N°301. Dimanche,
37e ANNÉE.
38 Novembre 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSE >1 EN T.
Session législative de 18771878.
PARAISSANT I.E JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
La discussion de ia proposition de M. Albert
Grévy est terminée Versailles. Elle a été adoptée
par 320 voix contre 202.
Cet vote a été précédé d'un tournoi oratoire en
tre M. de Broglie et M. Gambetta. Le président du
conseil a été d'une audace portée jusqu'au défi.
Au lieu de se défendre il s'est posé en accusateur,
allant jusqu'à dire que le scrutin du 14 Octobre
était le résultat de l'égarement public amené par
la fraude et la calomnie.
Il a déclaré que ni le cabinet actuel ni celui qui
pourrait lui succéder ne consentirait se déshono
rer en pactisant avecl'espril révolutionnaire et radi
cal, et il a parlé de la répression énergique que
provoquerait toute résistance de la gauche la vo
lonté du maréchal.
M. Gambetta a répondu que la prétention de M.
de Broglie de placer le Sénat au dessus du suffrage
universel n'aboutissait rien moins qu'à faire une
Convention blanche.
Voila donc une attitude nettement dessinée de
part et d'autre. Le ministère est battu par une écra
sante majorité et n'accepte pas sa défaite. Il ne lui
reste plus après cela qu'à tenter une nouvelle dis
solution, s'il le peut.
On parle depuis défaits graves qui se préparent
de la formation d'un cabinet de généraux, de la
proclamation de l'état de siège.
Malgré le froid et ia neige, la lutte continue en
Orient entre les armées russes et turques. En Asie
Mouktar Pacha a décidé, paraît-il, la population
d'Erzeroum ne pas se livrer sans combattre et
tous les préparatifs sont actuellement faits dans la
capitale de l'Arménie pour organiser une résistan
ce outrance. A Constantinople on se préoccupe
surtout de fournir aux soldats de bons habillements
d'hiver. a
On mande de Bucharest qu'Osman pacha a été
sommé Mardi pan un parlementaire de se rendre,
mais il a refusé énergiquement d'entrer en négo
ciations ce sujet.
Rien ne montre que la Serbie soit résolue, com
me on le prétend, entrer en action avant la chute
de Plevna. Il se pourrait même qu'elle restât en
core après cet événement.
Au moment de mettre sous presse, nous appre
nons, par une dépêche de l'Agcuce Havas, que les
ministres ont remis leur démission au Maréchal.
Celui-ci l'a acceptée, mais a prié les ministres de
rester en fonctions jusqu'au moment où ils seront
remplaces.
La salle des séances de la Chambre des repré
sentants est ornée et décorée comme elle l'était aux
précédentes séances royales.
Le trône a pris la place du bureau.
A l'entrée de gauche se trouve la tribune de la
Reine.
Le bureau des Chambres est installé une table
placée dans l'hémicycle.
La tribune habituellement réservée aux dames
est occupée par les ministres plénipotentières
accrédités auprès de la Cour de Bruxelles. le nonce
apostolique, les ministres de Hollande, d'Autriche,
de Turquie.
Les secrétaires et attachés de légation se trouvent
dans la tribune diplomatique.
Le pourtour de la salle, derrière les bancs des
membres est réservé aux dames.
Dès H 1/2 heures, les tribunes publiques et
réservées sont ouvertes et immédiatement envahies.
A une heure, S. M. la Reine, accompagnée de
S. A. R. la comtesse de Flandre et précédée de
lçurs dames d'honneur et des officiers de sa maison,
entre dans la tribune qui lui est réservée.
S. M. est accueillie par des acclamations pro
longées et des cris de Vive la Reine
Quelques minutes après l'huissier en chef an
nonce le Roi
S. M., précédée de la dépulation et des questeurs
de la Chambre des représentants, et accompagnée
de S. A. R. Mgr le comte de Flandre, de sa maison
civile et militaire et d'un nombreux état-major,
entre dans la salle.
Toute l'assemblée est debout.
Les cris de Vive le Roi et des applaudissements
éclatent sur tous les bancs de la Chambre et dans
les tribunes.
Sa Majesté, après avoir salué l'assemblée, prend
place sur le trône S. A. R. le comte de Flandre
s'assied sa gauche.
Le grand maréchal de la cour et le lieutenant-
général Renard se trouvent de chaque côté du trône.
Les aides de camp et l'élal-major royal sont groupés
droite.
Le grand maréchal du palais présente au Roi le
discours.
Sa Majesté, assise, la tête découverte, prononce
le discours suivant
LE PROGRES
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-')0
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-23.
Séance royale d'ouverture.
DISCOURS DU TRONE
Messieurs,
Je suis heureux de me trouver au millieu des représentants
de la nation, et de pouvoir les remercier en son nom des utiles
travaux accomplis dans le cours des dernières sessions.
'La Belgique, fidèle son rôle pacifique, continue d'entretenir
les relations les plus amicales avec toutes les puissances.
Le recencement du 31 décembre 1876 a constaté, pour la
dernière période décennale, un accroissement de population
de 508,000 âmes aucune des périodesantérieuresn'a présenté
une augmentation aussi forte: conformément aux lois, le
nombre des membres des deux*Chambres doit être augmenté
de cinq sénateurs et de dix représentants: il y a lien de mettre
aussi la représentation provinciale et communale en rapport
avec la population réelle. Des propositions en ce sens vous
seront faites dès le début de la session.
La loi sur le secret du vote et sur les fraudes électoral! s,
adoptée dans votre dernière session, donne la sincérité de
notre régime électif des garanties nouvelles et qui, je n'en
doute pas, seiont efficaces. Vous aurez'a discuter des projets
de lois qui en forment le complément. Il reste, en effet,
généraliser, eu l'appropriant dans la mesure du possible aux
élections provinciales et communales, le mode de votation
décrété pour les seules élections législatives, et rétablir
l'unité de la législation électorale pour la révision du Code de
1872.
L'instruction publique tous les degrés est dans une situa
tion prospère le gouvernement ne néglige rien pour y donner
une vive impulsion.
La loi du 20 mai 1678 sur l'enseignement supérieur fonction
ne régulièrement et sans difficultés une liberté plus large,
source d'une plus active émulation, sera féconde cl relèvera
le niveau des liantes études. Un projet de loi accordant l'émé-
ritat aux professeurs des universités de l'Etat vous est soumis.
Les traitemenls du personnel l'enseignant sont régularisés et
améliorés; la loi du 16 mai 1876 a complètement garanti l'a
venir des mstiteurs ou professeurs et de leurs veuves et orphe
lins. Le crédit de 20 millions alloué en 1873 pour perfectionner
les installations matérielles des écoles primaires est peu près
absordé. La dotation de celte partie de l'enseignement public
a été successivement augmentée. La gymnastique et le dessin
ont pris rang parmi les matières du programme des écoles
primaires. Enfui, grâce aux efforts de tous, chaque année nous
pouvons constater, par la réduction du nombre des illettrés,
les conquêtes faites sur l'ignorance.
Les intérêts de l'agriculture sont l'objet de la constante solli
citude de mon Gouvernement. Bien que la récolle de cette
année n'ait pas réalisé entièrement les espérances de nos culti
vateurs, la situation, au point de vue de l'alimentation, est
très-satisfaisante. Des mesures éurrgiqiies ont préservé le pays
de l'invasion de l'épizootie qui, dans d'autres contrées, cause
tant de perles l'agriculture. Toutefois notre législation doit
être complétée et renforcée. Si le Code rural ne peut être
promplement adopté, il est utile et opportun d'en décréter
une partie comme loi spéciale.
La plupart de nos industriels subissent encore l'influence
de la crise générale qui, depuis trop longtemps, a ralenti
partout le travail ou l'a rendu peu rémunérateur néanmoins,
le mouvement de notre commerce avec l'étranger, considéré
dans son ensemble, n'a pas sensiblement fléchi, et l'activité de
nos ports n'a pas cessé de s'accroître. L'énergie de. nos indus
triels et commerçants, le bon esprit de nos populations, et,
dans une juste mesure, les efforts des pouvoirs publics, ont
aidé lutter contre les difficultés nées de celte crisesi longue,
mais qui, je l'espère, louche son terme, sans se laisser dé
courager par le malaise qui affecte plusieurs branches du
travail national l'industrie belge se prépare activement
prendre une part digne d'elle l'Exposition de Paris. Elle y
puisera, sans doute, de précieux enseignements pour appro-
piier ses produits aux besoins et aux goûts d'autres peuples et
pour se créer ainsi les relations plus étendues.
Nos artistes soutiennent la grande et solide réputation de
l'école flamande comme nos industriels, ils auront cœur de
conserver dans ce concours universel le rang élevé qu'ils ont
su conquérir.
La construction du Palais des beaux-arts et du Conservatoire
de musique, l'agrandissement des Musées, les richesses ajoutées
leurs collections, l'installation des Acadéniies dans leurPalais
nouveau, tous ces actes témoignent du vif intérêt que les
Chambres et le gouvernement portent au progrès des lettres,
des arts et des sciences.
La garde civique et l'armée continuent de répondre la
conflance du pays par leur patriotique dévouement.
J'espère que, pendant celte session, vous pourrez délibérer
sur le projet de loi relatif l'organisation de la garde civique.
Mon gouvernement vous proposera d'affecter les produiis
de la vente de terrains du domaine militaire la construction
de deux forts sur la rive gauche des Nèthes, afin de mieux
assurer la défense éloignée de notre grande position straté
gique.
L'organisation militaire volée en 1873 et les perfectionne
ments introduits dans d'autres pays nous imposent la nécessité