On écrit de Bruxelles, 13 juin
Décius est trouvé. Le vicomte Vilain XIIII se
sacrifie la gloire de M. Beernaert. Il est décidé
qu'il donnera prochainement sa démission de mem
bre de la Chambre des représentants, et qu'il pro
posera lui-même M. Beernaert aux suffrages des
électeurs du canton de Maeseyck. Tenez ce rensei
gnement pour absolument exact.
Le grand fait qui résulte de l'élection du 9 juin,
c'est que M. Malou n'occupe plus le pouv#ir que
par la grâce de 150 électeurs flamands du canton
de Waerschot (arrondissement de Gand).
Battu et condamné par les provinces wallonnes,
où son impopularité ne peut que grandir répudié
par toutes les grandes villes même dans les Flan
dres, il a uue position moralement intenable.
S'il conserve encore une majorité numérique
dans les Chambres il a contre lui le courant de
l'opinion publique il est sans prestige pour gou
verner.
Quel concours moral peuvent lui donner les
150 voix rurales du canton de Waerschot
Il a contre lui tout ce qui pense, tout ce qui est
intelligent en Belgique, il doit comprendre aujour
d'hui qu'il est bien près de sa chute en dépit de
la majorité qu'il conserve au Parlement.
Quant nous nous avons peine croire qu'il
puisse vivre longtemps encore.
On n'administre pas un pays, comme la Belgi
que lorsqu'on n'a derrière soi que quelques dou
zaines de paysans.
Il y a, dans la situation créée par l'élection du 9
juin, quelque chose d'équivoque de précaire de
factice, qui ne permet pas de croire sa durée.
C'est un château de cartes que le moindre évé
nement peut jeter terre. t
Aussisans crainte de se tromper on peut
dire quqjes jpurs du cléricalisme gouvernemental
sont comptés.
Chaque jour voit éclore de nouvelles combi
naisons destinées ouvrir les portes du Parlement
MM. Beernaert et Cornesse.
En voici deux assez ingénieuses
Ou bien, M. de Woelmont donnerait sa démis
sion et serait remplacé au Sénat par M. Moncheur.
Dans ce cas, M. Beernaert serait porté Namur
pour la Chambre des représentants.
Ou bien, M. d'Omalius d'Halloy céderait son
siège sénatorial M. Liedekerke dont M. Beer
naert recueillerait la succession la Chambre.
Chacune de ces combinaisons rencontre cepen
dant des adversaires. La première, parce que M.
Wasseige prétend imposer aux électeurs namurois
M. Cornesse, surnommé le ferblantier verviétois.
La seconde, parce que les électeurs dinantais pour
raient bien partager l'égard de M. Beernaert
l'opinion de ceux de Soignies.
D'après Organe, de Namur, deux sénateurs de
la droite, MM. d'Omalius d'Halloy et de Woelmont
d'Hembraine se trouvent dans l'impossibilité de
participer aux travaux de la prochaine session.
L'état de santé de M. d'Aspremont-Lynden lie per
met pas l'honorable ministre des affaires étran
gères d'assister régulièrement aux séances. Le
cabinet n'ayant qu'une majorité de quatre voix
quand tous les sénateurs sont présents, l'absence
de MM. d'Omalius de Woelmont et d'Aspremoht
donnerait la majorité aux libéraux au premier
vote politique le ministère serait renversé et la
dissolution du Sénat inévitable,
itte éventualité inquiète beaucoup nos adver-
et ils cherchent le moyen de la prévenir.
rgane de Namur croit savoir que deux eombi-
'isons ont été mises en avant.
bien M. de Woelmont donnerait sa démission
rait remplacé au Sénat par M. Moncheur. Dans
M. Beernaert serait porté Namur pour la
tre des représentants.
ien M. d'Omalius d'Halloy céderait son
atorial M. de Liedekerke dont M. Beer-
ùeillerait la succession la Chambre,
e de ces combinaisons, rencontre cepen-
rt dés adversaires. La première parce que
Wasseige prétend imposer aux électeurs namu-
Cornesse, surnommé le ferblantier vervié-
seconde, parce que les électeurs dinantais
ent bien partager l'égard de M. Beernaert
te de Soignies.
Avions-nous raison de dire que l'existence du
cabinet ne serait plus qu'une agonie Précurseur
Le Journal de Gand, loin de se laisser abattre
par la néfaste journée du 9 juin, adresse ses
amis l'énergique et chaleureux appel que voici
Libéraux, on vous parlait de danger avant les
élections nous vous en parlons après. Il est plus
grave, plus imminent, plus excessif que jamais
Libéraux je vous crie comme le chevalier
d'Assas, prenez garde vous Il faut vous réor
ganiser.
Haut les cœurs, messieurs Le sentiment du
danger prochain doit vous inspirer dès le lende
main de la défaite. Le devoir y oblige.
Que vos actes soient l'affirmation de vos prin
cipes. Les cléricaux disposent du confessionnal,
du purgatoire et de la caisse Nous n'avons qu'un
recours, s'adresser l'intelligence de l'électeur
Que l'Association libérale entière donne l'ex
emple Que les sous-comités organisent des con
férences hebdomadaires, périodiques et, puisse
la vérité descendre de la tribune comme la malé
diction de la chaire de mensonge
Que la presse encourage et publie tout ce qui
se fait dans ce but. Les orateurs ne manqueront
pas l'objet de leurs discours, les infamies des
ultramontains leur en offrent chaque instant.
Et la Constitution belge, qu'elle soit notre caté
chisme politique développons la richesse de ses
principes, et marchons tous la main dans la main
d'un pas lent, mais irrésistible dans la voie qu'elle
nous a tracée.
Je pense dit la Presse Belgeque l'heure est
venue de consigner ici une observation historique.
Pendant les luttes du moyen-âge ce sont les
provinces flamandes de la Belgique qui ont montré
le plus d'énergie pour combattre la féodalité et la
théocratie religieuse. Leurs héros populaires de la
liberté sont extrêmement nombreux l'histoire des
communes flamandes est admirable.
Dans les pays wallons, au contraire, nous voyons
le plus souvent princes et peuples (en Hainaut sur
tout) d'accord pour se mettre la remorque des
monarques français.
Voici les rôles renversés ce sont les Wallons qui
veulent marcher, ce sont les Flamands qui tendent
leurs poignets l'anneau de l'esclave.
La féodalité, sous la forme qu'elle avait revêtue
au xiii® et au xive siècle est renversée mais la
théocratie religieuse reprend toutes les conquêtes
modernes une une, pour en faire des ruines.
Il paraît certain, dit XEtoile, que M. le ministre
des travaux publics ne sera pas embarrassé de
trouver un siège de représentant pour la Chambre.
On dit que trois députés d'arrondissements des
Flandres où les libéraux n'auraient aucune chance
de succès en engageant la lutte, ont offert sponta
nément de donner leur démission pour lui faire
place.
Il faudrait donc s'attendre voir le corps élec
toral d'un arrondissement ou l'autre convoqué
pour élire un nouveau représentant pendant les
vacances parlementaires, et M. Beernaert pourvu
d'un siège pour l'époque de la future session.
On lit dans Journal de Gand
Veut-on un échantillon de la façon dont on fait
l'éducation des enfants dans les établissements du
clergé? Voici un devoir qui a'été donné des
enfants, au Collège épiscopal de Liévîn, le 10
juin, lendemain des élections
Les gueux sont battus.
Les catholiques ont triomphés 1
La Belgique est sauvée,
Et préservée d'une persécution religieuse.
Ce parti qui veut être appelé-libéral,
N'a jamais mérité ce nom
Mais il doit être appelé libérâtre et gueux.
C'est-à-dire le parti des hommes qui ont toujours
opprimé la liberté,
Et persécuté la religion.
Battus par les électeurs consciencieux,
Ils ne supportent pas la punition qui leur est
faite.
Leur défaite doit être vengée par des actes
scandaleux
La religion est psultée
La pfoWiétéjfestîiolée
Les peiwonn^s nè'^cuit plus respectées par ces
hommes hainet
Où mènent les exagérations
On demandait hier une bonne femme très-
dévote qui lit pieusement tous les jours le Jour
nal et le Courrier de Bruxelles, ce qu'elle pensait
de MM. Frère et Bara.
Mais répondit-elle naïvement je crois
que ce doivent être des adversaires de bien grande
valeur puisqu'ils sont attaqués si violemment par
nos amis.
Heureusement que le confesseur de la bonne
dame n'était pas là pour entendre ce propos sub
versif.
On lit dans la Gazette générale de VAllemagne
(Pu Nord l'appréciation qui suit des Essais sur
l'histoire politique des derniers sièclespar M.
Jules Van Praet
L'auteur de ce livre remarquable sous plus
d'un rapportM. Jules Van Praetest l'un des
dignitaires les plus élevés de la Belgique et rem
plit les fonctions de ministre de la maison du Roi.
Ses Essais récemment publiés Bruxelles, com
prennent quatre études qui ont pour objet 1° le
traité d'Utrecht et les négociations antérieures du
gouvernement de Louis XIV 2" la Régence, l'al
liance de la France et de l'Angleterre, Tes guerres
de Pologne et d'Autriche, Frédéric II; 3" la guerre
de Sept ans 4e la France et l'Angleterre après la
paix de Habertsbourg, la coalition du Nord, la
Pologne, la révolution d'Amérique.
Ce livre est écrit d'un style clair, élégant, fa
cilement intelligible il se lit sans fatigue et avec
un intérêt soutenu. Mais cette qualité, laquelle il
convient sans doute d'attacher une grande impor
tance,' n'est pas celle qui distingue au plus haut
point l'ouvrage. M. Van Praet possède une science
approfondie de l'histoire c'est aussi un penseur.
Des événements qu'il expose, il déduit dans une
forme saisissante des conclusions et des enseigne
ments qui frappent vivement par leur perspicacité
et leur justesse. Son travail est instructif pour tout
le monde. Les grands faits des derniers siècles y
sont analysés et expliqués avec une telle précision,
sous tant de points de vue souvent entièrement
nouveaux, qu'il n'est pas de personne qui ne puisse
tirer grand profit de cette lecture.
L'auteur de l'article concentre ensuite son
attention sur la troisième étude et reproduit, en
s'y ralliant sans réserve, le jugement si élevé et si
remarquable de M. Van Praet sur Frédéric II.
Jeudi matin 7 heures moins dix minutes, a
eu lieu au polygoge de Vincennes, l'expiation du
crime qui a servi de préface la Commune et qui
devait être suivi de tant d'autres. Pelata, l'un des
meurtriers du malheureux Vincenzinia payé sa
dette la justice et la société.
Le coridamné qui, depuis longtemps, s'attendait
.à- l'exécution a montré la^plus grande fermeté
■lorsque le directeur de là prison du Cherche-Midi
et deUk aumôniers vinrent lui annoncer que le mo
ment de partir était venu. Les deux aumôniers
montèrent ses côtés dans la voiture, qui partit
au grand trot escortée par un piquet de gendarme
rie, Elle arriva Vincennes un quart d'heure avant
l'heure fixée.
Pelata descendit environ 30 mètres du fatal
poteau il était calme et écoutait avec recueille
ment les paroles d'encouragement que lui prodi
guaient les deux aumôniers. On lui lut la sentence
et il se trouva en face d'une piquet du 32" de ligne.
A deux reprises, il embrassa les aumôniers. Celui
qui était sa gauche lui ayant tendu la main une
dernière fois Pelata, par un brusque mouvement
l'attira contre sa poitrine et l'embrassa de nouveau
longuement et fortement puis il s'écria d'une voix
assurée C'est l'honnête ouvrier que je m'a
dresse qu'il se défie toujours des belles paroles
des réunions publiques. Voilà où elles m'ont con
duit que nia mort èt mon expiation soient un
exemple-
Il voulut rester debout et refusa de se laisser
bander les yeux. Il écarta sa cheiqise et, levant la
main droite il cria Vive Fraèce Au même
instant il tomba foudroyé iftLvait *u trois balles
dans la tête et cinq dans la t
M. le docteur Saulpic cnnstafWMla mort avait
été instantanée et qu'il était inî^^fcde donner 1-
coup de grâce,
y-cùtion.
Le défilé ordinaire tenàna l'exee
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