EN VILLE ET A LA CAMPAGNE. Une mauifestion bien flatteuse vient d'avoir lieu Liège, en faveur de M. de Laveleye, dont le nom a acquis une grande autorité, non-seulement dans l'enseignement, mais dans la presse européenne ce que nous ad mirons le plus en lui, c'est la netteté de son esprit il aime le progrès et sait le propager en lerme éloquents, mais sans jamais le con fondre avec ces utopies et avec ces théories malsaines qui, notre époque, sont peut- être devenues les plus dangereux ennemis de la civilisation moderne. Voici comment le Journal de Liège nous rapporte cette manifestation Mercredi, huit heures du soir, de nombreux étu dions et des membres du jeune barreau se sont réunis Place de PUnivcrsité pour se rendre de là chez M. de Laveleye et lui offrir sou portrait, dû l'habile crayon de M. Van Loo. Précédé par de nombreux flambeaux et par la mu sique du 6* de ligne, le cortège s'est dirigé vers le Jardin Botanique, rue Courtois, où se trouve la de meure de l'éinincnt professeur et publicistc. Les vastes salons de M. de Laveleye, pouvaient peine contenir les nombreux souscripteurs présents. M. Delcxhy, au nom des élèves des écoles spéciales; M. Rcmy, au nom des étudiants en droit, et ftl. Micha, avocat, au nom des anciens élèves de M. de Laveleye, ont prononcé des discours qui ont été fréquemment et vivement applaudis. M. Masson, étudiant, a ensuite présenté en termes fort grâcieux, un bouquet Madame de Laveleye. Un élégant album, contenant les noms de tous les sous cripteurs et calligraphié par M. Beaujot, a été remis, en même temps que le portrait, M. de Laveleye. L'honorable professeur, vivement touché de cette manifestation, a remercié les nombreux assistants qui s'étaient rendus les organes de leurs sentiments. Faisant allusion aux attaques dont il a été l'objet et que l'on avait rappelées, il a dit qu'il a toujours res pecté toutes les convictions sincères, et qu'il respecte parfaitement les scrupules de ceux qui n'ont pas cru devoir s'associer la démarche de leurs condisciples. On sait que, dans sa chaire, il ne cherche pas les questions irritantes mais lorsque la matière de son cours l'oblige se prononcer sur un point sur lequel les partis sont en dissidence, il le fait avec convenance, avec conscience, mais aussi sans faiblesse et sans ar rière-pensée. Il ne cherche pas faire de la politique mais il ne l'évite pas lorsqu'elle s'impose lui dans une question grave. En dehors de sa chaire, il réclame les droits et cherche accomplir les devoirs de citoyen d'un pays libre. Jetant ensuite un rapide coup d'œil sur la situation si troublée de certains pays, sur la décadence de quelques autres, il a indiqué les périls que les doctri nes ultramontaines fout courir la liberté et l'ordre social. II a ensuite appelé l'attention de son auditoire sur la question sociale, cette question si vaste et si ardue. Tout en combattant des erreurs funestes, il faut aider les travailleurs s'élever sans se laisser rebuter par des prétentions déraisonnables. Le plus souvent, ces •prétentions sont le résultat de l'ignorance, et le devoir des classes moyennes est de répandre l'instruction dans les masses et pour cela de propager l'instruction gratuite et obligatoire. C'est par une saine instruction qu'on résoudra la question sociale et que l'on réduira le fanatisme l'impuissance. Inutile d'ajouter que des tonnerres d'applaudisse ments ont fréquemment interrompu l'orateur, dont nous ne pouvous reproduire l'éloquente improvisation. Après être resté plus d'une heure chez M. de Lave leye, les étudiaus ont reformé le cortège,qui est revenu dans un ordre parfait jusqu'à la rue de la Cathédrale, où la séparation a eu lieu. Chaque fois qu'un cirque vient s'établir chez nous, le clergé ne fait aucune difficulté de' laisser s'y rendre, au moins une fois, les élèves du collège qu'il patronne. Les profes seurs accompagnent les élèves et les jeunes vicaires se font volontiers passer pour pro fesseurs ce jour-là. Loin de nous de blâmer ces récréations, pourquoi défend-oo brutalement la Le^Mgae ce qu'on autorise en ville elle ut Décembre dernier, arriva Poelca- atre tPe .famille d'acrobates composée de vts É»es, le père, la mère et deux îût de pauvres diables, des misérables talonnés par la faim. A leur de mande, un cabaretier de l'endroit leur permit de donner une représentation, le soir, dans sa maison. Ce cabaretier est un brave et hon nête homme, père de famille, lui aussi. La représentation consista en tours de force et en une inoffensive pantomime jouée par les deux enfants. Aucune exhibition d'épaules et autres choses arrondies; aucune farce de père ou de mari joué rien de ces choses plus ou moins gauloises que l'on voit ou que l'on entend dans les cirques les plus autorisés. Pas l'ombre d'un geste qui put froisser l'om bre d'un vicaire. Il y avait là, comme spec tateurs, des notables de la localité, M. le notaire entr'autres. Eh bien le Dimanche suivant la grand'messe, le curé de l'endroit, un athénien de Furnes, nommé Missu, monte en chaire, et du haut de cette tribune qui ne devrait retentir que de paroles de consolation et de paix, laisse tomber sur la tête du cabaretier tout ahuri l'incroyable invective que voici peu près, mol pour mot Zyne actien moeten wel leege staenen de armoede moet aen zyne deur kloppen ont zulk vuil volk te aenveerden. Ik ver- hoope dat er in lang geene treffelyke men- schen over zyne zulle zullen tredendit uit vrees van cochonskens op de stoelen te vin- den. Daer is een vlek op dit huis die in lange jaren niet moet verdwynen.»... Ce n'est presque pas croyable, nous le ré pétons, et pourtant c'est ce qui a été dit. Le cabaretier a porté plainte, mais sa plainte, dit-on, n'a pas eu de suite bien que l'instruction ait prouvé le fait, ce pour la rai son que le parquet n'a pu trouver dans les paroles proférées, les caractères légaux de la calomnie ou de l'injure. Soit. Mais délit ou non, la sortie du curé Missu n'en constituera pas moins, aux yeux de tous les hommes sincères, une grossière indigailé et une véri table infamie. Si, dans la situation où nous sommes, les curés osent se permettre des excès pareils, que feraient-ils donc, bon Dieu s'ils étaieut nos maîtres Nouvelles atmosphériques. C est Dimanche qqe M. Dcgroof a remis sa tenta tive de commotion aérienne comme s'exprime l'académique Journal d'Ypres. II faut donc s'attendre des perturbations dans l'air, et, par contrecoup, des variations dans le cer veau et le style de certain rédacteur. Tous les journaux sans exception combattent les projets du gouvernement en matière de milice. Voici l'avis de la Discussionorgane du parti libéral démo cratique Si le nouveau syslèrac est admis, le remplacemeut ne sera plus accessible qu'aux classes riches. Les classes moyennes ne pourront plus y avoir recours sans d'é normes sacrifices. Sans doute il y aura là, par la force des choses, un acheminement vers le service obligatoi re, mais cet acheminement se fera dans un sens opposé aux plus simples notions de la justice plus que jamais l'argent va jouer le premier rôle dans la question du service militaire. Ces sections ont rejeté le projet du gouvernement, sur lequel, on le sait, M. Malou a posé la question de cabinet. Al"" la comtesse Langrand-Dumonceau et son fils, le comte Anatole, ont comparu devant la 4° chambre de la cour d'appel, présidée par M. De Prelle de la Nieppc, et ce pour faire juger l'opposition faite par eux l'arrêt de condamnation rendu, il y a plusieurs mois, pour eompliciié dans la banqueroute fraudu leuse de M. le cointe Langrand-Dumonceau. L'arrêt, par un retard inusité, n'avait été signifié que la semaine dernière, ce qui a permis aux prévenus de n'exercer qu'actuellement un recours qui se périme, par cinq jours. Les prévenus comparaissent libres devant la cour. Après avoir consulté les convenances des défenseurs, AIM" De Burlet et Graux, la cour remet l'affaire au 26 juin prochain. Nous nous sommes plaints souvent des rigueurs de la détention préventive nous devons croire que nos plaintes ont été entendues et qu'une réforme est inau gurée en ces matières autrement il serait inexplicable que, par une exception singulière et que trois ans de fuite l'étranger ne justifiaient en rien, des con- d a ui nés l'emprisonnement pour crime, choisissent leur heure pour paraître librement en justice, alors que tant de malheureux attendent parfois pendant des mois, en prison, la fin d'interminables instructions. La cour d'appel, qui a rejeté, il y a quelques jours, la requête de mise en liberté de AIM. Pentcr et Van Kcrckbove, d'Anvers, doit évidemment étendre ces prévenus, le bénéfice de sa jurisprudence nouvelle il ne faut pas que la liberté provisoire devienne le privi lège exclusif de ceux qui ont commencé par se sous- Iraire la responsabilité de leurs actes {Écho du Parlement Le prince Baudouin, premier né des enfants de LL. AA. RK. le comte et la comtesse de Flandre, est âgé actuellement de quatre ans. 11 est né le 3 juin 1860. On sait que le ministère a annoncé qu'il poserait la question de cabinet sur le projet de loi relatif la mi lice. Nous sommes donc fort étonnés de trouver dans le Journal de Bruxelles les lignes suivantes Nous ne cherchons nullement recruter des voix en faveur du projet présenté par le ministre de la guerre nous nous sommes expressémeat réservé notre opinion cet égard. Pour que l'organe officieux du cabinet tienne un pa reil langage, il faut que la partie soit considérée comme bien compromise, siuon perdue. Mais qu'adviendra-t-il de la question de cabinet? (Echo du Parlement.) a m D'aprsa^ktoilc, jeudi les sections de la Chamhrc se tour examiner le projet de loi apportant la loi sur la milice. l CHRONIQUE JUDICIAIRE. On raconte souvent des faits d'incroyable superstition qui se passent loin de nous dans des communes ignorées et ignorantes eu voici un qui s'est passé aux portes de Bruxelles lors de la dernière kermesse de Laeken, et qui paraîtrait invraisemblable, s'il n%$iit eu sou dénouement vendredi matin au tribunal correctionnel. Depuis quelque temps, une brave villageoise s'était aperçue que sa vache était malade. Elle s'était d'abord adressée au supérieur de l'ordre des Prémontrés, qui lui ayait conseillé de se confesser. Mais confessions et prières n'ayant aucun résultat, elle va confier au mois d'avril dernier sou chagrin une somnambule qui fai sait la pluie et le beau temps la kermesse de Lacken. Celle-ci se transporte chez la plaignante avec un coin- .père et lui déclare que ce sout ses voisins qui sont cause de tout le mal, Moyennant 50 francs elle se charge de "guérir la va che, et même d'amener les voisins venir faire les aveux les plus complets. On transige pour 50 fr. La somnambule les dépose dans un verre où elle a versé .de l'eau bénite de trois églises différentes, alors'elle allume un cierge devant la vache et se met en prières depuis minuit jusqu'à une heure... Quelques jours après, elle revint miracle les 50 fr. avaient éié remplacés par un chapelet et une bague dans le verre d'eau. On descelle une picrrdtlans l'étable et on y enterre une serviette contenant des feuilles de buis et quelques poils de la vache. On n'en finirait pas s'il fallait raconter toutes les cérémonies auxquelles dut assister la naïve villageoise. Toujours est-il qu'après celle fameuse neuvaine, la vache allait de plus en plus mal. Aussi une plainte en escroquerie fut adressée au commissaire de police, lequel retrouva chez la somnambule le chapelet et la bague. Un des témoins dans cette affaire, interpellé au su jet de sa profession, déclare Je suis sur le voyage. Al. le président. Qu'est-ce cela Le témoin. C'est-à-diré que je voyage avec les. baraques. La prévenue, interrogée son tour,^é£ÉÉl*d'un air pincé Je ne suis pas somnambule personne que l'on aime dans un miroij Elle nie du reste avoir reçu plus doF Sod avocat cherche démontrer qu'^ les faits reprochés plus d'éléments d'e dans le fait de vendre de l'eau de Lour lette pour la guéri6on des malades. Le tribunal, cependant, condamne la 1 rand un mois (je prison et 26 fr. d'aracnd3 complice 20 jours de prison et 15 fr. d'ar r

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Le Progrès (1841-1914) | 1873 | | pagina 2