246. Jeudi.
10 Mai 1877
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'ÏP ILES ET DE L'ARRONDISSE AI EN T.
La Guerre.
Une affaire réglée...... provisoirement.
37e ANNÉE.
PROGRÈS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACglliftlT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement adminislratif et judiciaire d'Ypres. Ir. C-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10; Réclames: la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER.
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. 6-50.
Poperinghe. 7-50. 9-07. 12-07. 5-57. 6-50.
8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-46. - 11-20. - 2-35. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25, 6-45.
Langhemarck-Ostrnde. 7-18. 12-06. 6-20.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
BULLETIN POLITIQUE.
Nous avons sous les yeux le texle de la réponse
de lord Derby ^circulaire du prince Gortchakoff.
Celte pièce, datée du 1er mai, pst adressée lord
Loftus, ambassadeur britannique Saint-Péters
bourg. Elle est conçue en termes très-énergiques.
Lord Derby exprime son profond regret d'avoir vu
la Russie se retirer du concert européen, considérer
le protocole comme absolument sans portée, le
désarmement simultané comme impossible et la
paix avec le Monténégro comme irréalisable.
Le gouvernement de S. M., dit la note, n'a^
jamais dissimulé sa conviction que la présence de
forces russes considérables sur la frontière de la
Turquie menaçait la sécurité de celle-ci, rendait le
désarmement impossible et, excitant le fanatisme
musulman, constituait un obstacle matériel la
pacification et aux réformes. Le gouvernement ne
croit pas que l'entrée de ces forces sur le territoire
ottoman diminuera les difficultés, en améliorant la
condition des populations chrétiennes de l'Empire.
Mais la conduite du gouvernement russe sou
lève des observations plus graves et plus sérieuses.
Elle est la violation des articles du traité de Paris
de 1856, par lesquels la Russie et les autres puis
sances signataires se sont engagées respecter
l'indépendance et l'intégrité de l'Empire ottoman.
A la conférence de Londres, en 1871, le plé
nipotentiaire russe, d'accord avec ceux des autres
puissances, a signé une nouvelle déclaration, por
tant que c'était un principe essentiel du droit des
gens qu'aucune puissance ne peut s'affranchir des
engagements d'un traité ni les modifier, que du
consentement des autres parties contractantes.
Dès lors, en ayant recours aux armes sans consul
ter ses alliés, l'empereur de Russie s'est séparé du
concert européen et s'est écarté de la règle que lui-
même avait acceptée. Il est impossible de prévoir
les conséquences d'un pareil acte. Le gouvernement
de S. M. se serait volontiers dispensé de faire des
observations cet égard. Mais comme le prince
Gorlchakoff prétend, dans une déclaration adressée
tous les gouvernements de l'Europe, que la Rus
sie agit dans l'intérêt de l'Angleterre et des autres
puissances, il se croit obligé de déclarer d'une façon
aussi publique et aussi formelle que la décision
du gouvernement russe n'est pas de celles qui
peuvent obtenir son approbation et son appui.
Cette note a, comme on voit, tout fait les allu
res d'un défi. Mais le Times y ajoute un commen
taire d'après lequel elle doit être considérée, tout
simplement comme une protestation tendant
dégager la responsabilité de l'Angleterre des évé
nements qui se préparent, en la laissant tout
entière la Russie.
Nous ne demandons pas mieux que d'admettre
cette explication, mais telle qu'elle est, la note ne
nous paraît pas de nature calmer les dispositions
belliqueuses de la nation britannique.
La note anglaise a été remise officiellement au
Czar. L'agence russe déclare que les inquiétudes
de la Grande-Bretagne l'égard de la Russie ne
sont pas fondées. Elle croit, en outre, que le
gouvernement de Sl-Pélersbourg aurait l'intention
de ne pas répondre. Ce serait de la discussion,
aurait dit le prince Gortchakoff, et c'est de l'his-
toire que nous faisons.
A la Chambre des communes on s'est occupé des
propositions de M. Gladstone. Comme nous l'avions
prévu, l'ancien chef de l'opposition a subi un échec.
Le télégraphe s'est beaucoup trop hâté d'annon
cer l'assaut de Kars et par conséquent la défaite
des troupes russes. On ne livre pas d'assaut une
place forte de but en blanc et sans l'avoir assiégée
d'abord. La vérité paraît être que la ville de Kars
est investie par les forces russes et qu'il y a eu
quelques combats d'avant-postes sans aucune im
portance.
En Europe les Turcs semblent être sortis quelque
peu de leur réserve. On mande de Bucharest que
dans la nuit du 6 au 7 mai, le petit fort roumain de
Bechet a été bombardé. Six navires anglais et plu
sieurs autres, tous chargés de blé, ont été coulés
bas. Les bachi-bouzouks ont ensuite passé le
Danube, pillé les environs et sont rentrés en Tur
quie avec leur butin.
Le mouvement des troupes russes dans la direc
tion de Giurgevo a pris de grandes proportions.
Cinq trains de soldats russes ont traversé Bucharest
dimanche, et lundi on en attendait huit.
D'après la Gazette de Colognele prince de
Roumanie prendra le commandement d'un corps
russo-roumain qui sera concentré derrière l'Aloula
et dont l'élat-major sera exclusivement composé de
Russes.
En Grèce on semble profiter des embarras de la
Turquie pour manifester quelques velléités de ré
volte. Le cabinet grec a adressé la Porte une note
pour protester contre la mise en liberté de plusieurs
chefs de brigands turcs qui avaient ravagé les fron
tières grecques. Le gouvernement s'occupe active
ment d'organiser ses troupes.
D'autre part, le comité slave de Roumanie a
invité les émissaires des districts occupés par les
troupes russes faire tous leurs efforts pour amener
une vie nationale nouvelle.
L'empereur de Russie a fait son entrée solen
nelle Saint-Pétersbourg. La population l'a ac
cueilli avec le plus grand enthousiasme.
Contrairement l'attente générale, le Sénat
d'Italie a repoussé, après une longue discussion, le
projet de loi sur les abus du clergé par 105 voix
contre 92.
En France, M. Durand, candidat républicain, a
été élu député dans l'arrondissement de Saint-Malo,
par 7,347 voix, contre le candidat légitimiste, M.
de Kerloguen, qui a obtenu 4,975 suffrages.
Au Sénat M. de Franclieu a renoncé pour des
raisons personnelles interpeller le gouvernement.
Le gouvernement des Etats-Unis a annoncé
qu'aussitôt qu'il aura reçu du gouvernement de
Sl-Pé'.ersbourgla notification officielle de la guerre,
il proclamera l'observation d'une stricte neutralité
par les sujets américains.
New-York, 5 mai.
L'archevêque de Quito a été empoisonné le
Vendredi Saint. De la strychnine avait été mêlée
au vin servant la célébration de la messe.
Les journaux de Londres publient le texte de la
réponse de l'Angleterre la circulaire du prince
Gortchakoff.
Le gouvernement de la Reine considère l'entrée des
troupes russes en Turquie, sans l'avis préalable des
Suissances, comme contraire aux stipulations du traité
e Paris et désapprouve complètement le passage de la
circulaire qui dit que la Russie agit au nom de l'Europe.
Aucun événement militaire sur le Danube. Les
Russes continuent masser leurs principales forces sur
leur droite vers Kalafat. On ne parle plus de mouve
ments de leur part vers la Dobrudcha.
On annonce de Constantinople que le Sultan vient de
se faire donner le titre de - Défenseur de la foi. Cette
nouvelle serait le symptôme avant-coureur de la pro
clamation de la Guerre Sainte, moyen suprême de
surexciter le fanatisme musulman.
Les nouvelles d'Asie sont défavorables aux Russes.
On annonce d'Ergeronne qu'une colonne russe de
12,000 hommes, opérant l'est de Kars, a été rèpoussée
en essayant de forcer le défilé de Sognanle Varishan
et que deux assauts russes, sur la forteresse de Kars,
ont été repoussés avec des pertes sensibles.
Le sheik Abdullah, chef célèbre des Kurdes, de
Van vient en aide aux Turcs il marche avec 10,000
Kurdes vers la frontière russe.
L'Angleterre a répondu la circulaire russe d'une
façon très peu amicale, dit-on.
Yprès, le 9 Mai 187 7.
Le Journal d Ypres nous apprend qu'après
cinq mois de relard, la Députation permanente
vient enfin de statuer sur la réclamation contre
l'inscription de M. Auguste de Bruyne sur les listes
électorales de la ville d'Ypres et naturellement elle
l'a maintenue comme électeur.
Notre organe clérical ne se borne pas témoi
gner toute sa satisfaction d'avoir remporté ce