La ligue cléricale universelle. où la nation va renouveler la moitié des deux Cham bres et des conseils communaux et provinciaux. Si la nation le veut, elle secouera le joug clérical et reconquerra sa bonne renommée compromise par la politique ultramontaine. Il faut rendre la confiance tous les cœurs avec de la volonté, nous vaincrons l'ennemi. Nous lui avons arraché la loi sur le secret du vote. Evidemment, elle ne remédiera pas tous les maux, car le gouvernement nous a refusé le vote al phabétique et le mélange des bulletins. Quoi qu'il en soit des abus scandaleux, avec cette loi nous avons en mains une arme puissante. Nous devons convaincre l'électeur que son vote sera secret, que l'on ne pourra savoir pour qui il a voté. Il faut faire pénétrer cette conviction jusqu'au fond des cam pagnes. Nos adversaires diront bien qu'ils reconnaîtront leurs bulletins. Que la presse et nous tous fassions entendre l'électeur que nos adversaires mentent et que le vote sera secret pour lui et ses corrupteurs. Quand je parle de la loi actuelle, je ne saurais trop remercier les associations libérales pour le zèle incesr sant qu'elles ont montré. Elles ont montré une vitalité sans exemple. Des orateurs éloquents ont signalé les abus, et les applaudissements qui accueillaient leurs paroles prouvent bien qu'ils exprimaient la volonté de la nation. Soyons unis plus que jamais contre l'ennemi com mun. Il faut que toute dissension disparaisse. J'ai la conviction que le libéralisme triomphera de tous les obstacles, car le pays est avec nous. Voyons ce qu'a fait les ministère depuis sept ans. Rien, rien en politique. Tout est indéfiniment remis en question. Croyez-vous que le public ne se retournera pas contre cette collection de momies Le peuple est travailleur et il demandera un jour un compte sévère ceux qui ne font rien pour l'industrie et le commerce. Il est vrai qu'ils font des nominations de parti. A l'extérieur, que font-ils Nos institutions sont décriées par eux ils prêchent le gouvernement person nel, ils font maudire notre parti libéral. Nous n'avons plus de défenseurs l'étranger, ni dans le parti libéral, ni dans le parti clérical. Avec la politique qui nous mène, nous ne pouvons soutenir nous et nos institutions, quand on voit que le parti qui est au pouvoir les conspue Comment .pour rait-on admirer l'étranger ce qu'on vilipende ici Nous, nous sommes libéraux de cœur et d'âme. Nous n'avons pas besoin de nous retourner vers Rome pour lui en demander la permission. Ayons donc foi dans l'avenir. J'ai le pressentiment que nous finirons par déjouer tous les calculs de nos adversaires. Ce sera une grande gloire pour nous de vaincre le cléricalisme, repoussé par toute l'Europe, acculé dans son plus fort, mais aussi dans son dernier retranche ment. (Applaudissements prolongés). M. Jottrand demande que l'on organise une vaste enquête pour connaître le nombre des couvents répan dus sur la surface de la Belgique, l'état de leurs riches ses, etc. C'est l'accroissement des communautés reli gieuses que le libéralisme doit en grande partie ses défaites. Nous savons que les pièces officielles mentent. Il faut le prouver. Il n'y a pas d'institution mieux en situation pour organiser cette vaste enquête. Je propose qu'on la fasse par canton, et que le bureau de la fédération dresse un questionnaire ad hoc. M. Baraprésident, ne croit pas que la proposition soit très-pratique, mais enfin le bureau l'examinera avec soin. M. Peemans demande si l'enquête s'étendra la fortune mobilière. M. Descamps. Nous avons déjà fait cette enquête dans l'arrondissement de Verviers. Nous connaissons bien la fortune immobilière et la population des cou vents, mais il est difficile de connaître la fortune mobi lière. M. Baraprésident, croit que le bureau ne peut s'engager pour le moment faire cette enquête. Il sera pris bonne note de la proposition. M. Pécher lit un très-long discours où il relève minutieusement toutes les fausses déclarations d'impôt et les fabrications de faux électeurs Anvers. Pour signaler le mode de procéder de la députa Lion permanente d'Anvers, M. Pécher cite ce fait Un pro priétaire loue sa maison moyennant 700 fr. par an, et stipule que le loyer sera payable par mois, soit raison de 58-34. Or, en multipliant fr. 58-34 par 12, on obtient fr. 700-08, ce qui fait dire la députation permanente que ce contrat n'était pas sérieux. (Rires). Il faut que l'opinion publique, émue, regarde en face le mal. Il faut que les associations sonnent l'alarme et qu'elles attestent leur existence par les actes, impé rieusement commandés par les impiétements des clé ricaux. M. Bara propose l'assemblée de voter des remer ciements M. Carton, pour son travail sur la loi électorale annoté. Il recommande l'Histoire parlementaire de M. Hymans et enfin remercie particulièrement l'associa tion libérale d'Anvers de son zèle et de son activité. Après quelques paroles de M. Carton, la séance est levée 4 h. 1/4. i~iï f)~irn <îiT~i On se souvient des clameurs que la presse ultra montaine a poussées lorsque la Flandre libérale a dénoncé l'existence de cette fameuse ligue uni verselle. Les démentis ont plu en foule, aussi injurieux et cyniques les uns que les autres. Les journaux cléricaux ont contesté l'exactitude des renseignements que la Flandre avait publiés ce sujet, et ont prétendu que la ligue universelle n'avait jamais existé. 11 paraîtcependantquelesrenseignements publiés par la Flandre étaient exacts, tout au moins quant l'existence de la ligue et aux points essentiels de son programme. Ceux-là même qui avaient com mencé par le contester le reconnaissent aujour d'hui. Voici en effet ce qu'on écrit de Rome l'Indépendance Rome, 14 novembre. 11 paraît que les nouvelles publiées il n'y a pas long temps par la Flandre libérale, relativement la constitution de la fameuse Ligue catholique, nouvelles auxquelles les feuilles cléricales ont prétendu infliger un démenti dédaigneux, étaient on ne peut plus fondées. S'il faut en croire les informations publiées par une feuille napolitaine ordinairement bien informée en pareille matière, les renseignements du journal belge n'étaient inexacts que dans la forme, mais au fond la ligue qu'il dénonçait existait réellement. Il y aurait même dans le monde catholique des gens qui seraient peu satisfaits d'apprendre l'existence de cette ligue. En effet, ladite feuille nous apprend que l'épiscopat français et l'épiscopat belge ont envoyé la congrégation des évêques et réguliers un recours contre l'association en question, qui porterait le titre Œuvre apostolique. Cette association, qui s'est constituée en dehors de toute ingérence épiscopole, communiquerait directe ment avec le Vatican et aurait la prétention de se mouvoir, de fonctionner, d'agir et de prospérer indé pendamment du contrôle diocésain. Elle ne paraît pas née d'hier son origine remonterait, au contraire, l'année 1860. Ce qu'il y aurait de plus désagréable dans tout cela, c'est que Pie IX, au lieu d'arrêter l'initiative des fon dateurs de cette œuvre, les aurait encouragés par un rescrit en date du 23 décembre 1863 qui commence ainsi Benedicat vos Deus et det vobis spiritum sapientiœ et intellectumetc. Les principes fondamentaux de cette institution se raient les suivants 1" Affirmation des prérogatives du Saint-Siège 2° défense de ses droits 3* coopération aux œuvres protégées par la papauté. Cette association ne reconnait qu'un chef, le Pape elle n'admet aucun intermédiaire entre elle et lui, et suit en tout point les instructions qu'il lui fait parvenir directement. Elle vit, matériellement, au moyen de contributions pécuniaires que payent mensuellement ses membres. On dit même que Mgr Mermillod, le fameux évêque d'Hébron, et les RR. Sullion et Deforny, jésuites, ont été les principaux fondateurs de la ligue en question. Le journal qui a publié ces renseignements les a puisés une très-bonne source il y a tout lieu de croire que sa version est très-exacte et qu'il faut, par conséquent, y voir une confirmation, part les détails, de ce qu'a publié, il y a quelque temps, la Flandre libérale, relativement l'existence de la Ligue catho lique universelle. C Le Times publie de Rome, 16 novembre, la lettre suivante contenant des renseignements sur les délibérations qui ont précédé la proclamation de l'indépendance du conclave par le Vatican Le Vatican s'occupe activement d'examiner le droit de veto exercé au conclave depuis les temps immé moriaux par les trois grandes puissances catholiques (l'Autriche, l'Espagne et la France). On sait que ce droit repose tout simplement sur un vieil usage et que la Papauté l'a reconnu, non sans une certaine répu gnance, en échange de la proTeclïôn de ces puissances et de certains privilèges accordés par les autorités civi les aux autorités ecclésiastiques dans les concordats. Mais, outre ces trois puissances, d'autres encore pourraient aujourd'hui prétendre au droit d'intervenir dans l'élection d'un nouveau Pape, et le Vatican ne se dissimule pas qui lui serait difficile de refuser l'Italie et l'Allemagne ce qu'il accorde la France l'Espagne, et l'Autriche. Gomme les concordats sont aujourd'hui lettres mor tes, le Vatican croit devoir traiter sur le pied d'égalité toutes les puissances européennes, et ne voulant pas leur accorder toutes le droit de veto, il voudrait le supprimer tout -à-fait et proclamer l'indépendance pleine et entière du conclave. Cette importante mesure n'est encore qu'à l'état de projet. Le cardinal Manning, qu'on attend d'un jour l'autre, arrivera sans doute avant qu'on ait pris une ré solution irrévocable cet égard. m m i Un correspondant de lAvenir des Flandres dit qu'il y a plus de couvents en Belgique l'heure actuelle qu'il n'y en avait sous le régime Autrichien et Espagnol cela provient de la faculté dont jouis sait les frocards de s'assembler librement pour violer là loi. Il n'y a qu'un remède pour combattre le mal, c'est de le couper dans sa racine. Pour arracher la patrie au flot envahissant du cléricalisme qui tente de la submerger, il faut faire ce que le législateur révolutionnaire a fait; abolir les congrégations reli gieuses quelles qu'elles soient, même comme asso ciations libres. Leur existence les oblige forcément enfreindre la loi, car pour exister il faut vivre et pour vivre il faut posséder. Tous les moyens sont bons pour réussir: la mort du dernier des tricornes sera l'extinction de la fraude. Il faudrait, répond-on, réviser la Constitution et bien soit, qu'on la révise, si l'expérience démon tre que sous le couvert de la Constitution la fraude revêt un carraclère légal. II n'est pas d'aussi bonne oeuvre qui ne puisse être perfectionnée. Si les congrégations religieuses veulent rétablir la main-morte et si, de fait, elles l'établissent et que sous prétexte d'observer la Con stitution on n'ose parer au mal, on commet un mal pire. La propriété des moines est immense; son appropriation des œuvres plus utiles que l'exten sion de l'ignorance et du fanatisme ferait bien mieux l'affaire du pays. Qui ne connait les pressions odieuses, les séduc tions alléchantes du prêtre au chevet de moribond pour arracher au détriment d'héritiers souvent pau vres la fortune qui leur revient légalement. La ré mission des péchés, la place au ciel et le bonheur éternel sont la contre valeur du don fait, du testa ment extorqué; et la loi ne le permet pas. Mais cependant cela est. Et si par hasard, ou par audace un malheureux héritier, ainsi volé, se per met de s'adresser la justice pour obtenir ce qui lui revient naturellement, l'Eglise spoliatrice met contribution tous ses serviteurs pour opprimer le téméraire, pour le circonvenir ou étouffer sa voix. Certaines associations religieuses ont déguisé leur véritable but sous l'enseigne de l'instruction; c'est encore une fraude que ledécrêtde 1792 ne permet-

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2