m- IBM Il Les Prêtres Electeurs. In currieux procès de presse. ii Sl ,1 Mons. Il a démontré que nulle part la corrup tion ne s'exerce sur une échelle plus grande que dans les pays qui sont dotés du suffrage universel et il a cité de nombreux exemples l'appui. Pour lui, ce régime loin de nous déli vrer du cléricalisme, lui donnerait une nou velle force et lui créerait une position inex pugnable et nous partageons son opinion. M. Bara s'est ensuite occupé du projet de loi. Il a établi que la première partie, telle qu'elle est aujourd'hui rédigée, reproduisait le projet proposé par la Fédération libérale le ministère n'y est pour rien les dispositions Cjui étaient de son crû, ont dû être retirées, sous 1 effet de l'indignation publique le ministère n'est pour rien non plus dans la seconde partie du projet elle lui est venue d'Anvers, elle lui a été imposée par les cléricaux anversois. Il est si vrai que ceux-ci connaissaient les dispositions du projet, avant qu'il fût présenté, que dans le courant du mois de janvier de cette année, ils ont fait faire 600 déclarations de contributions personnelles, en vue de créer 600 électeurs dévoués pour les élections de 1878. On sait que d'après le projet primitif, les déclarations de contribution personnelle de vaient, pour servir la formation du cens, être faites avant le 31 janvier de l'année. Les libéraux, se fiant aux dispositions de la loi en vigueur, auraient fait leur déclaration tardivement et n'auraient pu acquérir le droit électoral pour les élections procliaines. Cette rouerie a été dévoilée et le gouvernement a été obligé de modifier le projet que les Anver sois lui avaient dicté. L'orateur, en terminant, a flétri aux applau dissements de la Chambre les moyens que le clergé emploie pour terroriser les électeurs et les forces, voter en faveur des candidats clé ricaux. Le reste de la discussion a quelque peu dévié. M. Frère-Orban a répondu une lettre que M. Léger lui avait adressée par la voie du Bien public. C'est vraiment pour M. Léger trop d'honneur. M. Frère n'a pas eu de peine démontrer que la fameuse lettre trouvée dans une mortuaire de Wachtbeke, prouve que les cléricaux de Gand fabriquaient, depuis 1864, des faux électeurs et, c'est grâce ces manœu vres frauduleuses, que la ville de Gand se trouve représentée, depuis 1870, par des dépu tés ultramontains. Après cet incident, c'est M. Warnant, le nouveau député de Liège qui a pris la parole. L'honorable membre a fait avec une grande vigueur et avec une verve admirable, le procès aux députations permanentes. Celles-ci, raison de leur caractère essentiellement poli tique, sont frappées de suspicion légitime, en en ce qui concerne le jugement des contesta tions électorales. M. Warnant demande que la connaissance de ces contestations leur soit enlevée. Nous n'avons jamais demandé autre chose les députations permanentes sont juges et parties dans les affaires électorales et elles n'ont d'ailleurs ni assez .de connaissances juridiques, ni assez de respect pour les déci sions îudiciaires, pour conserver ces affaires dans leurs attributions. La fin du discours de l'honorable M. War- nants, où il a apprécié la politique du minis tère et celle du parti ultramontain en dehors du Parlement, a soulevé droite une véritable tempête. M. de Kerckhove, M. de Borchgrae- ve, M. Woeste lui-même se démenaient comme des enragés, si bien que le président a dû finir par les menaces de les rappeler l'ordre, et même de lever la séance, pour les ramener un peu au calmeetà la modération. Le discours de M. Warnant, bien vif et bien serré, a fait sur la Chambre une très-vive impression. MM. de Kerckhove et Sainctelette ont en core pris la parole, mais ne nous ont rien appris de nouveau M. de Kerckhove est un grotesque personnage qui a le don de faire iiouffer la Chambre quant M. Sainctelette, ûnt le premier discours a été l'un des meilleurs qui ait été prononcé dans la discussion géné rale, a pris de nouveau la parole dans la séance de jeudi. Il est entré dans les détails des frau des pratiquées par les cléricaux l'effet d'aug menter le nombre de leurs électeurs puis, s'emparantdes principaux passages du discours de M. de Kerckhove, il a chaleureusement défendu le parti libéral des attaques dont il a été l'obiet. Dans une argumentation vigou reuse, l'honorable M. Sainctelette a fait justice des sophismes et ffçs hérésies historiques du délégué spécial de M. l'archevêque de Malines au Parlement belge. M. Sainctelette a fait une observation fort juste propos de la composition de la majori té elle ne compte plus qu'un prêtre dans ses rangs, M. le chanoine de Haerne, et quand il disparaîtra de la scène parlementaire ce prêtre ne sera pas remplacé par un autre prêtre les évêques veulent maintenir le clergé dans l'ignorance du véritable but que le parti libé ral poursuit et des principes qu'il a pour mis sion de défendre. Un député du Luxembourg, M. Dubois, ancien membre de la députation permanente de cette province, a essayé de justifier les députations permanentes cléricales de l'abus qu elles ont fait de leur juridiction en matière électorale. A la fin de la séance, M. Jottrand a déposé un amendement l'effet de protéger les citoyens contre les obsessions du clergé pendant la période électorale. Selon toute probabilité, la discussion géné rale sera close aujourd'hui. La Meuse, commenlanl le remarquable discours de M. Frère-Orban, présente un tableau très in structif qui porte la lumière sur la discussion qui a lieu en ce moment la Chambre. Le discours de M. Frère, dit notre confrère, fait ressortir un fait d'un haut intérêt et qui dénon ce un vice peu près ignoré et piesque incroyable de notre situation politique. C'est le rôle joué par le prêtre dans les élections, non-seulement comme autorité morale, non-seule ment comme inquisiteur et comme gendarme, mais comme élément direct et comme facteur numéri que dans les batailles du scrutin. L'Annuaire statistique du royaume fournit cet égard des renseignements irréfutables. Il y a pour tout le pays plus de 5,000 prêtres électeurs. En voici exactement le tableau Province dAnvers. Anvers, 174; Malines, 131 Turnhout, 73; total, 278. Brabant. Bruxelles, 218; Louvain, 181 Nivelles 131 total, 330. Flandre Occidentale. Bruges. 129; Courtrai, 97; Dixmude, 56.; Furnes. 50; Ostende. 54; Roulers, 43; Thielt, 54; Yprès, 99; total. 502. Flandre Orientale. Alost, 105 Audenaerde, 82 Eecloo, 31 Gand, 217; Saint-Nicolas, 62; Tertnonde, 42; total, 559. Hainaut. Alh, 41 Charleroi, 59 Mons, 61 Soignies, 51 Thuin, 40; Tournai. 79 total, 331. Liège. Huy, 39; Liège, 92; Verviers, 41 Waremme. 50 total. 225. Limburg. Hasselt, 72 Maeseyck, 25 Tongres, 87 total, 184. Luxembourg. Arlou, 2 Bastognc, 6 Marche, 25 Neufchâ- leau, 6 Virton, 8 total, 45. Namur. Dînant, 58 Namur, 108 Philippeville, 28 total, 174. Si l'on veut bien jeter un coup d'œil sur ce ta bleau, on constatera que c'est dans les arrondisse ments les plus contestés et du vote desquels dépend généralement le chiffre et la majorité parlemen taire, que les prêtres électeurs ^onl les plus nom breux relativement la population. Ainsi, Ypres, M. Struye ne l'a i mporté sur son concurrent que de 45 voix, et 99 prêtres ont pris part cette élection ne peut on pas dire dès lors que c'est le clergé seul qui a fuit l'élection d'Ypres et est venu substituer sa volonté celle de nos populations. On n'a pas oublié, dit la Meuse, tout le bruit que firent, il y a deux ans, les feuilles cléricales propos de l'incendie de l'école normal de Huy. Cet incendie, s'écriaient ces journaux, était un châti ment du ciel! 11 avait été allumé par la Providence pour punir l'Ecole normale d'un affreux sacrilège commis quelques jours auparavant par un jeune élève de l'établissement; le feu avait pris dans la salle l'éludes, dans le pupitre même de l'élève! Evidemment, c'était un miracle. Pour apaiser le courroux céleste, le clergé ordonna un Triduum et organisa une foule de cérémonies expiatoires, pen dant que les feuilles cléricale la Gazette de Liège en tète dénonçaient au gouvernement le directeur de l'Ecole normale comme un abominable libre-penseur, qui s'était montré personnelle- ment peu sensible la profanation commise. Tout le personnel enseignant de l'Ecole était traité de la façon on cherchait par tous les moyens pos sibles la dénigrer, lui enlever la confiance des pères de famille. Il y a quelques semaines, un autre incendie éclate Huy cette fois, c'était le Collège épiscopal de Saint Quirin qui était en cendres. Pour cet incendie, comme celui de l'Ecole normale, la cause restait inconnue. Le public hutois, se rappelant la thèse soutenue il y a deux ans par les journaux catholiques, se dit tout naturellement que la Pro vidence, en frappant celle fois de Collège épiscopal, avait probablement voulu jr.;nir quelque forfait odieux et peut-être ignoré, commis dans rétablis sement. La Gazette de Huy fit ce propos une foule de suppositions dans un article humoristique intitulé: Le Doigt de Dieu! article qui n'était qu'une riposte aux attaques indignes dirigées en 1875 par la presse cléricale contre le personnel enseignant de l'Ecole normale de Huy. Là-dessus, grande colère de MM. les directeur et professeurs du collège épiscopal de Saint-Quirin. Ces messieurs, au nombre de 14, viennent d'assi gner la Gazette de Huy devant le tribunal de lre instance de celte ville, pour la faire condamner leur payer 70,000 francs de dommages-inlerèts juste la montant des dégâts causée par l'incendie; ils soutiennent que la Gazette de Huy les a indi- gnement calomniés: qu'elle a porté une grave atteinte l'honneur, la considération et aux intérêts matériels des exposants, spécialement la prospérité (sic) du collège Saint-Quirin qu'ils dirigent Le bilieu évéque de Tournai vient encore de faire des siennes: l'occasion du jubilé épiscopal du pauvre prisonnier Pie IX. il a fait lire dans tou tes les églises du diocèse un mandement d'une au dace anti-patriotique tellement grande qu'il est impossible que le ministère ne soit pas interpellé ce sujet dans les Chambres. Dans ce mandement le gouvernement italien est l'objet d'outrages inqualifiables: il est représenté comme suit le pouvoir usurpateur qui est installé Rome, y a inauguré un système d'oppression où l'hypocrisie le dispute la violence pour isoler Pic IX et le réduire l'impuissance. 4

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2