307. Dimanche,
37e au née.
9 Décembre 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PUES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
AVIS.
LE TÉLÉPHONE.
paraissant le jeudi et j.e dehanche.
bulletin politique.
LE PROCHES
VIRES ACeUlRiT EUNDO.
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Les négociations entre l'Elysée et la majorité
républicaine de la Chambré française, qui parais
saient définitivement rompues, ont été reprises.
C'est dans la soirée de Mercredi que le maréchal
a fait appeler M. Dufaure. Voici comment \e Fran
çais, l'organe de M. de Broglie, s'exprime ce
sujet
M. Batbie paraît avoir été, en cetteéircoristaince,
le conseiller écouté l'Elysée. L'idée de M. Bàt-
bie, telle du moins qu'il l'avait manifestée dans des
conversations antérieures, consistait former non
un ministère représentant exclusivement la majori
té de la Chambre des députés, mais un ministère
des deux centres, où les portefeuilles se partage
raient entre les amis de M. Dufaure et les constitu
tionnels du Sénat, avec l'espoir de servir ainsi de
lien, d'intermédiaire, de tampon entre les deux
On n'a de curiosité et d'intérêt en ce moment Berlin que
pour le téléphone, une invention allemande que les Améri
cains ont perfectionnée et qui sera peut-être considérée dans
une dizaine d'années, quand elle aura reçu son application
daqs le monde entier, comme une des plus importantes, si
pas la plus importante de notre siècle. Elle enfonce le télé
graphe et rendra, sans doute, des services qu'on est loin en
core de soupçonner.
Le premier inventeur connu est qn Francfortois, nommé
Philippe Reiss, qui produisit en 1861 un instrument tout
neuf, lequel était en état de porter au loin la voix humaine.
i Mais la transmission s'effectuait d'une manière incomplète
et fort défectueuse. Ceux qui se trouvaieut dislance pour
écouler pe percevaient au lieu de paroles qu'une espèce de
musique assez sehiblable h celle que produisent les trompet
tes vingt sous dans lesquelles soufflent les enfants. C'était
curieux, très drôle, mais la machine ne présentait aucune
utilité. Deux Américains, A. Graham Bell et Elisha P. Gray
eurent connaissance de la décdiiverte de Reiss, en furent
frappés, se mirent h l'étudier et, au bout de quelques années,
tous les deux, en partant de principes différents, construisi
rent des appareils merveilleux, des téléphones en règle, qui
majorités opposées du Sénat et de la Chambre des
députés.
Telle est la proposition qui aurait été faite
Jeudi soir M. Dufaure. Celui-ci ne l'aurait pas
repoussée priori: il aurait demandé douze heures
de réflexion et doit apporter sa réponse aujourd'hui,
deux heures, Versailles. Il nous est donc im
possible de préjuger en ce moment le résultat de
cette négociation. D'ailleurs M. Dufaure accepte
rait, qu'il reste savoir comment ce ministère
serait accepté par la majorité de la Chambre des
députés et comment il pourrait se mouvoir entre
les vues si contraires des conservateurs du Sénat
et des radicaux de la Chambre des députés.
Quels que soient les doutes du Français, plu
sieurs hommes politiques ue désespèrent pas de
voir aboutir les négociations.
Il paraît que dans l'entrevue que M. Dufaure a
eue avec le maréchal, celui-ci a proposé l'ex-
garde des sceaux d'entrer en relation immédiate
avec lës membres du centre droit qu'il désirait voir
entrer dans le ministère et qui étaient dans un
salon voisin M. Dufaure aurait refusé.
Mais en sortant de l'Elysée, M. Dufaure a écrit
au maréchal pour lui exposer les conditions dans
lesquelles, selon lui, un ministère parlementaire
serait viable.
Les idées de M. Dufaure sont assez connues,
dit le Temps, pour qu'il soit facile de déterminer
le sens de cette lettre sans en avoir le texte sous les
yeux. M. Dufaure certainemenl demandé que le
ministère fût homogène, c'est-à-dire pris tout en
tier dans les groupes de gauche du Sénat et de la
Chambre que ce ministère fût protégé par les décla
rations formelles du maréchal contre un retour
olfensif pareil celui du 16 Mai, c'est-à-dire que
la responsabilité et l'indépendance entière du cabi-
vont jouer un rôle immense dans les deux hémisphères et en
tre les deux hémisphères
Bell est de Salem, un endroit de l'Etat de Massachusetts,
Gray est de Chicago. Bell fonctionne comme professeur
l'Université de Boston, où il donne un cours sur la physiolo
gie de la voix. Sou téléphone semble devoir l'emporter sur
celui de Gray que l'ou dit être moins pratique. En 1874,
Bell essaya de parler de Boston Cambridge; la longueur de
son fil était de trois kilomètres. L'expérience manqua. Il la
reprit Tannée dernièreElle réussit.
L'invention du téléphone date en réalité pour le public du
9 Octobre 1876. Ce jour-là Bell s'entretint Boston en pré
sence de plusieurs témoins, avec un fonctionnaire placé
Cambridge. Au mois de Janvier dernier, Bell transmettait le
chant humain. Une dame chanta Cambridge une romance
La Dernière Rose et on l'applaudit Boston. Le succès
ne fil que stimuler l'ardeur de l'inventeur, il chercha et per
fectionna si bien que peu de temps après il transmettait le
son du violon et celui du violoncelle que les auditeurs distin
guaient parfaitement l'un de l'autre.
De trois kilomètres il sauta trois cents vingt; il commu
niqua entre Boston etNorth-Conway,dans le New-Hampshire.
Le Olobë de Boston fut le premier journal du monde qui reçut
un.... comment dirais—je un télégramme? non! il faut un
mot nouveau, mettons provisoirement un phonogramme. Si
net fussent reconues, ainsi que l'irresponsabilité
constitutionnelle du chef du pouvoir exécutif.
La liberté administrative du ministèreàl'égard
de tout le personnel serait la conséquence forcée
d'une semblable déclaration. Ea donnant ainsi une
satisfaction aux légitimes exigences de la gauche,
et en acceptant les lois proposées par M. Bardoux
sur le colportage et l'état de siège, le maréchal
marquerait que la politique nouvelle que les évé-
nementscommandent n'a pas en lui un adversaire.
Ces conditions ont d'abord paru inacceptables
l'Elysée, mais M. Dufaure ayant refusé de s'en
départir et le président de la République ayant
acquis la conviction qu'il faut mettre tout prix
un terme la crise, M. Voisin, préfet de
police, a délaré en effet ce denier que la misère
Paris devenait excessive et qu'une grande mani
festation du commerce parisien, sous les fenêtres de
l'Elysée, était craindre, le maréchal a fait
appeler M. Dufaure par M. d'Harcourt.
II a chargé l'ex-garde des sceaux de former un
cabinet et par conséquent de trouver des collabora
teurs en même temps que de formuler un program
me.
Jeudi, 4 heures, M. Dufaure est sorti de la
préfecture, de Versailles, où se trouvait le prési
dent de la République, et est allé au Sénat conférer
avec MM. Waddington et Teisserenc de Borl.
Il est entré ensuite en conférence avec plusieurs
membres des gauches dans un bureau du Sénat;
il a déclaré ces derniers que le maréchal accep
tait les termes de sa lettre comme base des négocia
tions, et que lui, M. Dufaure, tout en refusant
d'entrer dans la combinaison nouvelle, allait se
mettre en mesure de former un cabinet.
Des négociations ont été engagées avec les divers
groupes modérés, car on songeait former un
mon terme ne plaît pas, on en trouvera un meilleur, je n'y
tiens aucunement.
Donc le Globe inséra le 12 Février l'analyse d'une confé
rence donnée une heure avant Salem par le professeur
Bell et ayant pour objet le téléphone. A peine le journal eût-
il lancé son phonogramme que les Boslooais enchantés en
voyèrent des bravos Salem, ainsi que des couplets de félici-
tation. A Salem, on applaudit la réception de ces congratu
lations et les applaudissements furent entendus Boston.
La distance que la voix peut parcourir sur le téléphone est
illimitée. On parlera bientôt travers l'Océan. Des expérien
ces ont été faites avec des fils dont la résistance était estimée
aussi forte que celle du câble transatlantique et elles ont donné
un résultat assez satisfaisant. Bell a encore quelques amélio
rations apporter son inestimable découverte. Nous pouvons
compter sur lui et sur ceux qui vont se mettre étudier son
instrument comme il a étudié celui de Philippe Reiss. Les
difficultés seront moins grandes que celles qu'il a fallu résoudre
pour arriver aux câbles sous-marius.
Chose remarquable moins on parle haut, mieux la trans
mission de la voix s'opère. Le chant s'embellit en passant par
le téléphone. La voix d'une diva gagnera être entendue au
bout de l'appareil Bell. Gray a dépassé de beaucoup les 230
kilomètres de son collègue. Son instrument ne sert qu'à trans
férer la voix humaine. Au mois de mars, il a chanté le Yankee
Doodle, le Homezweet home The last RoseDétroit,