En province. Élection de Bruxelles. La Chronique s'est attaquée d'abord M. Boya val, le président de notre Association Libéraleet 1rs points qui semblent devoir être le plus vive ment discutés et comme on le verra, si nous avons peu d'espoir de voir adopter l'ordre alphabétique général, nos...Bachi-Bouzouckscléricaux ont dès- à-présenl la certitude de voir renvoyer aux Calen des Grecques le vote la commune ou au chef- lieu de canton, pour lequel ils ne cessent d'organiser des pétilionncments dans nos campagnes. Voici no tamment ce que dit le rapport de ce mode de vota- tion. Le gouvernement persite croire qu'il n'y a pas - lieu d'altérer le caractère de la loi,en voulant y ratta- cher le vote la commune ou au chef-lieu de canton, parce que, dans l'état actuel des idées, vraies ou fausses, justes ou exagérées, l'entente ce sujet ne serait pas possible, comme elle est possible pour - assurer le secret du vote et la répression des frau des. Le vote par ordre alphabétique, qui faisait jadis pousser de si hauts cris la gent cléricale, est jugé en ces termes par le gouvernement - L'ordre alphabétique général a été repoussé cause des inconvénients et des dangers qu'il offre, et pourtant, sous le régime actuel, c'eut été un moyen de rendre presque impossible la pression person nelle et la surveillance au moment du vote mais, sous le régime de la loi proposée, ce motif même n'existe plus;l'électeur entre seul dans la partie réservée de la salle, il reçoit du président un bulletin sur lequel il doit marquer son suffrage, il ne peut déposer un autre bulletin avant le dépouillement, il se fait un mélange des bulletins reçus dans deux ou trois bureaux. Quelle raison peut-il y avoir encore disperser les élec teurs dans tous les bureaux Il est donc reconnu que le vote par ordre alphabéti que devait rendre toute pression impossible. Appréciez, après cet aveu, la conduite des cléricaux qui, en 1867, firent une si grande opposition l'adoption de cette mesure. On a aussi soulevé la question de l'indemnité pour l'électeur qui n'habite pas le chef-lieu d'arrondissement; voici ce qu'en dit le rapport, sans la résoudre Il est incontestable que cette rémunération serait parfaitement équitable, Elle diminuerait dans une forte proportion les frais électoraux, qui prennent quelque- lois des proportions effrayantes. Elle engagerait tous les électeurs user de leur droit et engendrerait ainsi plus de sincérité dans l'élection, laquelle chacun vou drait concourir et pourrait le faire sans subir aucun préjudice. C'est encore une question délicate que le gouvernement pourra étudier en même temps que les autres. Qu'il nous soit cependant permis d'ajouter que les services publics sont rétribués, et que le premier service public est bien l'acte du citoyen qui va exercer son droit politique, en prenant part l'élection des représentants de la nation. En publiant le résultat de l'élection de Soignies la Pairie s'écrie le libéralisme conduit au socialisme L'Écho du Parlement, de son côté, dit que l'élection de Soignies est le premier fruit de la candidature socialiste de M. Janson. Il serait oiseux d'ouvrir aujourd'hui une discus sion ce sujet. Constatons un fait c'est que la Patrie, faisant allusion la candidature de M. Janson, a dit une sottise en proclamant que le libéralisme conduit au socialisme. En effet, c'est le contraire qui a lieu, puisque, de socialiste, M. Janson est devenu libéral constitutionnel. 11 n'est donc pas plus permis de dire que la can didature de M. Janson est socialiste. Nous consi dérons le candidat de Association Libérale com me un homme d'honneur; partant il a renié ses idées et ses principes d'autrefois. C'est là une véri table conversion, que nous n'avons pas discuter en ce moment. mais qui devrait donner aux libéraux de province leurs appaisements. En admettant la parfaite loyauté des dernières déclarations de M. Janson, on s'alarmerait tort en le voyant entrer la Chambre des Représentants. Mais ce qui cause au libéralisme en province un plus notable préjudice; ce qui peut, la longue, décourager nos meilleurs lutteurs, c'est l'attitude de certains journaux de la capitale vis-à-vis des li béraux de province. Que voyons-nous depuis quelque temps dans la Chronique Un éreintement en règle des«chefs du libéralisme en province, que l'on maltraite, comme si c'étaient les plus lâches des transfuges. pour cela elle s'est servie d'un document faux, sachant parfaitement qu'il était faux, puisque c'était un compte-rendu de la Patrie. Aujourd'hui la Chronique s'en prend M Car ton, président de Y Association libérale d'Y près et vice-président de la Fédération libérale. Ce jour nal a déjà consacré deux articles l'éreintemcnt de M. Carton. La Chronique promet de s'occuper d'autres villes des Flandres et, certes, elle trouvera bien dans chacune d'elles, quelque libéral mettre sur le gril. Voilà, nous osons le dire, ce qui fait bien plus de tort au libéralisme en province,que le soi-disant socialisme de M. Janson Nous n'avons qu'un mot a ajouter c'est que nous tenons dire que le libéralisme de MM. Boyaval, Carton et consors vaut bien le libéralisme des rédac teurs de la Chronique. Or, en province, il ne suf fit pas seulement d'avoir des sentiments libéraux, il faut avoir, en outre, beaucoup de courage pour oser les afficher. A Bruxelles, c'est différent: on pose, sans danger, comme libéral, progressiste, radical, socialiste etc., sauf mettre son drapeau en poche selon des besoins de sa cause. C'est ce que la presse de la capitale ferait bien de méditer (Avenir des Flandres). Nous ne partageons pas précisément l'opinion que les élucubrations de la Chronique puissent en rien amoindrir et encore moins éreinter des hom mes politiques comme MM. Boyaval et Carton. Ainsi, tout le monde sait ici comment et par qui ce journal a été inspiré; ses rédacteurs ont passé vingt quatre heures en notre ville et ils ne pou vaient mieux acquitter la dette que leur imposait l'hospitalité qu'ils y ont reçue, qu'en consacrant quatre colonnes vilipender M. Carton. La Chro nique, qu'elle nous permette de le lui dire, a fait là, sans le savoir sans doute, du chantage politique, car en accueillant dans ses colonnes, charge de M. Carton, qu'elle ne connaît pas. des imputations plus qu'exagérées et poui la plupart entièrement fausses, elle s'est tout bonnement rendu l'organe de vieilles rancunes et d'anciennes inimités, qui ne trouveraient plus place dans notre presse locale. Mais que notre confrère le sache bien, M. Carton a été ainsi injurié, vilipendé et diffamé, depuis plus de vingt cinq ans,par des organes qui n'avaient pas d'autre mission que celle que remplit aujourd'hui si charitablement la Chronique et il n'a rien perdu pour cela dans la considération et l'estime de ses concitoyens. Et certes, ce ne sont pas les élucubra tions accueillies dans les colonnes de ce journal, qui porteront atteinte la sympathie et l'influence dont M. Carton jouit dans nos contrées. Décidément le ministère clérical a du bon. Cet aveu de notre part lui sera sans doute très agréable, peu habitué qu'il est nous entendre le féliciter. On sait comment M. Kervyn d'Epouvanlailenhove menaça les fonctionnaires qui, gardant leur liberté de citoyen, se permettraient de manifester quelques tendances libérales. Il est vrai que le ministre en question aboya plus qu'il ne mordit; mais ses avertissements répandirent la terreur dans les rangs de la bureaucratie. La liberté ne compta qu'une victime, ce fut l'honorable M. Carton, commissaire d'arrondissement Ypres, aujourd'hui vice-prési dent de la Fédération libérale, le même dont la Chronique, très mal renseignée, attaque aujour d'hui le libéralisme de si bon aloi. M. Henri Carton fut brutalement destitué. Les journaux cléricaux applaudirent cet acte de despotisme gouvernemental et d'intolérance po litique. Aujourd'hui, la Patrie excite M. Delcour sévir contre un professeur qui fait de la politique militante et quia recommandé, dans des assemblées publiques, la canditure de M. Janson. Mais le mi nistre fait la sourde oreille, il a garde de se laisser aller des conseils aussi perfides et qui pourraient, s'il les suivait, faire surgir des discussions qu'il veut tout prix éviter. Nous ne nous occuperions même pas de cette question si nous ne trouvions dans l'attitude du gouvernement la condamnation des rudes avertissements de M. Kervyn l'endroit de l'immixtion des fonctionnaires libéraux dans la politique. Il est évident qu'il est désormais permis tous ceux qui émargent au budget de se mêler aux luttes politiques et d'y prendre une part aussi active que possible, par la parole et par la plume, sans craindre de se voir casser aux gages. C'est toujours autant de gagné pour notre opi nion. Journal de Bruges.) Bruxelles, 30 Avril, 12 h. 19 m. Jamais élection n'a provoqué une pareille ani mation dans la capitale. En voici le résultat Votants 8010. Billets blancs et nuls 173. M. JANSON, candidat de l'Association libé rale, a obtenu 3363 voix. M. VAN BECELAERE, candidat de la Société Constitutionnelle, 2460. La Belgique militaire, dans son numéro du 22 Avril, constate que notre armée est en complet dé sarroi. Voici le tableau que notre confrère trace de la situation 1° Nous n'avons pas de loi sur les prestations militaires, et ne pouvoir requérir ni un homme pour élever ou réparer nos ouvrages de fortifications, ni un cheval pour nos charrois de guerre. S'il plaisait un mauvais citoyen de ne pas ouvrir son foyer nos soldats en marche, il en serait quitte pour une amende dérisoire de 3 "a 23 fr. On ne troùvera nulle part en Europe un tel dédain pour les choses militaires. 2° Nous manquons absolument de réserve nationale; et, le cas échéant, nous serions obligés d'immobiliser une bonne partie de nos forces actives pour la garde de nos forteresses et de notre réduit d'Anvers. Nous avons établi péremptoire ment, sans avoir jamais été contredit sérieusement, que la garde civique, instrument de police locale, ne possède aucune des vertus qui constituent la force'militaire et pourtant c'est sur elle que nos gouvernants osent compter pour en faire une réserve nationale 3° La ville d'Auvers peut-être bombardée les forts de la rive gauche et le fort de Slerxera ne seront terminés que dans deux ans les défenses de l'Escaut sont incomplètes, et les travaux en construction sur le fleuve sont en partie abandon nés depuis trois ans. 4* Les effectifs en troupes sont navrants par suite de l'in suffisance de nos contingents annuels de milice. 5° Notre infanterie, dont les soldats sont recrutés des rébus du rebut de la nation, insuffisante, mal organisée et les officiers subalternes, complètement découragés, atteignent pour la plupart l'âge d^quarante ans avant d'arriver au grade de capitaine. Il y a là des défectuosités organiques qu'il faut corriger, si nous ne voulons assister l'anémie incurable de cette reine des batailles. La Belgique militaire constate ensuite que le service des vivres en campagne est nul, que l'in tendance n'a ni chevaux ni voilures, que la réor ganisation de l'intendance, faite en 1874, ne concerne que le pied de paix et que rien n'est pré vu pour le cas de mobilisation ou de guerre. La Belgique militaire ajoute et nous signalons tout particulièrement ce passage de son article l'attention du pays En présence de ce parti pris, et soucieux de l'immense responsabilité qu'encourrait son service en cas de mobilisation, l'intendant en chef de l'armée adressa en 1876 au ministre de la guerre un mémoire où il est dit sans ambages que l'inten dance n'est ni organisée ni outillée pour le service de guerre et qu'il décline toute responsabilité éventuelle. Le ministre de la guerre a lu ce mémoire en conseil des ministres mais on était la veille des élections, ces messieurs avaient d'autres soucis et... le mémoire fut enterré. Comme on le voit, c'est malgré lui que l'intendant général a été obligé de restreindre ses innovations au pied de paix il a été matériellement empêché, de par la force d'inertie du ministre des finances et du gouvernement, d'organiser son service pour le pied de guerre. Les causes de cet état déplorable du premier service de la guerre sont multiples nous n'en signaleront que quelques- unes: L'optimisme invétéré qui règne dans certains esprits myopes; La parcimonie incurable du ministre des finances; L'illusion qu'on se fait de pouvoir organiser les colonnes de vivres par réquisitions. Au milieu de ce manque de toutes choses, l'artillerie seule est richement dotée. Son matériel ne laisse rien désirer. Ses chefs ont su, par leur énergie, obtenir tout ce dont ils avaient besoin. Mais on ne fait pas la guerre avec l'artillerie seulement; et si les autres armes ne sont pas également capables de paraî tre avec honneur sur le champ de bataille, on peut dire que tous nos sacrifices resteront fatalement stériles. Telles sont vues vol d'oiseau, les principales défectuosités

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2