No 224. Jeudi,
37e ANNÉE.
22 Février 1877.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
6 FRANCS PAR AN.
Le Journal dYpres, dans son numéro du 18
de ce mois, raconte daprès ce que ses rédacteurs
auraient ouï dire, que la collocation du Sr V.
se serait faite avec inhumanité et brutalité.
Ayant appris que M. le Bourgmestre a pro
cédé une enquête, le public saura bientôt
si l'accusation du Journal d'Ypres a quelque
fondement. Mais nous avons, nous aussi, en
tendu des personnes honorables, et il est dès
présent établi que le Sr V., qui a des forces
exceptionnelles, a été d'une violence extrême;
que les agents ont dû réunir tous leurs efforts
pour le retenir que les agents ont reçu beau
coup d* coups, et que la visite faite par le
médecin de la maison des aliénés a constaté
que V. ne portait pas la moindre égratignure,
ni la moindre marque de violence. S'il eut été
référable que le transfert se fit une autre
eure du jour, beaucoup de témoins affirment
ue, si les agents n'ont pas suivi les instructions
onnées, c'est qu'ils ont été débordés par des
circonstances exceptionnelles. Il est également
vrai qu'ils ont, trois, veillé toute la nuit,
dans l'intérêt du Sr V. et de sa famille ils ont
donné des preuves d'un véritable dévouement,
subissant paisiblement outrages et violences.
Il n'est donc pas admissible qu'en procédant
quelques heures plus tard la collocation de
V. ils aient agi avec inhumanité ou brutalité.
Malheureusement, de méchantes langues
instiguées par des ennemis politiques de l'ad
ministration communale, répandent toutes
sortes de faux bruits, et essaient lâchement
de battre l'autorité sur le dos de quelques
agents. Cette intrigue échouera.
On nous rapporte que V. est le fou le plus,
dangereux et le plus furieux qu'on ait jamais
colloqué l'asile de notre ville.
L'Association libérale de notre arrondisse
ment s'est réunie samedi après-dîner, dans la
grande salle de l'Aigle d'Or rarement l'as
semblée a été aussi nombreuse on peut dire
que la salle était comble.
Vers trois heures, M. Henri Carton a ouvert
la séance et dans un discours très-chaleureux,
il a rappelé que M. Malou lui-même avait
reconnu la légitimité des griefs articulés par
M. Bara et avait promis une réforme électo
rale sincère, loyale et complète. Il examine
ensuite comment il a tenu promesse et démon
tre que le projet, loin de satisfaire nos justes
réclamations, érige le contrôle des billets en
système légal et aggrave encore au profit du
cléricalisme, tous les abus actuellement en
vigueur. Ce projet, dit M. Carton, est la fois
une mystification et un défi aussi, il a pro
voqué une telle réprobation dans le pays que
M. Malou n'a pas hésité reculer devant son
œuvre. Il énumère les concessions qui ont été
faites et n'en méconnaît pas l'importance
mais qui garantit qu'elles seront adoptées par
la majorité le langage de ses organes les plus
autorisés permet "d'en douter.
M. Carton démontre d'ailleurs l'insuffisance
de ces concessions et propose de voter ui^fc*,
adresse MM. les membres de la gauche pai*|L
lementaire et Messieurs les Président ait
Membres de la Fédération libérale, pour 1^1^
engager continuer leurs patriotiques efforfrg
pourla défense des intérêts du libéralisme.
M. le Président termine en donnant lectu«»'r
d'un projet d'adresse qui a été voté par accla
mations et au milieu du plus grand enthou
siasme.
La séance est levée quatre heures et demi|
Les électeurs illettrés.
LE PROGRÈS
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE lilHASCUE.
VIIIUS AC0UJR1T F.l'NDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour ['arrondissement administratif et judiciaire d'Vpres. Ir. C-00
Idem Pour le restanl du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 50.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
BULLETIN POLITIQUE.
Les journaux étrangers sont toujours remplis de
dépêches des Conslanlinople. qui s'accordent faire
pressentir la prochaine déposition du sultan. Nous
ne sommes pas fixés sur l'authenticité des rensei
gnements qu'elles propagent, mais nous n'étonne
rons personne en disant que Midhat Pacha a tenu
pouvoir observer bonne portée les événements
politiques dont la ville de Conslanlinople peut-être
le théâtre, lorsqu'il a établi sa résidence provisoire
Naples. Du reste, dans un pays où. depuis moins
d'un an, le conseil des ministres a déposé deux sul
tans, la tradition monarchique semble s'être singu
lièrement relâchée, et nous sommes d'avis qu'il reste
Midjial Pacha plusieurs cartes dont il peut tirer
parti pour rentrer plus ou moins prochainement en
scène, soit qu'il arrive se réconcilier avec le sultan
actuel, soit qu'il ail les moyens de le renverser.
Les négociations de paix entre la Serbie et la Tur
quie sont sur le point d'être terminées. La Skoup-
chtina aura se prononcer lundi prochain sur le
traité de paix arrêté Conslanlinople.
Cette conclusion prévue ne se rattache plus que
rétrospectivement la question générale de l'altitude
réciproque de la Russie et de la'l'urquie.les journaux
russes insistant tous les jours de plus en plus sur
l'indépendance complète de la question serbe et de
la question d'Orient proprement dite. Il n'y a donc
pas de contradiction entre les nouvelles rassurantes
qui viennent de Belgrade et les informations qui
viennent d'un peu partout sur les armemenls simul
tanés et persistants de la Russie, de la Porte, voire
de l'Autriche. Il n'est pas jusqu'à la Serbie elle-
même qui n'arme ou ne se donne l'air d'armer afin,
dit-on. d'obtenir des conditions meilleures du gou
vernement otloman.
On attend en Italie avec une certaine impatience
la publication des documents diplomatiques relatifs
la question d'Orient, que le gouvernement doit
présenter au Parlement. On espère y trouver l'ex
plication de l'espèce de contradiction qui existe
entre la déclaration de M. Melegari au Sénat et son
entrelien avec le marquis de Salisbury la différence
porte principalement sur la valeur que le cabinet
italien attache au traité de 1856.
Deux interpellations sont annoncées par M. Vis-
conti-Venosla. l'ancien ministre des affaires élran-
gères. M. Depretis a promis le procain dépôt des
pièces diplomatiques.
Une nouvelle campagne parait devoir s'engager
en France contre le ministère et son chef.
L'Union républicaine a tenu une séance dans la
quelle M. Spuller a prononcé un discours considé
rable. tendant démontrer que M. Jules Simon n'a
pas plus que M. Ricard et M. de Marcère sa liberté
d'action, et qu'il est nécessaire de le mettre en
demeure d'opérer des remaniements profonds dans
le personnel administratif. L'opinion de la majorité
de la réunion est que M. Jules Simon ne pourra
pa& donner satisfaction sur ce point, et qu'une
campagne dans'ce sens pourrait être enIreprise
conlre M. Jules Simon avec de sérieuses chances
de succès.
Le conseil fédéral suisse a décidé de soumettre
aux Chambres fédérales un projet tendant autori
ser la participation officielle de la Suisse l'Expo-
siiion universelle de Paris et demandant les crédits
nécessaires. Le conseil a déjà nommé, en prévision
du consentement des Chambres, une commission
générale de 59 membres, et accordé un crédit pour
les travaux préparatoires.
Les ministres hongrois, réunis hier en conseil
Vienne, ont décidé l'unanimité qu'il n'y avait pas
lieu de faire de nouvelles concessions au gouverne
ment autrichien. Ils maintiennent leur démission.
La Gazette de Cologne dit que le seul moyen de
mettre un terme la crise, est d'autoriser le minis
tère hongroisà établir une banque nationale Peslh.
Nous apprenons de Rome que la question récem
ment débattue de l'éligibilité dans le futur conclave
des cardinaux de différentes nationalités a reçu
une solution. Il a été décidé que tout cardinal serait
éligible, quelle que soit sa nationalité.
Cette décision a une gravité incontestable dans
les circonstances présentes, cause de la publicité
même qu'on lui Jonne. Car si le droit d'élire un
Pape étranger n'a jamais été contesté en fait de
puis plus de deux siècles, le Souverain Pontife a
toujours été choisi parmi les cardinaux italiens.
Ypres, le tl Février 187 7.
ÎHBiq isr-m
a-l-il beaucoup d'élecleurs illettrés?
Les journaux cléricaux, les députés de la droite
et M. Malou lui-même prétendent que oui. Nous
croyons, nous, au contraire, que le nombrp de ces
électeurs est trllement restreint qu'il n'y a pas lieu
de s'en préoccuper dans une loi électorale.
Celle opinion a été parfaitement défendue en
1871 par un membre éminent de la droite, rappor
teur de la Commission du Sénat chargée d'cxaini-
ner le projet de loi sur la réforme électorale
proposée par le ministère d'Anethan.