282. Jeudi.
37e ANNÉE.
13 Septembre 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL R'YPRES ET DE L'ARRONDISSE 11 EN T.
En France les choses ont repris leur train habi
tuel. Les journaux du gouvernement s'occupent
surtout d'escompter la disparition du grand homme
d'Etat dont la mort a fait un si grand vide dans le
parti républicain, et déjà le maréchal qui est en
réalité le vrai chef de la coalition puisque c'est
de son nom que se servent les coalisés et que c'est
en son nom et par son autorité qu'a été fait le 16
Mai -- déjà le maréchal, disons-nous, a repris sa
tournée électorale.
Du château de la Grave où le duc Decazes lui a
fait une réception princière, il est parti pour Bor
deaux. Bien que le maréchal sjç fût promis de ne
pas prononcer de discours politique, il a bien dû
répondre aux allocutions des divers représentants
de l'autorité locale, et traiter ain^i un sujet aussi
dangereux que délicat.
Dans sa harangue le maire de Bordeaux, M.
Fourcand, a vivement insisté sur le besoin de paix
et de sécurité indispensable une population labo
rieuse et tranquille.
C'est Mardi dernier que M. Gambettà a comparu
devant le tribunal correctionnel de Paris.
Les bruits qui ont couru sur la mort du Pape
ont produit une vive émotion en Italie.
D'après une dépêche particulière adressée la
Gazette de Cologne, une vive agitation règne
Rome dans le parti des jésuites au sujet du prochain
conclave. Le Pape ne voulant pas désigner son suc
cesseur, tous les moyens sont mis en œuvre pour
assurer la nomination d'un jésuite. On calomnie
les cardinaux ennemis de cet ordre, afin d'influen
cer les vieux membres du Sacré Collège on écrit
tous les nonces et internonces pour s'informer des
vœux des fidèles, du clergé et des évêques. Il est
évident que les jésuites ont dicté les réponses, qui
seront défavorables aux cardinaux hostiles.
On cherche encore toujours le moyen de tenir
le conclave hors de Rome, et l'on rattache ce pro
jet les voyages des cardinaux Berardi et Franchi,
qui sont chargés, dit-on, de recueillir des rensei-
nements et d'influencer les souverains étrangers.
Une dépêche de Lundi dit que la santé de Pie
IX est assez satisfaisante. Bien que les audiences
soient réduites de beaucoup, quelques personnes
ont encore été reçues dans la journée. -
Les avis de Bucharest, transmis Paris en date
du 9, dix heures du soir, ne confirment pas la pri
se de Plcvna; ils constatent seulement que les Rus
ses occupent certaines positions et rapprochent
leurs batteries.
En revanche, on parle de médiation et, bien que
tout semble préparer une action décisive qui facili
terait considérablement le dénouement de la crise,
on a, dans certains cercles politiques de l'étranger,
une confiance assez grande dans les négociations
diplomatiques Tout dépend, dit-on, de la forme
dans laquelle elles se présenteraient. Deux jour
naux, l'un autrichien, l'autre hongrois, et qui ont
des relations avec le monde officiel, croient avoir
trouvé un moyen. D'après la Revue du Lundi, de
Vienne, et le Llogd, de Pesth, si la Turquie pre
nait en ce moment l'initiative d'une proposition de
paix, cette dépiarche pourrait satisfaire la fierté
du gouvernement russe et le disposer accepter
des négociations dans lesquelles les puissances
pourraient intervenir sans blesser la Russie.
A Belgrade on considère aujourd'hui une parti
cipation immédiate de la Serbie la guerre corn
ue peu probable. Mais Jes nouvelles fantaisistes
auxquelles on nous a babitpés de ce côté, ont eu
pour conséquence de nous rendre sceptiques l'é
gard des rumeurs relatives l'attitude du prince
Milan qui, du reste,se trouverait beaucoup mieux,
tant au point de son intérêt personnel que dé celui
de sa principauté, d'une sage neutralité.
En Grèce, au contraire, les esprits semblent
s'habituer de plus en plus l'idée d'une coopéra
tion la guerre et la Correspondance politique,
de Vienne, croit même savoir quë le gouverne
ment d'Athènes est sur le point de conclure un ar
rangement avec la Russie.
Cette feuille dit même que dans ces derniers
jours le conseil des ministres a discuté les proposi
tions faites par le cabinet russe, au sujet d'une
action commune en vue d'assurer le sort des chré
tiens qui se trouvent sous la domination turque.
«Aujourd'hui, dit-elle, on considérerait comme
certaine une entente entre la Grèce et la Russie,
sur la base de certaines revendications du gouver
nement hellénique.
En attendant M. Trikoupis a répondu une
note remise au gouvernement grec par l'Angleter
re par une autre note exposant la politique de la
Grèce.
Comme nous l'avons annoncé, le Moniteur de
Dimanche nous a apporté la nomination de M. Ru-
zetle aux fonctions de Gouverneur de notre pro
vince cette nouvelle a été accueillie avec un mé
diocre enthousiasme en notre ville; il nous a fallu
nous donner beaucoup de peine pour trouver qua
torze maisonspavoisées et celles-ci étaient habi
tées, pour la plupart, par des sacristains,des fabri
cants de cierge et autres gens d'église. Le plus
çtonné de tous doit être M. Ruzette lui-même, qui,
s'il a un peu le sentiment de sa valeur, ne devait
pas se croire appelé ces hautes fonctions person
ne contestera, en effet, qu'il ne possède ni le tact
politique, ni les connaissances administratives vou
lues pour ces fonctions; mais, dans sa courte car
rière, il a toujours fait preuve d'une soumission
aveugle et absolue au clergé et c'est là un titre
qui, défaut d'autres, a dû paraître suffisant aux
yeux de Mgr de Bruges.
M. Ruzette a d'ailleurs eu le rare bonheur de
n'avoir pas de concurrents qui fussent plus sérieux
que lui et on comprend dès lors comment les in
fluences réunies de Mgr de Bruges et de M. d'A-
nethan, son oncle, ont fait pencher la balance en
sa faveur. Si, du reste, il est pour la province ce
qu'il a été pour notre arrondissement, il ne fera
aucun bien et laissera faire le mal la grande sa
tisfaction de toute notre gent cléricale.
Qui vivra verra.
Nous lisons dans l'Avenir des Flandres
Ceux qui soutenaient que le Ministère attendrait
les élections du mois de Juin pour donner un Gou
verneur la Flandre Ocèidentale, avaient tort.
Quel motif, d'ailleurs, aurait le ministère d'at
tendre l'avènement des libéraux et de laisser échap
per une occasion de caser une de sës créatures dans
un des postes les plus importants du pays? Ce se
rait maladroit. Il est bien plus habile d'exploi
ter la grande influence des fonctions degouverneur,
en vue des prochaines élections.
C'est ce que le ministère Malou-Delcourt a fait.
Donc, Dimanche, le Moniteur contenait un ar
rêté royal du 7 Septembre nommant M. le cheva
lier Léon Ruzette gouverneur de la Flandre
Occidentale, en remplacement de M. Vrambout,
décédé.
Cette nouvelle a été accueillie par nos popula
tions avec.... la plus grande indifférence. La Con
corde, seule, a arboré son drapeau; encore sommes
nous presque certain qu'elle s'est donnée ce luxe
en l'honneur de la fiche de consolation accordée
son Grand Electeur De Cock.
Qui est donc notre nouveau gouverneur
Il y a près d'un mois que nous avons offert nos
lecteurs le portrait du chevalier Ruzette.
Le premier titre aux faveurs du ministère de
l'Immaculée Conception, c'est que ledit chevalier
est un ullramontain de la plus belle eau, de la
nuance du Courrier de Bruxellesqui, le pre
mier, a annoncé sa nomination.
C'est là, il est vrai, un titre qu'il partage avec
infiniment de gens qui aspirent occuper des pla
ces.
Un autre litre bien moins commun, c'est que M.
Léon Ruzette est le neveu de M. d'Anethan. Aussi,
en I870f l'époque où M. d'Anethan était minis
tre des affaires étrangères, M. Kervyn démit M.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DOLANCHE.
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Langhemarck, le samedi, 5-50.
BULLETIN POLITIQUE.
Yprès, le 12 Septembre 1877.
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