Les Finances russes.
courage qui nous étonnait tous, pour assister aux
séances de la commission, où sa présence nous fut tou
jours précieuse.
La mort de Monsieur Carton laisse dans l'adminis
tration un vide bien difficile combler; sa mémoire
laissera du moins ses successeurs un exemple imi
ter.
Arrivé au terme d'une carrière dont la durée a dé
passé la moyenne de la vie humaine, Monsieur Carton
a conservé jusqu'au bout la lucidité de son esprit; les
chagrins et les pertes douloureuses qu'il a eu subir, et
dont le souvenir est présent chacun de nous, n'avaient
pas émoussé la sensibilité de son cœur J'en appelle au
témoignage de ses nombreux amis, de ses enfants, et
des malheureux qui avaient recours lui
Faisons ici, Messieurs, nos adieux la dépouille mor
telle de cet homme de bien, de ce véritable ami des
pauvres.
Tandis que nous pleurons sur sa tombe, son âme dé
livrée des vicissitudes d'ici bas s'élève, nous l'es
pérons, dans un monde meilleur vers la source de toute
intelligence, de toute bonté et de toute justice, vers
Dieu
,j.|-0 i
Le Journal de Bruxelles trouve, propos de
la question des couvents, que le libéralisme tombe
dans les inconséquences les plus étranges. Il
s'étonne que la presse libérale soit effrayée des
'i immenses richesses possédées par les membres
des corporations religieuses» et qu'en même temps
elle reproche amèrement ceux-ci de vivre sans
rien faire et d'être inutiles.» Or, le désir sincère qu'il
a et de prendre la défense de ses bons et chers moi
nes, et de trouver en même temps ses adversaires
en flagrant délit de contradiction.amène le Journal
de Bruxelles lancer ses clients le plus terrible
pavé qu'ours ait jamais manié. Maiss'ils tra
vaillaient par esprit de lucre, dit-il, ne seraient-
ils pas bien plus riches encore
Le Journal de Bruxelles avoue donc qu'ils ne
travaillent pas, et s'ils s'enrichissent cependant
comme ils le font, sans que le Journal de Bruxel
les puisse le nier, la proposition de loi relative
aux captalions, dont parle l'Etoile belgearrivera
donc bien propos Car, on les moines travaillent
et on peut dans ce cas les accuser, comme le dit le
Journal de Bruxelles, de faire une concurrence
ruineuse, soit aux industriels, soit aux ouvriers
ou bien ils ne travaillent pas dans le véritable sens
du mol, ce qui est plus généralement vrai, et il est
intéressant, dès lors, de s'enquérir l'aide de quels
moyens ils parviennent accumuler de si grandes
richesses. C'est donc le devoir de la presse libérale,
dit l'Indépendanced'avoir l'œil sans cesse ouvert
sur ce développement progressif des différents mo
nastères et sur les sources mystérieuses de l'opulence
des ordres religieux.
Les belligérants d'Orient nous préparent une
jolie petite peste, s'il faut en croire les détails que
donnent les dépêches et correspondances du théâtre
delà guerre. On écrit des environs de Plevna le 12
Le carnage a été épouvantable hier c'est seu
lement ce malin qu'on a pu s'en rendre compte.
Le pays tout entier est comme empesté par la
putréfaction des innombrables cadavres qui cou
vrent le sol, souvent sur plusieurs couches.
D'autre part, nous lisons dans une relation du
Times
Les autorités militaires russes négligent abso
lument les mesures hygiéniques. Dans le voisinage
de Plevna l'air, la terre et l'eau sont empoisonnés
par les corps en putréfaction que l'on délaisse en
plein champ. Il en est de même dans le voisinage
de Chipka.
Comme tout cela est rassurant, n'est-ce pas,
pour ceux qui n'ont rien voir en définitive dans
celle querelle de cosaques et de bachi-bouzouks
Plusieurs feuilles bruxelloises annoncent que
dans le cours de la prochaine session législative,
il sera déposé un projet de loi dû l'initiative par
lementaire et ayant pour but d'atteindre pénule-
ment les personnes reconnues civilement coupables
de captation.
Naturellement la presse cléricale dresse l'oreille.
L'auteur de cette proposition, a destinée fournir
un aliment de plus la grande parade électorale
que les Gueux préparent pour 1878, ne serait-il
point par hasard le citoyen Jansou interroge le
Bien public.
Ça se pourrait bien, le citoyen Jauson ayant eu
plus d'une fois dans sa carrière d'avocat, l'occasion
de faire restituer des familles odieusement dé
pouillées, des héritages volés on sait par qui.
11 faut avoir le toupet gothique du Bien public
pour venir parler plaisamment de captations dans
la demeure de l'avocat de Debuck et des héritiers
De Neef.
Un captateur est un voleur et un escroc il est
hautement désirable que désormais la loi le punisse
comme tel. {Economie).
Les armées russes sont battues en Bulgarie.
Mais on ne se bat pas seulement avec des batail
lons, on se bat avec de l'argent, et l'argent menace
de ne pas faire moins défaut la Russie que les
bataillons.
Il est certain que les finances russes sont dans
un triste état.
Avant la guerre, le budget russe était peu près
en équilibre; cet équilibre n'existe plus, naturel
lement, et les emprunts ont succédé aux emprunts.
Il y a eu d'abord un emprunt intérieur de 500
400 millions de francs, qui a été englouti par les
préparatifs de la guerre.
Il y a eu ensuite un emprunt extérieur que les
banquiers allemands, hollandais et français ont
pris en partie, mais qui n'a pu être émis en sous
cription publique. C'est avec le faible produit
obtenu de cet emprunt qu'on paie en partie les
créanciers extérieurs.
Il y a eu enfin un autre emprunt intérieur, dit
Emprunt orientalqui n'a donné jusqu'ici que 50
millions de roubles et sur lequel il reste 150 mil
lions de roubles toucher. Mais les souscripteurs
préfèrent, pour la plupart, perdre le premier ver
sement que d'en faire de nouveaux.
Le gouvernement russe, se voyant fermer peu
peu toutes les ressources du crédit, a dû recourir
au papier-monnaie, et déjà la planche aux assi
gnats fonctionne. Il y a pour plus de 3 1/2 milliards
de francs de papier-monnaie en circulation, et le
rouble-papier ne vaut plus que 2 francs 50 centi
mes, au lieu de 3 francs 90 centimes, valeur
nominale.
Pendant ce temps, les recettes budgétaires su
bissent une diminution effrayante en six moix,
les douanes ont perdu 12 millions de roubles, le
cinquième de leur rendement habituel.
Dans de telles conditions, la Russie pourra-t-elle
supporter longtemps le fardeau de la guerre
On nous écrit de Poperinghe
Des fêles destinées faire époque dans les an
nales de la Philharmonie et qui dépassent en
splendeur tout ce que l'on peut imaginer
ont été offertes par le Président,. Dimanche der
nier, aux Membres de la Société et leurs familles.
C'est d'abord au château et dans le magnifique
parc de la Lovie, puis dans son jardin de la ville
et dans celui de la Société que Monsieur Van
Merris a reçu ses nombreux invités.
Dès I heure de relevée, les sociétaires, au nom
bre de 700, se formèrent en cortège pour se ren
dre, aux sons joyeux de la musique, la Lovie,
distante de trois kilomètres, environ, de Poperin
ghe. Plus de cinquante voilures, allant et venant
de la illo au château, y amenaient les Dames. La
route était sillonnée de monde et présentait l'as
pect le plus animé partout, des drapeaux, des
oriflammes, des chronogrammes, des devises.
Une réception des plus cordiales et des plus géné
reuses était réservée tous ceux que le Président
attendait.
Tir la cible chinoise pour les hommes, jeux de
boules pour les dames, dans lesquels chacun riva
lisa d'adresse pour l'obtention des prix, d'une va
leur de 1400 fr.consistant en couverts en argent,
cuillers café, etc., etc., pour les hommes; objets
d'art, pendules, cristaux, etc. pour les dames. A
4 heures les différentes luttes étaient terminées et
des lentes, dressées de toutes parts, au milieu d'un
riant tapis de verdure s'emplissaient des conviés aux
quels Monsieur Van Merris offrait un lunch. Des
rafraîchissements variés, étaient servis aux dames
dans les salons et les galeries du château.
Mais le moment solennel approche....
Glorieux, l'incomparable aéronaute, fera tantôt
sa 227e ascension, et tandis qu'il préside au gon
flement de la fragile enveloppe qui l'emportera
dans l'espace, le Président proclame les noms des
vainqueurs et leur fait remise des prix.
La musique fait retentir les airs de ses accords
harmonieux... En ce moment, l'immense Parc of
fre l'aspect le plus pittoresque, vu du perron de ce
château monumental il est vraiment grandiose.
M. Van Merris, par une attention des plus délica
tes, avait réservé une partie spéciale de ses jar
dins au public; la foule était innombrable et se
pressait en masses serrées sur une éminence, au
tour d'un charmant pavillon en style mauresque.
De quelque côté que se portail le regard le coup
d'œil était merveilleux.
Enfin, les paroles sacramentelles, lâchez tout,
se font entendre le ballon s'élance majestueuse
ment dans les airs emportant l'intrépide aéronaute
aux acclamations de l'assistance, qui toutefois ne
peut s'empêcher de frémir en le voyant exécuter
ses exercices vertigineux.
Le trajet qu'accomplit M. Glorieux n'est pas long,
il prend terre heureusement 4 kilomètres de son
point ascensionnel.
Le temps, affreux la veille, s'était dépouillé de
son enveloppe ténébreuse et avait admirablement
favorisé cette première partie de la fête.
Il est 6 heures, tambours et clairons donnent le
signal du départ et l'on regagne la ville aux sons
d'entraînants pas redoublés.
Que dire des merveilles de la soirée
Il est impossible d'en donner une description
qui ne soit au-dessous de la réalité.
L'illumination a surpassé tout ce qu'on peut rê
ver! En arrivant au local de la Philharmonie nous
avons été frappé, ébloui.
A l'entrée, un immense portique de lumière
ayant pour perspective un resplendissant bouquet
aux couleurs vives et variées faisait un effet sai
sissant; dans le jardin du Cercle, formant pour
tour, se répétaient les mêmes portiques reliés par
des cordons de feu. Le kiosque, brillamment éclai
ré servait de fond ce cadre éclatant. Par une
innovation des plus heureuses, des fleurs aux
nuances les plus diverses, aux calices enflammés,
dispersées et là dans les parterres, dans les
massifs, charmaient la vue de tous côtés... Mais,
pénétrons dans le jardin de Monsieur Van Merris
attenant celui de la société et dont la grille ou
verte laisse un libre accès aux invités. Ici on se
croirait transporté dans un parc des mille et une
nuits Aux flammes élincelantes de tantôt, ont
succédé les douces lueurs des lanternes vénitiennes
se balançant gracieusement depuis le bas jusqu'au
sommet des saules séculaires,dont elles font admi
rablement ressortir le vert foncé ailleurs elles
éclairent joyeusement un charmant chalet qu'on
croirait importé de la Suisse... plus loin, attachées
un pont suspendu elles flottent légèrement au
gré du vent.... Tous les contrastes d'ombre et de
lumière sont parfaitement ménagés et les sombres