N° 3,480
Dimanche,
34e ANNÉE.
6 Septembre 1874.
6 FRAÎNCS PAR AIV.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Intérieur.
DISTRIBUTION DES PRIX
LE PROGRÉS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQI'IRIT CRN 1)0
ABONNEMENT l'Ait AN Pour l'nrroM1 ailmiuistraLif et
Idem Pour le restant rlu pays.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé t'é'
judiciaire d'Ypres. fr. fi-00
a 7-00
litcur, rue au Beurre, 85.
INSERTIONS Annonces la ligue ordinaire fr. (1-15 Kkchmks lu ligue fr. (1-50
Les aiiuoiiccs de Uriixelles et de l'étranger sont reçues cher. MM. I.kciikin et
Ptcznu, 15, Montagne des Aveugles, A Rhù'xkllrs.
Nouvelle* «le rclrungur,
S'il faut rn croire un journal parisien, c'est demain,
jeudi, que l'aiuliassadeur d'Espagne sera admis re
mettre au président de la république française ses
lettres de créance comme représentant du maréchal
Serrano.
La reconnaissance du gouvernement de Madrid par
l'Allemagne et l'Autriche'sera notifiée le même jour,
l e cointe de llatzfeld et le comte LodolT sont en route
pour leur destination et, dès leur arrivée Madrid ils
présenteront leurs lettres de créauce en même temps
au maréchal Serrano.
La feuille officielle de Stockholm annonce que le Roi,
ayant résolu de reconnaître le gouvernement actuel
d'Espagne, a daigné ordonner que de nouvelles lettres
de créance fussent délivrées au ministre résident
Madrid, M. F. Th. Lindsti-and.
L'ancien chef du parti radical espagnol, M. Ruiz
Zon'lla, se rallie décidément la république. Dans nue
entrevue qu'il vient d'avoir avec ses amis politiques,
l'Escurtal, il a déclaré que le gouvernement intérimaire
et indéfini (lu maréchal Serrano ne. suffit pas l'Espa
gne, qu'il faut pour lutter contre les carlistes avoir
cuminc eux un gouvernement qui ait un nom et un
lendemain. Il propose donc la proclamation de la ré
publique. Enfin, comme ligne politique suivre, il
réclame l'union de Ions les partis libéraux, sous la
forme républicaine et sous la présidence ou maréchal
Serrano.
Le gouvernement prussien ne plaisante pas avec les
démontratinns des ultra mon tains Dans le grand-duché
de Posen, Xious, bourgade qui en 1848 avait déjà
reçu une rude leçon pour le giieiapcns dans lequel un
détachement de troupes avait été attiré, la population a
voulu expulser de l'église le nouveau vicaire, nommé,
avec le consentement du gouvernement, parle propri
étaire qui a le droit de présentation. On y a envoyé
immédiatement dus troupes et arrêté les plus mutins.
I,e gouvernement est résolu réprimer sur-lc-èhamp
toutcg ces tentatives de rébellion que le clergé fait
exécuter par les populations fanatisées, et les fauteurs
de ces désordres ne serunl certainement pas épargnés
La reconnaissance du gouvernement espagnol par
l'Allemagne est un l'ait accompli.
Le représentant espagnol a été reçu hier en audience
solennelle, par l'empereur Guillaume et lui a remis ses
lettres de créance.
L'anniversaire de la capitulation de Sedan a été fêté
Lier avec une. certaine solennité Berlin.
L'empereur Guillaume a passé, cette occasion, une
grande revue et a donné un dîner de gala.
Le 28 août a eu iieu S' Pétersbourg, avec les
splendeurs usitées en pareille occasion, la cour de
Russie, la célébration du mariage d'après les rites or
thodoxes du grand-duc Vladimir fils de l'empereur
Alexandre, avec la princesse Marie de Meek lent hou rg-
Schwérin. La jeune épouse portera désormais le nom
de Marie-Paulovna avec le titre il'Altessè Impériale.
friisa, do 5 Septembre.
AUX ÉLÈVES
iHiOl tCS ÉCOLES COMMUNALES.
cérémonies intéressantes ont eu Heu
dans la grande salle des Halles nonvel-
et oui sera bientôt une des plus belles
nions parler de la distribution
de l'École communale des filles,
Justice, et aux élèves de l'École
"çons.
breuse que jamais est venue
V -
assister ces fêtes et témoigner ainsi de sa sym
pathie pour ces institutions.
La distribution des prix aux jeunes filles s'est
faite le Lundi, 24 Août. A droite de l'estradeétâient
rangées les élèves au nombre d'environ cent, la
plupart Vêtues de blanc gauche se trouvaient les
parents, amis et connaissances. Deux jolis chœurs
ont été chantés avéc beaucoup de précision et
d'entrain, et une des élèves, M"6 Vandelannoitte, a
adressé avec infiniment de grâce et d'aisance un
compliment de remerciaient aux autorités présentes
la cérémonie.
M. l'échevin Vanheule a pris ensuite la parole
et s'est exprimé comme suit
En prenant la parole dans cette cérémonie, mon
intention n'est pas de répéter toutes les belles
choses qui ont été dites sur les avantages de l'in
struction du peuple. Je me trouve devant un public
qui les apprécie. Mon but est simplement d'expo
ser en peu de mots ce qu'était l'école dans l'origine,
ce qu'elle est devenue et ce qu'elle doit être.
Dans le rapport dressé sur l'administration
communale pendant l'année 1867, le Collège éche-
vinal exprima l'espoir que si, jusqu'alors, l'instruc
tion .des filles avait laissé beaucoup désirer
non-seulement pour ici uictsse pduvi^ iiicMo auooi
pour les classes mieux favorisées de la fortune, le
moment approchait où l'administration pourrait
satisfaire aux exigencés de l'époque. Cet espoir n'a
pas été déçu grâce l'appui qu'il trouva dans le
conseil. L'Ecole communale primaire pour les filles
fut inaugurée le lr Octobre 1868. Ceux qui ont
assisté cette cérémonie doivent se rappeler com
bien elle était simple et touchante, véritable fête de
famille où n'assistaient que les membres de l'auto
rité et du corps professoral, quarante six jeunes
filles et leurs parents et un certain nombre de
dames qui avaient tenu manifester par leur pré
sence toute leur sympathie pour l'instruction de la
jeunesse. Ces enfants appartenaient pour la plupart
la classe pauvre. A cette occasion notre digne
Bourgmestredans le discours d'inauguration
s'exprima comme suit
L'institution que nous inaugurons aujourd'hui
est l'École primaire gratuite. C'est la première
étape dans la voie que nous nous proposons de
parcourir. Ensuite et dans un avenir très-pro-
chain viendra l'école primaire payante.
Ces deux institutions auront pour couronne-
ment l'École primaire supérieure ou École
moyenne qui viendra compléter l'éducation intel-
lectuelle de la femme. Ce n'est qu'alors que nous
croirons avoir rempli notre programme et comblé
la regrettable lacune qui existe chez nous quant
l'enseignement des jeunes personnes.
Comme école destinée répandre l'instruction
dans la classe pauvre, la nouvelle institution ren
contra un obstacle pour ainsi dire invincible. Il
existe parmi la population ouvrière de notre ville
un abus qu'il est difficile d'extirper c'est l'exploi
tation des jeunes filles pour augmenter les ressources
matérielles de la famille. Dès leur tendre enfance
et avant que leurs premières forces se soient
développées, ces enfants, entassées dans des locaux
généralement malsains, privées d'air et d'exercice,
sont courbées sur le carreau pendant des journées
entières. Il faut qu'elles fassent leur tâcheron ne
leur laisse pas même assez de répit" pour s'initier
aux travaux manuels les plus indispensables, et au.
bout de la semaine on leur demande ce qu'elles ont
gagné et non ce qu'elles ont appris. De là, d'une
part, cette ignorance profonde et presque générale
chez la femme ouvrière, et d'autre part, cet état
de délibitation si frappante d'une grande partie de
notre population.
Élevées elles-mêmes dans ces conditions les
mères de famille n'apprercient guère les avantages
du développement intellectuel de leurs filles et il
faut un œil plus exercé que le leur pour voir dans
cette exploitation de l'enfance une des grandes
causes des misères physiques qui nous entourent.
Soutenues d'ailleurs dans leur erreur et dans leurs
préjugés elles restent de bonne foi embourbées
dans l'ornière creusée par i'esprit de lucre, et l'au
torité serait impuissante combattre cet abus si
elle n'était vivement soutenue par tous ceux qui
prennent cœur la prospérité et le bonheur de la
classe ouvrière.
L'influence de cette situation ne pouvait man
quer de se produire sur le développement de la
nouvelle école. Peu peu les enfants pauvres la
désertèrent pour retourner s'étioler dans des écoles
dentellières. On n'y conserva que les filles de pa
rents quipar suite de leur position matérielle
écîoses, ou qui, appréciant jûsfë'menlf?es'avanïS!$è§
de l'instruction et de l'éducation, avaient le noble
courage de s'imposer des sacrifices dans le présent
pour sauvegarder l'avenir et pour assurer ainsi
leurs enfants une plus grande somme de bonheur en
préparant pour elles une place au banquet de la vie
intellectuelle. C'est cette tendance que nous signa
lâmes dans le rapport au Conseil communal en
séance du 31 Octobre 1871. L'école, disions-nous,
change rapidement de caractère. Comme on n'y
enseigne pas la dentelle les enfants de la classe
pauvre l'ont en grande partie désertée pour entrer
dans un atelier de fabrication (car c'est le seul
nom qu'il convient de donneè ces écoles). Par
contre elles ont été bien vite remplacées par des
enfants appartenant une classe plus aisée,
et la nouvelle école ne tardera pas devenir le
pendant du Collège communal, comme l'école fon-
dée par la Demoiselle Van Zuytpeene est destinée a
devenir le pendant de l'École communale de gar
çons.
Depuis lors cette dernière école a été inau
gurée et on peut affirmer que son succès est
assuré elle est ouverte aujourd'hui pour y recueil
lir les filles de 1a classe ouvrière, et comme le
programme est combiné de manière pouvoir leur
enseigner les principales branches de l'instruction
primaire en même temps que la fabrication de la
dentelle, on pourra marcher insensiblement vers le
but atteindre sans rompre brusquement avec des
préjugés et des habitudes encore profondément
enracinés dans nôtre^opjilafion.
Il importe donc de définir le caractère de 1 an
cienne école et de tracer nettement la ligne de dé
marcation qui la sépare de la nouvelle. Le moment
nous semble venu de sortir du provisoire et de
proclamer que la' nouvelle ecole sera désormais
l'école primaire gratuite, tandis que l'ancienne sera
une école payante. Dans la nouvelle se donnera
l'instruction primaire,avec .oji sans renseignement
de la fabrication de la dentelle selon le désir des
parents jtyns l'ancienne .1'enseigue.mént sera
organisé d'après les besoins de la classe âiséè de la