37e ANNÉE.
29 Airil 1877.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
N° 243. Dimanche.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
Le manifeste de guerre.
Dernières nouvelles.
PROGRÈS
Vin ES AC0U1RIT KUNDO.
ABONNEMENT l'Ait AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
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La déclaration faite au Parlement allemand, par M.
de Moltke avait vivement impressionné l'opinion publi
que en France.
Les instances du feld-maréchal pour obtenir la créa
tion de nouveaux emplois militaires et l'inquiétude
qu'il avait manifestée l'égard des armements de la
France avaient été singulièrement aggravées par l'ap
préciation qu'il avait portée sur la situation des Etats
européens. La méfiance déplorable des grandes puis
sances les unes envers les autres menace chaque in
stant l'Europe d'une conflagratioq générale.
Tel était le sens des paroles par lesquelles, d'après
le télégraphe, l'éminent stratégiste avait terminé son
discours. Il semble aujourd'hui que l'on en a exagéré
la portée.
Une dépêche adressée la Gazette de Cologne
annonce que le résumé, donné par XAgence Havas,
du discours du feld-maréchal est inexact. Celui-ci
n'aurait pas dit qu'une conflagration générale était
inévitable.
Une enquête est ouverte pour découvrir l'auteur de
la falsification. On ne s'est pas ému de cet incident
l'Elysée. Déjà le matin le Soleil disait que ce discours
ne renfermait rien d'inquiétant pour la France, et les
autres journaux de Paris s'expliquent ce sujet aujour
d'hui.
St-Pétersbourg, 25 avril.
Un télégramme de Kicheneff dit que l'empereur
Alexandre a été reçu hier 5 heures du s., Ungheni,
par le métropolitain du clergé moldave et une députa-
tion de citoyens de Jassy, conduite par le préfet de
cette ville.
Aux félicitations du métropolitain, l'Empereur a ré
pondu qu'il se confiait, lui et son armée, aux prières
- du clergé orthodoxe et qu'il espérait trouver dans la
nation roumaine des sentiments amicaux
Le 6e régiment du génie, le 12" de ligne, les 8* de
cavalerie et d'artillerie ont été passés ensuite en revue
sur les bords du Pruth devant une foule immense de
Russes et de Moldaves accourus sur les deux rives du
fleuve. La calèche de l'empereur a traversé les lignes
compactes des soldats et du peuple dont l'enthousiasme
était extrême.
En prenant congé de ses troupes, le Gzar leur a dit
»Dieu vous garde! Vous défendrez i'honneur des armes
russes.
A minuit, l'Empereur arrivait l'hôtel du gouverne-
neur de Kicheneff. La ville était illuminée.
Le chargé d'aflaire de Turquie a pris ce matin congé
du chancelier.
Saint-Pétersbourg, 25 avril.
Le Messager de VEmpire publie un ordre impérial
déclarant en état de guerre le gouvernement de Bessa
rabie et les district du littoral des gouvernements de
Gherson, de Tauride et de Crimée.
Bucharest, 25 avril.
Elections sénatoriales. Les élections du parti
des petits propriétaires ont été en grande partie en fa
veur du gouvernement, de sorte qu'une forte majorité
sénatoriale est assurée au ministère.
Dn décret du prince ouvre au ministre de la guerre
un crédit extraordinaire de 1,088,000 fr. pour couvrir
les frais de mobilisation de l'armée.
Bucharest, 25 avril.
Plusieurs pièces de grosse artillerie défendent le pont
de Barboche deux canonnières anglaises sont entrées
dans le Danube. L'une d'elles a mouillé devant Galatz.
Bucharest, 25 avril.
Aucun coup de fusil n'a encore été tiré. Les Turcs
quittent en toute hâte Widdin et prennent la direction
de la Dobrutcha où ils paraissent s'attendre l'attaque
des Russes.
Les Turcs n'ont opéré aucun mouvement pour occu
per Kalafat, Magurelli, Oltenitza et Giurgevo.
L'armée russe continue d'arriver par Bolgrad, Leova
et Jassy.
Dans quelques jours le quartier général russe sera
transféré Jassy.
Bucharest, 25 avil.
L'armée de la Roumanie s'est retirée aussitôt que les
Russes sont arrivés Barboche.
Aucun contact n'existe entre les deux armées.
Le gouvernement roumain donné l'ordre aux pré
fets de ne pas intervenir dans leurs rapports avec des
commandants de troupes étrangères, comme agents
du pouvoir central, mais simplement comme fonction
naires de la police chargés d'éviter la population tout
conflit.
Le gouvernement a décidé que les autorités munici
pales continueraient représenter les intérêts com
munaux.
Cattaro, 25 avril.
Les Mirdites sont menacés par 14 bataillons turcs et
2,000 bachi-bouzouks. Craignant d'être cernés, ils ont
abandonné Grosch sans combat.
Les Turcs ont occupé, le 22, la position abandonnée.
Les Monténégrins se dirigent vers la frontière alba
naise le prince est parti hier dans cette direction avec
son état-major.
Constantinople, 25 avril.
On assure que l'ordre a été donné aux troupes otto
manes d'occuper quelques points de la Roumanie sur
les frontières.
Vienne, 25 avril.
La Correspondance politique publie une dépêche de
Constantinople, portant que la demande de médiation
de la Poete aux puissances, en vertu de l'article 8 du
traité, a eu un complet insuccès.
Une dépêche de Bucharest du 25 avril, adressée la
même correspondance, dit que hier, 15,000 Russes
ont pris possession du pont de Barboche.
Hier soir, 50,000 hommes de L'armée russe étaient
entrés sur le territoire roumain.
Les Turcs jusqu'ici sont restés complètement immo
biles sur les bords du Danube.
Le bruit de l'occupation de Kalafat par les Turcs est
faux, cependant l'armée roumaine s'est retirée des dis
tricts du Danube dans l'intérieur où elle est divisée en
deux corps, dont l'un est concentré près de Bucharest
et l'autre près de Krajowa.
Les populations roumaines et turques des rives du
Danube se réfugient en masse dans l'intérieur de la
Roumanie.
Voici le texte du Manifeste de l'empereur Alexandre
Nos fidèles sujets connaissent le vif intérêt que nous
portons constamment au sort de la population chrétien
ne opprimée par la Turquie. Notre désir d'améliorer et
de garantir leur sort est partagé par toute la nation russe
qui se montre prête faire de nouveaux sacrifices pour
améliorer la situation des chrétiens de la presqu'ile des
Balkans.
b Les biens et le sang de nos fidèles sujets nous ont
été toujours chers. Notre règne entier prouve la sollici
tude constante de la Russie conserver les bienfaits de
la paix. Cette sollicitude a été la nôtre sans relâche de
puis le commencement des événements en Bosnie, en
Herzégovine et en Bulgarie. Avant tout, nous nous étions
posés comme but d'amener, par des négociations paci
fiques et d'accord avec les puissances européennes nos
alliées et amies, une amélioration de la situation des
chrétiens en Orient.
Pendant deux années nous nous sommes efforcés,
sans relâche, d'amener la Porte faire des réformes qui
garantissent les chrétiens en Bulgarie, en Bosnie et en
Herzégovine contre l'arbitraire des autorités locales.
L'exécution de ces réformes ressortait d'une façon
absolue des obligations antérieures que la Porte avait
contractées d'une façon solennelle devant toute l'Eu
rope.
Nos efforts, bien que soutenus par des remontrances
diplomatiques faites en commun avec d'autres puissan
ces, n'ont pas atteint le but désiré la Porte est restée
inébranlable dans son refus catégorique de toute garan
tie par la sécurité des chrétiens elle a refusé les déci
sions de la Conférence de Constantinople, laquelle était
guidée parle désir d'employer tous les moyens possibles
de conciliation.
Nous avons proposé aux autres cabinets de rédiger
un protocole spécial contenant les conditions principales
de la Conférence et invité la Porte adhérer cet acte
international qui marquait les dernières limites de nos
exigences pacifiques.
b Cependant, notre attente ne s'est pas réalisée. La
Porte n'a pas déféré au désir de l'Europe chrétienne
elle n'a pas accepté les décisions du protocole.
Après avoir ainsi épuisé tous les efforts pacifiques,
nous avons été forcés, par l'entêtement orgueilleux de
la Porte, de passer des actes plus décisifs.
Le sentiment de l'équité et de notre propre dignité
nous le commandait impérieusement.
b Par son refus, la Porte nous a mis dans la nécessité
de recourir la force des armes.
b Convaincus profondément de la justice de notre
cause, confiant en l'assistance et en la grâce de Dieu,
nous faisons savoir nos fidèles sujets que le moment
est venu d'appliquer les paroles de Moscou, auxquelles
la Russie entière s'est associée.
b Nous avions énoncé l'intention d'agir isolément
dès que nous le jugerions nécessaire et dès que l'hon
neur de la Russie le demanderait.
b En appelant aujourd'hui la bénédiction de Dieu sur
nos vaillantes armées, nous leur ordonnons de franchir
la frontière turque.
b Donné Kicheneff, le 12-24 avril en l'an de grâce
1877, la 24' année de notre règne.
Signé ALEXANDRE.
La marche en avant des Russes se continue en Rou
manie et en même temps que de grandes masses débou
chaient sur le bas Danube, les opérations commençaient
également en Asie. L'armée russe concentrée Alexan-
dropol franchissait la frontière et marchait sur Kars.
Une dépêche de Constantinople dit même qu'un premier
combat a été livré, sans toutefois en faire connaître
l'issue.
D'après les dernières nouvelles quelques coups de
fusil ont également été tirés en Europe. Une autre
dépêche de Constantinople annonce que dans un pre
mier engagement, quia eu lieu Tchurakson, près de
Batoum, les Russes ont été battus, mis en déroute et
ont perdu 800 hommes. Il faudra n'accepter les nou
velles du théêtre de la guerre qu'avec réserve, car les
deux adversaires sont égalemeni intéressés exagérer
le succès de leurs armes.