]\o 241. Dimanche.
37e ANNÉE.
22 Avril 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PUES ET DE L'ARRONDISSEMENT
Leur tolérance.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE SOI VACIIE.
BULLETIN POLITIQUE.
L'Angleterre a décidé d'envoyer trois escadres, la
PROGRÈS
VIRES ACQL'IRIT EUNDO.
ABONNEMENT P A t AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. G-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'ëdiieur, rue de Dixtnude, 59.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
Les nouvelles militaires l'emportent actuellement sur
les renseignements politiques. On ne parle plus de
l'efficacité des négociations diplomatiques tout ce que
les puissances feront encore sera, comme le dit le cor
respondant viennois du Times fait par acquit de
conscience. Quant ceux qui cherchent des tendances
pacifiques partout, ils veulent voir un dernier espoir
de paix dans le voyage du Czar en compagnie du géné
ral Ignatieff.
On pense qu'un revirement subit pourrait s'opérer
au dernier moment Constantinople et le diplomate
russe se trouverait ainsi tout prêt entrer en négocia
tions. On pourrait, avec beaucoup de bonne volonté,
croire que l'on compte Constantinople sur l'arrivée
de l'ambassadeur d'Angleterre, M. Lazard, pour chan
ger la face des choses et aporter un dénoùment impré
vu. Un haut fonctionnaire turc est allé sa rencontre
aux Dardanelles, où il est attendu. Il arrivera sans
doute aujourd'hui. On comprend d'ailleurs très bien
que les Turcs tiennent traiter avec une distinction
toute particulière ,1e premier ambassadeur européen
qui sera revenu Constantinople depuis la séparation
de la conférence. Mais, en vérité, il est impossible de
deviner ce qu'ils en attendent.
Quoi qu'il en soit, la Russie se trouve désormais en
face de la Turquie et le petit territoire qui sépare les
armées ennemies, la Roumanie, semble destiné de
venir, comme la Belgique, au moyen âge, le rendez-
vous des deux adversaires pour vider leurs différends.
La Gazette de Cologne annonce en effet que la Porte
a notifié au gouvernement roumain qu'elle occupera la
forteresse de Kalafat, si l'armée russe passe le Pruth.
D'autre part le mouvement en avant des troupes russes
ne s'est pas encore définitivement prononcé. Toutefois
on signale déjà la présence de nombreux officiers rus
ses en uniforme sur la territoire roumain, notamment
Bucharest et Galatz. Certains indices pourraient
d'ailleurs faire croire que les concentrations russes se
font sur le bas du Danube.
Des avis de Roumanie rapportent encore le bruit très
accrédité que la Russie achète au gouvernement rou
main de grandes quantités de grains et de fourrages
amoncelées dans les fermes dépendant du domaine de
l'Etat, et qu'elle a déjà effectué une grande partie du
paiement pour permettre la Roumanie de faire face
aux frais de la mobilisation,
On raconte aussi que trois commissaires turcs sont
arrivés hier Bucharest pour demander la remise de
Kalafat dans les vingt-quatre heures. Ils auraient me
nacé le gouvernement de bombarder et détruire Kalafat
et Widdin.
La Roumanie ne se fait, du reste, aucune illusion
sur les dangers qui la menacent.
D'après une dépêché de Crayova, les forces roumai
nes se concentrent dans la Petite-Valachie et sont diri
gée principalement sur Kalafat.
Des renforts arrivent chaque jour et l'on annonce que
c'est le général Fedaïeff, qui prit part la guerre serbe,
qui commandera la place.
Une dépêche de St-Pétersbourg assure que dès son
arrivée Kicheneff, le Czar adressera l'armée un
manifeste qui sera communiqué en même temps aux
grandes puissances et la Porte par l'entremise du
chargé d'affaires de Russie, qui partira aussitôt après.
Les puissances ne semblent pas avoir modifié leur
intention de localiser la guerre.
Dans la séance d'hier a la Chambre des lords, le mi
nistre des affaires étrangères, interrogé sur les droits
qu'a l'Angleterre d'intervenir dans la question d'Orient,
a dit que la France et l'Autriche ne demanderont pro
bablement pas l'exécution du traité de Paris, dernier
document rédigé par les puissances.
première dans les eaux grecques, une Gibraltar et la
troisième dans la Méditerranée. Le gouvernement bri
tannique aurait fait Athènes de très vives représen
tations au sujet des armements de la Grèce.
L'Autriche, de son côté est disposée occuper la
Bosnie et l'Herzégovine, dans le cas où les Russes
passeraient le Danube, mais uniquement en vue de
protéger ses intérêts sur les frontières, si les Russes
remportaient une victoire en Bulgarie.
M. Ristitch, ministre des affaires étrangères, vient
d'envoyer une circulaire aux puissances pour leur
déclarer que la Serbie est décidée garder la plus
stricte neutralité sa situation financière, matérielle
et morale lui en font un impérieux devoir.
Le chef du cabinet italien a été interrogé par la
commission du budget de la Chambre des députés,
sur les modifications que la situation politique de
l'Europe pourrait l'amener apporter dans ses projets
financiers. M. Depretis a répondu qu'on pouvait espérer
que la guerre sera localisée entre la Turquie et la
Russie, et que ce n'est que dans le cas où la Russie
marcherait sur Constantinople que des complications
deviendraient possibles.
Le Livre Jaune, contenant tous les documents rela
tifs aux diverses phases du conflit actuel sera distribué
aux députés et sénateurs de France dès la reprise de
la session. Il se terminera probablement par les
instructions que le ministre des affaires étrangères se
propose de donner sous forme de circulaire tous ses
agents.
Cette circulaire qui sera rédigée immédiatement
après la publication des déclarations russes, établira
la position que le gouvernement a prise et entend
maintenir.
Le Parlement allemand a discuté hier une proposi
tion de M. Kruger, député de Hadersleben, qui invitait
le chancelier de l'Empire faire exécuter l'article V
du traite de Prague. D'après cet article, les habitants
de la province du Schleswig Nord seront appelés se
prononcer par un plébiscite sur la question de savoir
si cette province continuera faire partie intégrante
de la Prusse ou retournera la couronne danoise. La
proposition, appuyée par plusieurs députés de l'Alsace
Lorraine, a donné lieu un long débat. La plupart des
orateurs ont soutenu que l'art. V du traite de Prague
n'engage plus, dans les circonstances actuelles, le gou
vernement prussien et ont engagé le Parlement émet
tre un vote dans ce sens. La discussion s'est terminée
par le rejet de la proposition de M. Kruger.
Le Reichstag a discuté ensuite une proposition de
M. Lasker, relative l'obligation de témoigner en jus
tice. Cette proposition a été provoquée par l'arrestation
du rédacteur en chef du Kuryer Pozuanski, M. Kan-
tecki, qui avait refusé de faire connaître le nom d'un
employé des postes coupable de violation du secret
professionnel. Vu l'heure avancée, le débat a été remis
au lendemain.
l'prcs, le 21 Avril 1877.
Demander la tolérance aux bacliibouzouks de
l'ullramontanisme, c'est demander de la farine
un sac de charbon. Ils viennent encore de prouver
comment ils l'entendent et la pratiquent.
M. Funck, député et premier échevin de la ville
de Bruxelles, est décédé la semaine dernière. Mort
comme il avait vécu, en libre penseur, les funé
railles civiles de cet homme de bien universellement
estimé, un des principaux organisateurs des écoles
laïques de Bruxelles, a été suivi par un nombreux
corlége au milieu duquel figuraient des catholiques:
MM. Delcour, Tack, Beernaert et Thiébauld.
Eh bien, ce fait très simple et très normal, cette
marque de sympathie donnée la dépouille d'un
bon citoyen, d'un homme intelligent et honnête,
est considérée par la presse catholique tout entière
comme un scandale aussi grand que celui des fêtes
de la Mi-Carême
VA mi de VOtdre prétend que des catholiques
n'auraient pas dû prendre part un pareil scandale.
Le Bien public estime que la conduite de MM.
Delcour et consorts est la glorification de l'impéni-
lence. Quant au Courrier de Bruxelles il publie
un article de deux colonm>s qui débute en ces
termes
Les défaillances gouvernementales ne se comptent
plus en Belgique mais sous ce rapport, nous n'avons
rien vu de plus lamentable, de plus blessant pour les
consciences chrétiennes que le concours donné hier par
les représentants de la nation, les' ministres du Roi et
l'armee aux tristes pompes d'un enterrement civil. -
La Croix
Les ministres avaient revêtu leur uniforme ou
plutôt leur livrée, car cet habit brodé fait faire bien de
bassesses, se figurant sans doute que leur responsa
bilité personnelle disparaissait au regard de Dieu sous
ce costume d'apparat, comme disparaît la personnalité
du comédien sous les travestissements de ses divers
rôles. Mais la doctrine catholique n'admet pas ces
distinctions.
Pourtant la morale jésuitique est basée sur le
distinguo.
Mais le plus impitoyable de ces bachi-bouzouks
est encore le Courrier de Bruxelles qui qualifie
l'acte des minisires catholiques, suivant le convoi
d'un homme reslé fidèle aux convictions de sa vie,
de capitulation de conscience, de faiblesse de
conduite, de transaction avec la libre pensée et de
lâcheté.
Jamais, ajoute le Courrier de BruxeUes la fin
de sa catilinaire, lorsqu'il était professeur l'Université
de Louvain, M. Delcour n'eût pris part une manifes
tation solidaire. Est-il donc devenu moins catholique
en devenant ministre
Jamais M. Tack ne prononcerait Courtrai un
discours destiné rehausser la pompe d'un enterrement
civil. Est-il donc moins catholique Bruxelles qu'à
Courtrai
11 est de fait que M. Tack n'a jamais prononcé
Courtrai que des allocutions du plus pur ullramon-
tanisme. tel son discours sur la réforme électorale
dans l'assemblée générale de l'Association constitu
tionnelle. Néanmoins il est un peu dur. parce
qu'on a suivi l'enterrement d'un libre penseur,
d'être accusé par les feuilles de son parti d'êlre un
député double fond, double boîte, en représen
tant en partie double, côté Bruxelles et côté Cour
trai. Après tout, lorsqu'aux yeux des catholiques
insensés, M. Malou devient un apostat, M. Tack
peut bien passer pour un double-six
En vertu de la belle tolérance qui souffle la
division, nous sommes donc cn présence d'une
hydre ultramonlaine deux têtes les catholiques
gouvernementaux et les catholiques insensés ayant
pour chef M. de Kerckbovc. (La Constitution