l\o 308. Jeudi,
37e ANNÉE.
13 Décembre 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'V PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
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Les nouvelles de France sont de plus en plus
graves. Dès Lundi, la Bourse, on faisait courir
le bruit de la formation imminente d'un ministère
de dissolution. Le soir on a appris que M. d'Audif-
fret-Pasquier avait fait une démarche auprès du
maréchal pour l'engager reprendre les négocia-
lions avec M. Dufaure. Celui-ci avait déclaré au
président du Sénat que, dès l'instant où le princi
pe de la responsabilité ministérielle était admis, il
pouvait consentir transiger sur le choix des mi
nistres de la guerre, des affaires étrangères et de la
marine. Le duc rapporta celte réponse au maré
chal,mais celui-ci lui répondit queson parti était pris
et son ministère formé; qu'il ne pouvait plus être
question de transaction ni de conciliation. Là-des
sus, M. d'Audiffrel-Pasquier n'eut plus qu'à se re
tirer, après avoir exprimé ses regrets au sujet de
celte résolution décisive.
Il paraît évident, d'après ce qu'affirment les cor
respondants les mieux informés, que toutes les né
gociations de ces derniers jours n'ont été qu'une
feinte et que le maréchal et ses conseillers n'ont
jamais abandonné leur idée fixe, qui était une
nouvelle dissolution.
Dans les circonstances actuelles, cette mesure
ne pi ut plus être prise que parla force et il faut
s'attendre aux plus graves événements.
Une nouvelle de la plus haute importance nous
arrive du théâtre de la guerre en Europe: Plevna
est tombée enfin aux mains des troupes russo-rou
maines. Osman-Pacha, après avoir livré l'armée
assiégeante un dernier combat dans lequel il a été
blessé, s'est rendu discrétion. Les Turcs, dit un
télégramme de Bucharest, mouraient de faim et de
froid.
Samedi un parlementaircotloman avaitétéenvoyé
par Osman pacha au camp russe. Le grand-duc Ni
colas ne voulut pas ouvrir la lettre que lui adressait
le général turc et renvoya le parlementaire au prince
Charles de Roumanie, commandant de l'armée de
siège.
Les négociations n'aboutirent pas et Osman pacha
se décida alors livrer une dernière baiailie. On en
connaît le résultat.
En Asie, les opérations des armées belligérantes
se trouvent considérablement ralenties, sinon com
plètement arrêtées, par la rigueur de la température
et le mauvais état des roules. Un télégramme d'Er-
zeroum annonce que les troupes du général
Melikoff ont été arrêtées par la neige sur plusieurs
points.
On ne signale aucun mouvement du côté d'Erze-
roum. La population est, dit-on, dans un état mi
sérable. IVloukblar pacha a pris toutes les mesures
possible pour soulager les malheureux.
La victoire décisive des Russes en Bulgarie
hâtera, espérons-le, la fin de celle guerre horrible
et désastreuse.
Notre correspondant de Berlin nous envoie la
communication suivante:
Le prince de Bismarck a de nouveau demandé
sa démission. Je vous ai écrit dans le temps que
celle affaire n'était nullement aussi simple qu'on
se le figurait généralement l'étranger. Le chan
celier déclare l'Empereur que l'espoir qu'il nour
rissait de voir sa santé se remettre 11e s'est pas réa
lisé.
M. de Bismark veut de profondes réformes
l'Empereur ne se laisse pas persuader. On espère
que les choses pourront s'arranger par une trans
action.
On mande d'Alexandrie, 9 décembre, l'Office
Reuter Une tempête sur le canal de Suez a. pen
dant deux jours, interrompu les relations télégra
phiques et le service de la malle entre Ismaïlia et
Suez; Ismaïlia et Alexandrie, 25 steamers sont
retenus dans le canal. Il y a eu collision entre les
steamers Historian et Chimborazo
Comme il était facile prévoir, la réunion
tenue par l'Association Libérale, Samedi der
nier, a été on ne peut plus intéressante. D'a
bord la salle était comble et il n'y a rien
d'étonnant, car depuis quelques mois l'Asso
ciation a gagné plus de cent nouveaux mem
bres.
M. le Président a donné d'abord des expli
cations très détaillées sur le mécanisme de la
nouvelle loi il a expliqué comment se font les
présentations de candidats, quelles sont les
attributions du bureau principal, comment
sont désignés les bureaux chargés du dépouil
lement comment enfin se font les opérations
du vote et du dépouillement. Toutes ces expli
cations étaient appuyées de démonstrations
d'autant plus faciles saisirqu'un véritable
bureau électoral avait été dresse dans la salle.
L'Association a suivi ces explications avec
un vif intérêt et il a été décidé qu'une nouvelle
réunion aura lieu vers le milieu de Janvier et
qu'on y procédera un simulacre d'élection.
Il a été ensuite procédé au renouvellement
partiel du Comité. Ont été élus tous les mem
bres sortants et MM. le notaire De Boo et Ju
les De Laveleve, en remplacement de MM.
Vanden Busscne et Keingiaert de Gheluvelt,
décédés.
A en croire tous les orateurs et écrivains catho
liques de notre temps, ce sont les libéraux qui ont
changé depuis 1850.
Qu on en juge par le discours suivant, prononcé
en 1852, la Chambre, par un honorable député
de Liège, M. Ernsl, professeur l'Université de
Liège qui fil partie d'un ministère catholique pré
sidé par M. de Theux.
Aujourd'hui du haut de la même tribune, on
réclame pour le prêtre le droit de subordonner
l'absolution la révélation par l'électeur du secret
de son vote
N'est-ce pas que ce sont les libéraux qui oui
changé Journal de Bruges).
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAU AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 0-00
Idem Pour le restant du pays7-00
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Roulers. 7-50. 12-23. 0-50.
Langhemarck-Oslrnde. 7-00. 12-00. 0-07.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
BULLETIN POLITIQUE.
Vprcs, le 12 Décembre 1877.
Il y en a qui croient on qui affectent de croire que
les libéraux en veulent la religion. Rien n'est plus
faux. Il n'y a aucune opposition entre la religion et le
libéralisme les libéraux, catholiques ou non, sont
ceux qui veulent sincèrement toutes les libertés con
stitutionnelles pour tous les citoyens.
Le libéralisme n'est pas une profession religieuse
loin d'être offensif aux consciences, aux cultes, leurs
ministres, sa mission est de les protéger, s'il était porté
la moindre atteinte leur liberté il veut que la reli
gion soit honorée, que ses ministres soient respectés,
mais en même temps il s'oppose l'intervention de la
religion dans les affaires de l'Etat il repousse ceux qui,
sous un masque religieux, cachent des voies intéres
sées ou ambitieuses.
La religion doit être libre quand le fanatisme ne
la détourne pas de ses voies, elle est la base la plus
ferme de la morale publique et la plus sûre garantie du
repos des Etats.
Mais si, renonçant, ce que leurs fonctions ont de
saint et de pacifique, les ministres d'un culte quelcon
que se jettent volontairement dans l'arène politique,
s'ils mettent au service des passions, des intérêts tem
porels, une influence qui ne leur est donnée qu'à con
dition de la tourner vers les choses spirituelles, alors
ils compromettent leur caractère ainsi que la religion.
Quand les doctrines religieuses se mêlent aux
choses de ce mondeelles se corrompent comme la
manne du désert dans des vases terrestres. Et qu'on
ne prétende pas que ce soit se montrer hostile la
religion que de tenir ce langage on l'a dit souvent et
on l'a dit avec raison, jamais la religion n'a été si
respectable et si respectée que pendant les courtes
années où, .étrangers tous les partis, les prêtres ne
songeaient qu'à offrir au peuple le bienfait de sa morale
sublime et de ses éternelles vérités.