No 245. Dimanche.
37e année.
6 Mai 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
bulletin) politique.
La discussion du projet de loi sur la réforme
électorale ne présente pas jusqu'ici l'animation
laquelle il fallait s'attendre. Différents ora
teurs ont pris la parole. M. Schollaert s'est
félicité au nez et la barbe des Bachi-Bou-
zouks des manifestations qui ont déterminé le
projet de loi et s'est prononcé nettement contre
le vote la commune ou au chef-lieu de can
ton.
M.Woeste s'est surtout attaché prouver que
le projet de loi est une victoire pour le parti
catholique. Il regrette, il est vrai, de n'avoir
{>as le vote uninominal ou mieux encore
e vote la commune ou au chef-lieu de can
ton mais il s'en console parce que le titre II
du projet fournira les moyens de faire rayer
un grand nombre de libéraux. M. Woeste se
fait illusioncroyons-nous, ou bien il feint
d'ignorer que cette réforme a été imposée par
la Fédération Libérale,
Le débat ne s'élève que lorsque M. Saincte-
Jette prend la parole. L'honorable député de
Mons reconnaît que le projet assure la liberté
matérielle de l'électeur, mais ij veut son af
franchissement moral, en empêchant que le
clergé, abusant de son ministère, mette au
service de ses passions politiques, l'influence
dont il dispose a titre de ses fonctions. Mon^
sieur Frère-Orban traduit cette idée 6B amen
dement, il propose que les membres du clergé
ne puissent plus compter, pour parfaire le
cens, les contributions payées pour l'habita
tion qu'ils occupent gratuitement, raison de
leur emploi. De son côté, M. Janson, qui
venait de prêter serment, propose un amende
ment destiné empêcher les moines de deve
nir électeurs au moyen des contributions affé
rentes aux biens de leur communauté.
Enfin M. Tack a déposé différents amende
ments qui touchent plutôt la forme, qu'au
fond du projet.
La discussion continuera sans aucun doute
sur le terrain où l'a placé M. Sainctelette ce
qu'il faut avànt toutc'est empêcher que les
élections ne soient le résultat de la pression
du clergé et si le projet actuel n'atteint pas
ce résultat, il sera nécessaire d'en présenter
un autre.
Si nos renseignements sont exacts, (et nous
avons tout lieu de le croire), la Société Con
cessionnaire du canal de la Lys l'Yperlée
aurait fait au Gouvernement de nouvelJ.es
propositions, qui permettent de faire espérer
l'achèvement bref délai de çette voie de
communication, réclamée si vivement par le
Commerce et l'Industrie de l'arrondissement
d'Ypres et déclarée d'utilité publique par la
Législature, depuis quinze ans au moins.
En prenant pour base la convention pre
mière, la Société Concessionnaire s'engagerait
intervenir dans les frais d'achèvement pour
3î/«>, et l'Etat pour De plus, ce dernier ga
rantirait un intérêt de quatre pour cent au
capital fourni par la Société Concessionnaire
pour l'achèvement du canal, capital qui serait
privilégié, si tant est que les recettes de l'ex
ploitation ne permettent pas de servir cet in
térêt.
Ces conditions sont moins onéreuses pour
l'Etat Belge, que s'il devait achever et exploi
ter lui-même le canal. De plus, les saçrifices
qu'il s'impose, sont moindres que ceux qu'il
s'est imposés pour le canal de Bossuyt Cojur-
trai, et il est évident que l'exploitation de
notre canal aura pour effet d'augmenter les
recettes de l'autre.
Voilà une occasion pour le Gouvernement
de ne pas perdre de vue les intérêts de notre
arrondissement et nous n'hésitons pas dé
clarer que, s'il oppose ces propositions,
comme toutes celles qui lui ont été faites
jusqu'ici, un non possumus systématique,
c'est qu'il est fermement décidé ne rien faire.
Qui vivra, verra.
Le Gouvernement a adopté, parait-il, pour
rè^le, chaque îois qu'il ne trouve pas un can
didat inféodé au clergé, de ne pas pourvoir
aux places de Bourgmestre et d'Echevin, qui
devienient vacantes dans nos communes ru-
LE PROGRÈS
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIHAHCIIE.
VIRES AC6UIUIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
Les nouvelles militaires qui nous arrivent d'Orient
sont insignifiantes ou contradictoires. En revanche les
diverses puissances de l'Europe s'occupent de régler
définitivement leur attitude vis-à-vis des belligérants.
A ce sejet beaucoup de questions sont posées et très
peu ont jusqu'ici obtenu une solution. La Porte, qui n'a
cessé de protester contre les décisions prises par la
Roumanie son égard, vient d'envoyer ses représen
tants l'étranger une nouvelle circulaire, qui sera
communiquée aux gouvernements auprès desquels ils
sont accrédités. Le gouvernement turc s'élève tout
d'abord contre l'appui que les Roumains ont prêté aux
Russes envahissant le territoire ottqman. Les dispo
sitions du traité de Paris, dit la dépêche, auraient
fourbi aux principautés, pour peu qu'elles en eussent
eu la volonté, des moyens suffisants pour faire respecter
leur territoire.
A la dépèche est annexée la copie d'un télégramme
adressé le 23 avril par M. Gogalniceano au grand-vizir
en réponse l'offre de défense et protection faite par la
Porte.
Tandis que la Porte envoyait cette dépêche, la
Chambre roumaine discutait un projet d'adesse, qui
exprime au prince toute la satisfaction que la conven
tion conclue avec la Russie a causée dans le pays. De
cette façon, dit ce document, le gouvernement, a pré
servé l'autonomie nationale et écarté du pays les hor
reurs de la guerre. Soucieux des intérêts de la Princi
pauté, il saura l'avenir protéger ses sujets de tout
conflit avec les Etats voisins et prévenir les atrocités
qui résulteraient d'une invasion de troupes irré
gulières.
En même temps les questions et interpellations sur
les affaires d'Orient se multiplient Londres, Pesth
et Vienne.
Les deux ministères, d'Autriche et de Hongrie, ré
pondront aujourd'hui simultanément et en termes
identiques aux demandes relatives la guerre d'Orient.
Dans la même séance sera lue la déclaration officielle
de neutralité de la monarchie austro-hongroise. Elle
sera accompagnée de quelques explications relatives
la politique des gouvernements.
Gomme le disait le correspondant du Timesl'Au
triche poursuit deux buts bien précis: la localisation
de la guerre et la conservation de ses intérêts. C'est du
reste le meilleur moyen de hâter une solution pacifique.
A la Chambre des communes d'Angleterre, plusieurs
députés ont interprété la neutralité du gouvernement
dans le même sens.
Un engagement sans importance a eu lieu Braïla.
L'empereur de Russie, accompagné du grand-duc
héritier et du grand-duc Vladimir, a quitté Kicheneff
mercredi, a inspecté les troupes et les fortifications
d'Odessa et est immédiatement reparti pour Kieff.
En France, M. Leblond a développé hier la Cham
bre des députés son interpellation sur les menées
ultramontaines. L'orateur a déclaré que sa pensée n'est
pas d'attaquer le sentiment religieux ni la liberté de
conscience, que respecte le parti républicain.
L'interpellation ne s'en prend pas qon plus la
majeure partie du clergé français, qui veut rester
indépendant dans l'accomplissement de ses devoirs.
Ce qu'on veut attaquer, c'est un parti plus politique
qqe religieux, en lutte avec le sentiment public et qqi
emploie tous les moyens possibles pour reconquérir
Une influence qui lui échappe c'est contre ce parti que
la loi. doit exercer une répression sévère.
M. Jules Simon a répondu en termes précis que le
gouvernement ne prend pas la responsabilité d'articles
injurieux que peuvent puhlier certains journaux contre
les gouvernements étrangers. Le ministère respecte la
religion catholique, comme toutes les autres, mais il
est bien décidé maintenir fermement tous les droits
de l'autorité civile.
Sur la proposition de M. Gambetta, la suite de la
discussion a été remise aujourd'hui.
Le Parlement allemand a clôturé sa session hier.
Y près, le 5 Mai 1877.
M. Bergé croit qu'on devrait rendre le vote obliga
toire quand on se défiera d'un électeur sur lequel on
peut exercer une pression quelconque, on le forcera de
rester chez lui. Le vote devrait aussi être alphabéti
que enfin la réforme devrait s'appliquer aux élections
communales et provinciales.
M. Defré est d'avis que la loi n'empêchera pas les
pouvoirs publies de rester, comme ils sont aujourd'hui,
une émanation du clergé avant comme après la réfor
me, le clergé sera le véritable et seul électeur des
députés cléricaux, et la situation du pays restera par
conséquent agitée et troublée. M. De Haerne pré
conise les systèmes électoraux en vigueur en Angle
terre et en Amérique il est cependant favorable au
projet de loi. M. Allard, représentant de Bruxelles,
trouve, lui aussi, que la réforme est illusoire il votera
le projet, mais sans enthousiasme; il n'y aura de
réforme sérieuse que celle qui rendra le suffrage intel
ligent. Le législateur veut que les ouvriers électeurs
aux prud'hommes sachent lire et écrire, et on n'exige
de l'électeur aux Chambres aucune garantie de ce
genre. Quelle anomalie
M. Malou a répondu plusieurs des observations
présentées il a fait remarquer que, dans près de 2,000
communes qui n'ont pas mille habitants, il ne serait
pas possible d'établir le système du ballot act. La
réforme ne peut donc s'appliquer aux élections provin
ciales et communales. Il restera d'ailleurs voir com
ment on pourrait améliorer ces élections, en adoptant
par exemple un système qui assurerait la représenta
tion des minorités.