ÎST° 232. Dimanche.
37e Annie.
25 Mars 1877
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
PARAISSANT LE JEUDI ET LE ROI ANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
La Chambre des Représentants continue
s'occuper du budget des travaux publics et la
discussion, qui dure depuis quinze jours, pro
met d'être longue encore c'est que chacun de
nos honorables sent l'obligation de lire sa
petite réclamation électorale et de racheter
ainsi le silence qu'il garde pendant le restant
de l'année ainsi ont fait MM. Struye et Ber-
ten, mais leurs speetebs étaient si faibles que
leur parent et ami, M. De Haerne a cru devoir,
venir leur aide. M. le chanoine ne nous a
rien appris de plus que les représentants de
nos ruraux. Tous trois demandent la reprise
de nos chemins de fer et l'achèvement du canal
de la Lys l'Yperlée. Nos honorables savaient
fort bien pourtant que c'est peine perdue.
MM. Struye et Berten ont accompagné deux
fois la Députation qui s'est rendue chez M. le
Ministre des Finances, pour faire les mêmes
demandes, ils savaient donc aussi bien que
nous que la réponce de M. le Ministre consis
terait en une fin de non-recevoir, qui équivaut
un refus péremptoire. Mais c'est égal,
nos honorables espèrent gagner ainsi un bon
oint auprès de MM. les Ruraux et acquérir
e nouveaux titres leur confiance.
De la vraie comédie voilà tout ce qu'on peut
en dire, et la comédie dégénère en bouffonne
rie, lorsqu'on entend M. le Ministre des Tra
vaux publics répondre gravement. M. Struye,
qui le premier en a recommandé le prompt
achèvement, a reconnu que son premier
effet, serait de réduire les recettes déjà insuf-
Usantes des chemins de fer de la Flandre.
M. le Ministre des Travaux publics ne pou
vait se moquer plus agréablement de son
public et il ne pouvait faire dire M. Struye
une plus grande sottise. Il ne pouvait, il est
vrai, plus facilement réfuter M. Struye que
par lui-même comme on dit vulgairement,
celui-ci s'est fait ramasser au demi-cercle.
Quelle nécessité v avait il, en effet, pour M.
Struye de mêler ies destinées du canal celles
du chemin de fer et pourquoi l'un devrait-il
nécessairement nuire l'autre Nous ne
voyons réellement pas. Pourquoi, en effet, si
l'Etat reprenait l'un et l'autre, ne retrouve
raient-ils pas, l'un comme l'autre,de nouveaux
éléments de vitalité dans l'accroissement de
nos relations industrielles et commerciales.
Naturellement, lorsque M. Struye va pro
clamer que le canal doit s'achever au dépens
du chemin de fer, il ne peut guères disposer le
Gouvernement le reprendre et l'achever.
C'est là une de ces maladresses, qui tournent
au détriment du but principal. Nous le disons
franchement, si nous avions une affaire faire
réussir, nous prierions, de grâce, M. Struye,
de ne pas s'en occuper.
Et M. le Ministre ne nous semble pas plus
heureux que M. Struye, lorsqu'il ose dire que
c'est M. Struye qui le premier, a recommandé
le prompt achèvement du canal. M. le Minis
tre croit-il donc que le monde n'existe que
depuis que lui et M. Struye font partie du
Parlement. Comment, depuis sept ans, M.
Vandenpeereboom n'a pas laissé passer une
occasion pour réclamer la reprise et l'achève
ment du Canal et le Moniteur contient au
moins une dizaine de discours de notre sénateur,
M. le Baron Mazeman de Couthove et même
quelques speatch de feu M. Van Renynghe
et M. le Ministre ose venir dire du haut de la
tribune, son benjamin M. Struye, que le
premier il est venu recommander le prompt
achèvement du Canal. C'est, il faut en conve
nir, trop fort et après une pareille audace, il
n'y a qu'à tirer l'échelle.
Le Journal d'Ypres reste muet comme une
carpe. Nous lui avons demandé si M. le mon
sieur Scherping qui est attaché en qualité
de chapelain sa chapelle du St-Sang Bru
ges, est bien le même qui a été vicaire àVoor-
mezeele et vient d'être condamné par notre
tribunal correctionnel, pour avoir infligé des
coups un enfant qui suivait ses leçons de
doctrine chrétienne.
Nous espérons que le Journal voudra bien
satisfaire notre curiosité.
L'organe de M. le Doyen n'est pas plus
pressé non plus de nous répondre si ses pa-
LE PROCHES
VIRES AC0CIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAU AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. !r. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
La nouvelle inattendue que le télégraphe a trans
mise au monde entier, le refus de l'Angleterre d'ad
hérer au protocole modifié par le gouvernement
russe, n'a pas produit une émotion bien grande en
Europe. C'est que la dernière partie de la dépêche
atténuait elle-même ce que les deux premières pou
vaient avoir de trop absolu. Le cabinet anglais
n'a pas accepté les modifications russes du proto
cole. il demande que la Russie promette explicite
ment de désarmer. Les négociations continuent.
Le Nord dit que les armements de la Russie ne
menacent, du reste, pas l'Europe; personne ne
songe lui attribuer des desseins hostiles l'Au
triche ou l'Allemagne si la Turquie cède aux
remontrances de l'Europe, elle se trouve suffisam
ment garantie par la déclaration commune des
grandes puissances qu'elles respecteront l'intégrité
territoriale de l'Empire olloman. La paix ne peut
èlre compromise que par le refus de la Porte d'exé
cuter le programme de réformes qui lui sera signi
fié au nom de l'Europe.
Le langage des journaux français est au fond
aussi-rassurant. Il ne faut pas oublier, dit le Tewps,
que si la Russie a des exigences nationales
satisfaire, l'Angleterre a de son côlé besoin d'un
pont de retraite. El le cabinet doit veiller surtout
ne prendre pour l'avenir aucun engagement auquel
il ne puisse rester fidèle, tout en se conformant aux
intérêts et l'honneur du pays.
Le général IgnalielT a quitté Londres pour ce
rendre Vienne. Ce n'est donc pas lui qui termi
nera les négociations. De son côté, le cabinet an
glais ne perd pas son temps il doit se réunir encore
et hâtera, autant que possible, la solution de la
question.
L'armistice avec le Monténégro a été prorogé
jusqu'au Ier avril (calendrier grec, correspondant
au 15 avril de notre calendrier).
Les délégués monténégrins ont enfin reçu une
dépêche lisible.
Le prince Nikila renonce bien au port de Spizza,
et on sait les raisons qui ne lui permettent pas de
faire autrement, mais il rest intraitable en ce qui
concerne la cession de la forteresse et du district de
Nicksich. On assure que la Porte repousse ces de
mandes. Ce ne sera donc pas trop de vingt jours
pour trouver un nouveau terrain de conciliations.
A Versailles, la Chambre des représentants a
continué la discussion sur les chemins de fer.
Sur la proposition de M. Allain-Targé. la Cham
bre a voté le renvoi du projet la commission par
246 voix contre 207.
La Sénat a fixé samedi la discussion sur l'im
pôt des savons.
Des démonstrations populaires ont eu lieu
Berlin l'accation du 80e annivérsaire de l'empe
reur Guillaume. Le peuple de la capitale a donné
son souverain des preuves éclatantes de son dé
vouaient et de sa respectueuse sympathie des
réjouissances publiques ont eu lieu dans toute la
ville. Un grand nombre de princes allemands s'é
taient rendus Berlin pour offrir leurs félicitations
l'Empereur. Le Czar s'est fait représenter aux fê
tes par le grand-duc Nicolas et le général Totleben.
On attendait aussi l'impératrice de Russie, mais
son voyage a été ajourné par suite du décès de son
frère, le prirfee Charles de Hesse L'empereur
Guillaume a reçu des télégrammes de félicitations
de l'empereur d'Autriche et des lettres aulographes
du roi des Belges, des rois de Bavière et d'Espagne.
Les informations que nous recevons de Rouma
nie et de Grèce ne nous montrent pas sous un
aspect très brillant la situation intérieure des voi
sins de la Turquie.
En Grèce, où le régime des groupes fleurit plus
que partout ailleurs, paralysant entièrement le dé
veloppement normal des ressources du pays, le
parti Deligeorgis a. ces jours derniers avec l'aide
des groupes Zaïmis, Tricoupis et Delijanis. culbuté
la fraction Comoundouros, propos d'une pension
un peu trop élevée accordée la veuve d'un lieute
nant de marine.
Une dépêche de Roulsehouck, adressée la Ga
zette de Cologne, assure que Midhat Pacha sera
rappelé sous peu Constantinople et que les ordres
relatifs son rappel ont même déjà été donnés en
secret.
Ypres, le 31 Mars 1877.