.; d'antres, au contraire, une ten
dance la réaction. Mais tout le monde s'accorde
reconnaître la droiture des intentions et la haute
honorabilité de M. Pinard.
La vérité est que M. Pinard est la fois auto
ritaire et libéral et son programme se résumait
admirablement dans ce root que l'on attribuait
récemment l'Empereur Il faut maintenir
l'ordre et laisser faire la liberté.
La retraite de M. Pinard décidément ressemble
fort une disgrâce. Il n'a voulu accepter, dit-on,
aucunecoropensalion ni pour lui ni pour les siens,
t'eut-être aujourd'hui ne lui en offre-l on plus. Il
n'a connu sa démission que le soir du retour de
l'empereur de Compiègne* quelques heures avant
l'insertion du décret au Moniteur. Elle lui a été
annoncée par le général Fleury. Quant M. de
Moustier, l'empereur lui a annoncé lui-même sa
résolution de le remplacer cause du mauvais état
de sa santé et vu la nécessité d'avoir dans les cir
constances actuelles, la tête du département, un
homme actif et valide.
La nomination de M. de Lavalette, plus résolu
ment pacifique encore que son prédécesseur, a été
très-bien accueillie, non-seulement Paris, dans
les cercles diplomatiques, mais encore l'étranger.
La Nord-Deuttche Zeitung rappelle sa circulaire
ÉPISODE MARITIME
PAR G. I)E LA LANDELLE.
[Suite.)
V.
LE COMMANDANT MAINGON.
Les prisonniers français devant être répartis entre
les divers bâtiments ennemis, ceux de VAquilon furent
dirigés sur le Césarvaisseau détaché de l'escadre, de
l'amiral Gambier. Le commodore Ilarry Neal, témoin
de la belle défense de Maingon, l'en complimente, lui
rend son épée et le reçoit avec tous les honneurs de la
guerre. Sa courtoisie redouble, lorsque, apprenant le
nom de son prisonnier, il reconnaît en lui le savant
auteur de nombreux ouvrages techniques justement
estimés dans la marine anglaise.
On doit Maingon des cartes et des mémoires ex
trêmement remarquables, des instructions sur un nou
veau quartier de réduction, des études trigonométriques
sur la distance des astres, des considérations méca
niques de premier ordre.
du 16 Septembre 1866 qui, tout en reconnaissant
le besoin pour la France d'une forte organisation
militaire, se prononçait pour la paix et déclarait
que, daos la nouvelle constitution de l'Allemagne,
il n'y avait aucune menace et aucun daeger pour
la paix européenne.
Elle en conclut que son avènement aux affaires
réalise un nouveau pas en avant dans le sens d'une
complète réconciliation avec la Prusse.
Le projet d'Adresse, rédigé par la commission
de la Chambre wurlembergeoise dan» un seus
ouvertement hostile i la Prusse et combattu par
le gouvernement lui-même, a été repoussé après
un débat de quatre jours, par 49 voix coutre 38.
Qusot aux contre-projet s du parti uoioniste et du
parti gouvernemental, le télégraphe ne nous dit
rieo sur leur sort.
Ypbes, le 28 Décembre.
Le spirituel auleur de la chronique locale
du Journal d'Ypres nous donne une leçon
d'orthodoxie. Quiconque, dit-il, rejette un
point de la doctrine définie par l'église, perd
la foi pour ne garder qu'une opinion pure—
ment humaine, qui ne saurait le mener au
salut A ce comptePascal et Bossuet
étaient des hérétiques, et cela nous console,
car nous sommes au moius eu bonne société.
Comment! Nous devrions croire aveuglé
ment toutes les superstitions qui ne sont
érigées de nos jours en dogmes, que pour
battre monnaie. Ainsi, nous ne serions pas
orthodoxes parce que nous ne nous sou
mettons pas aveuglément au Syllabus ou
parce que nous refusons de nous prosterner
devant M"8 de la Merlière que nous voyons
en grande vénération Ypres, sous l'invo
cation de Notre Dame de la Salelle.
Mais nous ne pouvons assez le répéter, c'est
là de la superstition en vue de faire de l'ar-
N«al, officier instruit, n'ignore rien de tout cela. Il
se promet d'en informer lord Cochranel'amiral
Gambier et l'amirauté. Un homme tel que Maingon
doit être renvoyé en France sur parole et rendu au
Bureau des longitudes, d'où il rend d'éœinenU services
tous les navigateurs.
A votre science, commandant, vous unissex une
bravoure au-dessus de tout éloge. Permettez-moi donc,
quoique les malheurs de la guerre soient cause de
notre rapprochement de me féliciter de l'honneur
d'être en rapport avec un homme tel que vous
Malgré sa douleur, Maingon ne saurait se montrer
insensible de semblables paroles. D'ailleurs, ses gens,
protégés par les officiers anglais, ont été autorisés
emporter avec eux tous leurs effets personnels.
Maingon remercie donc avec dignité avant de se re
tirer dans la chambre mise sa disposition. Mais
quelques minutes après, il reparaît affolé, hors de lui,
les traits bouleversés, et courant au commodore.
Ma vie est perdue s'écrie-t-il avec l'accent du
désespoir, mon avenir et ma gloire
Monsieur, réplique l'Anglais d'un ton sévère, la
guerre a ses chances
Eh! qui parle de guerre interrompt Maingon,
gent, car noua défions de citer une seule des
nouvelles œuvres catholiques qui n'ait pour
objet que la prière ou la charité toutes
tendent a ramasser de l'argent et surtout
l'argent du malheureux dont ou terrorise la
conscience, en lui promettant le ciel ou eu le
menaçant de l'enfer, comme si on avait les
clefs de l'un cl de l'autre en poche.
Le Journal d'Ypres doit donc être con
vaincu que nous n'ignorons pas du tout le but
de toutes ces nouvelles institutions mais ce
qui nous importe, c'est que ce but soit connu
aussi des pauvresdupes qui se privent souvent
du nécessaire pour coopérer des œuvres,
dont ils ne comprennent pas la portée et qui
ne tendent qu'à semer la division, la haine et
la discorde dans les communes.
Voilà ce que nous tenions constater et le
Journal d Ypres facilite notre tache, car il
proclame lui-même que les soixante centimes
prélevés par la Société de S1 François de Sales
doivent servir ériger des écoles en con
currence avec les écoles communale*.
Cet aveu est précieux et il doit convaincre
ceux qui .seraient disposés faire partie de
cette congrégatioo, qu'ils s'enrôlent dans une
armée uniquement organisée pour combattre
les écoles communales existantes et jeter la
désunion et la discorde dans toutes nos com
munes.
Si nous insistons sur ce point, c'est qu'un
homme prévenu en vaut deux.
Notre correspondant de Bruxelles a fait observer
que le sileoce de M. le chanoine De Haerne, pen
dant la discussion relative l'affaire de S'Génois,
a élé fort remarqué h Bruxelles. Et, en effet, ce
silence est au moins singulier. M. le chanoine ne
devait-il pas être le défenseur naturel de son
évêque si vigoureusement mis en cause en cette
affaire
que son trouble rend méconnaissable. Tous mes tra
vaux de vingt ans, recherches, calculs, mémoires, ma
nuscrits, tout vien^ d'être égaré par la maladresse de
mon domestique. Au lieu du coffre qui les coulicnt, le
malheureux m'apporte des vêlements, de l'argenterie,
des choses sans valeur
Un canot, monsieur le commodore, un canot au nom
du Ciel Ces papiers sans doute n'auront tenté per
sonne n
Quand les officiers, tant anglais que français, pré
sents sur le gaillard d'arrière connurent la cause de ce
désespoir dé savaut, ils saluèrent avec une admiration
respectueuse.
Armez mon canot sur-le-champ commandait
Neal.
Maingon lui tend une main reconnaissante en s'é-
criant
Commodore, vous me rendez mille fois plus que
la liberté merci et que Dieu vous protège
Sur ces mots, il passe au milieu des officiers rangés
en haie et s'élance dans l'embarcation, où le lieutenant
anglais, chargé de l'accompagner, l'oblige prendre la
place d'honneur.
On part. On force de rames. Le canot vole comme la