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NOTAIRE VAN EECKE,
Le Mercredi 2 Mai 1877,
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parut quelque temps frappé d'un.e impuissance
complète. Par bonheur pour nous, l'arrogance
chaque jourcroissanledes cléricaux, leur fanatisme
insensé, enfin leurs violences matérielles et morales
amenèrent un réveil de notre opinion qui se re
trouva unie et debout, ayant pour cri de ralliement
la devise du libéralisme l'indépendance du pouvoir
civil.
Bien des illusions généreuses s'étaient évanouies
chez nos amis tous reconnaissaient qu'avec un
clergé sans patriotisme et avec les soldats du Syl-
labus, nulle transaction n'était plus possible; les
plus modérés comprenaient le pas immense fait
depuis 1870 par le cléricalisme belge dans la voie
ullramontaine et, en présence de cette évolution
du clergé catholique, toute tentative de conciliation
apparaissait comme une duperie. La guerre l'in
fluence romaine, la guerre dans les limites de la
Constitution et de la légalité, mais la guerre sans
merci ni trêve, tel était le programme avec lequel
le libéralisme paraissait devoir monter en rangs
serrés l'assaut du pouvoir.
L'enthousiasme des belles années paraissait re
trouvé, des miracles de dévouement et d'activité
furent faits de toutes parts et si les dernières élec
tions trompèrent notre espérance, on sait grâce
quels moyens Moralement néanmoins, on peut
l'affirmer, nous avions reconquis le pays et la chute
du ministère n'était plus qu'une question de temps.
Qu'on nous permette de le dire, celte heureuse
résurrection du libéralisme n'était pas l'œuvre des
libéraux bruxellois. C'est le libéralisme de province
qui, exaspéré de 1 intolérance et des excès du
clergé, a été puiser son programme la source
nationale et a fait passer sur le pays comme un
souille de l'esprit de notre admirable seizième siècle.
Lorsque, pour remplacer le regretté M. Funck.
on prononça le nom de M. Goblet, ce nom, qui
pouvait être accepté par les diverses nuances du
libéralisme, répondait aux aspirations de la géné
ralité du parti.
Nous avions compté sans le petit cénacle qui
veut transporter chez nous le faux libéralisme et
le radicalisme français. Nous avions compté sans
les hommes qui naguèrent proclamaient la mort du
parti clérical et parlaient en guerre contre leurs
frères d'armes.
Eh bien, nous avons, nous libéraux de province,
le droit de le dire aux coteries bruxelloises elles
n'ont pas été la peine, elles ne sauraient préten
dre diriger notre parti et le jeter dans des aventu
res. C'est déjà bien assez que, sous tous les
ministères, Bruxelles absorbe toutes les faveurs, il
ne faut pas que quelques personnalités ambitieuses
aient le pouvoir de détourner notre parti de ses
voies naturelles cl de nous créer des difficultés
nous qui luttons. Dieu sait avec quels efforts
exposés aux haines d'un clergé implacable et
l'ostracisme du pouvoir.
Le radicalisme bruxellois a déjà gravement com
promis nos intérêts en appuyant les lois qui ont
abaissé purement et simplement le cens électoral
pour la commune et la province. Quelques grandes
villes ont résisté au nouveau régime et. avec leur
légèreté habituelle, les pseudo-radicaux de Bruxel
les ont chanté victoire. Ils ne voyaient pas, les
aveugles que si nous triomphions Anvers, nous
perdions Matines, Audenaerde, Termonde, Bru
ges, que la lutte devenait impossible Alost et que,
dans presque tous les villages, les libéraux ne
pouvaient plus compter sur le moindre succès. Et
ce que certains cercles bruxellois semblent ignorer
c'est l'immense intérêt qui s'attache pour le libéra
lisme empêcher les cléricaux de s'emparer des
maisons communales qu'ils transforment en fabri
ques de faux électeurs. L'abaissement du cens
pour les élections communales a été ainsi une des
causes multiples de notre défaite du mois de juin
deruier. Nous en remercions ceux qui ont aidé les
cléricaux nous opprimer
Mais, celte fois, le danger dont on nous menace
est plus grave encore. Il ne s'agit plus de quelques
difficultés matérielles que nous finirons par vaincre,
il s'agit d'un danger pressant.
Il s'agit de savoir si le libéralisme va se laisser
dévoyer et prêter son appui des doctrines qui
sont la négation des principes libéraux.
Le libéralisme est la doctrine du libre dévelop
pement de l'individu, la doctrine de la liberté et du
self help, le socialisme au contraire est la doctrine
de ceux qui veulent que l'individu soit toujours et
en tous points absorbé par la société agissante et
prévoyante pour tous.
Or, que l'on ne s'y trompe pas, c'est, en ce
moment le socialisme qui, en la personne de M.
Janson, frappe la porte de l'Association libérale
de Bruxelles.
Ce socialisme se fait petit nous le savons ;il n'est
aujourd'hui que l'idéal de M. Janson, comme le
Syllabus est la thèse des cléricaux mais que l'on
n'en ait cure, M. Janson respectera l'ordre social
actuel tout comme les cléricaux aiment la Consti
tution, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'on puisse
l'abattre.
On peut se demander comment cet idéal que,
l'an dernier encore, M. Janson embrassait avec
une ferveur si pieuse, le trouve aujourd'hui si ab
solument froid qu'il n'ait plus au cœur d'autre
haine que celle du clergé. El il nous semble étrange
de voir ce socialiste enthousiaste, qui dit ne rien
rétracter de ses théories passées, promettre de se
conduire la Chambre comme s'il n'avait jamais
frayé en compagnie de l'Internationale.
Ce n'est pas que la personne de M. Janson nous
effraie, nous sommes parfaitement convaincus que,
s'il entrait la Chambre, il n'y travaillerait nulle
ment la suppression de la propriété ou même de
l'hérédité. Mais*son élection constituerait actuelle
ment pour le socialisme un succès moral et serait
pour le parti libéral une faiblesse et un précédent
fâcheux. Le socialisme est aussi éloigné de nous
que le cléricalisme et nous allier avec lui, même
en apparence, serait renier nos principes.
M. Goblet représente bien mieux que M. Janson
le libéralisme de combat. celHi qui, sous aucun
prétexte, n'a jamais frayé avec Y Internationale,
ni tendu la main aux cléricaux.
Il n'est pas vrai qu'il faille, pour acquérir les
sympathies des électeurs, avoir passé par les exa
gérations des utopies sociales. Nous préférons
celui qui, par des doctrines que nous réprouvons,
a recherché une popularité dangereuse, l'écrivain
qui a toujours combattu sous le drapeau libéral et
qui n'a pas faire oublier un passé compromettant.
En sacrifiant ces considérations vraiment poli
tiques une préférence seulement basée sur de
brillantes qualités personnelles, nos amis de
Bruxelles rendront l'opinion toute entière un
service signalé; nous avons le droit, croyons-nous,
de leur demander de s'inspirer un peu des néces
sités de la lutte dans le restant du pays.
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