toutes ces modifications, a été tel, que lorsque
les cultivateurs se sont présentés avec leurs
bestiaux pour les soumettre l'expertise, ils
n'ont pas trouvé de jury. Ce langage franc
et énergique a ébahi, paraît-il, nos matadors,
qui ne sont plus guères habitués la contra
diction aussi M. Surmont s'est empressé de
prolester avec un simulacre de froide indi
gnation contre les imputations de M. De-
meester l'esprit, a-t-il dit,« qui a guidé la
députalion dans cette affaire, a été un
esprit de justice, et qui exclut toute préoc-
cupation politique. Ne sachant sans doute
comment se défendre, M. Surmont invoque
ensuite une lettre de M. Carton, président du
jury d'Ypres, qui a donné lieu, dit-il, celle
modification.
Que dit celte lettre...? La Patriedont
nous extrayons ces renseignements, ne le dit
pas, mais nous doutons qu'elle recommande
les modifications qui ont été adoptées par la
dépu'ation.
Nous attendons du reste la publication du
compte-rendu officiel pour démontrer com
bien la députalion invoque tort la lettre de
M. Carton, pour justifier la désorganisation
de ce service.
Plusieurs incidents sont venus interrompre
la monotonie que présente l'iutermioable
discussion sur les fonds locaux.
!W. Syoen récemment élu par le canton de
Rousbrugge,a vivement interpellé la députa-
tion permanente, afin de connaître les motifs
pour lesquels aucun projet de route pavée
ne se trouvait l'ordre du jour.
Cette interpellation devait évidemment
embarrasser nos matadors qui n'ont su
que répondre mais M. le Gouverneur a pris
la parole et a déclaré que si le Conseil n'a pas
délibérer sur des projets de route, il y a
pour cela une très-bonne raison, c'est que la
caisse de la province est sec.
Plus de nouvelles routes, sans de nouveaux
emprunts plus aucune roule sans nouvelles
ressources; il ne rest e même plus un centime
de Vemprunt voté l'année dernièrecar il
sera absorbé et au-delà en remboursant aux
communes leurs avances.
Cette situation nous n'avons cessé de la pré
voir et de la prédire, car nos lecteurs se rap-
pelleront sans doute que, l'année dernière
encore, nous avons consacré plusieurs longs
articles démontrer que toutes les mesures
proposées successivement, devaient aboutir
la désorganisation du service de la voirie.
Certes, ce n'est pas nous d'indiquer les
remèdes, mais nous tenons constater avec
M. Syoen que deux sessions se seront ainsi
passées, sans que le conseil provincial n'ait
voté aucune nouvelle roule.
Il nous semble pourtant que la voirie,
compte au nombre des services généraux,
dans lesquels la province a un intérêt réel
et qu'à ce titre, elle mériterait la sollicitude
de nos matadors cléricaux.
Malheureusement, les bonnes intentions
ne suffisent pas et nous assistons ce triste
spectacle, de voir désorganiser peu peu
tous les services, par suite de l'incapacité et
de l'impuissance desbedauds qui nous repré-
sentent au Conseil provincial.
De toute part s'élèvent des plaintes de plus
plus vives au sujet du mystère, dont on
ntinue entourer les délibérations du
onseil provincial. Certes, lorsqu'on organi
sait grands frais un service sténographique,
tout le monde devait croire que c'était dans
le but de donner aux travaux du conseil une
plus grande publicité. Au lieu de cela, tout
se passe en serre chaude et nous n'en savons
que ce qué des rumeurs indiscrètes viennent
nous en appiendre. Le croirait-on Ce
compte-rendu sténographié, qui nous coûte
plusieurs millions de francs, n'est tiré qu'à
80 exemplaires c'est M. Surmont qui l'a
déclaré. Pourquoi restreint-on ainsi la publi
cité des travaux du conseil. Nous ne le
comprenons réellement pas. M. Surmont dit
bien que la députalion a eu ses motifs pour
n agir comme elle l'a fait,» et il ajoute même
qu'elle a agi comme elle l'a fait, pour des
motifs d'administration.
Mais quels sont ces motifs, voilà ce que
M. Surmont a oublié de dire, et notre avis,
l'on a lout bonnement voulu soustraire les
délibérations du conseil la publicité afin
d'échapper ainsi la discussion et la cri
tique.
Une discussion assez longue a surgi la fin de la
séance de mercredi, et est venue démontrer M.
Surmont, que son influence au Conseil est loin
d'être aussi considérable qu'il aime le faire croire.
Il s'agissait d'un crédit de 8,000 fr. alloué par
la province pour travaux d'agrandissement la
maison d'aliénés de cette ville. M. Surmont fort de
sa puissance, propose un amendement tendant
élever ce crédit 10,000 francs. Mal lui en a pris,
car son amendement, malgré cinq ou six filandreux
discours, fut rejeté par 33 voix contre 8. -- Haantje
De Cock, qui avait voté le rejet, bondissait de
joie d'avoir vaincu son rival.
Mais en voici bien une autre Encouragé par ce
succès M. Lagae, collègue de M. Surmont, propose
la suppression complète des 8,000 fr. Or, il ne
s'en est fallu que d'une voix où il gagnait la bataille.
En effet, le crédit a été maintenu par 18 voix
contre 17.
Voilà quoi se borne l'influence de M. Surmont
lorsqu'il ne s'agit plus de faire des niches M. le
Gouverneur.
Nécrologie.
La ville d'Ypres vient de faire une perte sensible
en la personne de M. Pierre-François-Léopold
Boedt, décédé le 22 Juillet 1874, l'âge de 80
ans et six mois. M. Boedt, après avoir fait de
brillantes études de droit, s'établit comme avocat
en notre ville, où il pratiqua avec succès pendant
de longues années. En 1830, il fut élu conseiller
communal, et occupa ces fonctions jusqu'au renou
vellement intégral du conseil en 1870 pendant
plusieurs années aussi, il fut conseiller provincial,
vice-président de la commission des prisons et
membre de la commission des Hospices son grand
âge l'avait engagé renoncer successivement ces
fonctions, mais l'époque de son décès, il était
encore président des commissions administratives
de la bibliothèque et du musée, vice-président de
la société archéologique de la West-Flandre,
membre de la commission administrative de l'aca
démie des beaux-arts et de l'école professionnelle,
membre du bureau administratif du collège com
munal et de l'école moyenne de la ville, et dans
toutes ces fonctions, il fit preuve d'un dévouement
sans bornes, aux intérêts qui lui étaient confiés
aussi le Roi récompensa ses services en 1869,
croyons-nous, en le nommant chevalier de l'ordre
de Léopold.
M. Boedt se distinguait surtout par l'affabilité et
la franchise de son caractère, il possédait des con
naissances variéeset étendues etétait profondément
attaché l'opinion libérale.
Tous ceux qui l'ont connu, apprécieront comme
nous l'étendue de la perte que nous fesons par la
mort de cet homme de bien.
On nous dit que lors de l'inspection, qu'il a pas
sée sur la plaine de Nimy, près de Mons, des
troupes de la garnison, M. le général Thiebauld,
ministre de la guerre, a prononcé une allocution
dans laquelle il a recommandé aux officiers et sous-
officiers de se montrer autaut que possible moins
sévère l'avenir envers les troupiers et de ne faire
l'application des peines disciplinaires que lorsqu'il
y a nécessité absolue. Un soldat qui n'a pas encore
été puni, a dit M. Thiebauld, évite avec le plus
grand soin de commettre des infractions qui lui
feraient faire connaissance avec la salle de police,
il se fait un titre degloire de n'a voir jamais encouru
la peine la plus légère. Mais il en est autrement
lorsque le soldat a goûté du cachot deux ou trois
fois, non pas que le cachot soit un séjour plein de
délices, mais parce que, le premier pas étant fait,
il se familiarise avec les peines disciplinaires.
Du moment que le troupier en arrive ce point
que les punitions le laissent indifférent, il devient
bien vite un mauvais sujet et Vilvorde l'attend. On
serait effrayé si l'on connaissait le nombre de nos
soldats que trop de sévérité a pervertis et qui vont
peupler les maisons correctionnaires.
Les paroles de M. le ministre de la guerre sont
sages et pleines de justesse. On est trop habitué
dans nos casernes considérer les soldats comme
des esclaves, et la sévérité brutale a fait plus d'un
mauvais soldat.
C'est la récente rébellion de Vilvorde qui a dicté
l'allocution de M. le ministre de la guerre que
l'on n'oublie pas l'une et que l'autre ne reste pas
sans effet. Nous le désirons pour l'honneur de notre
armée.
M. le duc Decazes a donné entendre devant
l'Assemblée nationale de Versailles, que la France
se ferait représenter au congrès de Bruxelles, sur
tout par déférence pour l'empereur de Russie, et il
a ajouté que ses plénipotentiaires n'y auraient
d'autre rôle que d'entendre œd référendum les pro
positions qui pourront s'y produire.
Il résulte aussi des déclarations de ce ministre
que la France s'est associée aux réserves formulées
par l'Angleterre, relativement au droit maritime.
De Vienne, on annonce que c'est le comte
Chotek qui sera le premier délégué du gouverne
ment austro-hongrois au congrès de Bruxelles, et
le général Schœnfeld second délégué.
Le Journal de Bruxelles dit qu'un mieux sensible
s'est produit dans l'état de M. le comte de Theux.
On peut le considérer comme tout,à fait remis.
Voici un fait que raconte la Gazette et dont nous
avons été témoin oculaire
La station de Bruges. si ce que l'on raconte
est exact, a été lundi le théâtre d'un drame
palpitant.
Le train de Bruxelles était arrêté dans la gare.
M. Beernaert qui s'y trouvait. revenant d'Os-
tende ou de Thielt, était descendu, on ne sait
pas exactement pour quel motif. Toujours est-il
qu'il se promenait sur le quai, causant avec les
autorités de la station.
Il faisait très-chaud. M. Beernaert, soit qu'il
fût pressé de descendre, soit qu'il cherchât la fraî
cheur, avait laissé son chapeau dans lq compar
timent qu'il occupait, Il était nu-têté.
Tout coup, on entendit dans la gare un cri
affreux.
Le train s'est remis en marche oubliant M.
Beernaert qui, entraîné par lecharmede la conver
sation, ne l'a pas vu partir.
Pendant que le ministre qui voit son chapeau
s'en aller sans lui vers Bruxelles s'abandonne un
affreux désespoir, tous les employés se mettent
la poursuitre du train.
Arrêtez arrêtez Le chapeau du
ministre
Les voyageurs, croyant qu'un accident vient
d'arriver, mettent tous la tête la portière...
On fait signaux sur signaux pour faire arrêter le
train. -
Enfin, au -bout de soixante mètres environ^ la
locomotive ralentit sa marche et'^it halte.
On attend....
M. Beernaert, tête.nue, arrive,etfcô
par tout le personnel déjà station
Le bruit court, et nous le tenons d'une personne
en position .de bien connaître les faits, que huit
soldats correctionnaires auraient succombé aux
blessures qu'ils, ont reçues lors de la tentative de
rébellion dont la maison de détention militaire de
Vilvorde a été récemment le théâtre. Dix-huit
autres soldats auraient été blessés.
Nous rapportons ce bruit sous toutes réserves. Il
importerait, pour couper court aux rumeurs répan
dues dans le public que l'on fit connaître sans tar
der les résultats de l'enquête ouverte par l'autorité
compétente. {Courrier de Bruxelles.)